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Dieu nous appelle inlassablement à la conversion

28 août 2023

La bonté de Dieu, comme je le répète souvent, n’a pas abandonné ceux qu’il a créés, mais elle se tourne encore vers eux et les rappelle de nouveau : « Venez à moi, vous qui êtes fatigués et accablés, je vous procurerai le repos » (Mt 11,28). C’est-à-dire : vous voilà fatigués, vous voilà malheureux, vous avez fait l’expérience du mal de votre désobéissance. Allons, convertissez-vous enfin ; (…) vivez par l’humilité, vous qui étiez morts par l’orgueil. (…)

Oh ! mes frères, que ne fait pas l’orgueil ? Oh ! Quel pouvoir possède l’humilité ! Qu’avait-on besoin de tous ces détours ? Si dès le commencement, l’homme était resté humble et avait obéi à Dieu (…), il ne serait pas tombé. Après sa déchéance, Dieu lui a encore fourni une occasion de se repentir et d’obtenir miséricorde ; mais il a gardé la tête haute. Dieu, en effet, est venu lui dire : « Adam, où es-tu ? » (Gn 3,9), c’est-à-dire : « De quelle gloire es-tu tombé ? » (…) Puis il lui a demandé : « Pourquoi as-tu péché ? Pourquoi as-tu désobéi ? », voulant par là lui faire dire : « Pardonne-moi ». Mais (…) il n’y a ni humilité ni repentir, mais le contraire. L’homme réplique : « La femme que tu m’as donnée s’est jouée de moi » (v. 12) ; il ne dit pas « ma femme » mais « la femme que tu m’as donnée », comme on dirait : « Le fardeau que tu m’as mis sur la tête ». Il en est ainsi, frères : quand un homme n’accepte pas de se voir pécheur, il ne craint pas d’accuser Dieu lui-même.

Dieu s’adresse ensuite à la femme et lui dit : « Pourquoi n’as-tu pas gardé, toi non plus, le commandement ? », comme s’il disait : « Toi au moins, dis : Pardonne-moi, pour que ton âme s’humilie et obtienne miséricorde ». Mais (…) la femme répond à son tour : « Le serpent m’a trompée » (v. 13), comme pour dire : « Si lui a péché, en quoi suis-je coupable, moi ? » Que faites-vous, malheureux ? (…) Reconnaissez votre faute ; ayez pitié de votre nudité ! Mais ni l’un ni l’autre n’a daigné se reconnaître pécheur.

Dorothée de Gaza (v. 500-?)

 

 

 

Fixer le Christ en nos cœurs par la foi

27 août 2023

Dieu se présente à nous comme objet de foi, surtout dans la personne de Jésus-Christ. Il veut que nous croyions fermement que l’enfant né de Marie, l’ouvrier de Nazareth, le Maître en lutte avec les Pharisiens, le crucifié du Calvaire est véritablement son Fils, son égal, et que nous l’adorions comme tel. Établir parmi les hommes la foi au Verbe incarné est la grande œuvre que Dieu s’est proposée dans l’économie du salut (cf. Jn 6,29). Rien ne peut remplacer cette foi en Jésus-Christ, vrai Dieu consubstantiel au Père et son Envoyé. Elle est la synthèse de toutes nos croyances, parce que le Christ est la synthèse de toute la révélation. (…)

La vie de l’Église suppose en tout et toujours l’adoration de son divin Époux. À la face du monde qui le renie et le méconnaît, elle répète sans cesse, avec saint Pierre : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Cette forte vision de la foi, qui perce le voile de l’humanité du Christ et plonge dans les profondeurs de sa divinité, fait défaut à beaucoup d’esprits. Ils voient Jésus, le touchent, mais, comme les foules de Galilée, d’un regard purement extérieur, superficiel, qui ne transforme pas les âmes. Pour d’autres, au contraire, Jésus se transfigure ; la grâce éclaire leur foi en sa divinité. Pour eux, Jésus est le soleil de justice ; il surpasse toutes les beautés de la terre, et sa vision ravit tellement leurs cœurs qu’aucun autre attrait ne peut plus les séparer de son amour. Ils peuvent dire avec saint Paul : « Je suis persuadé que ni la mort, ni la vie… ni une créature quelconque ne pourront me séparer de l’amour que Dieu nous manifeste dans le Christ-Jésus notre Seigneur » (Rm 8,38).

Une telle foi fixe véritablement Jésus-Christ dans nos cœurs. Elle n’est pas une simple adhésion de l’esprit ; elle comporte l’amour, l’espérance, la consécration totale de soi au Christ pour vivre de sa vie, participer à ses mystères, imiter ses vertus.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

Ne permets pas que je m’égare !

26 août 2023

« Lui qui transforme les lèvres des hommes véridiques et ravit aux vieillards leur science. » (Jb 12,20 Vg) Quand le prêtre ne fait pas le bien qu’il prêche, le don même de la parole lui est retiré, pour qu’il n’ait pas le front de dire ce qu’il ne met en pratique, selon la parole du prophète : « Dieu a dit au pécheur : Que viens-tu, toi, raconter mes règles de justice et pourquoi as-tu, toi, mon alliance à la bouche ? » (Ps 49,16) De là encore cette supplication : « Ne ravis jamais à ma bouche la parole de la vérité. » (Ps 118,43) Il le sent profondément en effet, Dieu tout-puissant accorde la parole de vérité à qui la vit et il l’ôte à qui ne la vit pas. Celui donc qui a demandé qu’elle ne soit pas ravie à sa bouche, qu’a-t-il demandé d’autre que la grâce des bonnes œuvres ? C’était dire ouvertement : ne permets pas que je m’égare loin des bonnes œuvres : perdue l’ordonnance d’une sainte vie, c’en serait fait de la rectitude de ma parole.

Très souvent aussi, qu’un docteur ait le front d’enseigner ce qu’il n’a cure de faire, il n’a bientôt plus de paroles pour dire le bien dont il a méprisé la pratique et le voilà enseignant à ceux dont il est le maître les erreurs de sa conduite : sur un juste jugement de Dieu tout-puissant, il n’a plus de langue au service du bien, lui qui refuse de bien vivre ; c’est pour les biens de la terre que son âme s’est embrasée d’amour, c’est des biens de la terre que qu’il va désormais toujours parler. Aussi la vérité dit-elle dans l’Évangile : « C’est du trop-plein du cœur que parle la bouche : c’est d’un bon trésor que l’homme bon apporte de bonnes choses et c’est d’un mauvais trésor que l’homme mauvais apporte de mauvaises choses. » (Mt 12,34-35)

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même. »

25 août 2023

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Je veux que tu saches qu’il n’est point de vertu et pareillement point de défaut qui ne s’exercent par le moyen du prochain. Qui demeure dans l’inimitié vis-à-vis de moi, cause un dommage au prochain et à lui-même qui est son principal prochain. Et il lui fait tort soit en général, soit en particulier. En général, parce que vous êtes tenus d’aimer votre prochain comme vous-mêmes, et cet amour vous fait un devoir de l’assister par la prière, par la parole, par le conseil et de lui procurer tous les secours spirituels ou temporels suivant la mesure de ses besoins. Et si vous ne le pouvez faire réellement, parce que vous n’en avez pas le moyen, tout au moins, devez-vous en avoir le désir.

Mais si l’on ne m’aime pas, l’on n’aime pas non plus le prochain. Ne l’aimant pas, on ne le secourt pas et du même coup l’on se fait tort à soi-même. On se prive de ma grâce, en même temps que l’on frustre le prochain, en ne lui donnant pas les prières et les pieux désirs que l’on doit m’offrir pour lui. Toute assistance prêtée au prochain doit procéder de la dilection que l’on a pour lui pour l’amour de moi.

Pareillement peut-on dire qu’il n’est point de vice qui n’atteigne le prochain ; car si l’on ne m’aime pas, l’on ne saurait être dans la charité qu’on lui doit. Tous les maux proviennent de ce que l’âme est privée de la charité envers moi et envers le prochain. Ne pouvant plus faire le bien, il s’ensuit que l’on fait le mal. Et contre qui fait-on ainsi le mal ? Contre soi-même d’abord et puis contre le prochain. Ce n’est pas à moi que l’on fait du tort, car le mal ne saurait m’atteindre, sinon en tant que je considère comme fait à moi-même ce qui est fait au prochain.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Fête de saint Barthélémy, apôtre

24 août 2023

La gloire de tous les apôtres est tellement indissociable, elle est unie par le ciment de tant de grâces, que lorsqu’on célèbre la fête de l’un d’eux c’est la grandeur commune de tous les apôtres qui est rappelée à l’attention de notre regard intérieur. Ils se partagent en effet la même autorité de juges suprêmes, le même rang de dignité et ils possèdent le même pouvoir de lier et d’absoudre (Mt 19,28; 18,18). Ils sont ces perles précieuses que saint Jean nous dit avoir contemplées dans l’Apocalypse et dont les portes de la Jérusalem céleste sont construites (Ap 21,21.14). (…) En effet, lorsque par des signes ou des miracles les apôtres rayonnent la lumière divine, ils ouvrent l’accès de la gloire céleste de Jérusalem aux peuples convertis à la foi chrétienne. (…)

C’est d’eux encore que le prophète dit : « Qui sont ceux-là, qui volent ainsi que des nuages ? » (Is 60,8). (…) Dieu élève l’esprit de ses prédicateurs à la contemplation des vérités d’en haut (…) de sorte qu’ils puissent répandre en abondance la pluie de la parole de Dieu dans nos cœurs. C’est ainsi qu’ils boivent l’eau à la source pour nous la donner à boire à notre tour. Saint Barthélémy a puisé à la plénitude de cette source, lorsque l’Esprit Saint est descendu sur lui comme sur les autres apôtres sous la forme de langues de feu (Ac 2,3).

Mais tu entends parler de feu et peut-être que tu ne vois pas le rapport avec l’eau. Écoute comment le Seigneur appelle eau cet Esprit Saint qui est descendu comme un feu sur les apôtres. « Si quelqu’un a soif, dit-il, qu’il vienne à moi et qu’il boive », et il ajoute : « Celui qui croit en moi — l’Écriture le dit — des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur », et l’évangéliste explique : « Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7,37-39). Le psalmiste dit aussi des croyants : « Ils se rassasient de l’abondance de ta maison et tu les abreuves au torrent de tes délices, car en toi se trouve la source de la vie » (Ps 35,10).

Saint Pierre Damien (1007-1072)

 

 

 

Puissiez-vous persévérer dans la vigne de l’Église !

23 août 2023

Que nul d’entre vous, bien-aimés, ne se croie en sécurité sous prétexte qu’il est baptisé, car de même que ceux qui courent dans le stade ne reçoivent pas tous le prix de la victoire, mais celui-là seul qui est arrivé le premier dans la course, de même ne sont pas sauvés tous ceux qui ont la foi, mais ceux-là seulement qui persévèrent dans les bonnes œuvres qu’il ont commencées. (…) Personne ne doit se croire en sécurité en raison de sa seule foi, mais doit bien plutôt redouter ce qui est dit : « Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » (Mt 22,14). Que nous soyons appelés par la foi, nous le savons, mais si nous sommes élus, nous l’ignorons. Chacun doit donc être d’autant plus humble qu’il ignore s’il est élu.

Que le Dieu tout-puissant vous accorde de ne pas être du nombre de ceux qui traversèrent la mer Rouge à pied sec, mangèrent la manne dans le désert, burent le breuvage spirituel, et périrent cependant à cause de leurs murmures dans le désert, mais du nombre de ceux qui entrèrent dans la terre promise et obtinrent en travaillant fidèlement dans la vigne de l’Église de recevoir le denier du bonheur éternel, de sorte qu’avec le Christ votre tête vous puissiez, vous qui êtes ses membres, régner dans tous les siècles des siècles.

Auteur anonyme du 9e siècle

 

 

 

« Vous siégerez vous aussi pour juger. » (Mt 19,28)

22 août 2023

« Mais cependant je parlerais au Tout-Puissant et je désire discuter avec Dieu. » (Jb 13,3) Nous parlons au Tout-Puissant quand nous nous associons à la justice du maître pour faire passer nos actes au crible d’un scrupuleux examen.

Peut-être aussi discute avec Dieu celui qui, après avoir en ce monde obéi à ses préceptes, vient ensuite en juge, juger les peuples avec Lui, ainsi qu’il est dit aux prédicateurs qui font abandon de tous leurs biens : « Vous qui m’avez suivi, dans la régénération, lorsque le fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes pour juger les tribus d’Israël. » (Mt 19,28) Le Seigneur dit encore par la bouche d’Isaïe : « Délivrez celui qui subit l’injustice, jugez en faveur de l’orphelin, plaidez pour la veuve et venez, discutons. » (Is 1,17) Il est juste en effet qu’il discute avec Dieu, dans son jugement sur les orphelins, l’homme qui, pour se consacrer à la parole de Dieu, renonce sans réserve au siècle présent.

Parler concerne donc la prière ; discuter, le jugement. Le saint, en conséquence, parle maintenant au Tout-Puissant pour discuter ensuite avec le Tout-Puissant, parce que celui qui viendra un jour pour juger avec Dieu est celui qui en ce monde n’aura été que son familier dans la prière.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

 

L’amour du Ciel doit passer avant tout autre souci

21 août 2023

L’amour céleste… consiste pour l’homme à connaître et à reconnaître Dieu en l’aimant plus que tout. Cet amour proclame : « Douce vie et douce étreinte de la vie éternelle, bienheureuse félicité dans laquelle résident les récompenses éternelles, toi qui es toujours faite de véritables délices, si bien que jamais, en fait, je ne puis être remplie ni rassasiée de la joie intérieure qui est en mon Dieu. » L’amour du Ciel doit passer avant tout autre souci. Et chaque œuvre bonne est formée de deux parties : l’amour de Dieu et l’amour de l’homme.

La discipline suit l’amour du Ciel. Elle est comme un enfant, puisqu’elle ne veut pas être puissante en accomplissant sa propre volonté, mais qu’elle veut rester fidèlement dans la crainte, la retenue et le respect. Par la foi en l’amour, l’homme se lie lui-même dans la loi de la discipline. (…) La vertu de miséricorde se lève pour aller vers les pauvres. Car la miséricorde de sa grâce se trouve dans le cœur du Père éternel. J’ai placé mon Fils dans la poitrine de la miséricorde, lorsque je l’ai envoyé dans le sein de la Vierge Marie. L’homme, justifié par les vertus, devient capable de regarder la misère de son prochain et de l’aider comme lui-même dans les vrais besoins. La miséricorde murmure : « Je tends toujours les mains vers les étrangers, les malheureux, les pauvres, les infirmes et ceux qui gémissent. » Après la miséricorde surgit la victoire par laquelle l’homme est vainqueur de lui-même et des vices d’autrui. (…) Enfin, la patience et le gémissement de l’âme possèdent une douceur qui empêche l’homme d’être écrasé par les épreuves.

Libre de tout souci du siècle, il se tourne vers ce qui est éternel en Dieu dans la vie future.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

« Femme, grande est ta foi ; que tout se fasse pour toi comme tu le veux. »

20 août 2023

L’Évangile nous montre la grande foi, la patience, la persévérance et l’humilité de la Cananéenne. (…) Cette femme était douée d’une patience vraiment peu commune. À sa première demande le Seigneur ne répond pas un mot. Malgré cela, loin de cesser un instant de prier, elle implore avec une insistance accrue le secours de sa bonté. (…) Voyant l’ardeur de notre foi et la ténacité de notre persévérance dans la prière, le Seigneur finira par prendre pitié de nous et nous accordera ce que nous souhaitons.

La fille de la Cananéenne était « tourmentée par un démon ». Une fois expulsée la mauvaise agitation de nos pensées et dénoués les nœuds de nos péchés, la sérénité de l’esprit nous reviendra ainsi que la possibilité d’agir correctement. (…) Si, à l’exemple de la Cananéenne, nous persévérons dans la prière avec une fermeté inébranlable, la grâce de notre Créateur nous sera présente ; elle corrigera en nous toutes les erreurs, elle sanctifiera tout ce qui est impur, elle pacifiera toute agitation. Car le Seigneur est fidèle et juste. Il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute souillure, si nous crions vers lui avec la voix attentive de notre cœur.

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735)

 

 

 

Aie pitié, maître, de tes petits enfants…

19 août 2023

Aie pitié, maître, de tes petits enfants…

Frein des poulains indociles,
Aile des oiseaux qui ne s’égarent pas,
Vrai gouvernail des navires,
Pasteur des agneaux royaux,

Tes simples enfants,
Rassemble-les,
Pour louer saintement,
Pour chanter sincèrement,
Le Christ, guide des enfants.

Sois guide, ô Pasteur,
des brebis raisonnables.
Conduis, ô saint,
Les enfants sans tache.

Dieu de ceux qui chantent, ô Jésus Christ.

Saint Clément d’Alexandrie (150-v. 215)