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Archive pour le mot-clef ‘St Augustin’

« Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez. »

mercredi 26 juillet 2023

Le prophète dit dans un psaume : « Mon âme languit après ton salut ; j’espère en ta parole » (118,81). (…) Qui exprime cet ardent désir sinon « la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu » (1P 2,9), chacun à son époque, dans tous ceux qui ont vécu, qui vivent et qui vivront, depuis l’origine du genre humain jusqu’à la fin de ce monde ? (…) C’est pourquoi le Seigneur lui-même a dit à ses disciples : « Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez ». C’est donc leur voix qu’il faut reconnaître dans ce psaume. (…) Ce désir n’a jamais cessé dans les saints et il ne cesse pas, maintenant encore, dans « le Corps du Christ qui est l’Église » (Col 1,18), jusqu’à ce que vienne « le Désiré de toutes les nations » (Ag 2,8 Vulg). (…)

Les premiers temps de l’Église, avant l’enfantement de la Vierge, ont donc compté des saints qui désiraient la venue du Christ dans la chair ; et les temps où nous sommes depuis son Ascension comptent d’autres saints qui désirent la manifestation du Christ pour juger les vivants et les morts. Jamais, depuis le commencement jusqu’à la fin des temps, ce désir de l’Église n’a perdu de son ardeur, si ce n’est pendant que le Seigneur a vécu sur terre en compagnie de ses disciples.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Fête de sainte Marie-Madeleine, disciple du Seigneur

samedi 22 juillet 2023

« Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. » Ces paroles contiennent une vérité que nous devons examiner avec beaucoup d’attention. Jésus enseigne la foi à cette femme qui l’avait reconnu comme maître et lui avait donné ce titre. Le divin jardinier semait une graine de moutarde dans le cœur de Marie Madeleine, comme il l’aurait fait dans un jardin (Mt 13,31). Mais que signifie donc : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père » ?…

On peut dire que par ces mots Jésus a voulu que la foi qu’on a en lui, foi par laquelle on le touche spirituellement, aille jusqu’à croire que lui et son Père sont un (Jn 10,30). Car celui qui progresse en lui jusqu’à reconnaître qu’il est l’égal du Père monte en quelque sorte jusqu’au Père dans le secret de son âme. Autrement, on ne touche pas le Christ comme il le veut, c’est-à-dire on n’a pas en lui la foi qu’il demande.

Marie pouvait croire en lui tout en pensant qu’il n’était pas l’égal du Père : voilà l’erreur que le Seigneur écarte en disant : « Ne me touche pas. » C’est-à-dire : « Ne crois pas en moi dans l’esprit où tu es encore. N’en reste pas à penser à ce que je me suis fait pour toi sans aller jusqu’à penser à cette nature divine qui t’a faite toi-même. » Comment pouvait-elle ne pas croire encore de façon tout humaine en celui qu’elle pleurait comme un homme ? « Je ne suis pas encore monté vers mon Père, lui dit-il. Tu me toucheras quand tu croiras que je suis Dieu, parfaitement égal au Père. »

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Nativité de saint Jean Baptiste, solennité

samedi 24 juin 2023

Le plus grand des hommes a été envoyé pour rendre témoignage à Celui qui était plus qu’un homme. En effet, quand celui qui est « le plus grand d’entre les enfants des femmes » (Mt 11,11) dit : « Je ne suis pas le Christ » (Jn 1,20) et s’humilie devant le Christ, il nous faut comprendre qu’il y a dans le Christ plus qu’un homme… « De sa plénitude nous avons tous reçu » (Jn 1,16). Qu’est-ce à dire, « nous tous »? C’est-à-dire que les patriarches, les prophètes et les saints apôtres, ceux qui ont précédé l’Incarnation ou qui ont été envoyés depuis par le Verbe incarné lui-même, « nous avons tous reçu de sa plénitude ». Nous sommes des vases, il est la source. Donc…, Jean est homme, le Christ est Dieu : il faut que l’homme s’humilie, pour que Dieu soit exalté.

C’est pour apprendre à l’homme à s’humilier que Jean est né le jour à partir duquel les jours commencent à décroître ; pour nous montrer que Dieu doit être exalté, Jésus Christ est né le jour où les jours commencent à croître. Il y a ici un enseignement profondément mystérieux. Nous célébrons la nativité de Jean comme celle du Christ, parce que cette nativité est pleine de mystère. De quel mystère ? Du mystère de notre grandeur. Diminuons en nous-mêmes, pour croître en Dieu ; humilions-nous dans notre bassesse, pour être exaltés dans sa grandeur.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

Donne-moi la force de te chercher !

jeudi 5 janvier 2023

Seigneur, notre Dieu, nous croyons en toi,
Père, Fils et Saint-Esprit. (…)
Autant que je l’ai pu,
autant que tu m’en as donné le pouvoir,
je t’ai cherché,
j’ai désiré voir ce que j’ai cru,
j’ai beaucoup débattu et travaillé.
Seigneur, mon Dieu, mon unique espoir,
permets que je ne me lasse jamais de te chercher,
mais fais que je cherche toujours ardemment ta Face.
Donne-moi la force de te chercher,
toi qui m’a fait te trouver,
toi qui m’a donné de plus en plus
l’espoir de te trouver.
Devant toi est ma fermeté et mon infirmité,
garde celle-là, guéris celle-ci ;
devant toi est ma force et mon ignorance.
Là où tu m’as ouvert, accueille mon entrée ;
là où tu m’as fermé, ouvre à mon appel ;
accorde-moi de me souvenir de toi,
de te comprendre,
de t’aimer.

Saint Augustin (354-430)

 

 

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste

mardi 27 décembre 2022

« Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, et que nos mains ont touché, c’est le Verbe de la vie » (1Jn 1,1). Y a-t-il quelqu’un qui touche de ses mains le Verbe de la vie, sinon parce que « le Verbe s’est fait chair et qu’il a établi sa demeure parmi nous » ? (Jn 1,14) Or, ce Verbe qui s’est fait chair pour être touché de nos mains a commencé d’être chair dans le sein de la Vierge Marie. Mais il n’a pas alors commencé d’être le Verbe, car il était « depuis le commencement », dit saint Jean. Voyez comme sa lettre confirme son évangile, où vous avez entendu lire : « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était avec Dieu. »

Peut-être que certains comprennent le « Verbe de la vie » comme une formule quelconque pour désigner le Christ, et non pas précisément le corps du Christ, que les mains ont touché. Mais voyez la suite : « Oui, la vie s’est manifestée. » Le Christ est donc le Verbe de la vie. Et comment cette vie s’est-elle manifestée ? Car, même si elle était dès le commencement, elle ne s’était pas manifestée aux hommes : elle s’était manifestée aux anges, qui la voyaient et qui s’en nourrissaient comme de leur pain. C’est ce que dit l’Écriture : « L’homme a mangé le pain des anges » (Ps 77,25).

Donc, la Vie elle-même s’est manifestée dans la chair : elle a été placée en pleine manifestation afin qu’une réalité visible seulement par le cœur puisse être visible aussi aux yeux, afin de guérir les cœurs. Car seul le cœur voit le Verbe, la chair ne le voit pas. Nous étions capables de voir la chair mais pas le Verbe. Le Verbe s’est fait chair (…) pour guérir en nous ce qui nous rend capables de voir le Verbe (…) « Nous portons témoignage, dit saint Jean, nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous » (1Jn 1,2).

Saint Augustin (354-430)

 

 

Le silence de Zacharie

lundi 19 décembre 2022

La naissance de Jean rencontre l’incrédulité et son père devient muet ; Marie croit à celle du Christ et elle le conçoit par la foi. (…) Si nous ne sommes pas capables de scruter les profondeurs d’un si grand mystère, faute de capacité ou de temps, vous serez mieux instruits par celui qui parle en vous, même en mon absence, celui à qui vous pensez avec affection, celui que vous avez accueilli dans votre cœur, celui dont vous êtes devenus les temples (cf 1Co 3,16).

Zacharie se tait et perd la parole jusqu’à la naissance de Jean, précurseur du Seigneur, qui lui rend la parole. La parole lui est rendue à cause de la naissance de celui qui est la voix. Car on demandait à Jean qui annonçait déjà le Seigneur : « Qui es-tu ? » Et il a répondu : « Je suis la voix qui crie dans le désert » (Jn 1,23). La voix, c’est Jean, tandis que le Seigneur est la Parole : « Au commencement était le Verbe » (Jn 1,1). Jean, c’est la voix pour un temps ; le Christ c’est le Verbe au commencement, c’est le Verbe éternel.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

L’humble service

mardi 8 novembre 2022

Avant la venue du Seigneur Jésus, les hommes tiraient gloire d’eux-mêmes. Il est venu comme un homme pour que diminue la gloire de l’homme et que grandisse la gloire de Dieu. Car il est venu sans le péché et nous a trouvés tous pécheurs. S’il est venu pour remettre les péchés, c’est parce que Dieu est miséricordieux : à l’homme donc de le reconnaître. Car l’humilité de l’homme c’est sa reconnaissance, et la grandeur de Dieu, sa miséricorde.

S’il est venu pardonner à l’homme ses péchés, que l’homme donc prenne conscience de sa petitesse et que Dieu exerce sa miséricorde. « Il faut que lui grandisse et que je diminue » (Jn 3,30). C’est-à-dire : il faut que lui, il donne et que moi, je reçoive. Il faut qu’il ait la gloire et que je la reconnaisse. Que l’homme comprenne où est sa place, qu’il reconnaisse Dieu et entende ce que dit l’apôtre Paul à l’homme superbe et orgueilleux qui prétend s’élever : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Mais si tu as tout reçu, pourquoi t’enorgueillir comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1Co 4,7) Que l’homme qui voulait dire sien ce qui n’est pas à lui comprenne donc qu’il l’a reçu et qu’il se fasse tout petit, car il lui est bon que Dieu soit glorifié en lui. Qu’il se diminue donc en lui-même, afin qu’en lui Dieu grandisse.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Demander pardon et pardonner aux autres

lundi 7 novembre 2022

« Toutes les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois » (Ps 24,10). Ce que dit ce psaume de l’amour et de la vérité est de première importance. (…) Il parle de l’amour, car Dieu ne regarde pas nos mérites mais sa bonté, en vue de nous pardonner nos péchés et de nous promettre la vie éternelle. Il parle aussi de la vérité, parce que Dieu ne manque jamais de tenir ses promesses. Reconnaissons ce modèle divin et imitons Dieu qui nous a manifesté son amour et sa vérité. (…) Comme lui, accomplissons en ce monde des œuvres pleines d’amour et de vérité. Soyons bons envers les faibles, les pauvres et même envers nos ennemis.

Vivons dans la vérité en évitant de faire le mal. Ne multiplions pas les péchés, car celui qui présume de la bonté de Dieu, laisse s’introduire en lui la volonté de rendre Dieu injuste. Il se figure que, même s’il s’obstine dans ses péchés et refuse de s’en repentir, Dieu viendra quand même lui donner une place parmi ses fidèles serviteurs. Mais serait-il juste que Dieu te mette à la même place que ceux qui ont renoncé à leurs péchés, alors que tu persévères dans les tiens ? (…) Pourquoi donc veux-tu le plier à ta volonté ? Soumets-toi plutôt à la sienne.

Le psalmiste dit justement à ce propos : « Qui recherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur auprès de lui ? » (Ps 60,8 Vlg). (…) Pourquoi dire « auprès de lui » ? Beaucoup cherchent à s’instruire de l’amour du Seigneur et de sa vérité dans les Livres saints. Mais une fois qu’ils y sont parvenus, ils vivent pour eux, non pour lui. Ils recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus Christ. Ils prêchent l’amour et la vérité et ne les pratiquent pas. Quant à celui qui aime Dieu et le Christ, lorsqu’il prêche la vérité et l’amour divins, il les recherche pour Dieu et non dans son propre intérêt. Il ne prêche pas pour en retirer des avantages matériels, mais pour le bien des membres du Christ, c’est-à-dire de ses fidèles. Il leur distribue ce qu’il a appris en esprit de vérité, « de sorte que celui qui vit n’ait plus sa vie centrée sur lui-même, mais sur celui qui est mort pour tous » (2Co 5,15). « Qui cherchera la miséricorde et la vérité du Seigneur ? »

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Il passa la nuit à prier Dieu. »

mardi 6 septembre 2022

Tout homme qui demande au Seigneur « une seule chose » et qui « la cherche » (Ps 26,4), la demande avec certitude et sécurité (…). Cette chose unique, c’est la seule et véritable vie bienheureuse qui consiste à contempler l’amabilité de Dieu pour toujours, quand nous serons devenus immortels de corps et d’esprit. C’est pour elle seule que nous recherchons tout le reste et que nous le demandons comme il convient. L’homme qui la possédera possédera tout ce qu’il veut, et alors il ne pourra ni vouloir ni posséder quelque chose qui ne conviendrait pas.

Là, en effet, se trouve la source de vie, dont il faut avoir soif maintenant dans la prière, aussi longtemps que nous vivons dans l’espérance et que nous ne voyons pas encore ce que nous espérons (Rm 8,25). Nous sommes cachés « à l’ombre de ses ailes ; devant lui est tout notre désir » (Ps 35,8; 37,10) ; nous voulons « nous enivrer des richesses de sa maison, nous abreuver au torrent de ses délices », parce qu’« en lui est la source de vie » et que « dans sa lumière nous verrons la lumière » (Ps 35,8s). Alors notre désir sera rassasié de bonheur et nous n’aurons plus rien à chercher en gémissant, puisque nous le posséderons dans la joie.

Cependant, comme il s’agit d’une « paix qui surpasse toute intelligence » (Ph 4,7), même lorsque nous la réclamons dans la prière, « nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut » (Rm 8,26). Une chose que nous ne pouvons pas concevoir telle qu’elle est, il est évident que nous ne la savons pas. (…) L’apôtre Paul écrit : « Nous qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance ». Et il ajoute : « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des gémissements inexprimables » (Rm 8,25s).

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Il se fit un grand calme. »

mardi 28 juin 2022

Le sommeil du Christ est le signe d’un mystère. Les occupants de la barque représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la croix. En outre, la barque est le symbole de l’Église. Oui, vraiment (…) le cœur de chaque fidèle est une barque naviguant sur la mer ; elle ne peut pas sombrer si l’esprit entretient de bonnes pensées.

On t’a insulté ; c’est le vent qui te fouette. Tu t’es mis en colère ; c’est le flot qui monte. La tentation surgit ; c’est le vent qui souffle. Ton âme est troublée ; ce sont les vagues qui montent. (…) Réveille le Christ, laisse-le te parler. « Qui donc est celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ? » Qui est-il ? « À lui la mer, c’est lui qui l’a faite » ; « par lui tout a été fait » (Ps 94,5; Jn 1,3). Imite donc les vents et la mer : obéis au Créateur. La mer se montre docile à la voix du Christ, et toi, tu restes sourd ? La mer obéit, le vent s’apaise, et toi, tu continues à souffler ? Que voulons-nous dire par là ? Parler, s’agiter, méditer la vengeance : n’est-ce pas continuer à souffler et ne pas vouloir céder devant la parole du Christ ? Quand ton cœur est troublé, ne te laisse pas submerger par les vagues.

Si pourtant le vent nous renverse — car nous ne sommes que des hommes — et s’il excite les émotions mauvaises de notre cœur, ne désespérons pas. Réveillons le Christ, afin de poursuivre notre voyage sur une mer paisible.

Saint Augustin (354-430)