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« Il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. »

18 août 2023

Les célibataires, c’est un tout petit morceau de l’humanité qui, de la part de toute l’humanité, renonce à ce qui est le plus elle-même pour se laisser saisir par Dieu, et saisir sans division, « celui qui est marié est divisé » (1 Co 7,33), dit saint Paul. Et si ce tout petit morceau d’humanité fait cette démarche vers le Seigneur, c’est pour vivre seulement l’Amour dont il aime l’humanité. En faire une histoire personnelle, c’est en faire une très petite chose. Le célibat est une fonction d’amour vécue de la part du monde entier. Et cela amène ceux qui y sont appelés à accepter le choix de solitude que le Seigneur a fait pour eux. Un célibat qui ne serait pas une solitude serait un ersatz. L’acceptation de cette solitude en face de Dieu est comme la rançon, le gage de notre disponibilité pour l’amour.

Le mariage est la somme de deux vocations qui se retrouvent dans un même foyer. Ces deux êtres se conditionnent et s’influencent et s’aident. Dans le célibat, on est seul en face de Dieu et le Christ devient celui dont on est le conjoint. C’est son royaume qui devient le foyer et toute l’humanité qui devient les enfants. (…) Cette disponibilité n’est que l’expression d’une même option pour le déracinement de la terre, et l’implantation dans le Christ. « Il y en a qui ne se marient pas à cause du Royaume » (Mt 19,12), dit l’Évangile. Le commandement du Seigneur : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ton âme et de toutes tes forces » (Mt 22,37) doit être pris à l’état pur et direct par le célibataire.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

 

Que nous grandissions en miséricorde !

17 août 2023

Le Seigneur a dit : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Mt 9,13). Il n’est donc permis à aucun chrétien de haïr qui que ce soit : personne ne peut être sauvé si ce n’est dans le pardon des péchés et, ceux que la sagesse du monde méprise, nous ne savons à quel point la grâce de l’Esprit peut leur donner du prix.

Que le peuple de Dieu soit saint et qu’il soit bon : saint pour se détourner de ce qui est défendu, bon pour agir selon les commandements. Bien qu’il soit grand d’avoir une foi droite et une saine doctrine, et que soient dignes de louanges la sobriété, la douceur et la pureté, toutes ces vertus demeurent pourtant vaines sans la charité. Et on ne peut pas dire qu’une conduite excellente soit féconde si elle n’est pas engendrée par l’amour. (…)

Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d’esprit et qu’ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur cœur. S’ils trouvent au fond de leur conscience quelque fruit de la charité, qu’ils ne doutent pas que Dieu est en eux. Et pour devenir de plus en plus capables d’accueillir un hôte si grand, qu’ils persévèrent et grandissent dans la miséricorde par des actes. Si en effet l’amour est Dieu, la charité ne doit connaître nulle borne, car aucune limite ne peut enfermer la divinité.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France

15 août 2023

C’est lui ton Fils, ô Marie ! C’est lui qui, pour toi, est ressuscité des morts le troisième jour et, dans ta chair, est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir toutes choses. Tu es donc en possession de ta joie, ô bienheureuse, tu as reçu en partage l’objet de ton désir et la couronne de ta tête. Il t’apporte la souveraineté du ciel par la gloire, la royauté du monde par la miséricorde, la domination sur l’enfer par la puissance. Par des sentiments divers, toutes les créatures répondent donc à ta gloire si grande et si ineffable : les anges par l’honneur, les hommes par l’amour les démons par la crainte. Car tu es vénérable pour le ciel, aimable pour le monde, terrible pour l’enfer.

Réjouis-toi donc et sois heureuse, car il est ressuscité celui qui te reçoit, qui est ta gloire, qui exalte ta tête. Tu t’es réjouie dans sa conception, affligée dans sa passion. De nouveau, réjouis-toi dans sa résurrection, et personne ne t’enlèvera ta joie, car le Christ ressuscité des morts ne meurt plus, la mort n’a plus sur lui d’empire.

Aussi l’Esprit t’appelle-t-il et Dieu te dit : « Lève-toi, avance, mon amie, ma colombe, ma belle, et viens. Car déjà l’hiver est passé ; la pluie s’en va, elle a cessé ; les fleurs sont apparues sur notre terre, le temps de la taille est arrivé. » (Ct 2,10-12). (…) L’encensoir suit l’encens ; élevé par la main du Seigneur, il monte jusqu’au trône de Dieu. Il monte, entouré par l’escorte des esprits angéliques qui clament dans les hauteurs en disant : « Quelle est celle-ci qui monte à travers le désert, comme une colonne de fumée exhalée des parfums de myrrhe et d’encens, et de toute la poudre du parfumeur ? » (Ct 3,6

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

Par sa Passion le Christ a payé pour nous nos dettes

14 août 2023

Quel homme pourrait se racheter par son propre sang, alors que le Christ a versé son sang pour le rachat de tous ? Y a-t-il un seul homme dont le sang puisse être comparé à celui du Christ (…) qui, à lui seul, a réconcilié le monde avec Dieu par son sang ? Y a-t-il une offrande plus noble, un sacrifice plus noble, un avocat meilleur que celui qui s’est fait supplication pour les péchés de tous et qui a donné sa vie en rédemption pour nous ?

Il n’y a donc pas à chercher une expiation ou une rédemption individuelle, parce que le sang versé en rançon pour tous est celui du Christ. C’est par ce sang que le Seigneur Jésus nous a rachetés, lui qui, seul, nous a réconciliés avec le Père. Et il a accompli son labeur jusqu’au bout, car il a pris sur lui notre labeur, lui qui dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez, et moi je vous soulagerai » (Mt 11,28). (…) L’homme ne donnera donc rien en expiation pour sa rédemption, car il a été lavé une fois pour toutes du péché par le sang du Christ, mais il n’est pas pour autant dispensé de peiner pour observer les préceptes de la vie et pour ne pas s’écarter des commandements du Seigneur. Tant qu’il vivra, il sera dans le labeur et y persévérera pour vivre éternellement, de peur qu’il ne meure de mort alors qu’il a déjà été racheté à la mort.

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Appelons Dieu au secours !

13 août 2023

Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous répéter si souvent : « Appelez-moi à votre secours ; je viendrai à vous !.. Appelez-moi, je vous écouterai ! » (…)

Appelons Dieu au secours dans la tentation ! Ne cherchons pas, dans la tentation, dans la difficulté, à lutter avec nos forces, avec les forces de la nature. Actuellement les esprits des ténèbres sont bien plus forts que nous, plus forts et plus fins ; naturellement notre concupiscence est bien forte et notre âme bien faible ; c’est une de ruses du démon de nous absorber tellement dès les premiers moments de la tentation, que nous faisons tous nos efforts, (quand nous les faisons), pour lui résister avec nos forces, mais sans penser à appeler au secours celui qui seul peut nous sauver, Dieu, ou notre bon ange, ou les saints. Il jette comme un voile autour de nous, pour nous empêcher de regarder en haut, de lever les yeux au ciel. Il tâche de nous rendre « muets » comme ces possédés de l’Évangile ; il nous absorbe et tâche que la pensée d’appeler au secours ne nous vienne pas. Et nous ayant ainsi séparés de tout ce qui fait notre force il ne nous vainc que trop facilement.

Dès le début de la tentation, cherchons donc beaucoup moins à résister par nos propres forces qu’à appeler Dieu ; dès que nous nous sentons tentés, ayons recours à la prière, mettons-nous à prier, et ainsi, en un instant, nous remporterons une facile victoire, tandis qu’autrement nous serons toujours vaincus. Donc dans la tentation, prière, prière, prière !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

Déplacer les montagnes par la sainte Croix

12 août 2023

Notre doux Sauveur a dit : « Si vous aviez de la foi, gros comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Avance, et elle avancerait » (cf. Mt 17,19).

Oui, mon très cher Père, je crois que c’est la vérité ; car, lorsque l’âme fidèle met toute sa foi et son espérance sur le bois de la très sainte Croix, où nous trouvons l’Agneau consumé par le feu de la divine charité, elle acquiert une foi si grande, qu’il n’y aura pas de montagne, c’est-à-dire de péché, montagne d’orgueil, d’ignorance, ou de négligence, qu’elle ne puisse déplacer par la vertu de la très sainte Croix. Notre volonté fera aller cette montagne du vice à la vertu, de la négligence au zèle, de l’orgueil à la vraie et parfaite humilité. En contemplant Dieu abaissé jusqu’à l’homme, nous soulèverons la montagne de l’ignorance, et nous nous humilierons dans la vraie et parfaite connaissance de nous-mêmes ; nous verrons que nous ne sommes rien, et que nous ne faisons que des œuvres de néant. Alors l’âme trouve en elle les preuves de la bonté de Dieu et de son ardent amour ; elle voit qu’elle en est aimée avant même d’être créée (…).

L’âme prouve ainsi que sa foi est vivante, et non pas morte ; elle montre qu’elle a conformé sa volonté à celle de Dieu. Elle a commandé aux montagnes de se lever, et les montagnes se sont levées ; elle est devenue puissante en se réglant sur la sainte volonté de Dieu.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Loi douloureuse, loi de vie !

11 août 2023

« Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous ! » (Lc 13,3) nous dit Notre Seigneur. Voilà une loi bien austère. Jésus précise la qualité de l’effort qu’il exige : « Le royaume de Dieu souffre violence ; seuls les violents l’emportent » (cf. Mt 11,12). Tous les disciples du Christ doivent donc être des violents, car on ne peut en effet, sans se faire violence à soi-même, réaliser le précepte formel du Maître : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il fasse abnégation de lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (cf. Mt 16,24).

Il n’est donc point d’autre voie d’ascension vers Dieu que le chemin du Calvaire, âpre et sanglant comme la montée du Carmel. Aux disciples d’Emmaüs, encore scandalisés du drame du Calvaire, Jésus dira : « Ne fallait-il pas que le Fils de l’homme souffrît et entrât ainsi dans la gloire ? » (Lc 24,26). Il proclame une loi : celle qu’il s’est imposée, celle qu’ils devront subir. Il l’a annoncé : « Le disciple n’est pas au-dessus du Maître. Le monde m’a haï et il vous haïra. Ils vous persécuteront comme ils m’ont persécuté… Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. »(cf. Mt 10, 24.16 ; Jn 15, 18.20) Cette loi douloureuse est une loi de vie. (…)

Nous voulons oublier que le Christ Jésus n’a point annoncé d’autre victoire que celle de la croix sur le Calvaire, pas d’autre revanche sur ses ennemis que celle du jour où il viendra sur les nuées du Ciel avec sa croix, pour juger les vivants et les morts. En ce jour ne triompheront avec Lui que ceux qui auront passé par la grande tribulation et seront purifiés dans le sang de l’Agneau (cf. Ap 7,14).

Bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967)

 

 

 

Fête de saint Laurent, diacre et martyr

10 août 2023

L’exemple de saint Laurent nous encourage à donner notre vie, allume notre foi, attire notre dévotion. Ce ne sont pas les flammes du bûcher, mais celles d’une foi vive qui nous consument. Notre corps n’est pas brûlé pour la cause de Jésus Christ, mais notre âme est transportée des ardeurs de son amour (…), notre cœur brûle d’amour pour Jésus. Le Sauveur lui-même n’a-t-il pas dit de ce feu sacré : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé » ? (Lc 12,49)

Cléophas et son compagnon en éprouvaient les effets quand ils disaient : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, lorsqu’il nous parlait sur le chemin et qu’il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24,32)

C’est aussi grâce à cet embrasement intérieur que saint Laurent demeure insensible aux flammes de son martyre ; il brûle du désir d’être avec Jésus et ne sent pas les tortures. Plus l’ardeur de la foi croit en lui, moins il souffre des tortures (…) La puissance du brasier divin allumé dans son cœur apaise les flammes du brasier attisé par le bourreau.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), vierge et martyre, copatronne de l’Europe

9 août 2023

Inexprimable est l’enfantement d’une conception sans semence, exempte de corruption la délivrance d’une mère qui n’a pas d’époux, car la naissance de Dieu rénove les natures : c’est pourquoi nous, toutes les générations, nous te magnifions selon la foi droite, Mère et Épouse de Dieu.

Ô mon Christ ami de l’homme, mon Dieu de toute bonté, au milieu de la nuit, avant que la trompette, comme dit l’Écriture, ne retentisse ainsi : « Debout, l’Époux est là », purifie mon âme et mon esprit et donne-moi la force d’aller à ta rencontre avec les vierges sages.

Lorsque les âmes de tes justes seront comblées de joie – tandis que les pécheurs gémissent et pleurent, que le feu court devant toi, que le Jugement est aux portes – et que tu paraîtras à ton tour venant du ciel, alors épargne-moi, ô Compatissant, aie pitié de moi et sauve-moi.

Ô toi sans commencement, Incréé, Fils de Dieu, Suprême Déité, dans ta miséricorde, par les supplications de celle qui t’a enfanté, aie pitié de moi, sauve-moi et donne-moi la force de me tenir debout en ta présence, sans fléchir, jusqu’au matin, pour me prosterner devant toi et te glorifier, toi mon Créateur. Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit.

Nous te présentons la salutation de l’ange, Toute Pure, ô Bénie : « Réjouis-toi, toi qui as contenu le Dieu que rien ne peut contenir ; réjouis-toi, toi qui lève la malédiction et fais advenir la bénédiction ; réjouis-toi, toi qui seule as rouvert la porte du paradis. »

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

Au milieu de la mer de cette vie, tends-moi la main Seigneur !

8 août 2023

Le prophète entendit ta venue, Seigneur, et fut saisi de crainte, à la pensée que tu allais être enfanté d’une vierge et apparaître aux hommes, et il disait : « J’ai entendu ce que tu as fait entendre et j’ai été saisi de crainte, gloire à ta puissance ! »

J’ai péché, j’ai failli envers toi, j’ai poussé à bout ta majesté, Ô seul Compatissant, et me suis enfoncé dans l’abîme du désespoir ; mais montre-toi à présent au milieu de la nuit, à moi aussi, comme jadis aux disciples cheminant sur la mer, ô Verbe, et donne-moi la divine sérénité.

Mon âme à tout moment entre tes mains. Mon Dieu et mon secours, qui seul sonde les reins et les cœurs, tu connais toutes mes réflexions, tu connais les vagues, la tempête, le tumulte de mes pensées ; mais je t’ai vu marchant, maintenant encore, sur la mer agitée de mon cœur.

Voici que j’ai désiré tes préceptes, dans ta justice fais-moi vivre. Pardonne, ô mon Créateur, sois indulgent, toi qui m’as façonné, aie pitié de moi, laisse-toi fléchir, sois miséricordieux, sois compatissant, et puisque je suis au milieu de la mer de cette vie, tends-moi ta main réellement divine et, comme Pierre, relève-moi. Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit.

Jadis le Prophète t’a vu à l’avance, Jeune Fille, comme un candélabre à sept flammes, portant le feu de la connaissance de Dieu, en le faisant briller sur ceux qui sont en péril dans les ténèbres de l’ignorance, ô Toute Immaculée, et c’est pourquoi je crie vers toi : « Éclaire-moi, je t’en prie. »

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)