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Archive pour le mot-clef ‘charité’

Cent pour un !

mardi 1 mars 2022

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] À Pierre qui lui demandait : « Maître, nous avons tout quitté pour l’amour de vous, et nous vous avons suivi ! Que nous donnerez-vous en retour ? », ma Vérité fit cette réponse : « Je vous donnerai cent pour un et vous posséderez la vie éternelle » (cf. Mc 10, 28-30). – Comme s’il eût dit : Pierre, tu as bien fait de tout quitter ; c’était l’unique moyen de me suivre. En retour, moi, je te donnerai, en cette vie, cent pour un !

Quel est donc, très chère fille, ce centuple, que doit suivre encore la vie éternelle ? Qu’entendait et que voulait dire ma Vérité ? Parlait-elle des biens temporels ? Pas spécialement, bien que je les multiplie parfois au bénéfice de ceux qui se montrent généreux dans leurs aumônes. Et qu’est-ce donc ? ‒ Entends-le bien, celui qui donne sa volonté, me donne « une » chose : sa volonté. Et moi, pour cette unique chose, je lui donne « cent ».

Pourquoi ce nombre de « cent » ? Parce que cent est le nombre parfait, auquel on ne peut rien ajouter, à moins de recommencer à compter par un premier. La charité, elle aussi, est la plus parfaite de toutes les vertus ; l’on ne saurait s’élever à une vertu plus parfaite, et l’on ne peut ajouter à sa perfection qu’en revenant à la connaissance de soi-même pour recommencer une nouvelle centaine de mérites, mais c’est toujours au nombre « cent » que l’on arrive et que l’on s’arrête. Voilà le centuple que j’ai donné à ceux qui m’ont apporté l’un de leur volonté propre, soit par l’obéissance commune soit par l’obéissance particulière.

C’est avec ce centuple, que vous obtenez la vie éternelle (…). Ce centuple c’est le feu de la divine charité. Et parce qu’ils ont reçu de moi ce centuple, ils sont dans une merveilleuse allégresse qui prend tout leur cœur.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

Tout donner parce que le Christ a tout donné

lundi 22 novembre 2021

Mon Seigneur Jésus, comme il sera vite pauvre celui qui, vous aimant de tout son cœur, ne pourra souffrir d’être plus riche que son Bien-aimé. Comme il sera vite pauvre celui qui, songeant que tout ce qu’on fait à un de ces petits on vous le fait, que tout ce qu’on ne leur fait pas on ne vous le fait pas (Mt 25,40.45), soulagera toutes les misères à sa portée. Comme il sera vite pauvre celui qui recevra avec foi vos paroles : « Si vous voulez être parfait, vendez ce que vous avez et donnez-le aux pauvres. Bienheureux les pauvres. Quiconque aura quitté ses biens pour moi recevra ici-bas cent fois plus et au ciel la vie éternelle » (Mt 19,21.29; 5,3) et tant d’autres.

Mon Dieu, je ne sais s’il est possible à certaines âmes de vous voir pauvre et de rester volontiers riches, de se voir tellement plus grandes que leur maître, que leur Bien-aimé, de ne pas vouloir vous ressembler en tout, autant qu’il dépend d’elles, et surtout en vos abaissements. (…) En tout cas moi, je ne puis concevoir l’amour sans un besoin impérieux de conformité, de ressemblance, et surtout de partage de toutes les peines, de toutes les difficultés, de toutes les duretés de la vie. Être riche, à mon aise, vivre doucement de mes biens, quand vous avez été pauvre, gêné, vivant péniblement d’un rude labeur, pour moi je ne le puis, mon Dieu ; je ne puis aimer ainsi.

Il ne convient pas que « le serviteur soit plus grand que le maître » (Jn 13,16), ni que l’épouse soit riche quand l’Époux est pauvre. (…) Pour moi, il m’est impossible de comprendre l’amour sans la recherche de la ressemblance (…), sans le besoin de partager toutes les croix.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

La miséricorde du divin Samaritain

lundi 4 octobre 2021

Que vous avez été bon, ô divin Samaritain, de ramener ce monde blessé si lamentablement tombé sur le chemin, enseveli dans une telle fange, et si indigne de vos bontés !

Plus le monde est mauvais, plus éclate votre miséricorde : être infiniment bon pour les bons est mille fois moins admirable que d’être infiniment bon pour des êtres qui bien que comblés de grâces ne sont qu’ingratitude, infidélité, perversité. Plus nous sommes mauvais, plus brille et rayonne la merveille de votre infinie miséricorde. Ceci à soi seul suffit pour expliquer le grand bien que produit le péché sur la terre et expliquer que vous le permettiez. Il donne lieu à un bien incomparablement plus grand, l’exercice et la manifestation de votre divine miséricorde. Cet attribut divin ne pourrait pas s’exercer sans lui ; la bonté pourrait s’exercer et se montrer sans le péché, il faut le mal pour que la miséricorde puisse s’exercer. Mon Seigneur et mon Dieu, que vous êtes bon, que vous êtes miséricordieux ! La miséricorde c’est pour ainsi dire l’excès de votre bonté, ce qu’il y a de passionné dans votre bonté, le poids par lequel votre bonté l’emporte sur votre justice. Que vous êtes divinement bon ! (…)

Soyons bons pour les pécheurs, puisque Dieu est si bon pour nous ; prions pour eux, aimons-les. (…) « Soyons miséricordieux comme notre Père est miséricordieux » (cf. Lc 6,36). Dieu « aime la miséricorde plus que les sacrifices » (cf. Mt 12,7).

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ…ne restera pas sans récompense. »

dimanche 26 septembre 2021

Donne les biens de ce monde et reçois les biens éternels. Donne la terre et reçois le ciel. Mais à qui donner ? (…) Écoute l’Écriture te dire comment prêter au Seigneur : « Celui-là prête au Seigneur, qui a pitié du pauvre » (Pr 19,17). Assurément Dieu n’a pas besoin de toi ; mais un autre en a besoin. Ce que tu donnes à l’un, un autre le reçoit. Car le pauvre n’a pas de quoi te rendre ; il le voudrait, mais il ne trouve rien ; seule demeure en lui sa volonté bienveillante de prier pour toi. Mais quand un pauvre prie pour toi, c’est comme s’il disait à Dieu : « Seigneur, j’ai reçu un prêt, sois ma caution ». Dès lors, si le pauvre auquel tu as affaire est insolvable, il a un bon garant, car Dieu te dit : « Donne avec assurance, c’est moi qui suis le répondant. (…) C’est moi qui rendrai, c’est moi qui reçois, c’est à moi que tu donnes ».

Crois-tu que Dieu te dise : « C’est moi qui reçois, c’est à moi que tu donnes » ? Oui, assurément, si le Christ est Dieu, et là il n’y a pas de doute. Car il a dit : « J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ». Et comme on lui demande : « Quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim ? », il veut montrer qu’il est réellement le garant des pauvres, qu’il répond pour tous ses membres. (…) Il déclare : « Ce que vous avez fait au plus petit de mes disciples, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,35s).

Saint Augustin (354-430)

 

 

L’amour des ennemis

jeudi 9 septembre 2021

« Vous avez appris qu’il a été dit : Vous aimerez votre ami et vous haïrez votre ennemi. Pour moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5,43-44). Sans doute, au Carmel on ne rencontre pas d’ennemis, mais enfin il y a des sympathies ; on se sent attirée vers telle sœur au lieu que telle autre vous ferait faire un long détour pour éviter de la rencontrer. Ainsi sans même le savoir, elle devient un sujet de persécution. Eh bien, Jésus me dit que cette sœur, il faut l’aimer, qu’il faut prier pour elle, quand même sa conduite me porterait à croire qu’elle ne m’aime pas : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Car les pécheurs aiment aussi ceux qui les aiment ».

Et ce n’est pas assez d’aimer, il faut le prouver. On est naturellement heureux de faire un présent à un ami, on aime surtout à faire des surprises, mais cela, ce n’est point de la charité car les pécheurs le font aussi. Voici ce que Jésus m’enseigne encore : « Donnez à quiconque vous demande ; et si l’on prend ce qui vous appartient, ne le redemandez pas ». Donner à toutes celles qui demandent, c’est moins doux que d’offrir soi-même par le mouvement de son cœur. (…) Si c’est difficile de donner à quiconque demande, ce l’est encore bien plus de laisser prendre ce qui appartient sans le redemander. Ô ma Mère, je dis que c’est difficile, je devrais plutôt dire que cela semble difficile, car le joug du Seigneur est suave et léger (Mt 11,30). Lorsqu’on l’accepte, on sent aussitôt sa douceur et l’on s’écrie avec le psalmiste : « J’ai couru dans la voie de vos commandements depuis que vous avez dilaté mon cœur » (Ps 118,32). Il n’y a que la charité qui puisse dilater mon cœur, ô Jésus. Depuis que cette douce flamme le consume, je cours avec joie dans la voie de votre commandement nouveau (Jn 13,34).

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897)

 

 

 

« Le grand, le premier commandement »

vendredi 20 août 2021

Pour pouvoir beaucoup aimer Dieu dans le ciel, il faut d’abord l’aimer beaucoup sur la terre. Le degré de notre amour pour Dieu à la fin de notre vie sera la mesure de notre amour de Dieu pendant l’éternité. Voulons-nous acquérir la certitude de ne plus nous séparer de ce souverain Bien dans la vie présente ? Étreignons-le de plus en plus par les liens de notre amour, en lui disant avec l’Épouse du Cantique des Cantiques : « J’ai trouvé celui que mon cœur aime : je l’ai saisi et je ne le lâcherai pas » (3,4). Comment l’Épouse sacrée a-t-elle saisi son Bien-Aimé ? « Avec les bras de la charité », répond Guillaume (…) ; « c’est avec les bras de la charité que l’on saisit Dieu », reprend saint Ambroise. Heureux donc qui pourra s’écrier avec saint Paulin : « Que les riches possèdent leurs richesses, que les rois possèdent leurs royaumes : notre gloire, notre richesse et notre royaume à nous, c’est le Christ ! » Et avec saint Ignace : « Donne-moi seulement ton amour et ta grâce, je suis assez riche ». Fais que je t’aime et que je sois aimé de toi ; je ne désire pas et n’ai pas à désirer autre chose.

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

« Tu auras un trésor dans le ciel. »

lundi 16 août 2021

Après la mort de ses parents, alors qu’Antoine avait entre dix-huit et vingt ans (…), un jour, il entre dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Antoine a eu l’impression que cette lecture avait été faite pour lui. Il est sorti aussitôt et a donné aux gens du village ses propriétés familiales. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il a distribué aux pauvres tout l’argent qu’il en avait retiré, en ne mettant de côté qu’une petite part pour sa sœur.

Une autre fois qu’il était entré à l’église, il a entendu le Seigneur dire dans l’Évangile : « Ne vous faites pas de souci pour demain » (Mt 6,34). Ne supportant plus d’avoir gardé quelque chose, il a distribué cela aussi aux plus pauvres. Il a confié sa sœur à des vierges connues et fidèles, qui vivaient ensemble dans une maison, pour y être éduquée. Et il s’est désormais consacré, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique. Vigilant sur soi-même, il persévérait dans une vie austère. (…)

Il travaillait de ses mains, car il avait entendu cette parole : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2Th 3,10). Il achetait son pain avec une part de ce qu’il gagnait et il distribuait le reste aux indigents. Il priait sans cesse, parce qu’il avait appris qu’il faut « prier sans relâche » (Lc 21,36) en privé. Il était si attentif à la lecture qu’il ne laissait rien perdre des Écritures mais en retenait tout ; dans la suite, sa mémoire pouvait remplacer les livres. Tous les habitants du village et les gens de bien qui le fréquentaient habituellement, en le voyant vivre ainsi, l’appelaient ami de Dieu. Les uns l’aimaient comme leur fils, et les autres comme leur frère.

Saint Athanase (295-373)

 

 

Fête de saint Laurent, diacre et martyr

mardi 10 août 2021

Saint Laurent était diacre à Rome. Les persécuteurs de l’Église lui demandaient de livrer les trésors de l’Église ; c’est pour obtenir un vrai trésor dans le ciel qu’il a souffert des tourments dont on ne peut entendre le récit sans horreur : il a été étendu sur un gril sur un feu. (…) Cependant, il a triomphé de toutes les douleurs physiques par la force extraordinaire qu’il puisait dans sa charité et dans le secours de Celui qui le rendait inébranlable : « C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre » (Ep 2,10).

Voici ce qui a provoqué la colère des persécuteurs (…) Laurent a dit : « Faites venir avec moi des chariots sur lesquels je puisse vous apporter les trésors de l’Église. » On lui a donné des chariots ; il les a chargés de pauvres et les a fait revenir, en disant : « Voici les trésors de l’Église. »

Rien n’est plus vrai, mes frères ; dans les besoins des pauvres se trouvent les grandes richesses des chrétiens, si nous comprenons bien comment faire fructifier ce que nous possédons. Les pauvres sont toujours devant nous ; si nous leur confions nos trésors, nous ne les perdrons pas.

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim. »

dimanche 1 août 2021

Dans les Écritures, il est question de la tendresse de Dieu pour le monde, et nous lisons que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils » Jésus (Jn 3,16) pour qu’il soit comme nous, et qu’il nous apporte la bonne nouvelle que Dieu est amour, que Dieu vous aime et qu’il m’aime. Dieu veut que nous nous aimions les uns les autres comme il aime chacun d’entre nous (cf Jn 13,34).

Nous savons tous, en regardant la croix, à quel point Jésus nous a aimés. Lorsque nous regardons l’eucharistie nous savons combien il nous aime maintenant. C’est pourquoi il s’est fait lui-même « pain de vie » afin de satisfaire notre faim pour son amour, et puis, comme si ce n’était pas suffisant pour lui, il s’est fait lui-même l’affamé, l’indigent, le sans-abri, afin que vous et moi puissions satisfaire sa faim pour notre amour humain. Car c’est pour cela que nous avons été créés, pour aimer et être aimés.

Sainte Teresa de Calcutta (1910-1997)

 

 

« Pour la première fois, il les envoie deux par deux. »

dimanche 11 juillet 2021

Notre Seigneur et Sauveur, frères très chers, nous instruit tantôt par ses paroles, tantôt par ses actions. Ses actions elles-mêmes sont des commandements, parce que, lorsqu’il fait quelque chose sans rien dire, il nous montre comment nous devons agir. Voici donc qu’il envoie ses disciples en prédication deux par deux, parce que les commandements de la charité sont deux : l’amour de Dieu et du prochain. Le Seigneur envoie prêcher ses disciples deux par deux pour nous suggérer, sans le dire, que celui qui n’a pas la charité envers autrui ne doit absolument pas entreprendre le ministère de la prédication.

Il est fort bien dit qu’ « il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et les localités où lui-même devait aller » (Lc 10,1). En effet, le Seigneur vient après ses prédicateurs, parce que la prédication est un préalable ; le Seigneur vient habiter notre âme lorsque les paroles d’exhortation sont venues en avant-coureur et font accueillir la vérité dans l’âme. C’est pourquoi Isaïe dit aux prédicateurs : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez les sentiers de notre Dieu » (40,3). Et le psalmiste leur dit aussi : « Frayez la route à celui qui monte au couchant » (Ps 67,5 Vulg). Le Seigneur monte au couchant parce que, s’étant couché par sa Passion, il s’est manifesté avec une plus grande gloire dans sa résurrection. Il est monté au couchant, parce que, en ressuscitant, il a foulé aux pieds la mort qu’il avait subie. Nous frayons donc la route à celui qui monte au couchant lorsque nous prêchons sa gloire à vos âmes, afin que, venant ensuite, il les éclaire par la présence de son amour.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)