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Archive pour le mot-clef ‘résurrection’

Le trésor caché dans le champ des Écritures

mercredi 28 juillet 2021

C’est le Christ qui était présent à tous ceux à qui, depuis le commencement, Dieu communiquait sa Parole, son Verbe. Et si quelqu’un lit l’Écriture dans cette perspective, il y trouvera une expression concernant le Christ, et une préfiguration de l’appel nouveau. Car c’est lui, « le trésor caché dans le champ », c’est à dire dans le monde (Mt 13,38). Trésor caché dans les Écritures, car il était signifié par des symboles et des paraboles, qui, humainement parlant, ne pouvaient pas être comprises avant l’accomplissement des prophéties, c’est-à-dire avant la venue du Seigneur. C’est pourquoi il a été dit au prophète Daniel : « Cache ces paroles et scelle ce livre jusqu’au temps de l’accomplissement » (12,4)… Jérémie aussi dit : « Aux derniers jours, ils comprendront ces choses » (23,20)…
Lue par les chrétiens, la Loi est un trésor caché autrefois dans un champ, mais que la croix du Christ révèle et explique… : elle manifeste la sagesse de Dieu, elle fait connaître ses desseins en vue du salut de l’homme, elle préfigure le Royaume du Christ, elle annonce par avance la Bonne Nouvelle de l’héritage de la Jérusalem sainte, elle prédit que l’homme qui aime Dieu progressera jusqu’à le voir et entendre sa parole, et qu’il sera glorifié par cette parole…

C’est de cette manière que le Seigneur a expliqué les Écritures à ses disciples après sa résurrection, leur prouvant par elles « qu’il fallait que le Christ souffre et entre dans sa gloire » (Lc 24,26). Si donc quelqu’un lit les Écritures de cette manière, il sera un disciple parfait, « pareil au maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes » (Mt 13,52).

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
Contre les Hérésies, IV, 26 ; SC 100 (trad. SC p. 711s rev.)

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« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »

mercredi 2 juin 2021

« Le Christ a connu la mort, puis la vie, pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants » (Rm 14,9) ; « Dieu n’est pas le Dieu des morts, il est le Dieu des vivants ». Puisque le Seigneur des morts est vivant, les morts ne sont plus des morts mais des vivants ; la vie règne en eux, pour qu’ils vivent et ne craignent plus la mort, de même que « le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus » (Rm 6,9). Ressuscités et libérés de la corruption, ils ne verront plus la mort ; ils participeront à la résurrection du Christ, comme lui-même a eu part à leur mort. En effet, s’il est venu sur terre, jusqu’alors prison éternelle, c’est pour « briser les portes de bronze et fracasser les verrous de fer » (Is 45,2), pour tirer notre vie de la corruption en l’attirant à lui, et nous donner la liberté à la place de l’esclavage.

Si ce plan de salut n’est pas encore pleinement réalisé, car les hommes meurent toujours et leurs corps sont désagrégés par la mort, cela ne doit pas être un motif d’incroyance. Déjà nous avons reçu les premiers fruits de ce qui nous est promis, en la personne de celui qui est notre premier-né (…) : « Avec lui, il nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2,6). Nous atteindrons à la pleine réalisation de cette promesse lorsque viendra le temps fixé par le Père, lorsque nous dépouillerons l’enfance et serons parvenus « à l’état d’homme parfait » (Ep 4,13). Car le Père éternel a voulu que le don qu’il nous a fait demeure ferme. (…) L’apôtre Paul l’a déclaré, car il le savait bien, cela arrivera à tout le genre humain, par le Christ, qui « transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Ph 3,21). (…) Le corps glorieux du Christ n’est pas différent du corps « semé dans la faiblesse, sans valeur » (1Co 15,43) ; c’est le même corps changé en gloire. Et ce que le Christ a réalisé en amenant au Père sa propre humanité, premier exemplaire de notre nature, il le fera pour toute l’humanité selon sa promesse : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32).

Saint Anastase d’Antioche (?-599)

Témoins de la résurrection

samedi 10 avril 2021

On aurait pu s’attendre à ce que notre Seigneur, une fois ressuscité, se montre au plus grand nombre de gens possible, et surtout à ceux qui l’avaient crucifié. Tout au contraire, nous voyons par l’histoire qu’il se manifeste seulement à quelques témoins choisis, et spécialement à ses disciples immédiats. C’est ce que saint Pierre reconnaît lui-même quand il déclare : « Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement à quelques témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection » (Ac 10,40-41).

À première vue, cela nous semble étrange. Nous sommes disposés, en effet, à nous faire de la résurrection une idée bien différente, à nous la représenter comme une manifestation éclatante et visible de la gloire du Christ. (…) En nous la figurant ainsi comme un triomphe public, nous sommes conduits à imaginer la confusion et la terreur qui auraient saisi ses bourreaux si Jésus s’était présenté vivant devant eux. Mais, remarquons-le, un tel raisonnement revient à concevoir le Royaume du Christ comme un royaume de ce monde, ce qui n’est pas juste. Ce serait nous représenter le Christ comme étant déjà venu à ce moment-là juger le monde, ce qui n’arrivera qu’au dernier jour. (…)

Pourquoi se montrer seulement « à quelques témoins choisis d’avance » ? Parce que c’était le moyen le plus efficace de propager la foi dans le monde entier. (…) Quel aurait été le fruit d’une manifestation publique qui s’impose à tous ? Ce nouveau miracle aurait laissé la foule telle qu’il l’avait trouvée, sans changement efficace. Déjà ses anciens miracles n’avaient pas convaincu tout le monde (…) ; qu’auraient-ils pu dire et sentir de plus qu’auparavant, même « si quelqu’un ressuscite d’entre les morts » (Lc 16,31) ? (…) Le Christ se montre pour susciter des témoins de la résurrection, des ministres de sa parole, les fondateurs de son Église. Comment la foule, avec sa nature changeante, aurait-elle pu le devenir ?

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

« Touchez-moi, regardez ! »

jeudi 8 avril 2021

« Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi. » Il y a, je pense, quatre raisons pour lesquelles le Seigneur montre aux apôtres son côté, ses mains et ses pieds. Premièrement, pour prouver qu’il était vraiment ressuscité et nous enlever tout sujet de doute. Deuxièmement, pour que « la colombe », c’est-à-dire l’Église ou l’âme fidèle, établisse son nid dans ces plaies, comme « au creux du rocher » (Ct 2,14) et y trouve un abri contre l’épervier qui la guette. Troisièmement, pour imprimer dans nos cœurs, comme des insignes, les marques de sa Passion. Quatrièmement, pour nous avertir et nous demander d’avoir pitié de lui et de ne pas le transpercer de nouveau des clous de nos péchés.

Il nous montre ses mains et ses pieds : « Voici, dit-il, les mains qui vous ont façonnés (cf Ps 118,73) ; voyez comme les clous les ont transpercés. Voici mon cœur, où vous êtes nés, vous les fidèles, vous mon Église, comme Ève est née du côté d’Adam ; voyez comme la lance l’a ouvert, afin que vous soit ouverte la porte du Paradis, que tenait fermée le Chérubin de feu. Le sang qui a coulé de mon côté a écarté cet ange, a émoussé son glaive ; l’eau a éteint le feu (cf Jn 19,34). (…) Écoutez avec soin, recueillez ces paroles, et vous aurez la paix avec vous. »

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

 

 

 

Le lundi de Pâques

lundi 5 avril 2021

L’Évangile nous dépeint la course joyeuse des disciples : « Tous deux couraient ensemble, mais l’autre disciple courut en avant, plus vite que Pierre, et arriva le premier au tombeau » (Jn 20,4). Qui ne désirerait aussi chercher le Christ siégeant à la droite du Père, et pour obtenir de le trouver au terme de sa quête, qui ne chercherait à courir en esprit, lorsqu’il se remémore avec tant de joie la course à toutes jambes de tels apôtres ? Pour nous encourager en ce désir, que chacun de nous redise avec élan ce verset du Cantique des Cantiques : « Entraîne-moi à ta suite, nous courrons à l’odeur de tes parfums » (3,4 LXX). Courir à l’odeur des parfums, c’est marcher sans relâche, du pas de son esprit, vers notre Créateur, réconforté par la sainte odeur des vertus.

Telle a bien été la course digne d’éloges de ces très saintes femmes qui, d’après les évangiles, avaient suivi le Seigneur depuis la Galilée et lui sont restées fidèles au moment de sa Passion, alors que les disciples s’étaient enfuis (Mt 27,55) ; elles ont couru à l’odeur des parfums, en esprit, et même selon la lettre, car elles ont acheté des aromates pour oindre les membres du Seigneur, comme en témoigne Marc (16,1).

Frères, à l’exemple des soins empressés des disciples, hommes et femmes, auprès du sépulcre de leur Maître (…), proclamons à notre manière les joies de la résurrection du Seigneur. Il serait bien dommage qu’une langue de chair taise la louange due à notre Créateur, en ce jour où sa chair est ressuscitée. Cette résurrection magnifique nous incite à proclamer la grandeur de l’Auteur d’une telle joie, et à annoncer la victoire remportée contre notre vieil ennemi (…) : avec le fauteur de mort lui-même, la mort est aujourd’hui délogée ; aujourd’hui, par le Christ, la vie est rendue aux mortels. Aujourd’hui les chaînes du démon sont brisées ; la liberté du Seigneur est accordée en ce jour aux chrétiens.

Saint Odilon de Cluny (961-1048)

 

 

« Jour d’allégresse et de joie » (Ps 117,24)

dimanche 4 avril 2021

Quelle belle fête de Pâques ! Et quelle belle assemblée ! Ce jour contient tant de mystères, anciens et nouveaux ! En cette semaine de fête ou plutôt d’allégresse, par toute la terre les hommes se réjouissent, et même les puissances du ciel se joignent à nous pour célébrer dans la joie la résurrection du Seigneur. Exultent les anges et les archanges, qui attendent que le roi des cieux, le Christ notre Dieu, revienne vainqueur de la terre ; exultent les chœurs des saints, qui proclament « celui qui s’est levé avant l’aurore » (Ps 109,3), le Christ. La terre exulte : le sang d’un Dieu l’a lavée. La mer exulte : les pas du Seigneur l’ont honorée. Qu’exulte tout homme, rené de l’eau et de l’Esprit Saint ; qu’exulte Adam, le premier homme, délivré de l’ancienne malédiction. (…)

Non seulement la résurrection du Christ a instauré ce jour de fête, mais encore elle nous procure, au lieu de la souffrance, le salut, au lieu de la mort, l’immortalité, au lieu des blessures, la guérison, au lieu de la déchéance, la résurrection. Autrefois, le mystère de la Pâque s’accomplissait en Égypte selon les rites donnés par la Loi ; le sacrifice de l’agneau n’était qu’un signe. Mais aujourd’hui nous célébrons, selon l’Évangile, une pâque spirituelle, qui est le jour de la résurrection. Là, on immolait un agneau du troupeau (…) ; ici, c’est le Christ en personne qui s’offre en agneau de Dieu. Là, une bête de la bergerie ; ici, non pas un agneau, mais le bon pasteur lui-même, qui donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11). (…) Là, les Hébreux traversent la mer Rouge et entonnent en l’honneur de leur défenseur une hymne de victoire : « Célébrons le Seigneur ; il s’est couvert de gloire » (Ex 15,1). Ici, ceux qui ont été jugés dignes du baptême chantent en leur cœur l’hymne de la victoire : « Un seul saint, un seul Dieu, Jésus Christ, dans la gloire du Dieu Père. Amen ». « Le Seigneur règne, vêtu de majesté », s’écrie le prophète (Ps 92,1). Les Hébreux traversent la mer Rouge et mangent la manne dans le désert. Aujourd’hui, en sortant des fonts baptismaux, on mange le pain qui descend du ciel (Jn 6,51).

Proclus de Constantinople (v. 390-446)

 

 

« Je crois à la résurrection de la chair. »

samedi 21 novembre 2020

Dès le début, la foi chrétienne en la résurrection a rencontré incompréhensions et oppositions. « Sur aucun point la foi chrétienne ne rencontre plus de contradiction que sur la résurrection de la chair » (S. Augustin). Il est très communément accepté qu’après la mort la vie de la personne humaine continue d’une façon spirituelle. Mais comment croire que ce corps si manifestement mortel puisse ressusciter à la vie éternelle ?

Qu’est-ce que « ressusciter » ? Dans la mort, séparation de l’âme et du corps, le corps de l’homme tombe dans la corruption, alors que son âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d’être réunie à son corps glorifié. Dieu dans sa toute-puissance rendra définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes, par la puissance de la résurrection de Jésus.

Qui ressuscitera ? Tous les hommes qui sont morts : « Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal, pour la condamnation » (Jn 5,29).

Comment ? Le Christ est ressuscité avec son propre corps : « Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi » (Lc 24,39) ; mais il n’est pas revenu à une vie terrestre. De même, en lui « tous ressusciteront avec leur propre corps qu’ils ont maintenant » (Concile Latran IV), mais ce corps sera « transfiguré en corps de gloire » (Ph 3,21), en « corps spirituel » (1Co 15,44). « Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? Insensé ! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie à moins de mourir. Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps à venir, mais un grain tout nu (…). On sème de la corruption, il ressuscite de l’incorruption ; (…) les morts ressusciteront incorruptibles (…). Il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité » (1Co 15,35-53). Ce « comment » dépasse notre imagination et notre entendement ; il n’est accessible que dans la foi. Mais notre participation à l’eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de notre corps par le Christ : « De même que le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l’invocation de Dieu, n’est plus du pain ordinaire, mais eucharistie, constituée de deux choses, l’une terrestre et l’autre céleste, de même nos corps qui participent à l’eucharistie ne sont plus corruptibles, puisqu’ils ont l’espérance de la résurrection » (S. Irénée).

Quand ? Définitivement, « au dernier jour » (Jn 6,39-40), « à la fin du monde ». En effet, la résurrection des morts est intimement associée à la Parousie du Christ.

Catéchisme de l’Église catholique

 

 

Sainte Marthe, mémoire

mercredi 29 juillet 2020

« Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. » Qu’est-ce que cela veut dire ? « Celui qui croit en moi, même s’il meurt comme Lazare, vivra », parce que Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Déjà au sujet d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les patriarches morts depuis longtemps, Jésus avait fait aux juifs la même réponse : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; non pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous vivent pour lui » (Lc 20,38). Crois donc, et même si tu es mort, tu vivras ! Mais si tu ne crois pas, même si tu es vivant, tu es réellement mort. (…) D’où vient la mort dans l’âme ? De ce que la foi n’y est plus. D’où vient la mort du corps ? De ce que l’âme n’y est plus. L’âme de ton âme, c’est la foi.

« Celui qui croit en moi, même s’il meurt dans son corps, aura la vie dans son âme, jusqu’à ce que le corps lui-même ressuscite pour ne plus mourir. Et tout homme qui vit dans la chair et croit en moi, bien qu’il doive mourir pour un temps en son corps, il ne mourra pas pour l’éternité, à cause de la vie de l’Esprit et de l’immortalité de la résurrection. »

Voilà ce que veut dire Jésus dans sa réponse à Marthe (…) « Crois-tu cela ? » « Oui, Seigneur, lui répond-elle, je crois que tu es le Christ, le fils de Dieu, qui es venu dans le monde. En croyant cela, j’ai cru que tu es la résurrection, j’ai cru que tu es la vie, j’ai cru que celui qui croit en toi, même s’il meurt, vivra ; j’ai cru que celui qui est vivant et qui croit en toi ne mourra pas pour l’éternité.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Je vous invite à la joie de la Résurrection

vendredi 17 avril 2020

Mangez, mes amis ; buvez et enivrez-vous, mes bien-aimés (cf. Ct 5,1). Je vous invite à la table de la Sagesse et aux libations du vin qu’elle vous a préparées dans sa coupe (cf. Pr 9,5). Heureux celui qui, admis à un tel banquet, brillera devant les convives dans la robe nuptiale (cf. Mt 22,11).

Le pain de vie lui sera servi, qui fortifie, comble et rassasie d’une merveilleuse douceur, avec le vin de l’allégresse, vin jailli du fruit de la vigne, vrai vin de la résurrection, exprimé de l’arbre de la passion du Seigneur. (…) De plus, ce convive mangera, paré de sa plus belle robe et de l’anneau de paix, le veau gras tué par le Père (cf. Lc 15,22). Les reins ceints de la ceinture de la foi et de la chasteté, les pieds chaussés de sandales pour être prêt à toute œuvre bonne (cf. 2 Tm 3,17), il mangera les chairs de l’Agneau pascal rôties au feu (cf. Ex 12,9). (…) Ayant pris le poisson qui fut trouvé sur des braises au bord de la mer, lorsque le Seigneur apparut aux disciples après sa résurrection (cf. Jn 21,9), il goûtera en même temps le rayon de miel. Alors il dira, répétant le poème du Cantique des Cantiques : « J’ai mangé mon rayon avec mon miel, j’ai bu mon vin avec mon lait. » Regorgeant donc de toutes les délices, il invitera ainsi au festin les autres avec lui : « Mangez, mes amis ; buvez et enivrez-vous, mes bien-aimés. » (Ct 5,1)

Et moi aussi, mes frères, je vous invite à ce festin : « Mangez, mes amis ; buvez et enivrez-vous, mes bien-aimés. » Mangez le pain de vie, buvez le vin de l’allégresse, enivrez-vous de la joie de la résurrection. Cette ivresse est la suprême sobriété, elle efface le souvenir du monde, et imprime sans cesse dans l’esprit l’idée de la présence de Dieu. Quiconque en est ivre oublie tout et ne se souvient plus que de la charité divine. (…) Réjouissez-vous de sa joie, vous qui avez souffert de sa souffrance

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

« C’est vous qui en êtes les témoins. »

jeudi 16 avril 2020

Après sa résurrection, le Seigneur est apparu à ses disciples et les a salués en disant : « La paix soit avec vous ! » C’est vraiment la paix, cette salutation qui sauve, car le mot « salutation » vient de « salut ». Que pourrait-on espérer de meilleur ? L’homme reçoit la salutation du salut en personne, car notre salut c’est le Christ. Oui, il est notre salut, lui qui a été blessé pour nous et cloué au bois, puis descendu du bois et mis au tombeau. Mais du tombeau il est ressuscité ; ses blessures sont guéries, mais gardent pourtant leurs cicatrices. Il est utile à ses disciples que ses cicatrices demeurent afin que les blessures de leur cœur soient guéries. Quelles blessures ? Les blessures de leur incrédulité. Il est apparu à leurs yeux avec un corps véritable et « ils croyaient voir un esprit ». Ce n’est pas là une blessure légère dans leur cœur. (…)

Mais que dit le Seigneur Jésus ? « Pourquoi ce trouble, et pourquoi ces doutes qui s’élèvent dans votre cœur ? » Il est bon pour l’homme non que sa pensée s’élève dans son cœur, mais que ce soit son cœur qui s’élève — là où l’apôtre Paul voulait établir le cœur des fidèles, à qui il disait : « Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, non celles de la terre. Car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi serez manifestés avec lui pleins de gloire » (Col 3,1s). Et quelle est cette gloire ? La gloire de la résurrection. (…)

Nous, nous croyons à la parole de ces disciples, sans qu’ils nous aient montré le corps ressuscité du Sauveur. (…) Mais à ce moment-là, l’événement paraissait incroyable. Le Sauveur les a donc amenés à croire non seulement par la vue, mais aussi par le toucher, pour que par le moyen des sens la foi descende dans le cœur et puisse être prêchée dans le monde entier à ceux qui n’avaient pas vu ni touché, mais qui pourtant croiraient sans hésitation (cf Jn 20,29).

Saint Augustin (354-430)