ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘apôtres’

Dieu choisit l’apôtre Matthias

samedi 14 mai 2016

egallery7-15

L’apôtre Paul écrit : « Ô abîme de la richesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables et ses voies inaccessibles ! » (Rm 11,33)… Et un psaume dit : « Tu as tout fait avec sagesse » (103,24), c’est-à-dire dans ton Verbe, ta Parole éternelle. Si c’est dans le Verbe et par le Verbe que tout a été fait (Jn 1,3), qui doutera que c’est avec sagesse, et qu’il a parfaitement choisi ses disciples, sans partialité ? « Il nous a choisis en lui, dit l’apôtre Paul, dès avant la création du monde » (Ép 1,4)…

Considérons le choix de Matthias. Les apôtres avaient choisi Joseph Barsabbas et Matthias… ; ensuite ils ont proposé leur choix à celui qui juge selon le cœur et qui « connaissait le cœur de chacun » d’eux, afin qu’il montre lequel des deux lui-même avait choisi. Et il avait sûrement choisi Matthias pour cet honneur avant que soit jeté le sort, avant même que soit créé le monde…

« Tout ce que vous demanderez dans la prière, dit le Seigneur, tenez-le pour obtenu, et vous l’obtiendrez » (Mc 11,24). C’est pourquoi l’Église a coutume de prier d’un commun accord toutes les fois qu’elle pense devoir demander quelque chose au Seigneur ; aucun moyen n’a autant de prise sur la volonté de Dieu que la prière, si du moins elle est faite avec foi, sérénité, humilité et persévérance. Le tirage au sort n’a donc porté aucun préjudice au choix de ce glorieux apôtre puisque, comme l’Écriture en témoigne, les apôtres ont commencé par prier ; c’est plutôt en réponse à leur prière que Dieu leur a inspiré de tirer au sort pour cette élection. D’autre part, Matthias n’a pas obtenu une grâce moins grande que Pierre, ou que les autres apôtres, bien qu’il soit appelé le dernier. Il a reçu l’Esprit avec la même plénitude que les autres, et les mêmes dons spirituels qu’eux. L’Esprit Saint, en se posant sur lui, l’a rempli de charité ; il lui a donné de s’exprimer en toutes les langues, de faire des miracles, de convertir les nations, de prêcher le Christ et de remporter le triomphe du martyre.

Saint Laurent Justinien (1381-1455), chanoine régulier, puis évêque de Venise
Sermon pour la fête de St Matthias (trad. Orval)

 

 

« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » (Jn 10,11)

vendredi 13 mai 2016

0118clefs3

Ce qui par-dessus tout nous attire la bienveillance d’en haut, c’est la sollicitude envers le prochain. C’est pourquoi le Christ exige cette disposition de Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Et Jésus de lui dire : Pais mes brebis. » Pourquoi, laissant de côté les autres apôtres, Jésus s’adresse-t-il à Pierre à leur sujet ? C’est que Pierre était le premier parmi les apôtres, leur porte-parole, le chef de leur collège, si bien que Paul lui-même est venu un jour le consulter de préférence aux autres (Ga 1,18). Pour bien montrer à Pierre qu’il devait avoir confiance et que son reniement était effacé, Jésus lui donne maintenant la primauté parmi ses frères. Il ne mentionne pas son reniement et ne lui fait pas honte du passé. « Si tu m’aimes, lui dit-il, sois à la tête de tes frères ; et le fervent amour que tu m’as toujours manifesté avec tant de joie, prouve-le maintenant. La vie que tu te disais sur le point de donner pour moi, donne-la pour mes brebis »…

Mais Pierre est troublé à la pensée qu’il pourrait avoir l’impression d’aimer tout en n’aimant pas réellement. Autant, se dit-il, j’étais sûr de moi et affirmatif dans le passé, autant je suis confondu maintenant. Jésus l’interroge trois fois, et trois fois il lui donne le même ordre. Il lui montre ainsi quel prix il attache au soin de ses brebis, puisqu’il en fait la plus grande preuve d’amour envers lui.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Jean, n°88 ; PG 59, 477 (trad. Orval)

 

 

 

« Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. » (Mt 13,43)

dimanche 21 février 2016

jpg_630x294_2014-05-17-Transfiguration.jpg

L’heure de la Passion approchait… Or il ne fallait pas qu’à cette heure-là les disciples se trouvent ébranlés dans leur esprit ; il ne fallait pas que ceux qui, un peu plus tôt, avaient confessé par la voix de Pierre qu’il était le fils de Dieu (Mt 16,16) aillent croire, en le voyant fixé à la croix comme un coupable, qu’il était un simple homme. C’est pourquoi il les a affermis par cette admirable vision.

Ainsi, quand ils le verraient trahi, en agonie, priant pour que soit détourné de lui le calice de la mort et traîné dans la cour du grand-prêtre, ils se souviendraient de la montée au Thabor et comprendraient que c’est de son plein gré qu’il est livré à la mort… Quand ils verraient les coups et les crachats sur sa face, ils ne seraient pas scandalisés, se remémorant son éclat qui surpassait le soleil. Quand ils le verraient revêtu par dérision du manteau de pourpre, ils se souviendraient que ce même Jésus avait été vêtu de lumière sur la montagne. Quand ils le verraient crucifié sur le gibet entre deux malfaiteurs, ils sauraient qu’il était apparu entre Moïse et Élie comme leur Seigneur. Quand ils le verraient enseveli en terre comme un mort, ils penseraient à la nuée lumineuse dont il avait été couvert.

Voilà donc un motif de la Transfiguration. Et peut-être y en a-t-il un autre : le Seigneur exhortait ses disciples à ne pas tenter d’épargner leur propre vie ; il leur disait : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive » (Mt 16,24). Mais renoncer à soi-même et aller au-devant d’une mort honteuse, cela semble difficile ; c’est pourquoi le Sauveur montre à ses disciples de quelle gloire seront jugés dignes ceux qui auront imité sa Passion. La Transfiguration n’est rien d’autre en effet que la manifestation par avance du dernier jour « où les justes resplendiront en présence de Dieu » (Mt 13,43)

Théophane de Céramée (12e siècle), moine basiléen
Homélie sur la Transfiguration ; PG 132, 1021s (trad. cf Pèlerinage patristique, DDB, p. 18s et coll. SO 39, Bellefontaine, p. 221)

 

 

 

« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »

dimanche 7 février 2016

peche

Qu’elle est grande la bonté du Christ ! Pierre a été pêcheur, et maintenant un orateur mérite un grand éloge s’il est capable de comprendre ce pêcheur. Voilà pourquoi l’apôtre Paul dit en s’adressant aux premiers chrétiens : « Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages… Ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose » (1Co 1,26-28).

Car si le Christ avait choisi en premier lieu un orateur, l’orateur aurait pu dire : « J’ai été choisi pour mon éloquence ». S’il avait choisi un sénateur, le sénateur aurait pu dire : « J’ai été choisi à cause de mon rang ». Enfin, s’il avait choisi un empereur, l’empereur aurait pu dire : « J’ai été choisi en raison de mon pouvoir ». Que ces gens-là se taisent, qu’ils attendent un peu, qu’ils se tiennent tranquilles. Ils ne seront pas oubliés ni rejetés ; qu’ils attendent un peu, parce qu’ils pourraient se glorifier de ce qu’ils sont en eux-mêmes.

« Donne-moi, dit le Christ, ce pêcheur, donne-moi cet homme simple et sans instruction, donne-moi celui avec qui le sénateur ne daigne pas parler, même quand il lui achète un poisson. Oui, donne-moi cet homme. Lorsque je l’aurai rempli, on verra clairement que c’est moi seul qui agis. Certes, j’accomplirai aussi mon œuvre dans le sénateur, l’orateur et l’empereur…, mais mon action sera plus évidente dans le pêcheur. Le sénateur, l’orateur et l’empereur peuvent se glorifier de ce qu’ils sont : le pêcheur, uniquement du Christ. Que le pêcheur vienne leur enseigner l’humilité qui procure le salut. Que le pêcheur passe en premier. »

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 43, 5-6 ; CCL 41, 510-511 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 396 rev.)

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6,7-13.

jeudi 4 février 2016

En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ.
Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

1114332789.3

Être apôtre, par quel moyen ? Par ceux que Dieu met à sa disposition : les prêtres ont leurs supérieurs qui leur disent ce qu’ils doivent faire. Les laïcs doivent être apôtres envers tous ceux qu’ils peuvent atteindre : leurs proches et leurs amis, mais non eux seuls ; la charité n’a rien d’étroit, elle embrasse tous ceux qu’embrasse le Cœur de Jésus.

Par quel moyen ? Par les meilleurs, étant donnés ceux auxquels ils s’adressent : avec tous ceux avec qui ils sont en rapport, sans exception, par la bonté, la tendresse, l’affection fraternelle, l’exemple de la vertu, par l’humilité et la douceur toujours attrayantes et si chrétiennes. Avec certains sans leur dire jamais un mot de Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, étant un tendre frère et priant. Avec d’autres en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils peuvent porter ; dès qu’ils en sont à la pensée de rechercher la vérité par l’étude de la religion, en les mettant en rapports avec un prêtre très bien choisi et capable de leur faire du bien. Surtout voir en tout humain un frère.

Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Lettre à Joseph Hours, 3 mai 1912

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 3,13-19.

vendredi 22 janvier 2016

En ce temps-là, Jésus gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui,
et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle
avec le pouvoir d’expulser les démons.
Donc, il établit les Douze : Pierre – c’est le nom qu’il donna à Simon –,
Jacques, fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques – il leur donna le nom de « Boanerguès », c’est-à-dire : « Fils du tonnerre » –,
André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques, fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélote,
et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.

parleseigneur

Je ne dis rien d’étrange, je ne recherche pas le paradoxe, mais, docile à l’enseignement des apôtres, je veux à mon tour enseigner les nations. Je veux transmettre exactement la tradition à ceux qui veulent, eux aussi, devenir les disciples de la Vérité. Qui…ne s’empresserait pas d’apprendre pleinement tout ce que le Verbe de Dieu a clairement enseigné a ses disciples ? Car en se manifestant, ce Verbe qui n’a pas été compris par ceux qui ne croyaient pas en lui, a manifesté la vérité à ses disciples ; s’exprimant ouvertement, il a tout dit à ses disciples. Il les a reconnus comme ses fidèles, et ils ont reçu de lui la connaissance des mystères du Père.

C’est pour cela que le Verbe a été envoyé dans le monde. Et pour qu’il soit manifesté au monde entier…, il a été proclamé par les apôtres pour que les nations croient en lui. Lui qui était dès le commencement (1Jn 1,1), il s’est manifesté dans la nouveauté, et ses disciples ont reconnu en lui l’ancienneté. Il renaît toujours jeune dans le cœur des saints… Par lui l’Église est comblée de richesses ; la grâce s’épanouit, se multiplie dans les saints ; elle confère l’intelligence de la foi, dévoile les mystères du Père ; elle donne à comprendre les temps… Elle est offerte à ceux qui la recherchent en respectant les règles de la foi et en gardant fidèlement la tradition des Pères.

Voici que la crainte de la Loi est chantée ; voici que la grâce des prophètes est reconnue, la foi des Évangiles affermie, la tradition des apôtres conservée ; la grâce de l’Église bondit d’allégresse. Cette grâce, ne la contristez pas ; alors vous connaîtrez les secrets que le Verbe de Dieu révèle par qui il veut, quand il lui plaît. Approchez-vous, écoutez, et vous saurez tout ce que Dieu confie à ceux qui l’aiment vraiment.

La Lettre à Diognète (v. 200)
§ 11 (trad. cf SC 33 bis, p. 79)

 

 

 

« Il en choisit douze et leur donna le nom d’Apôtres, d’envoyés. »

mercredi 28 octobre 2015

twelve-and-the-70-Jesus-480

Notre Seigneur Jésus Christ a institué des guides et des enseignants pour le monde entier, et des « intendants de ses mystères divins » (1Co 4,1). Il leur a prescrit de briller et d’éclairer comme des flambeaux non seulement dans le pays des Juifs…, mais partout sous le soleil, pour les hommes habitant sur toute la surface de la terre. Elle est donc vraie, cette parole de saint Paul : « On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on le reçoit par appel de Dieu » (He 5,4)…

S’il estimait devoir envoyer ses disciples comme le Père l’avait envoyé lui-même (Jn 20,21), il était nécessaire que ceux-ci, appelés à être ses imitateurs, découvrent pour quelle tâche le Père avait envoyé son Fils. Il nous a donc expliqué de diverses manières le caractère de sa propre mission. Il a dit un jour : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent » (Lc 5,32). Et encore : « Je suis descendu du ciel non pas pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38). Et une autre fois : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).

Il résumait en quelques paroles la fonction des apôtres en disant qu’il les a envoyés comme le Père l’avait envoyé lui-même : ils sauraient par là qu’il leur incombe d’appeler les pécheurs à se convertir, de soigner les malades, corporellement et spirituellement ; dans leurs fonctions d’intendants, de ne chercher aucunement à faire leur propre volonté, mais la volonté de celui qui les a envoyés ; enfin de sauver le monde dans la mesure où il recevra les enseignements du Seigneur.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), évêque et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Jean, 3,130 (trad. bréviaire)

 

 

 

 

 

« Alors les justes resplendiront dans le Royaume de leur Père. »

mardi 28 juillet 2015

icone-et-bible

Il existe une moisson pour les épis de blé matériels et une autre pour les épis doués de raison, c’est-à-dire le genre humain. Celle-ci s’effectue chez les infidèles et rassemble dans la foi ceux qui accueillent l’annonce de l’Evangile. Les ouvriers de cette moisson sont les apôtres du Christ, puis leurs successeurs, puis, au cours du temps, les docteurs de l’Eglise. Le Christ a dit à leur sujet ces paroles : « Le moissonneur reçoit son salaire ; il récolte du fruit pour la vie éternelle » (Jn 4,36)…

Mais il y a encore une autre moisson : c’est le passage de cette vie à la vie future qui, pour chacun de nous, se fait par la mort. Les ouvriers de cette moisson-là ne sont pas les apôtres, mais les anges. Ils ont une plus grande responsabilité que les apôtres, car ils font le tri qui suit la moisson et ils séparent les méchants des bons, comme on le fait avec l’ivraie et le bon grain… Nous sommes dès aujourd’hui « le peuple choisi de Dieu, la race sainte » (1P 2,9), l’Eglise du Dieu vivant, choisis parmi les impies et infidèles. Puissions-nous être séparés de l’ivraie de ce monde de la même manière dans le monde à venir, et agrégés à la foule de ceux qui sont sauvés dans le Christ, notre Seigneur, qui est béni dans les siècles.

Saint Grégoire Palamas (1296-1359), moine, évêque et théologien
Homélie 26 ; PG 151, 340-341 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 308)

 

 

 

 

Fête de saint Jacques (le majeur), apôtre

samedi 25 juillet 2015

St Jacques

Jacques, fils de Zébédée, appelé aussi Jacques le Majeur, appartient, avec Pierre et Jean, au groupe des trois disciples privilégiés qui sont admis par Jésus à assister à des moments importants de sa vie. Il a pu participer, avec Pierre et Jean, au moment de l’agonie de Jésus au jardin de Gethsémani et à l’événement de la Transfiguration de Jésus. Il s’agit donc de situations très différentes l’une de l’autre. En un cas, Jacques fait l’expérience avec les deux autres apôtres de la gloire du Seigneur, il le voit en conversation avec Moïse et Élie, il voit transparaître la splendeur divine en Jésus. Dans l’autre, il se trouve devant la souffrance et l’humiliation, il voit de ses propres yeux combien le Fils de Dieu s’humilie en se faisant obéissant jusqu’à la mort. Certainement, cette seconde expérience a été pour lui une occasion de mûrir dans la foi, pour corriger l’interprétation unilatérale, triomphaliste, de la première : il a dû entrevoir que le Messie attendu par le peuple juif comme un triomphateur, en réalité n’était pas auréolé seulement d’honneur et de gloire, mais aussi de souffrances et de faiblesse. La gloire du Christ se réalise précisément dans la croix, dans la participation à nos souffrances.

Cette maturation dans la foi a été menée à son achèvement par l’Esprit Saint à la Pentecôte, de sorte que lorsque vint le moment du suprême témoignage, Jacques ne fuit pas. Au début des années 40 du premier siècle, le roi Hérode Agrippa, neveu d’Hérode le Grand, comme nous en informe Luc, « se mit à maltraiter certains membres de l’Église. Il supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter » (Ac 12,1-2)… De saint Jacques, donc, nous pouvons apprendre bien des choses : la promptitude à accueillir l’appel du Seigneur même quand il nous demande de quitter la « barque » de nos sécurités humaines (Mt 4,21), l’enthousiasme à le suivre sur les routes qu’il nous indique au delà de toutes nos présomptions illusoires, la disponibilité à témoigner de lui avec courage, si c’est nécessaire jusqu’au sacrifice suprême de la vie. Ainsi Jacques le Majeur se présente à nous comme un exemple éloquent de généreuse adhésion au Christ. Lui qui, initialement, avait demandé par l’intermédiaire de sa mère à siéger aux côtés du Maître dans son Royaume, a été précisément le premier à boire le calice de la Passion, à partager avec les apôtres le martyre.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Audience générale du 21/6/06 (trad. DC n° 2362 © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

« Pour la première fois, il les envoie. »

dimanche 12 juillet 2015

duc in altum

Jésus dit à Pierre : « Avance au large ! » (Lc 5,4) « Pierre et ses premiers compagnons firent confiance à la parole du Christ et jetèrent leurs filets »… Celui qui ouvre son cœur au Christ comprend non seulement le mystère de sa propre existence, mais aussi celui de sa propre vocation, et il fait mûrir de splendides fruits de grâce… En vivant l’Évangile dans son intégralité, le chrétien devient toujours plus capable d’aimer à la manière même du Christ, en accueillant son exhortation : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Il s’engage à persévérer dans l’unité avec ses frères au sein de la communion de l’Église, et il se met au service de la nouvelle évangélisation pour proclamer la merveilleuse vérité de l’amour salvifique de Dieu et pour en témoigner.

Chers jeunes, c’est à vous tout particulièrement que je renouvelle l’invitation du Christ à « avancer au large »… Ayez confiance en lui, mettez-vous à l’écoute de ses enseignements, fixez le regard sur son visage, persévérez dans l’écoute de sa Parole. Laissez-le orienter toutes vos recherches et toutes vos aspirations, tout votre idéal et tout le désir de votre cœur… Je pense en même temps à la parole adressée par Marie, sa mère, aux serviteurs à Cana de Galilée : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). Chers jeunes, le Christ vous demande « d’avancer au large » et la Vierge vous encourage à ne pas hésiter à le suivre. Que monte de tous les coins du monde, soutenue par l’intercession maternelle de la Madone, la prière ardente au Père du ciel pour obtenir « des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9,38) :

Jésus, Fils de Dieu,
en qui demeure la plénitude de la divinité,
Tu appelles tous les baptisés « à avancer au large »,
en parcourant le chemin de la sainteté.
Suscite dans le cœur des jeunes le désir
d’être des témoins de la puissance de ton amour
dans le monde d’aujourd’hui.
Remplis-les de ton Esprit de force et de prudence,
pour qu’ils soient capables de découvrir la pleine vérité
sur eux-mêmes et leur vocation propre.
Notre Sauveur,
envoyé par le Père pour révéler son amour miséricordieux,
fais à ton Église
le don de jeunes prêts à avancer au large,
pour être parmi leurs frères une manifestation
de ta présence qui renouvelle et qui sauve.

Vierge Sainte, Mère du Rédempteur,
guide assuré dans le chemin vers Dieu et le prochain,
toi qui as conservé ses paroles dans l’intimité de ton cœur (Lc 2,19),
soutiens par ton intercession maternelle
les familles et les communautés ecclésiales,
afin qu’elles aident les adolescents et les jeunes
à répondre généreusement à l’appel du Seigneur.
Amen.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Message pour la 42e Journée mondiale de prière pour les vocations 17/04/2005 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)