ACCUEIL

Jeter son filet à la lumière de la foi

7 septembre 2023

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Ô fille très chère, il est raconté dans le saint Évangile, que lorsque ma Vérité commanda au glorieux apôtre Pierre de jeter à la mer ses filets, Pierre répondit, que toute la nuit il s’était fatigué sans rien prendre (Lc 5,5), mais, ajouta-t-il, sur votre commandement, je vais le jeter. Il le jeta ; il prît une si grande quantité de poissons qu’il ne le pouvait retirer seul, et qu’il dut appeler les disciples à son aide. Considère cet acte de Pierre ! Dans la réalité qui vient d’être décrite, tu découvriras une figure, et tu comprendras par tout ce que je t’ai dit que cette figure s’applique à toi. (…)

Pierre, t’ai-je dit, au commandement du Verbe, jeta le filet : il fut donc obéissant, en croyant avec une foi vive, qu’il prendrait du poisson, et il en prit en effet beaucoup ; mais ce ne fut pas pendant la nuit. Sais-tu quel est ce temps de la nuit ? C’est la nuit ténébreuse du péché mortel, où l’âme est privée de la lumière de la grâce. En cette nuit, elle ne saurait rien prendre, parce qu’elle jette le filet de son désir non dans l’océan de vie, mais dans la mer morte, où elle ne trouve que la faute qui n’est pas quelque chose. Elle se fatigue en vain, tous ses efforts sont inutiles. Ceux qui s’imposent toutes ces peines se font les martyrs du démon, non du Christ crucifié.

Mais, quand le jour paraît, quand l’âme sort de la nuit du péché, pour recouvrer la lumière de la grâce, elle retrouve du même coup dans son esprit le commandement de la loi que je lui ai donnée, de jeter le filet, à la parole de mon Fils, en m’aimant pardessus toute chose, et le prochain comme soi-même. Docile dès lors à la lumière de la foi, avec une ferme confiance, elle jette son filet, sur sa parole, en suivant la doctrine et les exemples de ce doux Verbe d’amour et de ses disciples.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Il sortit et se retira dans un endroit désert. »

6 septembre 2023

Ne peut-on raisonnablement avancer que le désert est le temple sans bornes de notre Dieu ? Car celui qui habite dans le silence doit certainement se plaire dans les lieux retirés. C’est là que souvent il s’est manifesté à ses saints ; c’est à la faveur de la solitude qu’il a daigné rencontrer les hommes.

C’est dans le désert que Moïse, la face inondée de lumière, voit Dieu. (…) Là, il est admis à converser familièrement avec le Seigneur ; il échange parole contre parole ; il s’entretient avec le Maître du ciel ainsi que l’homme a coutume de s’entretenir avec son semblable. Là, il reçoit le bâton puissant en prodiges ; et après être venu au désert comme pasteur de brebis, il quitte le désert en pasteur de peuples (Ex 3 ; 33,11 ; 34).

De la même manière, le peuple de Dieu, quand il doit être libéré d’Égypte et délivré des œuvres terrestres, ne gagne-t-il pas des lieux écartés, ne se réfugie-t-il pas dans les solitudes ? Oui, c’est dans le désert qu’il va approcher ce Dieu qui l’a arraché à la servitude. (…) Et le Seigneur se faisait le chef de son peuple en guidant ses pas à travers le désert. Sur la route, de jour et de nuit, il déployait une colonne, flamme ardente ou nuée rayonnante, signe venu du ciel. (…) Les enfants d’Israël obtinrent donc de voir le trône de Dieu et d’entendre sa voix, tandis qu’ils vivaient dans les solitudes du désert. (…)

Faut-il ajouter qu’ils ne parviennent à la terre de leurs désirs qu’après avoir séjourné au désert ? Pour que le peuple entre un jour en possession d’une contrée où coulaient le lait et le miel, il lui a fallu d’abord passer par des lieux arides et incultes. C’est toujours par des campements au désert que l’on s’achemine vers la véritable patrie. Qu’il habite une terre inhabitable, celui qui veut « voir les biens du Seigneur dans la terre des vivants » (Ps 26,13). Qu’il soit l’hôte du désert, celui qui veut devenir le citoyen des cieux.

Saint Eucher (? – v. 450)

 

 

 

« Silence ! Sors de cet homme ! »

5 septembre 2023

Le baptême, ce bain de la sainteté, enlève la souillure de notre péché, mais il ne change pas maintenant la dualité de notre vouloir et n’empêche pas les esprits du mal de nous combattre ou de nous entretenir dans l’illusion… Mais la grâce de Dieu a sa demeure dans la profondeur même de l’âme, c’est-à-dire dans l’entendement. Il est dit, en effet, que « la gloire de la fille du Roi est au-dedans » (Ps 44,15) : elle ne se montre pas aux démons. C’est pourquoi des profondeurs mêmes de notre cœur nous sentons comme sourdre le désir divin, quand nous nous souvenons ardemment de Dieu. Mais alors les esprits mauvais sautent dans les sens corporels et s’y cachent, profitant du relâchement de la chair… Ainsi donc, notre entendement, selon le divin apôtre Paul, se réjouit toujours de la loi de l’Esprit (Rm 7,22). Mais les sens de la chair veulent se laisser emporter sur la pente des plaisirs…

« La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue » (Jn 1,5)… : le Verbe de Dieu, la vraie lumière, a jugé bon de se manifester à la création dans sa propre chair, en allumant en nous la lumière de sa connaissance divine dans son incommensurable amour de l’homme. L’esprit du monde n’a pas reçu le dessein de Dieu, c’est-à-dire ne l’a pas connu… ; pourtant le merveilleux théologien, l’évangéliste Jean ajoute : « Il était la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant dans le monde… Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a pas connu. Il est venu dans ce qui était à lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (v.10-12)… Ce n’est pas de Satan que l’évangéliste dit qu’il n’a pas reçu la vraie lumière, car dès le commencement il lui est étranger puisqu’elle ne brille pas en lui. Mais il stigmatise justement par cette parole les hommes qui entendent les puissances et les merveilles de Dieu mais qui, à cause de leur cœur enténébré, ne veulent pas s’approcher de la lumière de sa connaissance.

Diadoque de Photicé (v. 400-?)

 

 

 

« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’onction. »

4 septembre 2023

Notre Sauveur est devenu vraiment Christ ou Messie dans son incarnation, et il demeure vrai roi et vrai prêtre ; il est lui-même l’un et l’autre, car il ne faut en rien diminuer le Sauveur. Écoutez-le dire qu’il a été fait roi : « J’ai été constitué roi par lui sur Sion, sa sainte montagne » (Ps 2,6 Vulg). Écoutez encore le témoignage du Père affirmant qu’il est prêtre : « Tu es prêtre pour toujours, à la manière de Melchisédech » (Ps 109,4)… Il est donc, par son incarnation, sauveur, prêtre et roi. Mais il a reçu l’onction spirituellement et non matériellement. Ceux qui, chez les Israélites, étaient prêtres et rois recevaient une onction matérielle d’huile qui les faisait prêtres et rois. Aucun ne possédait à lui seul ces deux titres : chacun d’eux était ou bien prêtre ou bien roi. La perfection et la plénitude totales appartiennent exclusivement au Christ, lui qui était venu accomplir la Loi.

Bien que chacun d’eux n’ait pas eu les deux titres, cependant parce qu’ils avaient reçu matériellement l’onction d’huile royale ou sacerdotale, on les appelait « messies » ou « christs », c’est-à-dire « oints » (cf Ps 88). Tandis que le Sauveur, qui est vraiment le Christ, a été consacré par l’onction du Saint Esprit, pour que s’accomplisse ce qui a été écrit de lui : « C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a consacré par l’onction avec l’huile d’allégresse, de préférence à tes compagnons » (Ps 44,8). Il est au-dessus des compagnons qui portent ce nom de « christs » à cause de l’onction, parce qu’il a été consacré avec l’huile de joie, qui ne désigne pas autre chose que le Saint Esprit.

Faustin de Rome (2e moitié du 4e s.)

 

 

 

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16, 24)

3 septembre 2023

Très saint et bienheureux Père dans le Christ, le doux Jésus, votre indigne et misérable petite fille Catherine vous encourage dans son précieux sang, avec le désir de vous voir sans aucune crainte servile ; car celui qui est craintif perd toute la force des saintes résolutions et des bons désirs. (…) Si vous ne faites pas ce que vous devez faire, vous avez raison de craindre.

Vous devez venir [à Rome], venez donc ; venez avec douceur, sans rien redouter; et si quelqu’un de ceux qui vous entourent voulait vous en empêcher, répondez-lui hardiment comme le Christ répondit à saint Pierre, qui voulait, par tendresse, lui faire éviter la Passion. Le Christ se tourna vers lui, en lui disant : « Retire-toi, de moi, Satan ; tu es pour moi un scandale, parce que tu recherches l’intérêt de l’homme plutôt que celui de Dieu ; tu ne veux pas que j’accomplisse la volonté de mon Père. » Faites de même, très doux Père ; imitez Celui dont vous êtes le Vicaire ; fortifiez-vous en vous-même, et dites hautement devant tous : “Quand même je devrais perdre mille fois la vie, je veux accomplir la volonté de mon Père.” Supposons qu’il y ait danger de la vie, ne faut-il pas la sacrifier ? puisque c’est un moyen certain d’acquérir la vie de la grâce.

Courage, et ne craignez rien, car vous ne le devez pas. Armez-vous de la très sainte Croix, qui est le salut et la vie des chrétiens ; laissez dire ce qu’on veut dire, et soyez ferme dans votre sainte résolution. (…) Croyez, et confiez-vous dans le Christ, le doux Jésus. (…) Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Pardonnez-moi, pardonnez-moi ; que Jésus crucifié soit avec vous. Doux Jésus, Jésus amour.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Le maître leur demanda des comptes. »

2 septembre 2023

La créature, que peut-elle bien connaître sans son créateur ? ce qu’elle a reçu de connaissance, il faudra bien qu’elle en rende compte, et de son action et de son activité, en toute justice et équité. En effet, pioche, faux, serpe et scie, hache, bâton, lance, dague et arc, javelot et tous les autres outils de l’existence, chacun possède sa propre opération ; mais ce n’est pas de lui-même qu’il la tient, c’est de nous bien sûr, et l’artisan fait travailler chacun de ces instruments dans les règles de l’art, pour ce qu’il a choisi de faire. (…) C’est bien ainsi, crois-moi, que Dieu nous a faits pour agir, chacun, fidèlement dans les actions de la vie. (…)

Remarque-le (…), pas plus qu’il n’est possible, jamais, à un seul des outils nommés plus haut, de se mouvoir lui-même pour agir, ou de réaliser quelque chose sans la main de l’homme pour le prendre et, avec lui, fabriquer quelque chose, pas davantage l’homme ne peut, sans la main divine, concevoir quelque chose de bon ou le réaliser. Remarque-le : le Verbe artisan m’a fabriqué tel qu’il l’a voulu, il m’a placé dans le monde. Comment donc, dis-moi, pourrais-je penser ou réaliser, comment pourrais-je opérer quoi que ce soit sans la force divine ?

Celui qui m’a fait don de l’intelligence, telle qu’il l’a voulue naturellement, c’est lui aussi qui me donne de penser tout ce qu’il sait m’être utile et qui m’accorde le pouvoir d’opérer ce qu’il veut. Si donc c’est cela que je fais, à coup sûr il me donnera davantage et m’accordera des pensées plus parfaites, dans son amour ; mais si je néglige même ce peu qui m’a été confié, à juste titre je subirai le châtiment d’en être pour de bon privé par Dieu qui me l’avait donné, et je me retrouverai inefficace, outil inutile, pour n’avoir pas voulu mettre en pratique les commandements du Créateur et m’être abandonné à la paresse et à la nonchalance. Voilà pourquoi j’ai été rejeté des mains du Maître.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

 

 

 

« Nos lampes s’éteignent. »

1 septembre 2023

Je ne suis pas devenu sage (…),
Comme l’étaient les cinq vierges sages ;
Le bien facile avec le difficile,
Je ne l’ai point acquis.
Mais je suis devenu le dernier des insensés
En ne conservant pas de l’huile pour ma lampe :
C’est-à-dire la miséricorde avec la virginité,
Ou bien encore l’onction de la Fontaine sacrée [du baptême] (…).

C’est pourquoi les portes de la salle des noces
Sont fermées à moi aussi dans ma négligence.
Mais ici-bas, tandis que je suis dans un corps,
Ô Toi, mon Époux, écoute mon âme épouse (…);
Dès maintenant je crie d’une voix pitoyable :
« Ouvre-moi ta porte céleste,
Introduis-moi dans ta chambre nuptiale là-haut,
Rends-moi digne du saint baiser,
De l’étreinte pure et immaculée.
Que je n’entende pas la voix
Qui répond ne pas me connaître.
Mais grâce à ta lumière veuille allumer
Le flambeau éteint de mon esprit, à moi l’aveugle ! »

Saint Nersès Snorhali (1102-1173)

 

 

 

« Veillez car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. »

31 août 2023

Le monde visible passera et celui que nous attendons viendra, plus beau que lui ; mais que nul ne se mêle de savoir la date « car il ne nous appartient pas, dit Jésus Christ, de connaître les temps ou moments que le Père a fixés dans sa puissance » (Ac 1,7). N’aie donc ni l’audace de mettre en avant une date pour ces évènements, ni la négligence de te rendormir, car : « Veillez, dit le Christ ; c’est à l’heure où vous ne vous y attendez pas que viendra le Fils de l’homme » (Mt 24,42-44).

Mais il fallait que nous connussions les signes de la fin ; de plus, nous attendons le Christ ; alors, pour nous éviter de mourir déçus et d’être égarés par l’Antichrist menteur, les apôtres, mus par un choix divin, viennent, selon le plan salvifique, trouver le Maître véridique et le questionnent : « Dis-nous quand ces évènements se produiront et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du siècle » (Mt 24, 3). Nous attendons ton retour, mais Satan se transforme en ange de lumière. Fixe-nous donc, pour que nous n’en adorions pas un autre au lieu de toi !

Et lui, ouvrant sa bouche divine et bienheureuse, de dire : « Prenez garde que nul ne vous égare » (Mt 24,4). Et vous, auditeurs, qui des yeux de l’intelligence le voyez en quelque sorte, écoutez-le vous répéter à vous aussi : « Prenez garde que nul ne vous égare ! » (…) « Beaucoup en effet viendront en mon nom, disant : c’est moi qui suis le Christ, et ils en égareront un grand nombre » (Mt 24,4.5). (…) « Veillez donc, dit le Seigneur, parce que vous ne savez pas quel jour le Seigneur viendra » (Mt 24,42).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Les écueils de toute vie humaine

30 août 2023

« Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens. » (Mc 13, 15) Gardons-nous du levain des Pharisiens, de l’attachement exagéré à des observances extérieures d’institution humaine, à de vaines cérémonies, à un bel ordre extérieur qui prend tous nos soins, attachement qui produit peu à peu l’oubli de l’intérieur, qui finit par faire négliger le dedans de la coupe pour nettoyer le dehors, par faire en nous des hypocrites, des sépulcres blanchis et en même temps des esprits petits, mesquins, rétrécis, incapables d’aucune haute conception et attachés avec une force extrême à des riens, des minuties, des puérilités…

Et gardons-nous du levain d’Hérode, du levain des Saducéens comme il est dit dans un autre Évangile, c’et-à-dire du relâchement, de la sensualité, de la mollesse, de l’amour du bien-être, de la recherche de ses aises, et, conséquence forcée, de l’amour de l’argent, des richesses, des honneurs, des grandeurs ; les Pharisiens disent adieu à la vérité, à la simplicité, à la bonté, à la miséricorde, à l’humilité, à toute grandeur d’âme… Les Sadducéens ont l’horreur de la pauvreté, de l’abjection de la pénitence, de la croix, de l’humilité, et pas plus que les Pharisiens ils ne connaissent la bonté ni la miséricorde…

Les uns et les autres remplacent, et l’amour de Dieu et l’amour du prochain par le seul amour de soi-même… Les Pharisiens c’est plutôt l’égarement de l’esprit par l’orgueil, les Sadducéens, c’est plutôt l’égarement du cœur par la sensualité… Ces deux sectes représentent les deux écueils principaux de toute vie humaine et particulièrement de la vie religieuse : gardons-nous avec grand soin du levain des Pharisiens et des Sadducéens !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Martyre de Saint Jean-Baptiste (m)

29 août 2023

Parmi les titres de gloire du saint et bienheureux Jean Baptiste, dont nous célébrons la fête aujourd’hui, je ne sais auquel donner la préférence : à sa naissance miraculeuse ou à sa mort plus miraculeuse encore. Sa naissance a apporté une prophétie (Lc 1,67s), sa mort la vérité ; sa naissance a annoncé l’arrivée du Sauveur, sa mort a condamné l’inceste d’Hérode. Cet homme saint (…) a mérité aux yeux de Dieu de ne pas disparaître de la même façon que les autres hommes de ce monde : il a quitté ce corps reçu du Seigneur en le confessant. Jean a accompli en tout la volonté de Dieu, puisque sa vie comme sa mort correspondent à ses desseins. (…)

Il est encore au creux du ventre de sa mère quand déjà il célèbre l’arrivée du Seigneur, par ses mouvements de joie, puisqu’il ne pouvait pas le faire par la voix. Élisabeth dit à la sainte Marie : « Dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein » (Lc 1,44). Jean exulte donc avant de naître, et avant que ses yeux ne reconnaissent à quoi ressemble le monde, son esprit reconnaît déjà celui qui en est le maître. Je pense que c’est là le sens de la phrase du prophète : « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu ; avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré » (Jr 1,5). Ne nous étonnons donc pas si, enfermé dans la prison où l’avait fait mettre Hérode, il a continué à prêcher le Christ par l’intermédiaire de ses disciples (Mt 11,2), puisque, enfermé qu’il était dans le sein de sa mère, il annonçait déjà de ses tressaillements la venue du Seigneur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)