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Archive pour le mot-clef ‘Royaume des Cieux’

Sortir du péché et entrer dans le Royaume de Dieu

dimanche 27 septembre 2020

Frères, c’est le moment de sortir, chacun de nous pour sa part, du lieu de notre péché. Sortons de notre Babylone pour rencontrer Dieu notre Sauveur, comme nous en avertit le prophète : « Sois prêt, Israël, pour aller à la rencontre du Seigneur, car Il vient ! » (Am 4,12). Sortons de l’abîme de notre péché et acceptons de partir vers le Seigneur qui a assumé « une chair semblable à celle du péché » (Rm 8,3). Sortons de la volonté du péché et partons faire pénitence de nos péchés. Alors nous trouverons le Christ : lui-même a expié le péché qu’il n’avait absolument pas commis. Alors, celui qui sauve les pénitents nous accordera le salut : « Il fait miséricorde à ceux qui se convertissent » (Si 12,3).

Vous allez me dire : (…) « Qui donc par lui-même peut sortir du péché ? » Oui, en vérité le plus grand péché c’est l’amour du péché, le désir de pécher. Sors donc de ce désir, (…) hais le péché et te voilà sorti du péché. Si tu hais le péché, tu as rencontré le Christ là où il se trouve. À qui hait le péché, (…) le Christ pardonne la faute en attendant d’ôter à la racine nos habitudes mauvaises.

Mais vous dites que même cela est beaucoup pour vous et que sans la grâce de Dieu il est impossible à l’homme de haïr son péché et de désirer la justice : « Que le Seigneur soit loué pour ses miséricordes, pour ses merveilles pour les fils des hommes ! » (Ps 106,8). (…) Ô Seigneur à la main puissante, Jésus tout-puissant, viens libérer ma raison captive du démon de l’ignorance et arracher ma volonté malade de la peste de ses convoitises. Libère mes capacités afin que je puisse agir avec force, comme je le désire de tout cœur

Isaac de l’Étoile (?-v. 1171)

 

 

 

« Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. » (Mt 22,2)

jeudi 20 août 2020

Il y a trois sortes de noces : celles de l’union, celles de la justification, celle de la glorification. Les premières furent célébrées dans le temple de la Vierge Marie ; les deuxièmes sont célébrées chaque jour dans le temple de l’âme fidèle ; les troisièmes se célébreront dans le temple de la gloire céleste.

Le propre des noces est d’unir deux personnes : l’époux et l’épouse. Si deux familles sont en désaccord entre elles, le mariage habituellement les unit, puisque celui d’un parti prend une femme appartenant à l’autre parti. Entre nous et Dieu, il y avait une grande discorde ; pour éliminer et établir la paix, il a fallu que le Fils de Dieu prît son épouse dans notre parenté. Pour conclure ce mariage, intervinrent maints intermédiaires et pacificateurs, qui, par des prières insistantes, purent l’obtenir à grande peine. Finalement, le Père lui-même donna son consentement et envoya son Fils qui s’unit à notre nature dans la chambre nuptiale de la Vierge Marie. Et ainsi, le Père « fit un festin de noces pour son Fils ».

De même, les deuxièmes noces sont célébrées lorsque la grâce de l’Esprit Saint survient et l’âme se convertit… Le mari de l’âme est la grâce du Saint-Esprit. Lorsqu’il l’appelle à la pénitence par son inspiration intérieure, tout appel des vices devient sans effet.

Enfin, les troisièmes noces seront célébrées au jour du jugement, à la venue de l’époux Jésus Christ dont il est écrit : « Voici l’époux ! sortez à sa rencontre » (Mt 25,6). Il prendra en effet l’Église pour épouse, comme dit Jean dans l’Apocalypse : « Viens, que je te montre la Fiancée, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu, avec en elle la gloire de Dieu » (cf. Ap 21, 9-11). L’Église des fidèles descend du ciel, d’auprès de Dieu car elle obtint de Dieu que sa demeure fût dans les cieux. Ainsi à présent vit-elle par la foi et l’espérance, mais sous peu célébrera-t-elle ses noces avec son époux. « Heureux, dit l’Apocalypse, ceux qui sont invités au festin des noces de l’Agneau ! » (Ap 19,9

Saint Antoine de Padoue (v. 1195-1231)

 

 

 

« Il va vendre tout ce qu’il possède. »

dimanche 26 juillet 2020

Notre Seigneur Jésus Christ a vivement et souvent insisté : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24). (…) Et ailleurs : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres », après quoi il ajoute : « puis viens et suis-moi » (Mt 19,21).

Pour celui qui sait comprendre, la parabole du marchand veut dire la même chose : « Le Royaume des cieux est semblable à un marchand qui recherche des pierres précieuses ; lorsqu’il en a trouvé une d’un grand prix, il court vendre tout ce qu’il a, afin de pouvoir l’acheter. » La pierre précieuse désigne certainement ici le Royaume des cieux, et le Seigneur nous montre qu’il est impossible de l’obtenir, si nous n’abandonnons pas tout ce que nous possédons : richesse, gloire, noblesse de naissance et tout ce que tant d’autres recherchent avidement.

Le Seigneur a aussi déclaré qu’il est impossible de s’occuper convenablement de ce que l’on fait quand l’esprit est sollicité par diverses choses : « Personne ne peut servir deux maîtres », a-t-il dit (Mt 6,24). C’est pourquoi « le trésor qui est dans le ciel » est le seul que nous puissions choisir pour y attacher notre cœur : « Car où est votre trésor, là est votre cœur » (Mt 6,20s). (…) Pour tout dire, il s’agit de transporter notre cœur dans la vie du ciel, en sorte qu’on puisse dire : « Notre patrie est dans les cieux » (Ph 3,20). Surtout c’est commencer à devenir semblable au Christ, « qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous » (2Co 8,9)

Saint Basile (v. 330-379)

 

 

 

 

« Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. »

dimanche 19 juillet 2020

« Quand ce qui est périssable en nous deviendra impérissable, quand ce qui est mortel revêtira l’immortalité » (1Co 15,54), alors ce sera la douceur parfaite, la jubilation parfaite, une louange sans fin, un amour sans danger. (…) Et ici-bas ? N’y goûterons-nous aucune joie ? (…) Assurément, on trouve ici-bas de la joie ; nous goûtons ici-bas dans l’espérance de la vie future une joie dont nous serons pleinement rassasiés dans le ciel.

Mais il faut que le blé ait beaucoup à supporter au milieu de l’ivraie. Les grains sont mêlés à la paille et le lys grandit au milieu des épines. (…) En effet, qu’a-t-on dit à l’Église ? « Comme le lys au milieu des épines, ainsi ma bien-aimée au milieu des jeunes filles » (Ct 2,2). « Au milieu de mes filles », est-il dit, et non parmi les étrangères. Ô Seigneur, quelles consolations donnes-tu ? Quel réconfort ? Ou plutôt quel effroi ? Tu appelles épines tes propres filles ? Épines elles sont, répond-il, par leur conduite, mais filles par mes sacrements. (…)

Mais où devra donc se réfugier le chrétien pour ne pas gémir au milieu de faux frères ? Où ira-t-il ? Que fera-t-il ? Fuira-t-il au désert ? Les occasions de chute l’y suivront. Se séparera-t-il, lui qui progresse bien, jusqu’à ne plus supporter aucun de ses semblables ? Mais, dites-moi, lui, avant sa conversion, si personne n’avait voulu le supporter ? (…) Si donc, sous prétexte qu’il progresse, il ne veut supporter personne, par ce fait même il est évident qu’il n’a pas encore progressé. Écoutez bien ces paroles : « Supportez-vous les uns les autres avec amour. Ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Ep 4,2-3). N’y a-t-il rien en toi qu’un autre n’ait à supporter

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Devenir l’empreinte du Royaume de Dieu

dimanche 5 juillet 2020

Il est dit : Sur qui me reposerai-je, sinon sur celui qui est doux et humble et qui craint mes paroles ? » (Is 66,2 LXX) D’où il est clair que le Royaume de Dieu le Père appartient aux humbles et aux doux. Il est dit en effet : « Bienheureux les doux, car ils hériteront la terre » (Mt 5,4). (…)

La terre, c’est l’état et la puissance fermes et tout à fait immuables suscités par la beauté et la droiture des doux, car elle est toujours avec le Seigneur, elle porte une joie incessante, elle a conquis le Royaume préparé dès l’origine et elle a été rendu digne du lieu et de l’ordre du ciel, telle une terre dont la place au milieu de l’univers est la raison de la vertu, selon laquelle l’homme doux qui est au milieu, entre la louange et la diffamation, demeure impassible, ni enflé par les louanges, ni attristé par les diffamations. Car après avoir repoussé le désir de ces choses dont elle est affranchie par nature, la raison ne sent pas leurs attaques quand elles la troublent : elle s’est reposée de leur agitation et elle a transporté toute la puissance de l’âme dans le port de la liberté divine dégagée de toute action, cette liberté que le Seigneur désirait transmettre à ses disciples. Il dit : « Chargez-vous de mon joug, apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Mt 11,29). Il appelle repos la puissance du Royaume divin, cette puissance qui suscite en ceux qui sont dignes une souveraineté dégagée de toute servitude.

Or si la puissance indestructible du Royaume à l’état pur est donnée aux humbles et aux doux, qui serait à ce point sans amour et sans nul désir des biens divins pour ne pas tendre à l’extrême vers l’humilité et la douceur, afin de devenir l’empreinte du Royaume de Dieu, autant qu’il est possible à l’homme, en portant en lui ce qui, par la grâce, lui donne une forme spirituelle semblable à celle du Christ, lequel, en vérité, est naturellement par essence le grand Roi

Saint Maxime le Confesseur (v. 580-662)

 

 

 

 

Son royaume est indivisible et éternel

lundi 27 janvier 2020

« Tout royaume divisé contre lui-même court à la ruine. » Puisqu’on disait qu’il chassait les démons par Béelzéboul, prince des démons, il voulait, par cette parole, montrer que son royaume est indivisible et éternel. C’est à bon droit qu’il a aussi répondu à Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36). Donc, ceux qui ne mettent pas leur espoir dans le Christ, mais pensent que les démons sont chassés par le prince des démons, ceux-là, dit Jésus, n’appartiennent pas à un royaume éternel (…). Comment, lorsque la foi est déchirée, le royaume divisé peut-il subsister ? (…) Si le royaume de l’Église doit subsister éternellement, c’est parce que sa foi est indivise, son corps unique : « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous » (Ep 4,5-6).

Quelle folie sacrilège ! Alors que le Fils de Dieu a pris chair pour écraser les esprits impurs et arracher son butin au prince du monde, alors qu’il a donné aussi aux hommes le pouvoir de détruire l’esprit du mal, en partageant ses dépouilles — ce qui est la marque du vainqueur —, certains appellent à leur aide la puissance du diable. Et pourtant, [comme le dit Luc], c’est « le doigt de Dieu » (Lc 11,20) ou, comme le dit Matthieu, « l’Esprit de Dieu » (Mt 12,28) qui chasse les démons. On comprend par-là que le Royaume de Dieu est indivisible comme un corps est indivisible puisque le Christ est la droite de Dieu et que l’Esprit semble être comparable à son doigt. « Car en lui, dans son propre corps, habite toute la plénitude de la divinité » (Col 2,9).

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

 

Pour que tous les hommes entrent dans le Royaume des cieux

lundi 2 décembre 2019

Qu’elle aide le monde ou qu’elle reçoive de lui, l’Église tend vers un but unique : que vienne le règne de Dieu et que s’établisse le salut du genre humain. D’ailleurs, tout le bien que le Peuple de Dieu, au temps de son pèlerinage terrestre, peut procurer à la famille humaine découle de cette réalité que l’église est « le sacrement universel du salut » (Lumen gentium), manifestant et actualisant tout à la fois le mystère de l’amour de Dieu pour l’homme.

Car le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, s’est lui-même fait chair, afin que, homme parfait, il sauve tous les hommes et récapitule toutes choses en lui. Le Seigneur est le terme de l’histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de l’histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations. C’est lui que le Père a ressuscité d’entre les morts, a exalté et a fait siéger à sa droite, le constituant juge des vivants et des morts. Vivifiés et rassemblés en son Esprit, nous marchons vers la consommation de l’histoire humaine qui correspond pleinement à son dessein d’amour : « ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre » (Ep 1,10).

C’est le Seigneur lui-même qui le dit : « Voici que je viens bientôt et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres. Je suis l’alpha et l’omega, le premier et le dernier, le commencement et la fin » (Ap 22,12-13).

Concile Vatican II

 

 

 

 

« Lorsque tu entreras dans ton Royaume… »

dimanche 24 novembre 2019

Aujourd’hui le paradis fermé depuis des milliers d’années est ouvert pour nous ; en ce jour, à cette heure, Dieu y a introduit le larron. Il a accompli ainsi deux merveilles : il nous ouvre le paradis et il y fait entrer un voleur. Aujourd’hui Dieu nous a rendu notre vieille patrie, aujourd’hui il nous a ramenés dans la cité de nos pères, aujourd’hui il a ouvert une demeure commune à toute l’humanité. « Aujourd’hui, dit-il, tu seras avec moi dans le paradis. » Que dis-tu là, Seigneur ? Tu es crucifié, attaché avec des clous, et tu promets le paradis ? Oui, dit-il, afin que par la croix tu apprennes ma puissance. (…)

Car ce n’est pas en ressuscitant un mort, en commandant à la mer et au vent, ni en chassant les démons qu’il a pu changer l’âme méchante du larron, mais c’est crucifié, attaché par des clous, couvert d’insultes, de crachats, de railleries et d’outrages, afin que tu voies les deux aspects de sa puissance souveraine. Il a ébranlé toute la création, il a fendu les rochers (Mt 27,51) ; et il a attiré à lui l’âme du larron, plus dure que la pierre, et l’a comblée d’honneur. (…)

Certes, aucun roi ne permettrait jamais à un voleur ou à un autre de ses sujets de s’asseoir à côté de lui lorsqu’il fait son entrée dans sa ville. Mais le Christ l’a fait : quand il entre dans sa sainte patrie, il y introduit un voleur avec lui. En agissant ainsi (…), il ne la déshonore pas par la présence d’un voleur ; bien au contraire, il honore le paradis, car c’est une gloire pour le paradis d’avoir un maître qui puisse rendre un voleur digne des délices qu’on y goûte. De même, lorsqu’il introduit les publicains et les prostituées dans le Royaume des cieux (Mt 21,31) (…), c’est pour la gloire de ce lieu saint, car il lui montre que le maître du Royaume des cieux est si grand qu’il peut rendre aux prostituées et aux publicains toute leur dignité au point de mériter cet honneur et ce don. Nous admirons un médecin d’autant plus quand nous le voyons guérir des hommes souffrant de maladies réputées incurables. Il est donc juste d’admirer le Christ (…) lorsqu’il rétablit les publicains et les prostituées dans une telle santé spirituelle qu’ils deviennent dignes du ciel.

Saint Jean Chrysostome

 

 

 

 

« Le règne de Dieu est au milieu de vous. »

jeudi 14 novembre 2019

Est-il difficile à la foi d’admettre les paroles de l’Écriture concernant nos relations avec un monde qui nous est supérieur ? (…) Ce monde spirituel est présent, quoique invisible ; il est présent et non pas futur, non pas distant. Il n’est pas au-dessus du ciel, il n’est pas par-delà la tombe ; il est maintenant et ici : « Le royaume de Dieu est parmi nous ». C’est de cela que parle saint Paul : « Nous regardons non pas les choses visibles, mais les invisibles, car les choses visibles n’ont qu’un temps, mais les choses invisibles sont éternelles » (2Co 4,18). (…)

Tel est le royaume caché de Dieu ; et de même qu’il est maintenant caché, ainsi sera-t-il révélé au moment voulu. Les hommes croient être les seigneurs du monde et pouvoir en faire ce qu’ils veulent. Ils croient en être les propriétaires et détenir un pouvoir sur son cours. (…) Mais ce monde est habité par les humbles du Christ qu’ils méprisent et par ses anges en qui ils ne croient pas. À la fin ce sont eux qui en prendront possession, quand ils seront manifestés. Maintenant « toutes choses », en apparence, « continuent comme elles étaient depuis le commencement de la création » et les railleurs demandent : « Où est la promesse de sa venue ? » (2P 3,4) Mais au temps marqué, il y aura une « manifestation des enfants de Dieu », et les saints cachés « resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Rm 8,19; Mt 13,43).

Quand les anges sont apparus aux bergers, ce fut une apparition soudaine : « Soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable » (Lc 2,13). Auparavant, la nuit ressemblait à tout autre nuit (…) — les bergers veillaient sur leurs troupeaux, ils observaient le cours de la nuit, les étoiles suivaient leur course, il était minuit ; ils ne pensaient pas du tout à une chose pareille lorsque l’ange est apparu. Telles sont la puissance et la force cachées dans les choses visibles. Elles sont manifestées quand Dieu le veut.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

 

« Prendre place au festin dans le Royaume de Dieu… »

dimanche 25 août 2019

Quel grand bonheur que de posséder le Royaume de Dieu ! Quelle joie pour toi, cœur humain, pauvre cœur habitué à la souffrance et écrasé par les malheurs, si tu regorgeais d’un tel bonheur. (…) Et pourtant, si quelqu’un d’autre, que tu aimerais comme toi-même, avait part à un bonheur identique, ta joie redoublerait, car tu ne te réjouirais pas moins pour lui que pour toi-même. Et si deux ou trois ou beaucoup plus encore possédaient ce même bonheur, tu ressentirais autant de joie pour chacun d’eux que pour toi-même, puisque tu aimerais chacun autant que toi-même.

Ainsi donc, dans cette plénitude d’amour qui unira les innombrables bienheureux et où personne n’aimera l’autre moins que soi-même, chacun jouira du bonheur de l’autre autant que du sien propre. Et le cœur de l’homme, à peine capable de contenir sa propre joie, sera immergé dans l’océan de si grandes et si nombreuses béatitudes. Or, vous le savez, on se réjouit du bonheur de quelqu’un dans la mesure où on l’aime ; ainsi, en cette parfaite béatitude où chacun aimera Dieu incomparablement plus que soi-même et que tous les autres, le bonheur infini de Dieu sera pour chacun une source de joie incomparable.

Saint Anselme (1033-1109)