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Archive pour le mot-clef ‘Ste Thérèse’

Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, carmélite, docteur de l’Église (m)

mardi 1 octobre 2013
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hérèse Martin naquit à Alençon, en France, le 2 janvier 1873. Elle fut baptisée deux jours plus tard en l’église Notre-Dame, recevant les noms de Marie Françoise Thérèse. Ses parents étaient Louis Martin et Zélie Guérin (béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux). Après la mort de sa mère, le 28 août 1877, Thérèse s’installa avec toute sa famille à Lisieux. Vers la fin de 1879, elle s’approche pour la première fois du sacrement de la Pénitence.

Le jour de la Pentecôte 1883, elle reçoit la grâce insigne de la guérison d’une grave maladie, par l’intercession de Notre-Dame des Victoires. Formée par les Bénédictines de Lisieux, elle fait sa première communion le 8 mai 1884, après une préparation intense, couronnée par une expérience très vive de la grâce de l’union intime avec le Christ. Quelques semaines après, le 14 juin de la même année, elle reçoit le sacrement de la confirmation, accueillant en toute conscience le don de l’Esprit Saint dans une participation personnelle à la grâce de la Pentecôte. Elle avait le désir d’entrer dans la vie contemplative, comme ses sœurs Pauline et Marie, au Carmel de Lisieux, mais son jeune âge l’en empêchait.

Pendant un voyage en Italie, après avoir visité la Maison de Lorette et la Ville éternelle, au cours de l’audience accordée par le Pape aux pèlerins du diocèse de Lisieux le 20 novembre 1887, elle demanda à Léon XIII (Vincenzo Pecci, 1878-1903), avec une audace filiale, de pouvoir entrer au Carmel à l’âge de quinze ans. Le 9 avril 1888, elle entra au Carmel de Lisieux. Elle prit l’habit le 10 janvier de l’année suivante et fit sa profession religieuse le 8 septembre 1890, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie.

Au Carmel, elle s’engage sur le chemin de perfection tracé par la Mère fondatrice, Thérèse de Jésus, avec une ferveur et une fidélité authentiques, par l’accomplissement des divers services communautaires qui lui sont confiés. Éclairée par la Parole de Dieu, éprouvée très vivement par la maladie de son père bien-aimé, Louis Martin, qui meurt le 29 juillet 1894, elle avance vers la sainteté, inspirée par la lecture de l’Évangile, plaçant au centre de tout l’amour.

Dans ses manuscrits autobiographiques, Thérèse nous a laissé non seulement les souvenirs de son enfance et de son adolescence, mais aussi le portrait de son âme, la description de ses expériences les plus intimes. Elle découvre et communique aux novices qui lui sont confiées la petite voie de l’enfance spirituelle ; elle reçoit comme un don spécial la charge d’accompagner par le sacrifice et la prière deux «frères missionnaires». Elle pénètre toujours plus le mystère de l’Église et sent croître en elle sa vocation apostolique et missionnaire, pour attirer tout le monde à sa suite, saisie par l’amour du Christ, son unique Époux.

Le 9 juin 1895, en la fête de la Très Sainte Trinité, elle s’offre en victime d’holocauste à l’Amour miséricordieux de Dieu. Elle rédige alors le premier manuscrit autobiographique qu’elle remet à Mère Agnès le jour de la fête de celle-ci, le 21 janvier 1896. Quelques mois après, le 3 avril, dans la nuit entre le jeudi et le vendredi saints, elle souffre d’une hémoptysie, première manifestation de la maladie qui la conduira à sa mort et qu’elle accueille comme une mystérieuse visite de l’Époux divin. Elle entre alors dans une épreuve de la foi qui durera jusqu’à sa mort et dont elle donnera un témoignage bouleversant dans ses écrits. Au mois de septembre, elle achève le manuscrit B qui illustre de manière impressionnante la maturité dans la sainteté à laquelle elle est parvenue, en particulier par la découverte de sa vocation au cœur de l’Église.

Alors que sa santé se dégrade et que le temps de l’épreuve se poursuit, elle commence au mois de juin le manuscrit C dédié à Mère Marie de Gonzague ; de nouvelles grâces l’amènent à une plus haute perfection et elle découvre de nouvelles lumières pour la diffusion de son message dans l’Église au profit des âmes qui suivront sa voie. Le 8 juillet, elle est transférée à l’infirmerie. Ses sœurs et d’autres religieuses recueillent ses paroles, tandis que s’intensifient ses souffrances et ses épreuves, supportées avec patience, jusqu’à sa mort dans l’après-midi du 30 septembre 1897. «Je ne meurs pas, j’entre dans la vie», avait-elle écrit à son frère spirituel missionnaire, l’Abbé M. Bellier. Ses dernières paroles, «Mon Dieu…, je vous aime !», scellent une existence qui s’éteint sur la terre à l’âge de vingt-quatre ans pour entrer, suivant son désir, dans une phase nouvelle de présence apostolique en faveur des âmes, dans la communion des saints, pour répandre une pluie de roses sur le monde.

Elle fut canonisée par Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) le 17 mai 1925 et ce même Pape la proclama « Patronne universelle des missions« , ainsi que St François Xavier, le 14 décembre 1927.

Sa doctrine et son exemple de sainteté ont été reçus par toutes les catégories de fidèles de ce siècle avec un grand enthousiasme, et aussi en dehors de l’Église catholique et du christianisme. De nombreuses Conférences épiscopales, à l’occasion du centenaire de sa mort, ont demandé au Pape qu’elle soit proclamée Docteur de l’Église, à cause de la solidité de sa sagesse spirituelle, inspirée par l’Évangile, à cause de l’originalité de ses intuitions théologiques où brille sa doctrine éminente, et à cause de l’universalité de la réception de son message spirituel, accueilli dans le monde entier et diffusé par la traduction de ses œuvres dans une cinquantaine de langues.

Le Bx Jean Paul II (Karol Józef Wojty?a, 1978-2005) proclama Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face Docteur de l’Église universelle le 19 octobre 1997.

Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :

 >>> Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

 

Source principale : vatican.va («Rév. x gpm»).

 

 

 

 

Elle vivait de foi comme nous

mardi 24 septembre 2013

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Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet.

J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas ; par exemple que, toute petite, à trois ans, la Sainte Vierge est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et tout à fait extraordinaires ; tandis qu’elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents… Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile où nous lisons : « Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait » (Lc 2,50). Et cette autre, non moins mystérieuse : « Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui » (Lc 2,33). Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ?

On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus. C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela… Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : « Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin. »

Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher, qu’elle était exempte de la tache originelle, mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer, et c’est une telle douceur de plus pour nous.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Derniers Entretiens, 21/08/1897 (OC, Cerf DDB 1996, p. 1102)

 

 

 

 

 

Silence

vendredi 6 septembre 2013
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Le silence de Joseph porte des stigmates. Celles des combats et des arrachements auxquels sa foi a dû consentir. Croire, c’est être capable de porter ses doutes. Il faut toujours distinguer le fait de douter« de » Dieu et le fait de douter « en » Dieu, c’est-à-dire éprouver à la pointe de la foi, la déception de la non évidence, éprouver que Dieu n’est jamais autant Dieu que lorsqu’il me manque, suscitant au-dedans de soi le désir de le chercher encore, à tâtons, dans la nuit.
On questionnait un jour Thérèse de l’Enfant Jésus sur sa prière. « Que dites-vous à Jésus ? » Et elle, de répondre : « Je ne lui dis rien, je l’aime ! »
Le silence est la patrie de Joseph. Le silence enveloppe sa prière qui se fait contemplation chaste et amoureuse de Marie, en qui Dieu fait ses délices, et dont la beauté intérieure et immaculée l’invite, jour après jour, à devenir digne d’elle. Sa prière se fait adoration pour s’émerveiller à Bethléem, avec les bergers et les mages, de l’avènement du Messie Sauveur dans la vulnérabilité d’un bébé qui babille ; pour s’étonner à Jérusalem, auprès des docteurs de la Loi, de la sagesse de l’enfant adolescent qui est déjà « aux affaires de son Père ».
C’est à partir du silence que Joseph cherche Dieu, qu’il le trouve en Jésus, qu’il se réjouit de la présence sous son toit, du Fils de Dieu devenu son enfant.
« Pour apprendre Dieu, disait Jean de la Croix, l’esprit doit plutôt renoncer à ses lumières, que de chercher à s’en servir ». Ce jeûne de paroles que Joseph s’impose, est pour nous une leçon de vie. Le silence a tellement de choses à nous dire, dans notre monde bavard et bruyant. « Si le mot que tu vas prononcer n’est pas plus beau que le silence que tu vas quitter, alors tais-toi », conseille un proverbe touareg. Le silence est plus qu’une abstinence de paroles, c’est une densité de présence, une plénitude d’amour qui rassasie l’âme. Le silence est l’habitude de Dieu, la langue de l’Esprit Saint. Sur les traces de Joseph, c’est là que le Seigneur nous fixe rendez-vous.
Homélie de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, 
pour le Pèlerinage des Pères de Familles en 2011 à Cotignac (Var)
(extrait)

Aujourd’hui

jeudi 25 juillet 2013

L’amour des ennemis

mardi 18 juin 2013

Il se trouve dans la communauté une sœur qui a le talent de me déplaire en toutes choses ; ses manières, ses paroles, son caractère me semblaient très désagréables. Cependant c’est une sainte religieuse qui doit être très agréable au bon Dieu ; aussi ne voulant pas céder à l’antipathie naturelle que j’éprouvais, je me suis dit que la charité ne devait pas consister dans les sentiments, mais dans les œuvres. Alors je me suis appliquée à faire pour cette sœur ce que j’aurais fait pour la personne que j’aime le plus. À chaque fois que je la rencontrais je priais le bon Dieu pour elle, lui offrant toutes ses vertus et ses mérites. Je sentais bien que cela faisait plaisir à Jésus, car il n’est pas d’artiste qui n’aime à recevoir des louanges de ses œuvres, et Jésus, l’artiste des âmes, est heureux lorsqu’on ne s’arrête pas à l’extérieur mais que, pénétrant jusqu’au sanctuaire intime qu’il s’est choisi pour demeure, on en admire la beauté.

Je ne me contentais pas de prier beaucoup pour la sœur qui me donnait tant de combats, je tâchais de lui rendre tous les services possibles et quand j’avais la tentation de lui répondre d’une façon désagréable, je me contentais de lui faire mon plus aimable sourire et je tâchais de détourner la conversation… Souvent aussi…, ayant quelques rapports d’emploi avec cette sœur, lorsque mes combats étaient trop violents, je m’enfuyais comme un déserteur. Comme elle ignorait absolument ce que je sentais pour elle, jamais elle n’a soupçonné les motifs de ma conduite et demeure persuadée que son caractère m’est agréable. Un jour à la récréation, elle me dit à peu près ces paroles d’un air très content : « Voudriez-vous me dire, ma sœur Thérèse de l’Enfant Jésus, ce qui vous attire tant vers moi, à chaque fois que vous me regardez, je vous vois sourire ? » Ah, ce qui m’attirait, c’était Jésus caché au fond de son âme. Jésus qui rend doux ce qu’il y a de plus amer.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique C 13 v°-14 r°

 

 

 

« Ceci est mon corps, qui est pour vous. » (1Co 11,24)

jeudi 28 mars 2013

Ô Jésus, lorsque vous étiez voyageur sur la terre (He 11,13) vous avez dit : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes » (Mt 11,29).  Ô puissant monarque des cieux, oui, mon âme trouve le repos en vous voyant, revêtu de la forme et de la nature d’esclave (Ph 2,7), vous abaisser jusqu’à laver les pieds à vos apôtres. Je me souviens alors de ces paroles que vous avez prononcées pour m’apprendre à pratiquer l’humilité : « Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez vous-mêmes ce que j’ai fait ; le disciple n’est pas plus grand que le Maître. Si vous comprenez ceci vous serez heureux en le pratiquant ». Je les comprends, Seigneur, ces paroles sorties de votre cœur doux et humble ; je veux les pratiquer avec le secours de votre grâce…

Personne, ô mon Bien-Aimé, n’avait de droit envers vous et cependant vous avez obéi non seulement à la Sainte Vierge et à Saint Joseph, mais encore à vos bourreaux. Maintenant c’est dans l’hostie que je vous vois mettre le comble à vos anéantissements. Quelle n’est pas votre humilité, ô divin Roi de Gloire, de vous soumettre à tous vos prêtres sans faire aucune distinction entre ceux qui vous aiment et ceux qui sont, hélas ! tièdes ou froids dans votre service. À leur appel vous descendez du ciel… Ô mon Bien-Aimé, sous le voile de la blanche hostie que vous m’apparaissez doux et humble de cœur ! Pour m’enseigner l’humilité vous ne pouvez vous abaisser davantage…

Mais, Seigneur, ma faiblesse vous est connue ; chaque matin je prends la résolution de pratiquer l’humilité et le soir je reconnais que j’ai commis encore bien des fautes d’orgueil. À cette vue je suis tentée de me décourager, mais, je le sais, le découragement est aussi de l’orgueil. Je veux donc, ô mon Dieu, fonder sur vous seul mon espérance ; puisque vous pouvez tout, daignez faire naître en mon âme la vertu que je désire. Pour obtenir cette grâce de votre infinie miséricorde je vous répéterai bien souvent : « Ô Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre ! »

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Prière pour obtenir l’humilité (OC, Cerf DDB 1992, p.975)

 

 

 

 

Par la confiance et l’amour

samedi 9 mars 2013

Voici ma prière : je demande à Jésus de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à lui, qu’il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l’amour embrasera mon cœur, plus je dirai : « Attirez-moi », plus aussi les âmes qui s’approcheront de moi (pauvre petit débris de fer inutile, si je m’éloignais du brasier divin), plus ces âmes « courront avec vitesse à l’odeur des parfums » de leur Bien-Aimé (Ct 1,4 LXX)…

Ma Mère chérie, maintenant je voudrais vous dire ce que j’entends par l’odeur des parfums du Bien-Aimé. Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées, mais que ces traces sont lumineuses, qu’elles sont embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir. Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance ; au lieu de m’avancer avec le pharisien, je répète, remplie de confiance, l’humble prière du publicain. Mais surtout j’imite la conduite de Marie Madeleine ; son étonnante ou plutôt son amoureuse audace, qui charme le cœur de Jésus, séduit le mien.

Oui, je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais le cœur brisé de repentir me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien il chérit l’enfant prodigue qui revient à lui (cf Lc 15,11s). Ce n’est pas parce que le bon Dieu, dans sa prévenante miséricorde, a préservé mon âme du péché mortel que je m’élève à lui par la confiance et l’amour.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique C, 36r°-v°

 

 

 

Paraître debout devant le Fils de l’homme

samedi 1 décembre 2012

Ô mon Dieu, Trinité bienheureuse, je désire vous aimer et vous faire aimer, travailler à la glorification de la sainte Église en sauvant les âmes… Je désire accomplir parfaitement votre volonté et arriver au degré de gloire que vous m’avez préparé dans votre royaume ; en un mot, je désire être sainte, mais je sens mon impuissance et je vous demande, ô mon Dieu, d’être vous-même ma sainteté. Puisque vous m’avez aimée jusqu’à me donner votre Fils unique pour être mon Sauveur et mon Époux, les trésors infinis de ses mérites sont à moi : je vous les offre avec bonheur, vous suppliant de ne me regarder qu’à travers la face de Jésus et dans son cœur brûlant d’amour…

Je vous remercie, ô mon Dieu, de toutes les grâces que vous m’avez accordées, en particulier de m’avoir fait passer par le creuset de la souffrance. C’est avec joie que je vous contemplerai au dernier jour portant le sceptre de la croix. Puisque vous avez daigné me donner en partage cette croix si précieuse, j’espère au ciel vous ressembler et voir briller sur mon corps glorifié les sacrés stigmates de votre Passion…

Après l’exil de la terre, j’espère aller jouir de vous dans la patrie. Mais je ne veux pas amasser de mérites pour le ciel, je veux travailler pour votre seul amour, dans l’unique but de vous faire plaisir, de consoler votre cœur sacré et de sauver des âmes qui vous aimeront éternellement. Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre justice et recevoir de votre amour la possession éternelle de vous-même. Je ne veux point d’autre trône et d’autre couronne que vous, ô mon Bien-Aimé ! À vos yeux le temps n’est rien, un seul jour est comme mille ans (Ps 89,4), vous pouvez donc en un instant me préparer à paraître devant vous.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux

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« Elle a tout donné. »

dimanche 11 novembre 2012

« Je veux te faire lire dans le livre de vie, où est contenue la science d’Amour. » La science d’Amour, oh oui, cette parole résonne doucement à l’oreille de mon âme, je ne désire que cette science-là ; pour elle, ayant donné toutes mes richesses, j’estime, comme l’épouse du Cantique [des Cantiques], n’avoir rien donné (Ct 8,7). Je comprends si bien qu’il n’y a que l’amour qui puisse nous rendre agréables au bon Dieu que cet amour est le seul bien que j’ambitionne.

Jésus se plaît à me montrer l’unique chemin qui conduit à cette fournaise divine ; ce chemin c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son Père. « Si quelqu’un est tout petit qu’il vienne à moi », a dit l’Esprit Saint par la bouche de Salomon (Pr 9,4), et ce même Esprit d’amour a dit encore que « la miséricorde est accordée aux petits » (Sg 6,6). En son nom, le prophète Isaïe nous révèle qu’au dernier jour « le Seigneur conduira son troupeau dans les pâturages, qu’il rassemblera les petits agneaux et les pressera sur son sein » (Is 40,11)…

Ah, si toutes les âmes faibles et imparfaites sentaient ce que sent la plus petite de toutes les âmes, l’âme de votre petite Thérèse, pas une seule ne désespérerait d’arriver au sommet de la montagne de l’amour, puisque Jésus ne demande pas de grandes actions, mais seulement l’abandon et la reconnaissance. Il a dit dans le psaume 49 : « Je n’ai nul besoin des boucs de vos troupeaux, parce que toutes les bêtes des forêts m’appartiennent et les milliers d’animaux qui paissent sur les collines… Immolez à Dieu des sacrifices de louanges et d’actions de grâces ». Voilà donc tout ce que Jésus réclame de nous, il n’a point besoin de nos œuvres, mais seulement de notre amour. Car ce même Dieu qui déclare n’avoir point besoin de nous dire s’il a faim (Ps 49) n’a pas craint de mendier un peu d’eau à Samaritaine (Jn 4,7). Il avait soif… Il avait soif d’amour. Ah, je le sens plus que jamais, Jésus est altéré, il ne rencontre que des ingrats et des indifférents parmi les disciples du monde. Et parmi ses disciples à lui, il trouve, hélas, peu de cœurs qui se livrent à lui sans réserve, qui comprennent toute la tendresse de son amour infini.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique B, 1 r°-v°

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« Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers.»

mardi 10 juillet 2012

Un jour que je pensais à ce que je pouvais faire pour sauver les âmes, une parole de l’Évangile m’a montré une vive lumière. Autrefois Jésus disait à ses disciples en leur montrant les champs de blés mûrs : « Levez les yeux et voyez comme les campagnes sont déjà assez blanches pour être moissonnées » (Jn 4,35), et un peu plus tard : « A la vérité la moisson est abondante mais le nombre des ouvriers est petit ; demandez donc au maître de la moisson qu’il envoie des ouvriers ». Quel mystère ! Jésus n’est-il pas tout-puissant ? Les créatures ne sont-elles pas à celui qui les a faites ? Pourquoi Jésus dit-il donc : « Demandez au maître de la moisson qu’il envoie des ouvriers » ? Pourquoi ?

Ah ! c’est que Jésus a pour nous un amour si incompréhensible qu’il veut que nous ayons part avec lui au salut des âmes. Il ne veut rien faire sans nous. Le créateur de l’univers attend la prière d’une pauvre petite âme pour sauver les autres âmes rachetées comme elle au prix de tout son sang. Notre vocation à nous ce n’est pas d’aller moissonner dans les champs de blés mûrs. Jésus ne nous dit pas : « Baissez les yeux, regardez les campagnes et allez les moissonner ». Notre mission [comme Carmélites] est encore plus sublime. Voici les paroles de notre Jésus : « Levez les yeux et voyez. Voyez comme dans mon Ciel il y a des places vides, c’est à vous de les remplir ; vous êtes mes Moïse priant sur la montagne (Ex 17,8s). Demandez-moi des ouvriers et j’en enverrai, je n’attends qu’une prière, un soupir de votre cœur ! »

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Lettre 135


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