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« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. »

7 janvier 2023

Pourquoi, comme premier signe, notre Seigneur a-t-il changé l’eau en vin ? C’est pour montrer que Dieu, qui transforme la nature dans des outres, opère aussi sa transformation dans le sein de la Vierge. De la même manière, pour couronner ses miracles, Jésus a ouvert un tombeau afin de manifester son indépendance vis-à-vis de la mort avide de tout engloutir.

Pour authentifier et pour confirmer le double bouleversement de la nature qu’apportent sa naissance et sa résurrection, Jésus change l’eau en vin, sans modifier en rien les cuves de pierre. C’était là le symbole de son propre corps, miraculeusement conçu et merveilleusement créé dans une vierge, sans l’œuvre d’un homme… Contrairement à leur usage, les cuves…ont mis au monde un vin nouveau, sans jamais renouveler ensuite cette merveille. C’est ainsi que la Vierge a conçu et a mis au monde l’Emmanuel (Is 7,14), pour ne plus concevoir ensuite. Le miracle des cuves de pierre, c’est que la petitesse devient grandeur, la parcimonie se change en surabondance, l’eau de source en vin doux… En Marie, au contraire, la grandeur et la gloire de la divinité changent d’aspect pour prendre une apparence de faiblesse et d’ignominie.

Ces cuves servaient aux purifications des juifs ; notre Seigneur y verse sa doctrine : il manifeste qu’il est venu selon la Loi et les prophètes, mais en vue de tout changer par son enseignement, comme l’eau devenue vin… « La Loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus » (Jn 1,17). L’époux qui habitait Cana a invité l’Époux venu du ciel ; et le Seigneur, prêt pour ces noces, a répondu à son invitation. Ceux qui étaient assis à table ont invité celui qui installe les mondes dans son Royaume, et il leur a envoyé un cadeau de noces qui puisse les réjouir… Ils n’avaient pas assez de vin, même ordinaire ; il leur a versé un peu de sa richesse : en retour de leur invitation, lui-même les a invités à ses noces.

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

 

« Table des origines de Jésus Christ »

6 janvier 2023

Il ne sert à rien de dire que notre Seigneur, fils de la Vierge Marie, est vraiment homme, si on ne croit pas qu’il l’est de la manière que proclame l’Évangile. Lorsque Matthieu nous parle de la « généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham », il dessine, à partir de l’origine de l’humanité, la lignée des générations jusqu’à Joseph à qui Marie était fiancée. Luc, au contraire, remonte les degrés successifs pour aboutir au commencement du genre humain, et il montre ainsi que le premier et le dernier Adam sont de la même nature (3,23s).

Il était possible, certes, à la Toute-puissance du Fils de Dieu de se manifester pour l’instruction et la justification des hommes de la même manière qu’il était apparu aux patriarches et aux prophètes sous une forme charnelle ; par exemple, lorsqu’il luttait avec Jacob (Gn 32,25) ou qu’il engageait une conversation avec Abraham, acceptant le service de son hospitalité au point de prendre la nourriture qu’il lui présentait (Gn 18). Mais ces apparitions n’étaient que des signes, des images de l’homme dont elles annonçaient la réalité puisée aux racines de ces ancêtres.

Le mystère de notre rédemption, disposé dès avant le temps, depuis l’éternité, aucune image ne pouvait l’accomplir. L’Esprit n’était pas encore descendu en la Vierge, et la puissance du Très-Haut ne l’avait pas encore couverte de son ombre (Lc 1,35). La Sagesse ne s’était pas encore construit une demeure pour que le Verbe s’y incarne et que, la nature de Dieu et celle de l’esclave s’unissant en une seule personne, le Créateur du temps naisse dans le temps, et celui par qui tout a été fait soit engendré parmi toutes les créatures. Si l’homme nouveau ne s’était assimilé à la chair du péché et chargé de notre vieillesse, s’il n’avait daigné, lui, consubstantiel au Père, prendre substance de sa mère et assumer notre nature – hormis le péché –, l’humanité serait maintenue prisonnière à la merci du démon, et nous ne pourrions jouir de la victoire triomphale du Christ, car elle aurait eu lieu en dehors de notre nature. C’est donc de l’admirable participation du Christ à notre nature que jaillit sur nous la lumière du sacrement de la régénération.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

Donne-moi la force de te chercher !

5 janvier 2023

Seigneur, notre Dieu, nous croyons en toi,
Père, Fils et Saint-Esprit. (…)
Autant que je l’ai pu,
autant que tu m’en as donné le pouvoir,
je t’ai cherché,
j’ai désiré voir ce que j’ai cru,
j’ai beaucoup débattu et travaillé.
Seigneur, mon Dieu, mon unique espoir,
permets que je ne me lasse jamais de te chercher,
mais fais que je cherche toujours ardemment ta Face.
Donne-moi la force de te chercher,
toi qui m’a fait te trouver,
toi qui m’a donné de plus en plus
l’espoir de te trouver.
Devant toi est ma fermeté et mon infirmité,
garde celle-là, guéris celle-ci ;
devant toi est ma force et mon ignorance.
Là où tu m’as ouvert, accueille mon entrée ;
là où tu m’as fermé, ouvre à mon appel ;
accorde-moi de me souvenir de toi,
de te comprendre,
de t’aimer.

Saint Augustin (354-430)

 

 

Que je te suive avec amour et sagesse

4 janvier 2023

Reçois-moi, Père saint, dans ta très clémente paternité, afin que dans le stade de ce saint propos où, par ton amour, j’ai commencé à courir, je te reçoive toi-même comme récompense et éternel héritage (1 Co 9,24). Reçois-moi, Jésus très aimant, dans ta très douce fraternité : toi, porte avec moi tout le poids du jour et de la chaleur (Mt 20,12) et sois ma consolation dans tout mon labeur, compagnon de mon voyage, guide et associé. Reçois-moi, Esprit Saint, Dieu-amour, dans ta très aimante miséricorde et charité : sois le maître et le précepteur de toute ma vie et le plus tendre ami de mon cœur. (…)

Renverse le mur de mon existence passée, ce mur qui m’isolait de toi (Is 5,5). Attire-moi à toi avec tant de violence que, ravie par la douceur de ton inextinguible tendresse, je te suive avec amour et sagesse. Ô miséricordieux Jésus, vouloir est à ma portée mais parfaire je n’en trouve pas le moyen : tire-moi donc de la fragilité de la condition humaine par l’aide de ta grâce (Rm 7,18), et tourne mon âme vers toi par la loi immaculée de ton amour. Alors je courrai sans me lasser dans la voie de tes commandements (Ps 118,32) ; je m’attacherai à toi d’une manière inséparable, et tu seras avec moi, ô mon Seigneur, m’aidant sans cesse et me fortifiant dans l’œuvre que j’ai entreprise par amour de ton amour.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

Prépare le réceptacle de ton âme pour devenir fils de Dieu

3 janvier 2023

Jésus Christ était Fils de Dieu, cependant il ne prêcha pas avant son baptême. Si le Maître lui-même disposait le temps selon un ordre, devons-nous, nous autres les serviteurs, nous monter téméraires et brouillons ? Jésus se mit à prêcher, exactement lorsque l’Esprit Saint descendit sur lui sous la forme corporelle d’une colombe, non pas pour une première manifestation à Jésus (car il connaissait l’Esprit avant même qu’il ne vînt sous une forme corporelle), mais pour que Jean, qui baptisait Jésus, vît l’Esprit. « Moi, dit Jean en effet, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’avait envoyé baptiser dans l’eau, celui-là me dit : “celui sur qui tu verras descendre et s’arrêter l’Esprit, c’est Lui” » (Jn 1,33).

Si tu as, toi aussi, une pitié sincère, sur toi aussi l’Esprit Saint descendra, et d’en haut la voix du Père se fera entendre, non pas : « Celui-ci est mon Fils » (Mt 3,17), mais « celui-ci est désormais devenu mon fils. » Car le mot « est » n’appartient qu’à lui, parce qu’ « au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1). À lui s’applique le mot « est » parce qu’il est toujours Fils de Dieu ; à toi s’applique au contraire : « il est désormais devenu », parce que tu ne possèdes pas naturellement, mais que tu reçois par adoption l’appellation de fils. Lui « est » éternellement : toi, tu reçois la grâce progressivement.

Prépare donc le réceptacle de ton âme pour devenir fils de Dieu, héritier de Dieu et cohéritier du Christ (cf. Rm 8,17). Or tu te prépares utilement si tu progresses de la croyance à la ferme conviction, si tu choisis de « dépouiller le vieil homme ».

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Reconnais, chrétien, ta dignité !

2 janvier 2023

Frères, bien-aimés, aujourd’hui, le Verbe de Dieu, Dieu, Fils de Dieu, qui au commencement était avec Dieu, par qui tout a été fait et sans qui rien n’a été fait, pour délivrer l’homme de la mort éternelle, est devenu homme. Pour revêtir notre humilité sans que sa majesté en soit diminuée, il s’est tellement abaissé que, demeurant ce qu’il était et assumant ce qu’il n’était pas, il a uni la vrai nature du serviteur à celle dans laquelle il est égal à Dieu le Père. Rendons grâce, bien-aimés, à Dieu le Père, par son Fils, dans l’Esprit Saint, lui qui, à cause du grand amour dont il nous a aimés, a eu pitié de nous, et, « alors que nous étions morts par suite de nos péchés, nous a fait revivre dans le Christ » (Eph 2, 5) pour que nous soyons en lui une nouvelle œuvre de ses mains.

« Dépouillons donc le vieil homme et ses actes » (Col 3,9), et, admis à participer à la naissance du Christ, renonçons à tout ce qui est selon la chair. Reconnais, chrétien, ta dignité, et, après avoir été fait participant de la nature divine, ne va pas retourner, par un comportement indigne de ta race, à ta bassesse première. Souviens-toi de quelle tête et de quel corps tu es membre. Rappelle-toi qu’arraché à l’empire des ténèbres, tu as été transféré dans le royaume de Dieu et sa lumière. Par le sacrement du baptême, tu es devenu le temple de l’Esprit Saint : ne va pas, par tes mauvaises actions, faire fuir loin de toi un tel hôte et te soumettre à nouveau à l’esclavage du diable ; ta rançon, c’est le sang du Christ, et il te jugera dans sa vérité, celui qui t’a racheté dans sa miséricorde.

Saint Léon le Grand (?-v. 461)

 

 

 

 

Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

1 janvier 2023

Puisqu’il a plu à l’éternelle Providence que l’Homme-Dieu nous fût donné par la Vierge, et puisque celle-ci, l’ayant eu de la féconde vertu du divin Esprit, l’a porté en réalité dans son sein, que reste-t-il si ce n’est que nous recevions Jésus des mains de Marie ?

Aussi, voyons-nous que dans les Saintes Écritures, partout où est prophétisée la grâce qui doit nous advenir, partout aussi, ou peu s’en faut, le Sauveur des hommes y apparaît en compagnie de sa sainte Mère. Il sortira, l’Agneau dominateur de la terre, mais de la pierre du désert; elle montera, la fleur, mais de la tige de Jessé. À voir, dans l’avenir, Marie écraser la tête du serpent, Adam contient les larmes que la malédiction arrachait à son cœur. Marie occupe la pensée de Noé dans les flancs de l’arche libératrice; d’Abraham, empêché d’immoler son fils; de Jacob, contemplant l’échelle où montent et d’où descendent les anges; de Moïse, en admiration devant le buisson qui brûle sans se consumer; de David, chantant et sautant en conduisant l’arche divine; d’Élie, apercevant la petite nuée qui monte de la mer. Et, sans nous étendre davantage, nous trouvons en Marie, après Jésus, la fin de la loi, la vérité des images et des oracles. (…)

Il suit de là, et Nous l’avons déjà insinué, que personne ne la vaut, non plus, pour unir les hommes à Jésus. Si, en effet, selon la doctrine du divin Maître, « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3) : comme nous parvenons par Marie à la connaissance de Jésus Christ, par elle aussi, il nous est plus facile d’acquérir la vie dont il est le principe et la source.

Saint Pie X

 

 

« Tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. »

31 décembre 2022

Contemple les mystères de l’amour, alors tu verras « le sein du Père » que, seul, « le Fils unique nous a fait connaître », lui qui est Dieu (Jn 1,18). Dieu lui-même est amour (1Jn 4,8), et, à cause de cet amour, il s’est laissé voir par nous. Dans son être inexprimable, il est Père ; dans sa compassion pour nous, il est devenu Mère. En aimant, le Père se montre aussi féminin.

La preuve éclatante en est celui qu’il engendre de lui-même. Et ce Fils, fruit de l’amour, est amour. À cause de cet amour, il est descendu lui-même. À cause de cet amour, il a revêtu notre humanité. À cause de cet amour, librement, il a souffert tout ce qui relève de la condition humaine. Ainsi, en se mettant à la mesure de notre faiblesse, à nous qu’il aimait, il nous a mis en retour à la mesure de sa force à lui. Sur le point de s’offrir en sacrifice et de se donner lui-même comme prix de la rédemption, il nous a laissé un testament nouveau : « Je vous donne mon amour » (cf Jn 13,34; 14,27). Quel est cet amour ? Quelle valeur a-t-il ? Pour chacun de nous, « il a livré sa vie » (1Jn 3,16), une vie plus précieuse que l’univers entier.

Saint Clément d’Alexandrie (150-v. 215)

 

 

 

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

30 décembre 2022

La foi et la famille : Dans le cheminement d’Abraham vers la cité future (He 11,10), la lettre aux Hébreux fait allusion à la bénédiction qui se transmet de père en fils (11,20s). Le premier environnement dans lequel la foi éclaire la cité des hommes est donc la famille. Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu… Fondés sur cet amour, l’homme et la femme peuvent se promettre l’amour mutuel dans un geste qui engage toute leur vie et rappelle tant d’aspects de la foi. Promettre un amour qui soit pour toujours est possible quand on découvre un dessein plus grand que ses propres projets, qui nous soutient et nous permet de donner l’avenir tout entier à la personne aimée. La foi peut aider à comprendre toute la profondeur et toute la richesse de la génération d’enfants, car elle fait reconnaître en cet acte l’amour créateur qui nous donne et nous confie le mystère d’une nouvelle personne. C’est ainsi que Sara, par sa foi, est devenue mère, en comptant sur la fidélité de Dieu à sa promesse (He 11,11).

En famille, la foi accompagne tous les âges de la vie, à commencer par l’enfance : les enfants apprennent à se confier à l’amour de leurs parents. C’est pourquoi, il est important que les parents cultivent en famille des pratiques communes de foi, qu’ils accompagnent la maturation de la foi de leurs enfants. Les jeunes surtout, traversant une période de la vie si complexe, riche et importante pour la foi, doivent ressentir la proximité et l’attention de leur famille et de la communauté ecclésiale dans leur processus de croissance dans la foi.

Pape François

 

 

Reçois l’Enfant dans tes bras

29 décembre 2022

Le Maître de la parfaite humilité ne se contenta pas, Lui, l’égal en tout de son Père, de se soumettre à la plus humble des Vierges ; il se soumit encore à la Loi, afin de racheter et de libérer de l’esclavage de la corruption « ceux qui étaient sous la Loi, et de leur donner part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Gal. 4, 5 et Rom. 8, 21). Il voulut aussi que sa Mère, bien que toute pure, observât la loi de la purification. Rédempteur de tous, il voulut être racheté lui-même comme premier-né, présenté dans le temple de Dieu et il voulut qu’une victime fût offerte pour lui en présence des justes exultant de joie.

Exulte donc toi aussi avec ce saint vieillard et avec Anne si âgée. Cours au-devant de la Mère et de l’Enfant et que l’amour triomphe de la honte, que l’affection chasse la crainte. Reçois l’Enfant dans tes bras, toi aussi, et dis avec l’épouse : « je le tiens et ne le laisserai point aller » (Cant. 3,4). Sois dans les transports avec le très saint vieillard et chante avec lui : « Maintenant, Seigneur, laissez aller en paix votre serviteur, selon votre parole ».

Saint Bonaventure (1221-1274)