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Archive pour le mot-clef ‘St Ambroise’

« Abraham a vu mon jour. »

jeudi 6 avril 2017

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Considérons la récompense qu’Abraham réclame au Seigneur. Il ne demande pas des richesses comme un avare, ni une longue vie comme celui qui craint la mort, ni la puissance, mais il demande un digne héritier de son travail : « Que me donneras-tu, dit-il ? Je m’en vais sans enfants » (Gn 15,2)… Agar a mis au monde un fils, Ismaël, mais Dieu lui dit : « Ce ne sera pas lui ton héritier, mais un autre issu de toi » (Gn 15,4). De quel autre parle-t-il ? Il ne s’agit pas d’Ismaël mais de saint Isaac… Mais dans le fils légitime Isaac, nous pouvons voir le véritable fils légitime, le Seigneur Jésus Christ qui, au début de l’évangile de saint Matthieu, est appelé fils d’Abraham (Mt 1,1). Il s’est montré vrai fils d’Abraham en faisant resplendir la descendance de son ancêtre ; c’est grâce à lui qu’Abraham a regardé vers le ciel et a pu voir sa postérité briller comme les étoiles (Gn 15,5). L’apôtre Paul dit : « Une étoile diffère en éclat d’une autre étoile ; il en est ainsi pour la résurrection des morts » (1Co 15,41). En associant à sa résurrection les hommes que la mort gardait en terre, le Christ leur a donné part au royaume du ciel.

La filiation d’Abraham s’est propagée uniquement par l’héritage de la foi, qui nous prépare au ciel, nous rapproche des anges, nous élève jusqu’aux étoiles. « Dieu dit : ‘Telle sera ta descendance’ et Abraham crut en Dieu » (Gn 15,6). Il a cru que le Christ par son incarnation serait son héritier. Pour te le faire savoir, le Seigneur a dit : « Abraham a vu mon jour et s’est réjoui ». Dieu l’a considéré comme juste parce qu’il n’a pas demandé d’explication mais a cru sans la moindre hésitation. Il est bon que la foi devance les explications, sinon nous aurions l’air d’en demander au Seigneur notre Dieu, comme à un homme. Quelle inconvenance de croire des hommes quand ils témoignent au sujet d’un autre, et de ne pas croire Dieu quand il parle de lui ! Imitons donc Abraham pour hériter le monde par la justification de la foi, qui l’a fait hériter de la terre.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Abraham, livre I, 19-20 (trad. coll. Pères dans la foi 74, Migne 1999, p. 49)

 

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Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons

samedi 11 mars 2017

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« De ta miséricorde, Seigneur, la terre est remplie ; enseigne-moi tes volontés » (Ps 118,64). Comment la terre est-elle remplie de cette miséricorde du Seigneur sinon par la Passion de notre Seigneur Jésus Christ dont le psalmiste, qui la voyait de loin, célèbre en quelque sorte la promesse ? … Elle en est remplie, car la rémission des péchés a été donnée à tous. Le soleil a ordre de se lever sur tous, et c’est ce qui arrive chaque jour. C’est pour tous en effet que s’est levé au sens mystique le Soleil de Justice (Ml 3,20) ; il est venu pour tous, il a souffert pour tous, pour tous il est ressuscité. Et s’il a souffert, c’est bien pour « enlever le péché du monde » (Jn 1,29)…

Mais si quelqu’un n’a pas foi dans le Christ, il se prive lui-même de ce bienfait universel. Si quelqu’un, en fermant ses fenêtres, empêche les rayons du soleil d’entrer, on ne peut pas dire que le soleil s’est levé pour tous, car cette personne s’est dérobée à sa chaleur. Pour ce qui est du soleil, il n’en est pas atteint ; pour celui qui manque de sagesse, il se prive de la grâce d’une lumière proposée à tous.

Dieu se fait pédagogue ; il illumine l’esprit de chacun, y répandant la clarté de sa connaissance, à condition toutefois que tu ouvres la porte de ton cœur et que tu accueilles la clarté de la grâce céleste. Quand tu doutes, hâte-toi de chercher, car « celui qui cherche trouve et à celui qui frappe, on ouvrira » (Mt 7,8).

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Sermon 8 sur le psaume 118 (trad. Eds. Soleil levant, p. 100s ; cf AELF)

 

 

« Si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

vendredi 27 janvier 2017

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Le Seigneur lui-même est un grain de moutarde… Si le Christ est un grain de moutarde, comment est-il le plus petit et comment grandit-il ? Ce n’est pas en sa nature, mais selon son apparence qu’il redevient grand. Vous voulez savoir comment il est le moindre ? « Nous l’avons vu, et il n’avait ni prestance ni beauté » (Is 53,2). Apprenez qu’il est le plus grand : « Il resplendit de beauté plus que les enfants des hommes » (Ps 44,3). En effet celui qui n’avait ni éclat ni beauté est devenu supérieur aux anges (Hé 1,4), dépassant toute la gloire des prophètes d’Israël… Il est la moindre de toutes les semences, parce qu’il n’est pas venu avec la royauté, ni avec les richesses, ni avec la sagesse de ce monde. Or soudain, comme un arbre, il a épanoui la cime élevée de sa puissance, si bien que nous disons : « Sous son ombre désirée je me suis assis » (Ct 2,3).

Souvent, à mon avis, il paraissait à la fois arbre et graine. Il est graine quand on dit : « N’est-il pas le fils de Joseph le charpentier ? » (Mt 13,55). Mais au cours même de ces paroles il a soudain grandi… : « D’où lui vient, disaient-ils, cette sagesse ? » (v. 54). Il est donc graine en son apparence, arbre par sa sagesse. Dans la frondaison de ses branches pourront se reposer en sécurité l’oiseau de nuit en sa demeure, le passereau solitaire sur le toit (Ps 101,8), celui qui a été enlevé jusqu’au paradis (2Co 12,4), celui qui « sera enlevé dans les airs sur les nuées » (1Th 4,17). Là reposent également les puissances et les anges des cieux et tous ceux à qui leurs actions spirituelles ont permis de prendre leur vol. Saint Jean y a reposé quand il était appuyé sur la poitrine de Jésus (Jn 13,25)…

Et nous « qui étions loin » (Ep 2,13), rassemblés du milieu des nations, longtemps ballottés dans le vide du monde par les tempêtes de l’esprit du mal, déployant les ailes des vertus nous dirigeons notre vol pour que cette ombre des saints nous abrite de la chaleur accablante de ce monde. Déjà nous reprenons vie dans la paix et la sécurité de ce séjour du moment que notre âme, courbée auparavant sous le poids des péchés, est « arrachée, comme le passereau, au filet des chasseurs » (Ps 123,7) et s’est transportée sur les branches et les montagnes du Seigneur (cf Ps 10,1).

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de St Luc, 7, 183s (trad. cf SC 52, p. 77)

 

 

 

La graine de moutarde

mardi 25 octobre 2016

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Voyons pourquoi le Royaume des cieux est comparé à une graine de moutarde ; un autre passage évoquant la graine de moutarde me revient ; elle est comparée à la foi quand le Seigneur dit : « Si vous avez de la foi comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : Va te jeter dans la mer » (Mt 17,20)… Si donc le Royaume des cieux est comme une graine de moutarde et la foi comme une graine de moutarde, la foi est assurément le Royaume des cieux et le Royaume des cieux est la foi. Avoir la foi, c’est avoir le Royaume des cieux… C’est pourquoi Pierre, qui avait vraiment la foi, a reçu les clefs du Royaume des cieux pour l’ouvrir également aux autres (Mt 16,19).

Apprécions maintenant quelle est la portée de la comparaison. Cette graine est à coup sûr une chose commune et simple, mais si on la broie, elle répand sa force. De même la foi semble simple de prime abord, mais foulée par l’adversité, elle répand sa force… Grains de moutarde, nos martyrs Félix, Nabor et Victor : ils avaient le parfum de la foi, mais on les ignorait. La persécution est venue, ils ont déposé les armes, ont tendu le cou et, abattus par le glaive, ont répandu la beauté de leur martyre « jusqu’aux confins de la terre » (Ps 18,5)…

Mais le Seigneur lui-même est une graine de moutarde : tant qu’il n’avait pas subi d’atteinte, le peuple ne le connaissait pas ; il a choisi d’être broyé…; il a choisi d’être pressé, si bien que Pierre a dit : « Les foules te pressent » (Lc 8,45) ; il a choisi d’être semé, comme le grain « que quelqu’un prend pour le jeter dans son jardin ». Car c’est dans un jardin que le Christ a été arrêté et enseveli ; il a grandi dans ce jardin, il y est même ressuscité… Donc vous aussi, semez le Christ dans votre jardin… Semez le Seigneur Jésus : il est grain quand on l’arrête, arbre quand il ressuscite, arbre ombrageant le monde ; il est grain quand on l’ensevelit en terre, arbre quand il s’élève au ciel.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, VII, 176-180 ; SC 52 (trad. cf SC p. 74)

 

 

 

« Tout homme qui aura quitté à cause de mon nom des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère…recevra beaucoup plus. » (Mt 19,29)

jeudi 20 octobre 2016

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« Vous croyez que je suis venu apporter la paix sur terre ? Non, vous dis-je, mais la séparation. Car désormais dans la même maison cinq personnes seront divisées, trois prenant parti contre deux, et deux contre trois… » Dans presque tous les passages de l’Évangile le sens spirituel joue un rôle important ; mais dans ce passage surtout, pour ne pas être rebuté par la dureté d’une explication simpliste, il faut chercher dans la trame du sens la profondeur spirituelle… Comment dit-il lui-même : « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix » (Jn 14,27) s’il est venu séparer les pères de leurs fils, les fils de leurs pères, en rompant leurs liens ? Comment peut-on être appelé « maudit si l’on n’honore pas son père » (Dt 27,16), et fervent si on le délaisse ?

Si nous comprenons que la religion vient en premier lieu et la piété filiale en second, nous comprendrons que cette question s’éclaire ; il faut en effet faire passer l’humain après le divin. Car si on doit rendre des devoirs aux parents, combien plus au Père des parents, à qui on doit être reconnaissant pour nos parents ? … Il ne dit donc pas qu’il faut renoncer à ceux que nous aimons, mais préférer Dieu à tous. D’ailleurs on trouve dans un autre livre : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37). Il t’est interdit non d’aimer tes parents, mais de les préférer à Dieu. Car les relations naturelles sont des bienfaits du Seigneur, et personne ne doit aimer les bienfaits reçus plus que Dieu, qui préserve les bienfaits qu’il donne.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, 7, 134 (trad. cf. SC 52, p. 55s)

 

 

 

« Un Samaritain…arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de pitié. »

lundi 3 octobre 2016

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Un Samaritain descendait par ce chemin. « Qui est descendu du ciel, sinon celui qui est monté au ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel ? » (cf Jn 3,13). Voyant à demi mort cet homme que personne avant lui n’avait pu guérir…, il vient près de lui ; c’est-à-dire qu’en acceptant de souffrir avec nous il s’est fait notre proche et qu’en nous prenant en pitié il s’est fait notre voisin.

« Il pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin ». Ce médecin a bien des remèdes par lesquels il a coutume de guérir. Ses paroles sont un remède : telle parole ligature les plaies, une autre y verse du baume, une autre le vin astringent… « Puis il le chargea sur sa propre monture ». Ecoute comment il t’y place : « C’étaient nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était accablé » (Is 53,4). Le berger aussi a placé sur ses épaules la brebis fatiguée (Lc 15,5)…

« Il le conduisit à l’hôtellerie et prit soin de lui »… Mais le Samaritain ne pouvait pas demeurer longtemps sur notre terre ; il devait retourner au lieu d’où il était descendu. Donc, « le lendemain » –- quel est ce lendemain, sinon le jour de la résurrection du Seigneur, celui dont il est dit : « Voici le jour que fit le Seigneur » (Ps 117,24) ? -– « il sortit deux pièces d’argent et les donna à l’hôtelier, en lui disant : Prends soin de lui ». Qu’est-ce que ces deux pièces ? Peut-être les deux Testaments, qui portent l’effigie du Père éternel, et aux prix desquels nos blessures sont guéries… Heureux cet hôtelier, qui peut soigner les blessures d’autrui ! Heureux celui à qui Jésus dit : « Ce que tu auras dépensé en plus, c’est moi qui te le rendrai lors de mon retour »… Il promet donc la récompense. Quand reviendras-tu, Seigneur, sinon au jour du jugement ? Bien que tu sois toujours partout, te tenant au milieu de nous sans que nous te reconnaissions, un jour viendra où toute chair te verra venir. Et tu rendras ce que tu dois. Comment le rendras-tu, Seigneur Jésus ? Tu as promis aux bons une large récompense au ciel, mais tu rendras encore plus quand tu diras : « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (Mt 25,21).

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire de l’évangile de Luc, 7, 74s (trad. cf SC 52, p. 34 et Véricel, L’Evangile commenté, p. 241)

 

 

 

« Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? » (Ct 3,3)

mardi 29 mars 2016
www.heqiarts.com GOSPEL VIEW FROM CHINA He Qi first saw Jesus’ face in an old magazine. Now he paints his own images of the biblical  story. "Artwork has no national boundary, but an artist always has his nationality," says He Qi  (pronounced ho-chee) of China. Though a fine-art citizen of the world, He chooses to continue living in his native country.  "I love my homeland because my life, my rejoicing, and my suffering have been closely linked  with it." He also loves something more than his homeland. During the Cultural Revolution, He was in  the countryside painting images of Mao Zedong. One day he saw Raphael’s Madonna and Child in  an old magazine. "I was very moved by the softness of the Virgin’s smile," he told William  McGurn of Far Eastern Economic Review (Feb. 26, 1998). "Everywhere around me people claimed  to be seeking truth but had their knives out." Raphael’s painting alone did not convert He, although it did capture his imagination. "There  are two different ways in China for people to become a Christian," he says. "One is by the  strong influence from his family background; another way is by his own choice—‘step by  step.’ I belong to the second way." He has done doctoral studies in Europe and has been an artist in residence in the United  States. Currently he is artist in residence and professor at Nanjing Theological Seminary. www.heqiarts.com

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GOSPEL VIEW FROM CHINA

« Pourquoi pleures-tu ? » C’est toi qui es cause de tes larmes, toi qui te fais pleurer… Tu pleures parce que tu ne crois pas au Christ : crois et tu le verras. Le Christ est là, il ne fait jamais défaut à ceux qui le cherchent. « Pourquoi pleures-tu ? » Ce n’est pas les larmes qu’il faut, mais une foi alerte et digne de Dieu. Ne pense pas aux choses mortelles et tu ne pleureras pas… Pourquoi pleurer ce qui réjouit les autres ?

« Qui cherches-tu ? » Ne vois-tu pas que le Christ est la force de Dieu, que le Christ est la sagesse de Dieu, que le Christ est sainteté, que le Christ est chasteté, que le Christ est pureté, que le Christ est né d’une vierge, que le Christ est du Père et auprès du Père et dans le Père toujours ; né et pourtant non pas crée, non pas déchu, toujours aimé, vrai Dieu de vrai Dieu ? « On a enlevé le Seigneur du tombeau et je ne sais où on l’a mis. » Tu te trompes, femme ; tu penses que le Christ a été enlevé du tombeau par d’autres et non pas ressuscité par sa propre puissance. Mais personne n’enlève la puissance de Dieu, personne n’enlève la sagesse de Dieu, personne n’enlève la vénérable chasteté. Le Christ n’est pas enlevé du tombeau du juste ni de l’intime de la vierge et du secret de son âme fidèle ; et même s’il en est qui veulent le ravir, ils ne peuvent l’enlever.

Alors le Seigneur lui dit : « Marie, regarde-moi ». Tant qu’elle ne croit pas, c’est « une femme » ; quand elle commence à se tourner vers lui elle est appelée Marie. Elle reçoit le nom de celle qui a enfanté le Christ ; car c’est l’âme qui enfante spirituellement le Christ. « Regarde-moi », dit-il. Qui regarde le Christ se corrige ; on s’égare quand on ne voit pas le Christ. Aussi, se retournant, elle le voit et dit : « Rabbi, ce qui veut dire Maître ». Qui regarde se tourne ; qui se tourne saisit plus complètement ; qui voit progresse. Aussi appelle-t-elle Maître celui qu’elle croyait mort ; elle a trouvé celui qu’elle croyait perdu.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Sur la virginité, 17-21(trad. Solesmes 1980 p. 167 rev.)

 

 

 

« Le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. »

mardi 22 mars 2016

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Pierre a renié une première fois et n’a pas pleuré, parce que le Seigneur ne l’avait pas regardé. Il a renié une seconde fois, et il n’a pas pleuré, parce que le Seigneur ne l’avait pas encore regardé. Il a renié une troisième fois, Jésus l’a regardé, et il a pleuré, très amèrement (Lc 22,62). Regarde-nous, Seigneur Jésus, pour que nous sachions pleurer notre péché. Cela montre que même la chute des saints peut être utile. Le reniement de Pierre ne m’a pas fait tort ; au contraire, à son repentir, j’ai gagné : j’ai appris à me garder d’un entourage infidèle…

Pierre a donc pleuré, et très amèrement ; il a pleuré pour arriver à laver sa faute par des larmes. Vous aussi, si vous voulez obtenir le pardon, effacez votre faute par les larmes ; au moment même, sur l’heure, le Christ vous regarde. S’il vous survient quelque chute, lui, témoin présent à votre vie secrète, vous regarde pour vous rappeler et vous faire avouer votre erreur. Faites alors comme Pierre, qui dit ailleurs par trois fois : « Seigneur, tu sais que je t’aime » (Jn 21,15). Il a renié trois fois, trois fois aussi il confesse ; mais il a renié dans la nuit, et il confesse au grand jour.

Tout cela est écrit pour nous faire comprendre que personne ne doit se vanter. Si Pierre est tombé pour avoir dit : « Même si d’autres viennent à trébucher, moi je ne tomberai pas » (Mt 26,33), quel autre serait en droit de compter sur soi-même ?… D’où est-ce que je te rappellerai, Pierre, pour m’apprendre tes pensées quand tu pleurais ? Du ciel où tu as déjà pris place parmi les choeurs des anges, ou encore du tombeau ? Car la mort, d’où le Seigneur est ressuscité, ne te répugne pas à ton tour. Enseigne-nous à quoi t’ont servi tes larmes. Mais tu l’as enseigné bien vite : car étant tombé avant de pleurer, tes larmes t’ont fait choisir pour conduire les autres, toi qui, d’abord, n’avais pas su te conduire toi-même.

Saint Ambroise (v.340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de St Luc, 10, 89s (trad. cf SC 52, p. 186)

 

 

 

La parabole de la vigne

vendredi 26 février 2016

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La vigne est notre symbole, parce que le peuple de Dieu, enraciné sur le cep de la vigne éternelle (Jn 15,5), s’élève au-dessus de la terre. Foisonnement d’un sol ingrat, tantôt elle bourgeonne et fleurit, tantôt elle se revêt de verdure, tantôt elle ressemble au joug aimable de la croix, quand elle a grandi et que ses bras étendus forment les sarments d’un vignoble fécond… On a donc raison d’appeler vigne le peuple du Christ, soit parce qu’il marque son front du signe de la croix (Ez 9,4), soit parce qu’on récolte ses fruits à la dernière saison de l’année, soit parce que, comme pour les rangs d’un vignoble, pauvres et riches, humbles et puissants, serviteurs et maîtres, tous dans l’Église sont d’une égalité parfaite…

Quand on attache la vigne, elle se redresse ; quand on l’émonde, ce n’est pas pour l’amoindrir, mais pour la faire croître. Il en est de même du peuple saint : si on le lie, il se libère ; si on l’humilie, il se redresse ; si on le taille, on lui donne en fait une couronne. Bien mieux : de même que le rejeton, prélevé sur un vieil arbre, est greffé sur une autre racine, de même ce peuple saint…, nourri sur l’arbre de la croix…, se développe. Et l’Esprit Saint, comme répandu dans les sillons d’un terrain, se déverse dans notre corps, lavant tout ce qui est immonde et redressant nos membres pour les diriger vers le ciel.

Cette vigne, le Vigneron a l’habitude de la sarcler, de l’attacher, de la tailler (Jn 15,2)… Tantôt il brûle de soleil les secrets de notre corps et tantôt il les arrose de pluie. Il aime sarcler son terrain, pour que les ronces ne blessent pas les bourgeons ; il veille à ce que les feuilles ne fassent pas trop d’ombre…, ne privent pas de lumière nos vertus, et n’empêchent pas la maturation de nos fruits.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Commentaire sur l’évangile de Luc, 9, 29-30 (trad. Véricel, L’Evangile commenté, p. 290 rev. ; cf SC 52, p. 150)

 

 

 

 

« Nous sommes des serviteurs quelconques. »

mardi 10 novembre 2015

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Que personne ne se glorifie de ce qu’il fait, puisque c’est en simple justice que nous devons notre service au Seigneur… Tant que nous vivons, nous devons toujours travailler pour notre Seigneur. Reconnais donc que tu es un serviteur tenu à un grand nombre de services. Ne te rengorge pas d’être appelé « enfant de Dieu » (1Jn 3,1) : reconnaissons cette grâce, mais n’oublions pas notre nature. Ne te vante pas si tu as bien servi, car tu as fait ce que tu devais faire. Le soleil remplit son rôle, la lune obéit, les anges font leur service. Saint Paul, « l’instrument choisi par le Seigneur pour les païens » (Ac 9,15), écrit : « Je ne mérite pas le nom d’apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu » (1Co 15,9). Et si ailleurs il montre qu’il n’a conscience d’aucune faute, il ajoute ensuite : « Mais je n’en suis pas justifié pour autant » (1Co 4,4). Nous non plus, ne prétendons pas être loués pour nous-mêmes, ne devançons pas le jugement de Dieu.

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Sur l’Evangile de saint Luc 8, 31-32 (trad. Véricel, Evangile commenté, p. 265 ; cf SC 52,p. 113)