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Archive pour le mot-clef ‘Ste Trinité’

Demeurer uni à Jésus en toutes choses

jeudi 23 juillet 2020

Plaire à notre Père des cieux pour qu’il soit glorifié, pour que son règne s’établisse en nous et que toute sa volonté soit accomplie, et cela d’une façon stable et totale, c’est là la perfection. (…) Le résultat d’une telle attitude est que « nous produisons sans cesse ces fruits des bonnes œuvres » dont parle S. Paul (Col 4,10). Et notre Seigneur ne déclare-t-il pas lui-même que cette perfection est glorieuse pour Dieu : « C’est la gloire de mon Père que vous portiez de nombreux fruits » (Jn 15,8).

Or, où irons-nous puiser la sève qui doit féconder toutes nos actions et nous faire rapporter au Père cette riche moisson de bonnes œuvres par laquelle nous le glorifions ? Cette sève féconde qui est la grâce ne nous vient que par Jésus. Ce n’est qu’en demeurant unis à lui, que nous pourrons être divinement féconds : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte de nombreux fruits » (Jn 15,5). Si sans lui « nous ne pouvons rien accomplir qui soit digne de son Père », avec lui, en lui, nous portons de nombreux fruits : il est la vigne, nous sommes les branches. Vous me demanderez comment nous « demeurons » en Jésus ? Par la foi d’abord. S. Paul nous dit que « la foi fait habiter le Christ dans nos cœurs » (Ep 3,17). Par l’amour ensuite : « Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9), l’amour qui, joint à la grâce, nous livre tout entier au service du Christ et à l’observation de ses préceptes. (…)

Aussi bien tout revient-il à demeurer uni à Jésus en toutes choses, à le contempler sans cesse pour l’imiter, et à accomplir toujours comme lui, « par amour », « tout ce qui plaît au Père » (Jn 14,31) : « je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jn 8,29). C’est le secret de la perfection, c’est le moyen infaillible d’avoir part à ces complaisances que « le Père prend en son propre Fils bien-aimé »

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

 

Sainte Trinité, solennité

dimanche 7 juin 2020

Hommes insensés (…), que ne cessez-vous vos recherches indiscrètes au sujet de la Trinité et ne vous contentez de croire qu’elle existe, puisque vous avez pour guide l’Apôtre qui écrit : « Il faut croire que Dieu existe et qu’il assure la récompense à ceux qui le cherchent » (…). Que nul ne se pose des questions superflues, mais qu’on se contente d’apprendre ce qui est contenu dans les Écritures. (…)

L’Écriture dit que le Père est source et lumière : « Ils m’ont délaissé, moi la source d’eau vive » ; (…) « Tu as abandonné la source de la sagesse », et selon Jean : « Notre Dieu est lumière ». Or, le Fils, en relation avec la source, est appelée fleuve, car « le fleuve de Dieu, selon le psaume, est rempli d’eau ». En relation avec la lumière, il est appelé resplendissement quand Paul dit qu’il est « le resplendissement de sa gloire et l’effigie de sa substance ». Le Père est donc lumière, le Fils son resplendissement (…), et dans le Fils, c’est par l’Esprit que nous sommes illuminés : « Puisse Dieu vous donner, dit Paul, un Esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse vraiment connaître ; puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur ». Mais quand nous sommes illuminés, c’est le Christ qui nous illumine en lui, car l’Écriture dit : « Il était la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde ». Et encore, le Père étant source et le Fils appelé fleuve, on dit que nous buvons l’Esprit : « Tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit ». Mais, abreuvés de l’Esprit, nous buvons le Christ car « ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait et ce rocher c’était le Christ ». (…)

Le Père étant « le seul sage », le Fils est sa sagesse, car « le Christ est la force et la sagesse de Dieu ». Or, c’est en recevant l’Esprit de sagesse que nous possédons le Fils et acquérons la sagesse en lui (…). Le Fils est la vie, il a dit : « Je suis la vie » ; mais il est dit que nous sommes vivifiés par l’Esprit, car Paul écrit : « Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts vivifiera aussi nos corps mortels par son Esprit qui habite en nous ». Mais quand nous sommes vivifiés par l’Esprit, c’est le Christ qui est notre vie (…) : « Ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ».

Quand il existe, dans la sainte Trinité, une telle correspondance et unité, qui pourrait séparer soit le Fils du Père, soit l’Esprit du Fils ou du Père ? (…) Le mystère de Dieu n’est pas livré à notre esprit par des discours démonstratifs, mais dans la foi et dans la prière pleine de respect.

Saint Athanase (295-373)

(Références bibliques : He 11,6; Jn 2,13; Ba 3,12; 1Jn 1,5; Ps 64,10; He 1,3; Ep 1,17-18; Jn 1,9; 1Co 12,13; 1Co 10,4; Rm 16,27; 1Co 1,24; Jn 14,6; Rm 8,11; Ga 2,20)

 

 

 

« Celui qui me voit, voit Celui qui m’a envoyé. »

mercredi 6 mai 2020

Quelqu’un qui avait appelé Jésus « bon maître », en lui demandant conseil pour arriver à la vie éternelle, a reçu cette réponse : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Personne n’est bon sinon Dieu seul » (Mc 10,17-18). (…) Oui, si tu me prends dans ma condition divine, je suis bon, mais si tu me prends seulement dans la condition humaine que tu vois maintenant, pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon, si tu es de ceux qui seulement « verront celui qu’ils ont transpercé » ? (Jn 19,37; Za 12,10) Cette vue sera pour eux leur malheur, car ce sera celle du châtiment.

Il y a, en effet, une vision où nous contemplerons l’être immuable de Dieu, invisible aux yeux humains. Cette vision qui n’est promise qu’aux saints, c’est la vision que l’apôtre Paul appelle un face à face (1Co 13,12). L’apôtre Jean dit de cette vision : « Nous serons semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est » (1Jn 3,2), et le psalmiste : « Je n’ai demandé qu’une seule chose au Seigneur : contempler les délices du Seigneur » (Ps 26,4). Le Seigneur lui-même en parle : « Moi, je l’aimerai et je me montrerai moi-même à lui » (Jn 14,21). C’est pour cette vision que nous purifions nos cœurs dans la foi, afin d’être du nombre de ces « cœurs purs qui verront Dieu » (Mt 5,8). Cette vision-là, seule, est notre bien suprême, et c’est pour y parvenir que nous avons le devoir de faire tout ce que nous faisons de bien.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Le Père et moi nous sommes un. »

mardi 5 mai 2020

Les chrétiens sont baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28,19). Auparavant ils répondent « Je crois » à la triple interrogation qui leur demande de confesser leur foi au Père, au Fils et à l’Esprit : « La foi de tous les chrétiens repose sur la Trinité » (St Césaire d’Arles). Les chrétiens sont baptisés « au nom » du Père et du Fils et du Saint-Esprit et non pas « aux noms » de ceux-ci car il n’y a qu’un seul Dieu, le Père Tout-Puissant et son Fils unique et l’Esprit Saint : la Très Sainte Trinité.

Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi, lumière qui les illumine. Il est l’enseignement le plus fondamental et essentiel dans la hiérarchie des vérités de la foi. « Toute l’histoire du salut n’est autre que l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s’unit les hommes qui se détournent du péché ». (…)

La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des « mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s’ils ne sont révélés d’en haut ». Dieu certes a laissé des traces de son être trinitaire dans son œuvre de création et dans sa révélation au cours de l’Ancien Testament. Mais l’intimité de son Être comme Trinité Sainte constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d’Israël avant l’incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint-Esprit.

Catéchisme de l’Église catholique

 

 

 

« L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

lundi 27 avril 2020

C’est à toi d’exaucer notre prière, c’est à toi de faire aboutir notre quête, c’est à toi d’ouvrir la porte où nous frappons (Lc 11,9). Car, de nature, tu nous vois engourdis par je ne sais quelle paresse spirituelle ; la faiblesse de notre esprit (…) nous empêche de comprendre tes mystères. (…) Telle est donc notre attente : tu encourageras les débuts de cette entreprise redoutable, tu affermiras les progrès de notre démarche et tu nous appelleras à participer à l’Esprit qui a guidé tes prophètes et tes apôtres ; ainsi, nous n’entendrons pas leurs paroles dans un sens autre que celui qu’ils avaient en vue (…).

Nous confirmerons, en effet, ce qu’ils ont proclamé dans leur enseignement sacré : toi, le Dieu éternel, tu es le Père du Dieu éternel, le Fils Unique. Toi, tu es le seul à ne pas être né, et le Seigneur Jésus Christ est le seul à être né de toi par une naissance éternelle, sans pourtant être différent de toi au point de suggérer la réalité de deux dieux. Oui, il nous faut proclamer qu’il est engendré de toi qui es le Dieu Unique ; nous devons le déclarer : il n’est pas autre que le vrai Dieu, né de toi, vrai Dieu et Père.

Accorde-nous donc de donner aux mots leur sens véritable, prodigue la lumière à notre esprit, (…) et établis notre foi dans la vérité. Accorde-nous de dire ce que nous croyons ; (…) que tu es un seul Dieu le Père et qu’il y a un seul Seigneur Jésus Christ. Donne-nous de te célébrer (…), donne-nous de te révérer, toi, Dieu unique mais non solitaire, donne-nous de le proclamer, lui, Dieu véritable.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

 

« Reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en adorant son unité toute puissante. » (Collecte)

dimanche 16 juin 2019

La vérité sur la très sainte Trinité m’avait été exposée par des théologiens mais je ne l’avais pas comprise comme je le fais à présent, après ce que Dieu m’a montré. (…) Ce qui me fut représenté, ce sont trois Personnes distinctes, que l’on peut considérer et entretenir séparément. Je me suis dit ensuite que le Fils seul s’est incarné, ce qui montre clairement la réalité de cette distinction. Ces Personnes se connaissent, s’aiment et communiquent entre elles. Mais si chaque Personne est distincte, comment disons-nous qu’elles n’ont toutes trois qu’une seule essence ? De fait, c’est là ce que nous croyons ; c’est une vérité absolue, pour laquelle je souffrirais mille fois la mort. Ces trois Personnes n’ont qu’un seul vouloir, un seul pouvoir, une seule souveraineté, de sorte qu’aucune d’elles ne peut rien sans les autres et qu’il n’y a qu’un seul Créateur de tout ce qui est créé. Le Fils pourrait-il créer une fourmi sans le Père ? Non, parce qu’ils n’ont qu’un même pouvoir. Il en est de même du Saint-Esprit.

Ainsi, il n’y a qu’un seul Dieu tout-puissant, et les trois Personnes ne forment qu’une seule Majesté. Quelqu’un pourrait-il aimer le Père, sans aimer le Fils et l’Esprit Saint ? Non, mais celui qui se rend agréable à l’une de ces trois Personnes, se rend agréable à toutes les trois, et celui qui offense l’une d’elles offense les deux autres. Le Père peut-il exister sans le Fils et sans l’Esprit Saint ? Non, parce qu’ils n’ont qu’une même essence, et là où se trouve une des Personnes se trouvent les deux autres, parce qu’elles ne peuvent pas se séparer.

Comment donc voyons-nous trois Personnes distinctes ? Comment le Fils s’est-il incarné, et non le Père ou l’Esprit Saint ? Je ne l’ai pas saisi ; les théologiens le savent. Ce que je sais, c’est que les trois Personnes ont concouru à cette œuvre merveilleuse. Au reste, je ne m’arrête pas longtemps à des questions de ce genre ; mon esprit s’attache aussitôt à cette vérité que Dieu est tout-puissant, que l’ayant ainsi voulu, il l’a pu, et qu’il pourra de même tout ce qu’il voudra. Moins je comprends ces choses, plus je les crois, et plus elles me donnent de dévotion. Dieu soit à jamais béni ! Amen.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

 

« Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi. »

dimanche 2 juin 2019

Il faut suivre le Christ, il faut adhérer à lui ; on ne doit pas l’abandonner jusqu’à la mort. Comme Élisée disait à son maître : « Aussi vrai que le Seigneur est vivant et que tu vis toi-même, je ne te quitterai pas » (2R 2,2), (…). Suivons donc le Christ et attachons-nous à lui ! « Il m’est bon d’adhérer à Dieu », dit le psalmiste (72,28). « Mon âme s’attache à toi, Seigneur ; ta droite me soutient. » (Ps 62,9) Et saint Paul ajoute : « Celui qui s’unit au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1Co 6,17). Non seulement un seul corps, mais un seul esprit. De l’esprit du Christ, tout son corps vit. Par le corps du Christ, on parvient à l’esprit du Christ. Demeure donc par la foi dans le corps du Christ et tu seras un jour un seul esprit avec lui. Déjà par la foi tu es uni à son corps. Par la vision, tu seras aussi uni à son esprit. Non que là-haut nous verrons sans corps, mais nos corps seront spirituels (1Co 15,44).

« Père, dit le Christ, je veux que ceux-ci soient un en nous, comme toi, Père, et moi, nous sommes un, pour que le monde croie. » ; voici l’union par la foi. Et plus loin il demande : « Que leur unité soit parfaite, pour que le monde sache » ; voici l’union par la vision.

Telle est la manière de se nourrir spirituellement du Corps du Christ : avoir en lui une foi pure, chercher toujours par la méditation assidue le contenu de cette foi, trouver ce que nous cherchons ainsi par l’intelligence, aimer ardemment l’objet de notre découverte, imiter dans la mesure du possible celui que nous aimons ; et en l’imitant, adhérer à lui constamment pour parvenir à l’union éternelle.

Guigues le Chartreux (?-1188)

 

 

 

« Si vous demandez quelque chose à mon Père en invoquant mon nom, il vous le donnera. »

samedi 1 juin 2019

« Ne permets pas que nous entrions en tentation » (Mt 6,13)… Quand nous prions pour ne pas entrer en tentation, nous nous souvenons de notre faiblesse, afin que personne ne se regarde avec complaisance, que personne ne s’élève avec insolence, que personne ne s’attribue la gloire de sa fidélité ou de son épreuve, alors que le Seigneur lui-même nous enseigne l’humilité quand il dit : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. L’esprit est ardent mais la chair est faible » (Mc 14,38). Si nous faisons profession d’humilité d’abord, nous rendons à Dieu tout ce que nous demandons avec crainte et révérence, et nous pouvons être assurés que sa bonté nous l’accordera.

Cette prière s’achève avec une conclusion qui ramasse brièvement toutes les demandes. À la fin nous disons : « Mais délivre-nous du mal ». Nous comprenons par là ce que l’ennemi peut machiner contre nous en ce monde, mais nous sommes assurés d’avoir un appui puissant si Dieu nous délivre, s’il accorde son secours à ceux qui l’implorent. Quand donc nous disons : « Délivre-nous du mal », il ne nous reste plus rien à demander… Nous sommes affermis contre toutes les machinations du démon et du monde. Qui peut redouter le monde, si Dieu est son protecteur en ce monde ?

Pourquoi s’étonner que Dieu nous ait appris ainsi à prier, en nous enseignant en une formule brève tout ce que nous devons demander pour notre salut ?… Quand la Parole de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, est venu à tous les hommes, il a rassemblé les savants et les ignorants, il a fourni les préceptes de salut pour tout sexe et tout âge. Il a fait un condensé concis de ses préceptes… Ainsi quand il a voulu enseigner en quoi consiste la vie éternelle, il a ramassé tout le mystère de la vie en une formule d’une merveilleuse concision : « La vie éternelle est qu’ils te connaissent, toi le seul et vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3).

Saint Cyprien (v. 200-258)

 

 

 

« De qui est cette image ? » : en se faisant homme, Dieu restaure en nous l’image de la Trinité

mardi 5 juin 2018

Éternel Amour…, je te le demande en grâce, fais miséricorde à ton peuple, au nom de la charité éternelle qui t’a poussé à créer l’homme à ton image et à ta ressemblance (Gn 1,26)… Tu n’as fait cela, Trinité éternelle, que parce que tu voulais faire participer l’homme à tout toi-même. C’est pourquoi tu lui as donné la mémoire, afin qu’il se souvienne de tes bienfaits et qu’il participe ainsi à ta puissance, Père éternel. C’est pourquoi tu lui as donné l’intelligence pour qu’il puisse comprendre ta bonté et qu’il participe ainsi à la sagesse de ton Fils unique. C’est pourquoi tu lui as donné la volonté, afin qu’il puisse aimer ce qu’il voit et connaît de ta vérité, et qu’il participe ainsi à l’amour de ton Esprit Saint. Qui t’a poussé à donner une si grande dignité à l’homme ? L’amour inépuisable avec lequel tu as regardé en toi-même ta créature…

[Mais] à cause du péché, elle a perdu cette dignité… Toi alors, poussé par ce même feu avec lequel tu nous avais créés…, tu nous as donné le Verbe, ton Fils unique… Il a accompli ta volonté, Père éternel, quand tu l’as revêtu de notre humanité, à l’image et ressemblance de notre nature. Ô abîme de charité ! Quel est le cœur qui peut se défendre de ne pas céder à ton amour en voyant le Très-Haut rejoindre la bassesse de notre humanité ? Nous sommes ton image et toi, tu es la nôtre, par cette union que tu as consommée dans l’homme en voilant ta divinité de l’argile d’Adam (Gn 2,7)… Qu’est-ce qui t’a poussé à faire cela ? L’amour ! Toi, Dieu, tu t’es fait homme, et l’homme est devenu Dieu. Par cet amour indicible, je t’en prie, fais miséricorde à tes créatures.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l’Église, copatronne de l’Europe
Dialogues, ch. 13 (trad. Guignes, Seuil 1953, p. 70 rev.)

 

 

 

Sainte Trinité, solennité

dimanche 27 mai 2018

Le Christ, notre avocat (1Jn 2,1), siège à la droite du Père. Il n’est plus visible dans sa nature humaine parmi nous. Mais il daigne rester avec nous jusqu’à la consommation des siècles, invisible sous les apparences du pain et du vin dans le sacrement de son amour. C’est le grand mystère d’un Dieu présent et caché, de ce Dieu qui viendra un jour juger les vivants et les morts.

C’est vers ce grand jour de Dieu que s’avance l’humanité tout entière des siècles écoulés, du présent et de l’avenir. C’est vers ce jour que s’avance l’Église, maîtresse de foi et de morale pour toutes les nations, baptisant au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Et nous, de même que nous croyons au Père, créateur du ciel et de la terre, au Fils, rédempteur du genre humain, ainsi également nous croyons au Saint-Esprit.

Il est l’Esprit procédant du Père et du Fils, comme leur amour consubstantiel, promis et envoyé par le Christ aux Apôtres au jour de la Pentecôte, vertu d’en-haut qui les remplit. Il est le Paraclet et le Consolateur qui demeure avec eux pour toujours, Esprit invisible, inconnu au monde, qui leur enseigne et rappelle tout ce que Jésus leur a dit.

Montrez au peuple chrétien la puissance divine infinie de cet Esprit créateur, don du Très-Haut, distributeur de tout charisme spirituel, consolateur très bon, lumière des cœurs, qui, dans nos âmes, lave tout ce qui est souillé, arrose ce qui est aride, guérit ce qui est blessé.

De lui, amour éternel, descend le feu de cette charité que le Christ veut voir allumé ici-bas ; cette charité qui rend l’Église une, sainte, catholique, qui l’anime et la rend invincible au milieu des assauts de la synagogue de Satan ; cette charité qui unit dans la communion des saints ; cette charité qui renouvelle l’amitié avec Dieu et remet le péché.

Vénérable Pie XII, pape de 1939 à 1958
Allocution aux curés de Rome et aux prédicateurs de Carême, 17 février 1942