ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘eucharistie’

Dans l’Église, le Christ nous appelle à la conversion

mercredi 19 septembre 2018

L’Église vit d’une vie authentique lorsqu’elle professe et proclame la miséricorde, attribut le plus admirable du Créateur et du Rédempteur, et lorsqu’elle conduit les hommes aux sources de la miséricorde du Sauveur, dont elle est la dépositaire et la dispensatrice. Dans ce cadre, la méditation constante de la parole de Dieu, et surtout la participation consciente et réfléchie à l’eucharistie et au sacrement de pénitence ou de réconciliation ont une grande signification. L’eucharistie nous rapproche toujours de cet « amour plus fort que la mort » (Ct 8,6) : en effet « chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons cette coupe », non seulement « nous annonçons la mort » du Rédempteur, mais aussi « nous proclamons sa résurrection, dans l’attente de sa venue dans la gloire » (Missel romain; cf 1Co 11,26). La liturgie eucharistique, célébrée en mémoire de celui qui, dans sa mission messianique, nous a révélé le Père par sa parole et par sa croix atteste l’amour inépuisable en vertu duquel il désire toujours s’unir à nous et ne faire qu’un avec nous, allant à la rencontre de tous les cœurs humains. C’est le sacrement de la pénitence ou de la réconciliation qui « aplanit la route » (Lc 3,3; Is 40,3) de chacun, même quand il est accablé par de lourdes fautes. Dans ce sacrement, tout homme peut expérimenter de manière unique la miséricorde, c’est-à-dire l’amour qui est plus fort que le péché.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape

 

 

 

 

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. »

dimanche 19 août 2018

Dans la messe, la re-présentation sacramentelle du sacrifice du Christ couronné par sa résurrection implique une présence tout à fait spéciale que — pour reprendre les mots de Paul VI — « on nomme ‘réelle’, non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas ‘réelles’, mais par antonomase parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier. » Ainsi la doctrine toujours valable du Concile de Trente est proposée de nouveau : « Par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son sang. Ce changement, l’Église catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation. » L’eucharistie est vraiment « mysterium fidei », mystère de la foi, qui dépasse notre intelligence et qui ne peut être accueilli que dans la foi, comme l’ont souvent rappelé les catéchèses patristiques sur ce divin sacrement. Saint Cyrille de Jérusalem exhorte : « Ne t’attache donc pas au pain et au vin comme à des éléments naturels, car selon la déclaration du Maître, ils sont corps et sang. Il est vrai que c’est ce que te suggèrent les sens ; mais que la foi te rassure »… Devant ce mystère d’amour, la raison humaine fait l’expérience de toute sa finitude. On voit alors pourquoi, au long des siècles, cette vérité a conduit la théologie à faire de sérieux efforts de compréhension. Ce sont des efforts louables, d’autant plus utiles et pénétrants qu’ils ont permis de conjuguer l’exercice critique de la pensée avec la foi vécue de l’Église… Il y a tout de même la limite indiquée par Paul VI : « Toute explication théologique…doit maintenir que, dans la réalité elle-même, indépendante de notre esprit, le pain et le vin ont cessé d’exister après la consécration, en sorte que c’est le corps et le sang du Seigneur Jésus, si dignes d’adoration, qui sont réellement présents devant nous. »

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape

 

 

 

 

Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, solennité

dimanche 3 juin 2018

Pour avoir une idée de notre dignité, il faut nous rappeler souvent le ciel, le calvaire et l’enfer. Si nous comprenions ce que c’est qu’être enfant de Dieu, nous ne pourrions pas faire le mal, nous serions comme des anges sur la terre. Être enfant de Dieu, quelle dignité !

Lorsque les anges se furent révoltés contre Dieu, ce Dieu si bon, voyant qu’ils ne pouvaient jouir du bonheur pour lequel Il les avait créés, fit l’homme et ce petit monde que nous voyons pour nourrir son corps. Mais il fallait bien aussi nourrir son âme ; et comme rien de créé ne peut nourrir l’âme qui est un esprit, Dieu voulut se donner Lui-même pour nourriture.

Mais le grand malheur est qu’on néglige de recourir à cette divine Nourriture, pour traverser le désert de cette vie. Comme une personne qui meurt de faim à côté d’une table bien servie, il y en a qui restent cinquante, soixante ans sans nourrir leur âme.

Si les chrétiens pouvaient comprendre ce langage de notre Seigneur qui leur dit : « Malgré ta misère, Je veux voir de près cette belle âme que J’ai créée pour Moi. Je l’ai faite si grande qu’il n’y a que Moi qui puisse la remplir. Je l’ai faite si pure qu’il n’y a que mon Corps qui puisse la nourrir. »

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), prêtre, curé d’Ars
Esprit du Curé d’Ars dans ses Catéchismes, ses Sermons, ses Conversations (Abbé Monnin, Éds Tequi 2007, p. 57-58, rev.)

 

 

Le vrai pain venu du ciel

vendredi 20 avril 2018

Les juifs disent : « Nos pères ont mangé la manne dans le désert ». Le Sauveur aurait pu leur répondre : « Je viens de faire un plus grand miracle que celui de Moïse : moi, je n’ai eu besoin ni de bâton, ni de prière (cf Ex 9,23; 17,9s) ; j’ai tout fait par moi-même, par ma propre autorité. Vous rappelez le prodige de la manne ; moi, ne vous ai-je pas donné du pain en abondance ? » Mais ce n’était pas le temps alors de parler de cette manière. Jésus ne pensait qu’à une chose : les attirer à lui pour qu’ils lui demandent une nourriture spirituelle… : « Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; c’est mon Père qui donne le vrai pain du ciel »…

Ce pain que le Père donne, Jésus Christ l’appelle le pain véritable. Non que le miracle de la manne ait été faux ; mais la manne était une préfiguration d’un pain supérieur et plus merveilleux… : « Le pain de Dieu, c’est le pain qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde » — au monde entier et non seulement aux juifs. Ce pain n’est pas seulement une nourriture mais une vie, une vie différente de celle-ci, une vie complètement autre : ce pain donne la vraie vie… Jésus est lui-même ce pain parce qu’il est le Verbe, la Parole de Dieu, de même qu’ici, en nos églises, il devient le pain du ciel par la descente du Saint Esprit.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Jean, n°45

 

 

 

 

 

« Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »

jeudi 19 avril 2018

Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vienne, et en outre pour confier à l’Église, son Épouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection : sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, banquet pascal dans lequel le Christ est mangé, l’âme est comblée de grâce, et le gage de la gloire future nous est donné.

C’est pourquoi l’Église a le souci d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers ou muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée, soient formés par la parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, et rendent grâce à Dieu. Qu’en offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi ensemble avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés par la médiation du Christ dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, « Dieu soit tout en tous » (1Co 15,28).

Concile Vatican II
Constitution sur la Sainte Liturgie « Sacrosanctum Concilium », § 47-48

 

 

« Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim. »

mercredi 18 avril 2018

Le problème économique est l’inconnu terrible de notre époque tourmentée. Le problème du pain quotidien, du bien-être, c’est l’incertitude angoissante qui nous opprime au milieu des foules agitées et insatisfaites, et parfois, hélas, affamées. C’est pour nous un devoir d’unir nos efforts, de faire les sacrifices nécessaires selon la doctrine catholique issue de l’Evangile et les instructions claires et solennelles de l’Église, pour contribuer à la recherche d’une solution équitable pour tous. Mais c’est en vain que nous nous efforcerons de remplir les estomacs de pain et de satisfaire les autres désirs parfois effrénés, si l’on ne parvient pas à nourrir les âmes du pain de vie, vrai, substantiel, divin ; à les nourrir de ce Christ dont elles ont faim et grâce auquel, seulement, on pourra reprendre le chemin « jusqu’à la montagne du Seigneur » (1R 19,8).

C’est en vain que nous demanderons aux économistes et aux législateurs de nouvelles formes de vie sociale si l’on soustrait aux yeux du peuple le doux et maternel sourire de Marie dont les bras sont ouverts pour accueillir tous ses fils. Sur son sein, l’orgueil s’abaisse, les cœurs s’apaisent dans la sainte poésie de la paix chrétienne et de l’amour. Conjuguons nos efforts afin que l’on ne sépare jamais du cœur de l’homme ce que Dieu, dans la doctrine catholique et dans l’histoire du monde, a si merveilleusement uni : l’eucharistie et la Vierge.

Saint Jean XXIII (1881-1963), pape
OR 20/09/59

 

 

 

Le jeudi saint

jeudi 29 mars 2018

Entre tous les souvenirs du Christ les plus dignes d’être rappelés, se place évidemment ce repas final de la très sainte Cène, où non seulement l’agneau pascal est donné à manger mais où l’Agneau immaculé, qui efface les péchés du monde, est lui-même offert en nourriture sous l’espèce d’un pain « renfermant toutes les délices et la suavité de toutes les saveurs » (cf. Sg 16,20).

En ce festin, la douceur de la bonté du Christ brille admirable : il soupe à la même table et au même plat, avec ces petits pauvres, ses disciples, et Judas, le traître.

Un admirable exemple d’humilité y resplendit lorsque le Roi de gloire, ceint d’un linge, lave avec beaucoup de soin les pieds de ces pêcheurs et même de celui qui le trahit.

Admirable aussi la générosité de sa magnificence lorsqu’il donne son Corps très saint en nourriture et son Sang véritable en breuvage à ses premiers prêtres et par suite à toute l’Église et au monde entier, afin que ce qui allait bientôt devenir un sacrifice agréable à Dieu et le prix inestimable de notre rédemption soit notre viatique et notre soutien.

Enfin l’admirable excès de son amour y brille plus que tout dans cette tendre exhortation que, « aimant les siens jusqu’au bout » (Jn 13,1), il leur adresse pour les affermir dans le bien, avertissant spécialement Pierre pour fortifier sa foi et offrant sa poitrine à Jean pour un suave et saint repos.

Que toutes ces choses sont donc admirables et remplies de douceur ! Du moins pour l’âme appelée à un repas aussi excellent et qui accourt de toute l’ardeur de son esprit, de façon à pouvoir jeter ce cri du prophète : « Comme le cerf aspire aux fontaines d’eau, ainsi mon âme soupire vers vous, ô mon Dieu ! » (Ps 41,2).

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
L’Arbre de Vie, §16 (Œuvres spirituelles, t.III, Sté S. François d’Assise, Paris, 1932, pp. 81-82, rev.)

 

 

 

« Tous ceux qui le touchaient étaient sauvés. »

lundi 5 février 2018

light-of-the-world-greg-olsen

Quand Jésus était en ce monde, le simple contact de ses vêtements guérissait les malades. Pourquoi douter, si nous avons la foi, qu’il ne fasse encore des miracles en notre faveur quand il est si intimement uni à nous dans la communion eucharistique ? Pourquoi ne nous donnera-t-il pas ce que nous lui demandons puisqu’il est dans sa propre maison ? Sa Majesté n’a pas coutume de mal payer l’hospitalité qu’on lui donne en notre âme, si on lui fait bon accueil. Éprouvez-vous de la peine de ne pas contempler notre Seigneur avec les yeux du corps ? Dites-vous que ce n’est pas ce qui vous convient actuellement…

Mais dès que notre Seigneur voit qu’une âme va profiter de sa présence, il se découvre à elle. Elle ne le verra pas, certes, des yeux du corps, mais il se manifestera à elle par de grands sentiments intérieurs ou par bien d’autres moyens. Restez donc avec lui de bon cœur. Ne perdez pas une occasion aussi favorable pour traiter de vos intérêts que l’heure qui suit la communion.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Le Chemin de la perfection, ch. 34 (trad. Seuil 1961, p. 201 ; cf OC, Cerf 1995, p. 833)

 

 

Livré aux hommes et à son Père, le Christ nous nourrit de la Parole et du Pain de vie.

samedi 20 janvier 2018

BibleSunrise

Tu m’es témoin, mon Dieu, que rien ne peut me satisfaire, que personne ne peut m’apaiser ; c’est toi seul, mon Dieu, que je désire contempler éternellement. Mais cela n’est pas possible tant que je serai dans ce corps mortel… En attendant, les livres saints seront mes guides, le miroir de ma vie ; et par-dessus tout, ton corps sacré sera mon remède et mon refuge.

Je sais que deux choses me sont ici-bas absolument nécessaires, sans lesquelles cette misérable vie me deviendrait insupportable. Lié aux servitudes de mon corps, j’ai besoin d’aliments et de lumière. C’est pourquoi tu m’as donné ton corps sacré pour soutenir mon corps et mon âme malades, et « Ta parole comme une lampe pour éclairer mes pas » (Ps 118,105). Sans cela, je ne pourrais pas vivre dignement, car la parole de Dieu est la lumière de l’âme, et ton sacrement le pain de vie.

On peut dire aussi que ce sont deux tables dressées parmi les trésors de la sainte Église. L’une est la table de l’autel, qui porte le pain sacré, c’est-à-dire le corps précieux de Jésus Christ ; l’autre est la table de la loi divine, contenant la doctrine éternelle, celle qui enseigne la vraie foi et conduit avec sûreté vers le repos de Dieu.

Je te remercie, ô Créateur et Rédempteur des hommes, qui, pour manifester ton amour au monde entier, nous as préparé ce grand banquet au cours duquel tu donnes en nourriture, non pas le symbole de l’agneau, mais la réalité de ton corps et de ton sang. Banquet sacré où tous les fidèles boivent avec allégresse au calice du salut qui renferme toutes les joies du paradis.

L’Imitation de Jésus Christ, traité spirituel du 15e siècle
Livre IV, ch. 11 (trad. Ravinaud/Driot, Médiaspaul 1984, p. 237)

 

 

 

Pain pour la route

mercredi 6 décembre 2017

201607191703431

La nuit où il a été livré pour être crucifié, Jésus nous a légué comme héritage de la nouvelle Alliance le gage de sa présence. C’est le viatique de notre voyage. Nous en sommes nourris et fortifiés jusqu’au moment où nous parviendrons à lui, lorsque nous quitterons ce monde. C’est pourquoi le Seigneur disait : « Si vous ne mangez pas ma chair et ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Il a voulu laisser parmi nous le sacrement de sa Passion. Et pour cela il ordonne à ses fidèles disciples, les premiers prêtres qu’il a institués pour son Église, de célébrer sans fin ces mystères de la vie éternelle, qui doivent être accomplis par tous les prêtres dans les Églises du monde entier jusqu’au jour où le Christ reviendra du ciel. Ainsi nous tous, les prêtres et le peuple des fidèles, nous avons chaque jour l’exemple de la Passion du Christ devant les yeux, nous le tenons entre nos mains, nous le portons à notre bouche et dans notre poitrine… « Goutez et voyez comme le Seigneur est bon » (Ps 33,9).

Saint Gaudence de Brescia (?-après 406), évêque
Sermon 2 ; PL 20, 859 (trad. Orval)