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Crois au Christ, vrai Dieu et vrai homme !

7 août 2023

Crois que le Fils unique engendré de Dieu, à cause de nos fautes est descendu des cieux sur la terre, en prenant cette humanité capable d’éprouver les mêmes choses que nous, et en naissant de la Sainte Vierge et du Saint-Esprit, car l’incarnation s’est faite, non en apparence et en imagination, mais réellement ; il n’a pas non plus passé à travers la Vierge comme à travers un canal, mais il a réellement pris d’elle sa chair et a réellement été allaité d’elle, il a mangé réellement comme nous et bu réellement comme nous.

Si en effet l’ “l’hominisation” était un vain semblant, vain semblant aussi serait le salut. Double était le Christ, homme selon ce qui se voyait, Dieu selon ce qui ne se voyait pas, mangeant réellement en tant qu’homme, comme nous car il éprouvait les mêmes exigences corporelles que nous, et nourrissant, en tant que Dieu, les cinq mille personnes à partir des cinq pains (cf. Mt 14,17-21) ; mourant réellement en tant qu’homme, et ressuscitant en tant que Dieu, le mort de quatre jours ; dormant réellement sur la barque en tant qu’homme, et marchant sur les eaux en tant que Dieu.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Fête de la Transfiguration du Seigneur

6 août 2023

Cette transfiguration de Jésus, inattendue des disciples et pleine de mystère, fut pour eux, sans contredit, la source d’une grâce singulière : celle de l’affermissement de la foi en la divinité de Jésus. Désormais, ils savaient, à n’en plus douter, que sous les dehors de l’homme avec lequel ils conversaient tous les jours (cf. Ph 2,7), le véritable Fils de Dieu voilait sa suprême dignité. Cette foi sera confirmée par la venue du Saint Esprit au jour de la Pentecôte.

Mais la parole du Père entendue par les disciples n’était pas descendue de la nuée pour eux seuls. Toutes les générations chrétiennes la recueilleront à leur tour. (…) Pour chacun de nous, le Christ est toujours prêt à se transfigurer, et la voix du Père ne cesse point de proclamer, par le magistère de l’Église, la divine filiation de Jésus. Assurément, le Christ ne change plus, il demeure immuablement le même (cf. He 13,8). Il se présente toujours à nous comme « constitué pour nous, de par Dieu, sagesse, justice, sanctification, rédemption » (1 Co 1, 30). Mais nous, nous ne découvrons que peu à peu la divinité de sa personne, la valeur incomparable de sa rédemption, l’immensité de ses mérites, le don d’amour fait aux hommes par sa venue. Nous sommes ainsi initiés à cette science éminente du Christ (cf. Ph 3,8) dont parle l’Apôtre.

Cependant, comprenez-le, cette connaissance n’est pas purement intellectuelle ; elle consiste bien plutôt en une illumination intérieure de la foi. Devant cette révélation toute intime et surnaturelle, le chrétien sent naître en lui le désir de rendre son âme et sa vie de plus en plus conformes à celles de Jésus-Christ.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

Précurseur par sa vie et par sa mort

5 août 2023

Précurseur du Christ, Jean l’a été par sa naissance, par sa prédication, par son baptême et par sa mort. (…) Peut-on trouver une seule vertu, un seul genre de sainteté, que le Précurseur n’ait possédé au plus haut degré ? Parmi les saints ermites, lequel s’est jamais imposé cette règle de n’avoir pour nourriture que du miel sauvage ou ce mets immangeable : des sauterelles ! Certains renoncent au monde et fuient les hommes pour vivre saintement, mais Jean n’est encore qu’un enfant. (…) quand il s’enfonce dans le désert et choisit résolument d’habiter dans la solitude. Il a renoncé à succéder à son père dans la charge de prêtre, afin de pouvoir annoncer en toute liberté le Prêtre véritable et souverain. Les prophètes ont prédit à l’avance la venue du Sauveur, les apôtres et les autres enseignants de l’Église attestent que cette venue a réellement eu lieu, mais Jean le montre présent parmi les hommes. Beaucoup ont gardé la virginité et n’ont pas souillé la blancheur de leur vêtement (cf Ap 14,4), mais Jean renonce à toute compagnie humaine afin d’arracher les convoitises de la chair jusqu’à leurs racines, et, plein de ferveur spirituelle, il habite parmi les bêtes sauvages.

Jean préside même au sein du chœur écarlate des martyrs, comme leur maître à tous : il a combattu vaillamment pour la vérité, et il est mort pour elle. Il est devenu le chef de tous ceux qui combattent pour le Christ, et, le premier de tous, il est allé planter au ciel l’étendard triomphal du martyre.

Saint Pierre Damien (1007-1072)

 

 

 

« D’où lui vient tout cela ? » (Mt 13,56)

4 août 2023

« Ils tâtonneront comme s’ils étaient dans les ténèbres et non dans la lumière. » (Jb 12,25 Jb) Car s’agiter parmi tant de miracles évidents, c’est tâtonner comme dans les ténèbres : c’est toucher et ne pas voir. Mais tout homme qui va à l’aventure est tiré tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Or tantôt ils se montraient croyants : « Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire » (Jn 9,33) ; tantôt ils disaient que cet homme ne venait pas de Dieu, avec ces paroles de dédain : « N’est-il pas le fils d’un ouvrier, sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie ? et se s frères Jacob, Joseph et Judas et ses sœurs ne sont-elles pas de chez nous ? » (Mt 13,55)

Aussi est-il juste d’ajouter : « Et il les fera aller à l’aventure comme des hommes ivres. » (Jb 12,25 Vg) Ils voyaient, en effet, qu’il ressuscitait les morts et que cependant il était mortel. Lequel d’entre eux n’aurait pas cru Dieu celui qu’ils voyaient ressusciter un mort (cf. Lc 7,14) ? Mais aussi, il était mortel, ils le voyaient de leurs yeux, et leur dédain refusait de le croire immortel, Dieu. Donc en se manifestant à leurs regards en état de faire œuvre divine et de souffrir la condition humaine, Dieu tout-puissant les a fait aller à l’aventure, comme des hommes ivres, afin que leur orgueil, qui, devant le mystère de son incarnation a préféré le dédain à la fidélité, se dresse contre son humanité et en même temps s’étonne au-dedans devant la resplendissante lumière de sa divinité.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Le Royaume des cieux est comparable à un filet qu’on jette dans la mer. »

3 août 2023

Certes, nous savons bien qu’il ne sert de rien à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même (Lc 9,25), mais l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, et il offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du Règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine.

Car ces valeurs de dignité, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits de notre nature et de notre industrie que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père « un Royaume éternel et universel : Royaume de vérité et de vie, Royaume de sainteté et de grâce, Royaume de justice, d’amour et de paix » (Missel romain). Mystérieusement, le Royaume est déjà présent sur cette terre ; il atteindra sa perfection quand le Seigneur reviendra.

Concile Vatican II

 

 

 

 

Un trésor libéré

2 août 2023

C’est inouï le nombre de choses qui nous empêchent d’être agiles,
d’être légers.
On ne s’en rend pas compte, mais
si du jour au lendemain, nous étions dépossédés,
nous nous trouverions voisiner spontanément avec tout un tas de gens qui nous paraissent habiter au bout du monde. (…)

À qui veut rencontrer à l’aise ces frères disparates
dont le monde est peuplé,
il faut une royale indifférence pour tout ce qui n’est pas
cette foi dénudée, essentielle,
qui lui fait perdre la mémoire et les goûts,
et sa propre originalité.
Cette foi qui nous rend banals
de cette grande banalité que tous les saints ont acceptée,
et qui les a conduits jusqu’au bout de la terre.

Car c’est un prix exorbitant le prix de la pauvreté.
Elle s’achète du sacrifice de tout ce qui n’est pas
le Royaume des cieux.

Alors, nous trouverons intéressant tout ce qui intéresse les autres,
et vertueux des héroïsmes qui ne nous ont pas attirés,
et fraternels des gens qui ne nous ont jamais ressemblé.

Alors, ceux qui nous rencontrerons sur le chemin
tendront des mains avides d’un trésor qui jaillira de nous ;
d’un trésor libéré de nos vases de terre,
de nos paniers bariolés, de nos malles, de nos bagages,
d’un trésor simplement divin, qui sera à la mode de tous,
car il aura cessé d’être habillé à notre mode.

Alors nous serons agiles et devenus à notre tour
des paraboles,
parabole de la perle unique,
minuscule, ronde et précieuse,
pour laquelle on a tout vendu.

Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

 

 

La patience de Dieu

1 août 2023

Le Maître et le Créateur de l’univers, Dieu, qui a fait toutes choses et les a disposées avec ordre, s’est montré non seulement plein d’amour pour les hommes, mais plein de patience. Lui, il a toujours été, il est et il restera le même : secourable, bon, doux, véridique — lui seul est bon. Pourtant lorsqu’il a conçu son dessein d’une grandeur inexprimable, il n’en a fait part qu’à son Fils unique. Tant qu’il maintenait dans le mystère et réservait le plan de sa sagesse, il semblait nous négliger et ne pas se soucier de nous. Mais quand il a révélé par son Fils bien-aimé et manifesté ce qu’il avait préparé depuis le commencement, il nous a offert tout en même temps : participer à ses bienfaits, voir, et comprendre la largesse de ses dons. Qui de nous aurait jamais pu s’y attendre ?

Dieu avait donc déjà tout disposé à part lui avec son Fils ; mais, jusqu’à ces derniers temps, il nous a permis de nous laisser emporter au gré de nos penchants désordonnés, entraînés par les plaisirs et les passions. Non qu’il ait pris le moins du monde plaisir à nos péchés ; il tolérait seulement ce temps où sévissait le mal sans y consentir. Il préparait le règne actuel de la justice. Durant cette période, nos propres œuvres nous montraient indignes de la vie ; nous en devenons dignes maintenant par l’effet de la bonté de Dieu. Nous nous sommes montrés incapables d’accéder par nous-mêmes au Royaume de Dieu ; c’est sa puissance qui nous en rend capables maintenant… Dieu ne nous a pas haïs, ni repoussés, il n’a pas tenu rancune, mais il a patienté longtemps.

La Lettre à Diognète (v. 200)

 

 

 

« Jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

31 juillet 2023

Depuis la transgression d’Adam, les pensées de l’âme se sont dispersées loin de l’amour de Dieu, vers le monde présent, et elles s’y sont mêlées à des pensées matérielles et terrestres. Car Adam, par sa transgression, a reçu en lui le levain des tendances mauvaises, et ainsi, par participation, tous ceux qui sont nés de lui et toute la race d’Adam a eu une part de ce levain. Ensuite, les dispositions mauvaises ont crû et se sont développées parmi les hommes, au point qu’ils en sont arrivés à toutes sortes de désordres. Finalement, l’humanité entière a été pénétrée du levain de la malice. (…)

D’une manière analogue, pendant son séjour sur la terre, le Seigneur a bien voulu souffrir pour tous les hommes ; les racheter par son propre sang, introduire le levain céleste de sa bonté dans les âmes croyantes humiliées sous le joug du péché. Il a bien voulu parfaire en elles la justice des préceptes et toutes les vertus, jusqu’à ce que, pénétrées de ce levain, elles soient unies dans le bien et forment « un seul esprit avec le Seigneur », selon le mot de Paul (1Co 6,17). L’âme qui est totalement pénétrée du levain du Saint-Esprit ne peut même plus avoir l’idée du mal et de la malice, comme il est écrit : « La charité ne pense rien de malhonnête » (1Co 13,5). Sans ce levain céleste, autrement dit sans la puissance de l’Esprit Saint, il est impossible que l’âme soit pétrie de la douceur du Seigneur et parvienne à la vraie vie.

Homélie attribuée à saint Macaire d’Égypte (?-390)

 

 

 

 

La perle de grande valeur

30 juillet 2023

À l’homme « qui recherche de belles perles », il faut appliquer les paroles suivantes : « Cherchez et vous trouverez » et « Celui qui cherche, trouve » (Mt 7,7-8). En effet, à quoi peuvent bien se rapporter « cherchez » et « celui qui cherche, trouve » ? Disons-le sans hésiter : aux perles, et particulièrement à la perle acquise par l’homme qui a tout donné et tout perdu. A cause de cette perle, Paul dit : « J’ai accepté de tout perdre afin de gagner le Christ » (Ph 3,8). Par le mot « tout » il entend les belles perles, et par « gagner le Christ » l’unique perle de grand prix.

Précieuse, assurément, est la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres et qui en ont besoin jusqu’au lever du soleil. Précieuse aussi la gloire resplendissante sur le visage de Moïse (2Co 3,7) et aussi, je crois, sur celui des autres prophètes. Elle est belle à voir car elle nous aide à progresser jusqu’à ce que nous puissions contempler la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage en disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour » (Mt 3,17). « Ce qui a été glorieux de manière partielle ne l’est plus, parce qu’il y a maintenant une gloire qui dépasse tout » (2Co 3,10). Nous avons besoin en un premier temps d’une gloire susceptible de disparaître devant « la gloire qui dépasse tout », comme nous avons besoin « d’une connaissance partielle » qui « disparaîtra quand viendra ce qui est parfait » (1Co 13,9s).

Ainsi toute âme qui est encore dans l’enfance et chemine « vers la perfection d’adultes » (He 6,1) a besoin d’être enseignée, entourée, accompagnée jusqu’à ce que s’instaure en elle la « plénitude du temps » (Ga 4,4)… A la fin elle atteindra sa majorité et recevra son patrimoine : la perle de grand prix, « ce qui est parfait et qui fait disparaître ce qui est partiel » (1Co 13,10). Elle parviendra à ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ (Ph 3,8). Mais beaucoup ne comprennent pas la beauté des nombreuses perles de la Loi et de la « connaissance partielle » répandue chez tous les prophètes ; ils s’imaginent à tort que sans la Loi et les prophètes parfaitement compris ils pourront trouver l’unique perle de grand prix… : la compréhension plénière de l’Evangile et tout le sens des actes et des paroles du Christ Jésus.

Origène (v. 185-253)

 

 

 

Stes Marthe, Marie et St Lazare, mémoire

29 juillet 2023

Étant Dieu véritable, tu connaissais, Seigneur, le sommeil de Lazare et tu l’as prédit à tes disciples. (…) Étant dans la chair, toi qui es pourtant sans limite, tu viens à Béthanie. Vrai homme, tu pleures sur Lazare ; vrai Dieu, par ta volonté tu ressuscites ce mort de quatre jours. Aie pitié de moi, Seigneur ; nombreuses sont mes transgressions. De l’abîme des maux, je t’en supplie, ramène-moi. C’est vers toi que j’ai crié ; écoute-moi, Dieu de mon salut.

Pleurant sur ton ami, dans ta compassion tu as mis fin aux larmes de Marthe, et par ta Passion volontaire tu as essuyé toute larme du visage de ton peuple (Is 25,8). « Dieu de nos Pères, tu es béni. » (Esd 7,27) Gardien de la vie, tu as appelé un mort comme s’il dormait. Par une parole tu as déchiré le ventre des enfers et tu as ressuscité celui qui s’est mis à chanter : « Dieu de nos Pères, tu es béni ». Moi, étranglé par les liens de mes péchés, relève-moi aussi et je chanterai : « Dieu de nos Pères, tu es béni ». (…)

Dans sa reconnaissance Marie t’apporte, Seigneur, un vase de myrrhe comme un dû pour son frère (Jn 12,3), et elle te chante dans tous les siècles. Comme mortel, tu invoques le Père ; comme Dieu, tu réveilles Lazare. C’est pourquoi nous te chantons, ô Christ, pour les siècles des siècles. (…) Tu réveilles Lazare, un mort de quatre jours ; tu le fais surgir du tombeau, le désignant ainsi comme témoin véridique de ta résurrection le troisième jour. Tu marches, tu pleures, tu parles, mon Sauveur, montrant ta nature humaine ; mais en réveillant Lazare tu révèles ta nature divine. De manière indicible, Seigneur mon Sauveur, selon tes deux natures, souverainement, tu as accompli mon salut.

Saint Jean de Damas (v. 675-749)