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Archive pour le mot-clef ‘foi’

« L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite. »

lundi 28 mars 2022

« La Parole de Dieu est vivante et efficace, plus affilée qu’un glaive à deux tranchants. » (He 4,12) Par ces mots l’apôtre montre à ceux qui cherchent le Christ — Parole, Force et Sagesse de Dieu — tout ce qu’il y a de force, tout ce qu’il y a de sagesse dans la Parole de Dieu. Cette Parole était au commencement auprès du Père, éternelle avec lui (Jn 1,1). Elle a été révélée en son temps aux apôtres, annoncée par eux et reçue humblement dans la foi par le peuple des croyants.

Il y a donc une Parole dans le Père, une Parole dans la bouche des apôtres, et une Parole dans le cœur des croyants. La Parole dans la bouche est l’expression de la Parole qui est dans le Père ; elle est l’expression aussi de la Parole qui est dans le cœur de l’homme. Lorsque l’on comprend la Parole, ou qu’on la croit, ou qu’on l’aime, la Parole dans le cœur de l’homme devient intelligence de la Parole, ou la foi en la Parole, ou l’amour de la Parole. Lorsque ces trois se rassemblent en un seul cœur, tout à la fois on comprend, on croit et on aime le Christ, Parole de Dieu, Parole du Père. (…) Le Christ habite en cette personne par la foi, et par une admirable condescendance, il descend du cœur du Père dans le cœur de l’homme. (…)

Cette Parole de Dieu (…) est vivante : le Père lui a donné d’avoir la vie en elle-même, comme lui a la vie en lui-même (Jn 5,26). C’est pourquoi elle est non seulement vivante, mais elle est Vie, comme il est écrit : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie » (Jn 14,6). Et puisqu’elle est Vie, elle est vivante pour être vivifiante, car « tout comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut » (Jn 5,21).

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

 

 

 

« Je crois ! Viens au secours de mon peu de foi. »

lundi 21 février 2022

Certaines vérités concernant la grandeur de Dieu demeurent tellement imprimées dans l’âme que, quand même la foi ne serait pas là pour lui dire qui il est et l’obliger à le reconnaître pour son Dieu, elle l’adorerait comme tel. Voilà ce qu’a fait Jacob après la vision de l’échelle mystérieuse (Gn 28,12s). Il est probable que ce patriarche a compris en cet instant d’autres secrets qu’il n’a pas pu expliquer ensuite. (…) Je ne sais pas si je m’exprime bien, car bien que j’en aie entendu parler, j’ignore si mes souvenirs sont exacts. Moïse lui non plus n’a pas pu expliquer tout ce qu’il avait vu dans le buisson, mais uniquement ce que Dieu lui a permis de révéler. Mais si Dieu n’avait pas communiqué à son âme la certitude de ces choses secrètes, s’il ne lui avait pas donné de voir et de croire que cela venait de Dieu, il n’aurait rien entrepris de ses grandes et nombreuses épreuves. Il a sûrement découvert au milieu des épines de ce buisson des vérités tellement profondes qu’elles lui ont donné le courage de faire ce qu’il a fait pour le peuple d’Israël.

Nous n’avons donc pas à chercher des raisons de comprendre les choses cachées de Dieu. Mais puisque nous croyons qu’il est tout-puissant, nous devons croire également que, dans notre grande pauvreté, nous sommes incapables de comprendre ses grandeurs. Contentons-nous de le bénir puisqu’il veut bien nous en dévoiler quelques-unes.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)

 

 

Le désir de voir le Christ

jeudi 23 septembre 2021

Saint Jean écrit : « Nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons » (1 Jn 1, 2-3). Soyez bien attentifs : « Nous vous annonçons ce que nous avons vu et entendu ». Eux, ils ont vu le Seigneur lui-même présent dans la chair, ils ont entendu de la bouche du Seigneur ses paroles et ils nous les ont annoncées. Et nous, sans doute avons-nous entendu, mais nous n’avons pas vu. Sommes-nous donc moins heureux que ceux qui ont vu et entendu ? Pourquoi alors est-ce que Saint Jean ajoute : « Nous vous l’annonçons à vous aussi pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » ? Eux, ils ont vu ; nous, nous n’avons pas vu, et cependant nous sommes en communion avec eux, car nous avons la même foi.

Au disciple qui a demandé à toucher pour croire (…) le Seigneur a dit, pour nous consoler, nous qui ne pouvons pas toucher mais qui pouvons atteindre le Christ par la foi : « Heureux ceux qui ne voient pas et qui croient » (Jn 20,29). C’est de nous dont il parle, c’est nous qu’il désigne. Que s’accomplisse donc en nous cette béatitude que le Seigneur a promise ! Tenons fermement à ce que nous ne voyons pas ; ceux qui ont vu nous l’annoncent pour que nous soyons en communion avec eux et que nous ayons « la plénitude de la joie » (v. 4).

Saint Augustin (354-430)

 

 

Jésus trouve la foi chez un centurion romain

lundi 13 septembre 2021

Ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile sont ordonnés de façons diverses au Peuple de Dieu. D’abord, le peuple qui reçut les alliances et les promesses et dont le Christ est né selon la chair (Rm 9,4-5) ; peuple élu de Dieu et qui lui est très cher en raison de ses ancêtres, car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance (Rm 11,28-29). Mais le dessein de salut englobe aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, et parmi eux d’abord les musulmans qui, en déclarant qu’ils gardent la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les hommes au dernier jour.

Quant à ceux qui cherchent le Dieu inconnu sous des ébauches et des préfigurations, Dieu lui-même n’est pas loin d’eux non plus, puisqu’il donne à tous la vie, le souffle et toutes choses (Ac 17,25), et que le Sauveur veut le salut de tous les hommes (1Tm 2,4). En effet ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église et cependant cherchent Dieu d’un cœur sincère et qui, sous l’influence de la grâce, s’efforcent d’accomplir dans leurs actes sa volonté qu’ils connaissent par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi peuvent obtenir le salut éternel. Et la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires au salut à ceux qui ne sont pas encore parvenus, sans qu’il y ait de leur faute, à la connaissance claire de Dieu et s’efforcent, avec l’aide de la grâce divine, de mener une vie droite. En effet, tout ce que l’on trouve chez eux de bon et de vrai, l’Église le considère comme un terrain propice à l’Évangile et un don de celui qui éclaire tout homme, pour qu’il obtienne finalement la vie.

Mais bien souvent les hommes, trompés par le Malin, se sont abandonnés à la vanité de leurs pensées et ont échangé la vérité divine pour le mensonge. (…) C’est pourquoi, en vue de promouvoir la gloire de Dieu et le salut de tous ces hommes, l’Église se souvient du commandement du Seigneur qui dit : « Prêchez l’Évangile à toute créature » (Mc 16,15).

Concile Vatican II

 

 

« Je crois ! Viens au secours de mon incroyance. » (Mc 9,24)

samedi 7 août 2021

Personne ne peut se donner à lui-même la vertu de la foi (…) ; la foi est le don gratuit de Dieu. Comme le dit saint Jacques : « Les dons les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d’en haut ; ils descendent tous d’auprès du Père de toutes les lumières » (1,17). Quand nous ressentons donc que notre foi est bien faible, prions celui qui nous la donne de la fortifier (…) : « Je crois ! Viens au secours de mon incroyance » (Mc 9,24), et avec les apôtres : « Seigneur, augmente notre foi » (Lc 17,5). Et puis méditons les paroles du Christ quand il dit que, si nous ne voulons pas permettre à notre foi de tiédir et même de se refroidir complètement, ou de perdre sa force par la dispersion de notre esprit dans les futilités de ce monde, il faut nous retirer dans une petite pièce au fond de notre maison (Mt 6,6) et y ramasser notre foi, en cessant d’accorder de l’importance aux illusions de ce monde.

Et comme la graine de moutarde, qui par sa nature est brûlante, il faut semer la foi dans le jardin de notre cœur, après en avoir arraché toutes les mauvaises herbes. Elle grandira tellement que les oiseaux du ciel, c’est-à dire les saints anges, viendront demeurer en notre âme et qu’elle portera le fruit des vertus sur ses branches (Mt 13,31s). Alors, confiants en la parole de Dieu, nous aurons une assurance ferme en ses promesses et nous pourrons chasser de notre cœur une montagne d’afflictions (Mt 17,20), tandis que si notre foi est faible et chancelante, elle ne déplacera même pas une taupinière.

Saint Thomas More (1478-1535)

 

 

« Ma fille est tourmentée par un démon. »

mercredi 4 août 2021

Cette Cananéenne païenne n’a plus besoin elle-même de guérison, puisqu’elle confesse le Christ comme Seigneur et Fils de David, mais elle demande du secours pour sa fille, c’est-à-dire pour la foule païenne prisonnière de la domination d’esprits impurs. Le Seigneur se tait, gardant par son silence le privilège du salut à Israël. (…) Portant en lui le mystère de la volonté du Père, il répond qu’il a été envoyé aux brebis perdues d’Israël, pour que ce soit d’une clarté évidente que la fille de la Cananéenne est le symbole de l’Église. (…) Il ne s’agit pas que le salut ne soit pas donné aussi aux païens, mais le Seigneur était venu « pour les siens et chez lui » (Jn 1,11), et il attendait les prémices de la foi de ce peuple dont il était sorti, les autres devant être sauvés ensuite par la prédication des apôtres. (…)

Et pour que nous comprenions que le silence du Seigneur provient de la considération du temps et non d’un obstacle mis par sa volonté, il ajoute : « Femme, ta foi est grande ! » Il voulait dire que cette femme, déjà certaine de son salut, avait foi – ce qui est mieux encore – dans le rassemblement des païens, à l’heure qui approche où, par leur foi, ils seront libérés comme la jeune fille de toute forme de domination des esprits impurs. Et la confirmation de cela arrive : en effet, après la préfiguration du peuple des païens dans la fille de la Cananéenne, des hommes prisonniers de maladies d’espèces diverses sont présentés au Seigneur par des foules sur la montagne (Mt 15,30). Ce sont des hommes incroyants, c’est-à-dire malades, qui sont amenés par des croyants à l’adoration et au prosternement et à qui le salut est rendu en vue de saisir, étudier, louer et suivre Dieu.

Saint Hilaire (v. 315-367)

 

 

« Ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. »

mardi 3 août 2021

Quand Pierre, plein d’audace, s’avance sur la mer, ses pas chancellent, mais son affection s’affermit (…) ; ses pieds s’enfoncent, mais il s’attache à la main du Christ. La foi le soutient tandis qu’il sent les flots s’ouvrir ; troublé par la tempête, il se rassure dans son amour pour le Sauveur. Pierre marche sur la mer porté plus par son affection que par ses pieds. (…)

Il ne regarde pas sur quoi se poseront ses pieds ; il ne voit que la trace des pas de celui qu’il aime. De la barque, où il était en sûreté, il a vu son Maître et, guidé par son amour, il descend dans la mer. Il ne voit plus la mer, c’est Jésus seul qu’il voit.

Mais dès qu’il est troublé par la force du vent, étourdi par la tempête, la crainte commence à voiler sa foi (…), l’eau se dérobe sous ses pas. La foi faiblit, et l’eau faiblit comme elle. Il crie alors : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus, étendant la main, le délivre et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? As-tu si peu de foi que tu n’as pas pu persévérer pour venir jusqu’à moi ? Pourquoi n’as-tu pas eu assez de foi pour arriver jusqu’au but en t’appuyant sur elle ? Sache-le désormais, cette foi seule te soutenait sur les flots. » Ainsi, mes frères, Pierre doute un instant, il va périr, mais il se sauve en invoquant le Seigneur. (…) Or, ce monde est une mer dont le démon soulève les vagues et où les tentations multiplient les naufrages ; nous ne pouvons nous sauver qu’en criant vers le Sauveur, qui étendra la main pour nous prendre. Invoquons-le donc sans cesse.

Saint Augustin (354-430)

 

 

« À cause de leur manque de foi »

vendredi 30 juillet 2021

Certains théologiens récents sont de l’avis que le feu qui brûle et en même temps sauve est le Christ lui-même, le Juge et Sauveur. La rencontre avec lui est l’acte décisif du jugement. Devant son regard s’évanouit toute fausseté. C’est la rencontre avec lui qui, en nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide, et s’écrouler. Mais dans la souffrance de cette rencontre, où l’impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le regard du Christ, le battement de son cœur nous guérissent grâce à une transformation assurément douloureuse, comme « par le feu » ; cependant, c’est une heureuse souffrance, dans laquelle le saint pouvoir de son amour nous pénètre comme une flamme, nous permettant à la fin d’être totalement nous-mêmes et par là totalement de Dieu.

Ainsi la compénétration de la justice et de la grâce se rend évidente aussi : notre façon de vivre n’est pas insignifiante, mais notre saleté ne nous tache pas éternellement, si du moins nous sommes demeurés tendus vers le Christ, vers la vérité et vers l’amour. En fin de compte, cette saleté a déjà été brûlée dans la Passion du Christ. Au moment du jugement, nous expérimentons et nous accueillons cette domination de son amour sur tout le mal dans le monde et en nous. La souffrance de l’amour devient notre salut et notre joie.

Benoît XVI

 

 

Fête de sainte Marie-Madeleine, disciple du Seigneur

jeudi 22 juillet 2021

Seul le sens de l’ouïe peut atteindre la vérité, parce lui seul entend la parole. (…) « Ne me touche pas », dit le Seigneur, c’est-à-dire perds l’habitude de te fier à tes sens trompeurs, appuie-toi sur mes paroles, accoutume-toi à la foi. La foi ne peut pas se tromper, elle comprend les choses invisibles et ne souffre pas de l’indigence des sens. Elle dépasse même les limites de la raison humaine, les usages de la nature, les bornes de l’expérience. Pourquoi veux-tu apprendre de tes yeux ce qu’ils ne peuvent pas savoir ? Et pourquoi ta main s’efforce-t-elle à sonder ce qu’elle n’atteindra jamais ? Ce que l’une et l’autre font connaître de moi est bien peu de chose. C’est à la foi de se prononcer sur moi sans diminuer ma majesté ; apprends à croire avec plus de certitude et à suivre avec plus de confiance ce qu’elle te dit.

« Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. » Comme s’il devrait ou pourrait se laisser toucher lorsqu’il sera monté : oui, sans doute, il pourra être touché, mais seulement par le cœur, non par les mains, par le désir, non par les yeux, par la foi, non par les sens. « Pourquoi, dit-il, cherches-tu à me toucher maintenant (…) ? Ne te souviens-tu pas que lorsque j’étais encore mortel, les yeux de mes disciples n’ont pas pu soutenir la gloire de mon corps transfiguré, alors qu’il devait encore mourir ? Je te fais encore cette faveur de te montrer ma condition de serviteur (Ph 2,7), mais ma gloire m’éloigne de toi désormais. (…) Suspends donc ton jugement (…), réserve à la foi l’éclaircissement d’un si grand mystère. (…) Pour être digne de me toucher, il faut que tu me contemples assis à la droite de mon Père (Mc 16,19; Ps 109,1), non plus dans ma condition d’abaissement mais dans mon état glorifié. C’est encore le même corps, mais sous un autre aspect. Pourquoi veux-tu me toucher dans ma laideur ? Attends de pouvoir le faire dans ma beauté. »

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

Fête de saint Thomas, apôtre

samedi 3 juillet 2021

Pourquoi Thomas recherche-t-il ainsi des preuves pour sa foi ?… Votre amour, frères, aurait aimé qu’après la résurrection du Seigneur le manque de foi ne laisse personne dans le doute. Mais Thomas portait l’incertitude non seulement de son cœur, mais celle de tous les hommes. Et puisqu’il devait prêcher la résurrection aux nations, il cherchait, en bon ouvrier, sur quoi il fonderait un mystère qui demande tant de foi. Et le Seigneur a montré à tous les apôtres ce que Thomas avait demandé si tard : « Jésus vint et leur montra ses mains et son côté » (Jn 20,19-20). De fait, puisqu’il était entré toutes portes closes et était considéré comme un esprit par ses disciples, il ne pouvait prouver à ceux qui doutaient qu’il était bien lui-même que par les souffrances de son corps, les marques de ses blessures.

Il vient et il dit à Thomas : « Mets ta main dans mon côté et ne sois plus incrédule, mais croyant. Que ces blessures que tu ouvres à nouveau laissent couler la foi dans le monde entier, elles qui ont déjà versé l’eau du baptême et le sang du rachat » (Jn 19,34). Thomas a répondu : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Que les incroyants viennent et qu’ils entendent et, comme le dit le Seigneur, qu’ils ne soient plus incrédules, mais qu’ils croient. Car Thomas manifeste et proclame que voici non seulement un corps d’homme, mais aussi que par la Passion de son corps de chair, le Christ est Dieu et Seigneur. Celui qui sort vivant de la mort et qui ressuscite de sa blessure est vraiment Dieu.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)