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Archive pour le mot-clef ‘évangile’

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 11,28-30.

mercredi 9 décembre 2015

E-5n ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

 

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L’Esprit Saint donnera aux justes la paix parfaite dans l’éternité. Mais déjà maintenant il leur donne une paix très grande lorsqu’il allume en leur cœur le feu céleste de la charité. L’apôtre Paul dit en effet : « L’espérance ne trompe pas, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). La véritable et même la seule paix des âmes en ce monde consiste à être rempli de l’amour divin et animé de l’espérance du ciel au point que l’on en vienne à considérer comme peu de chose les succès ou les revers de ce monde, à se dépouiller complètement des désirs et des convoitises de ce monde, et à se réjouir des injures et persécutions subies pour le Christ, de sorte que l’on puisse dire avec l’apôtre Paul : « Nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu. Plus encore, nous mettons notre fierté dans les épreuves » (Rm 5,2).

Il se trompe celui qui imagine trouver la paix dans la jouissance des biens de ce monde, dans les richesses. Les troubles fréquents d’ici-bas et la fin même de ce monde devraient convaincre cet homme qu’il a posé les fondations de sa paix sur le sable (Mt 7,26). Au contraire, tous ceux qui, touchés par le souffle de l’Esprit Saint, ont pris sur eux le joug très bon de l’amour de Dieu et qui, à son exemple, ont appris à être doux et humbles de cœur, jouissent dès maintenant d’une paix qui est déjà l’image du repos éternel.

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735), moine, docteur de l’Église
Homélie 12 pour la Vigile de la Pentecôte ; PL 94, 196-197 (trad. Orval)

 

 

 

« Détestés de tous »

mercredi 25 novembre 2015

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Si le don que Dieu a fait au monde en lui envoyant son Fils est si bon, si digne de Dieu, pourquoi donc a-t-il si longtemps différé son bienfait ? Pourquoi, alors que le mal dans le monde en était encore à ses débuts, Dieu n’a-t-il pas coupé court à son développement ultérieur ? À cette objection, il y a lieu de répondre brièvement que c’est la Sagesse, la prévoyance de Dieu, l’Être bon par nature, qui a fait différer le bienfait. En effet, comme pour les maladies physiques…les médecins attendent que le mal, d’abord caché à l’intérieur du corps, se manifeste au-dehors de manière à lui appliquer le traitement qu’il faut quand il est à découvert, ainsi, une fois que la maladie du péché s’était abattue sur la race humaine, le Médecin de l’univers a attendu que ne reste dissimulée aucune forme de perversité.

Voilà pourquoi ce n’est pas aussitôt après la jalousie de Caïn et le meurtre d’Abel son frère que Dieu a appliqué son traitement au monde… C’est lorsque le vice était arrivé à son comble et qu’il n’y avait plus aucune perversité qui ne pouvait être osée par les hommes, que Dieu s’est mis à soigner la maladie, non plus à son début, mais dans son plein développement. Ainsi le traitement divin a pu s’étendre à toute l’infirmité humaine …

Mais alors pourquoi la grâce de l’Évangile ne s’est-elle pas répandue tout de suite sur tous les hommes ? Certes, l’appel divin s’adresse également à tous, sans distinction de condition, d’âge ni de race… Mais celui qui a la libre disposition de toutes choses entre ses mains a poussé jusqu’à l’extrême le respect de l’homme. Il a permis que nous ayons chacun notre domaine propre dont nous sommes le seul maître : c’est la volonté, la faculté qui ignore l’esclavage, qui reste libre, fondée sur l’autonomie de la raison. La foi est donc à la libre disposition de ceux qui reçoivent l’annonce de l’Évangile.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395), moine et évêque
Instruction catéchétique, 29-30 (trad. DDB 1978, p. 78 rev. Tournay)

 

 

 

« Le règne de Dieu est au milieu de vous. »

jeudi 12 novembre 2015

3._Therese_a_13_ans-1fe56C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons, en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux…

Je comprends et je sais par expérience que « le Royaume de Dieu est au-dedans de nous ». Jésus n’a point besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes, lui le Docteur des docteurs, il enseigne sans bruit de paroles. Jamais je ne l’ai entendu parler, mais je sens qu’il est en moi ; à chaque instant, il me guide, m’inspire ce que je dois dire ou faire. Je découvre juste au moment où j’en ai besoin des lumières que je n’avais pas encore vues ; ce n’est pas le plus souvent pendant mes oraisons qu’elles sont le plus abondantes, c’est plutôt au milieu des occupations de ma journée.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Manuscrit autobiographique A, 84 r°

 

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 13,18-21.

mardi 27 octobre 2015

j-alphabetésus disait donc : « À quoi le règne de Dieu est-il comparable, à quoi vais-je le comparer ?
Il est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et jetée dans son jardin. Elle a poussé, elle est devenue un arbre, et les oiseaux du ciel ont fait leur nid dans ses branches. »
Il dit encore : « À quoi pourrai-je comparer le règne de Dieu ?
Il est comparable au levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

 

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A propos de ce que dit l’Evangile : « Un homme l’a pris et l’a jeté dans son jardin », quel est cet homme, à votre avis, qui a semé le grain qu’il avait reçu, comme un grain de moutarde dans son petit jardin ? Je pense, moi, que c’est celui dont l’Evangile dit : « Et voici un homme nommé Joseph, membre du conseil, qui était d’Arimathie… Il alla trouver Pilate. Il lui demanda la permission de descendre le corps du Seigneur et de l’ensevelir. La permission accordée, il le mit dans la sépulture préparée dans son jardin » (Lc 23,50-53). C’est la raison pour laquelle l’Ecriture dit : « Un homme l’a pris et l’a enfoui dans son jardin ». Dans le jardin de Joseph se mêlaient les parfums de diverses fleurs, mais pareille graine n’y avait pas été déposée. Le jardin spirituel de son âme était embaumé du parfum de ses vertus, mais le Christ embaumé n’y avait pas encore pris place. En ensevelissant le Sauveur dans le monument de son jardin, il l’accueillit plus profondément dans le creux de son cœur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420), évêque
Sermon 26 (trad. coll. Pères dans la foi, Migne 1996, p. 124)

 

 

 

Se prononcer pour le Christ par toute sa vie

samedi 17 octobre 2015

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La charge de répandre la foi incombe à tous les disciples du Christ, chacun pour sa part. Cependant, parmi ses disciples, le Christ Seigneur appelle toujours « ceux qu’il veut pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher » aux nations païennes (Mc 3,13-14)…

C’est le vrai Dieu qui appelle, mais l’homme doit lui répondre de telle manière qu’ « en dehors de tout motif humain » (Ga 1,16) il s’attache tout entier au travail de l’Évangile. Or, cette réponse ne peut être donnée que si l’Esprit Saint y pousse et en donne la force. Car celui qui est envoyé entre dans la vie et la mission de celui qui « s’est dépouillé lui-même en prenant la condition de serviteur » (Ph 2,7). Le missionnaire doit donc être prêt à persévérer pour la vie dans sa vocation, « à renoncer à lui-même » et à « tout ce qu’il a possédé » jusque-là (Lc 14,26.33), et à « se faire tout à tous » (1Co 9,22).

Lorsqu’il annonce l’Évangile parmi les nations, il doit « faire connaître avec assurance le mystère du Christ qui l’a chargé d’être son ambassadeur » (Ep 6,19) ; en lui il doit parler avec toute l’audace nécessaire, sans rougir du scandale de la Croix. En suivant les traces de son Maître, qui est « doux et humble de cœur », il manifestera que le « joug de celui-ci est facile à porter, et son fardeau, léger » (Mt 11,29). En ayant une vie vraiment évangélique, une constance inlassable, de la patience, de la douceur, une charité loyale, il rendra témoignage à son Seigneur ; et cela, si c’est nécessaire, jusqu’à répandre son sang. Il obtiendra de Dieu force et courage pour découvrir que, dans toutes les détresses qui le mettent à l’épreuve, et dans la plus profonde pauvreté, il y a une joie immense.

Concile Vatican II
Décret sur l’activité missionnaire de l’Église « Ad Gentes », § 23-24 (trad. bréviaire)

 

 

 

 

Pécheurs

lundi 28 septembre 2015

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L’incapacité de se reconnaître pécheurs nous éloigne de la vraie confession de Jésus-Christ.
En revanche, la capacité de reconnaître ses péchés mène l’homme à une vraie rencontre avec le Christ : Cette capacité de dire que nous sommes pécheurs nous ouvre à la stupéfaction de la rencontre avec Jésus Christ, la vraie rencontre.
Dans nos paroisses, dans notre société, aussi entre les personnes consacrées : combien de personnes sont capables de dire que Jésus est le Seigneur ? Beaucoup ! Mais comme c’est difficile de dire sincèrement : « Je suis un pécheur, je suis une pécheresse ».
Même les démons déclaraient Jésus « Fils de Dieu » », mais comme les docteurs de la loi ou les « mauvais » pharisiens, ils n’avaient pas la capacité d’émerveillement, ils étaient enfermés dans leur suffisance, dans leur superbe.
[Dans] le récit de la pêche miraculeuse, sur la parole du Christ, une telle quantité de poissons avait été pêchée que les filets allaient se déchirer. L’Évangile utilise le même mot pour ces gens, pour le peuple, pour les apôtres, pour Pierre : ils ont été « stupéfiés » : Un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui. Cependant, il y des gens qui ne laissent pas entrer la stupéfaction dans leurs cœurs, qui font leurs calculs.
Ces docteurs de la loi sont capables de reconnaître que le Christ est intelligent, qu’il fait des miracles, mais ils ne sont pas capables de reconnaître leurs péchés. Ils ne disent pas : « Nous sommes orgueilleux, nous sommes suffisants, nous sommes des pécheurs ». L’incapacité de se reconnaître pécheurs nous éloigne de la véritable confession de Jésus-Christ.
Il est toujours plus facile de trouver les péchés des autres. Nous sommes tous des docteurs en cela.
Que le Seigneur nous donne la grâce de le rencontrer, mais aussi de nous laisser rencontrer par Lui. Donne-nous la grâce, si belle, de la stupéfaction de cette rencontre. Et donne-nous la grâce d’avoir la double confession dans nos vies : « Je crois que Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » et « Je suis un pécheur, je le crois ». »

Le pape François
Extraits de l’homélie du 03/09/2015
zenit.org

 

 

« Qu’il me suive. »

dimanche 13 septembre 2015

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Quand le Seigneur nous dit dans l’évangile : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même », nous trouvons qu’il nous commande une chose difficile et nous considérons qu’il nous impose un lourd fardeau. Mais si celui qui commande nous aide à accomplir ce qu’il commande, cela n’est pas difficile…

Où devons-nous suivre le Christ, sinon là où il est allé ? Or, nous savons qu’il est ressuscité et monté aux cieux : c’est là que nous avons à le suivre. Il ne faut certainement pas nous laisser envahir par le désespoir, car, si nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous avons la promesse du Christ. Le ciel était loin de nous avant que notre Tête y soit montée. Désormais, si nous sommes les membres du corps de cette Tête (Col 1,18), pourquoi désespérer de parvenir au ciel ? S’il est vrai que sur cette terre tant d’inquiétudes et de souffrances nous accablent, suivons le Christ en qui se trouvent le bonheur parfait, la paix suprême et la tranquillité éternelle.

Mais l’homme désireux de suivre le Christ écoutera cette parole de l’apôtre Jean : « Celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché » (1Jn 2,6). Tu veux suivre le Christ ? Sois humble, comme il l’a été. Tu veux le rejoindre dans les hauteurs ? Ne méprise pas son abaissement.

Saint Césaire d’Arles (470-543), moine et évêque
Sermon 159, 1,4-6 ; CCL 104,650 (trad Delhougne, Les Pères commentent, p. 288)

 

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24,42-51.

jeudi 27 août 2015

letter-en ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.
Que dire du serviteur fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge des gens de sa maison, pour leur donner la nourriture en temps voulu ?
Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Amen, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens.
Mais si ce mauvais serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde”,
et s’il se met à frapper ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes,
alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas,
il l’écartera et lui fera partager le sort des hypocrites ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.

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Une fois rassasiés de l’eucharistie, remerciez ainsi : « Nous te rendons grâce, Père Saint, pour ton saint nom que tu as fait habiter en nos cœurs, et pour la connaissance, la foi, l’immortalité que tu nous as révélées par Jésus, ton serviteur. Gloire à toi dans les siècles. Amen !… Avant tout, nous te rendons grâce, parce que tu es tout-puissant : Gloire à toi dans les siècles. Amen ! Souviens-toi de ton Église, Seigneur, pour la délivrer de tout mal et la rendre parfaite dans ton amour. Rassemble des quatre vents cette Église sanctifiée, dans ton Royaume que tu lui as préparé. Car à toi sont puissance et gloire dans les siècles. Amen ! Que la grâce vienne et que ce monde passe. Amen ! Si quelqu’un est saint, qu’il s’approche ; s’il ne l’est pas, qu’il fasse pénitence. Marana tha ! Amen » (Ap 22,20)…

Oui, « veillez » sur votre vie ; ne laissez pas « s’éteindre vos lampes » ni « se détendre la ceinture sur vos reins » ; « Soyez prêts, car vous ignorez l’heure où notre Seigneur viendra » (Lc 12,35; Mt 24,42s). Réunissez-vous fréquemment pour chercher ensemble ce qui est utile à vos âmes. Car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien si, au dernier moment, vous n’êtes pas devenus parfaits.

La Didachè (entre 60-120), catéchèse judéo-chrétienne
§ 10 et 16

 

« Voilà le premier commandement… Le second lui est semblable. »

vendredi 21 août 2015

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Nous avons reçu le précepte d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Mais Dieu ne nous a-t-il pas donné aussi une disposition naturelle à le faire ?… Rien n’est plus conforme à notre nature que de vivre ensemble, de nous rechercher mutuellement et d’aimer notre semblable. Le Seigneur demande donc les fruits de ce germe qu’il a déjà déposé en nous, en disant : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13,34).

Dans le but d’inciter notre âme à obéir à ce précepte, il n’a pas voulu qu’on trouve le signe distinctif de ses disciples dans des prodiges ou des œuvres extraordinaires, bien qu’ils en aient reçu le don dans l’Esprit Saint. Il dit au contraire : « On reconnaîtra que vous êtes mes disciples à cet amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35). Et il met un tel lien entre les deux commandements qu’il regarde comme faite à lui-même toute bonne action faite envers le prochain : « Car j’ai eu soif, dit-il, et vous m’avez donné à boire. » Et il ajoute : « Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,35-40).

L’observance du premier commandement contient donc aussi l’observance du second, et par le second on retourne au premier. Celui qui aime Dieu aimera par conséquent son prochain : « Celui qui m’aime, dit le Seigneur, accomplira mes commandements. Mon commandement, le voici : c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 14,23; 15,12). Je le répète donc : qui aime son prochain remplit son devoir d’amour envers Dieu, car Dieu considère ce don comme fait à lui-même.

Saint Basile (v. 330-379), moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l’Église
Grandes Règles monastiques, § 3 (trad. Lèbe, Maredsous 1969, p. 55 rev.)

 

 

 

 

L’homme de la onzième heure : « Les derniers seront premiers. »

mercredi 19 août 2015

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Qu’a donc fait le larron, pour recevoir en partage le paradis après la croix ? … Alors que Pierre reniait le Christ, le larron, du haut de la croix lui rendait témoignage. Je ne dis pas cela pour accabler Pierre ; je le dis pour mettre en évidence la grandeur d’âme du larron… Ce larron, alors que toute une populace se tenait autour de lui, grondant, vociférant, les abreuvant de blasphèmes et de sarcasmes, ne tint pas compte d’eux. Il n’a même pas considéré l’état misérable de la crucifixion qui était en évidence devant lui. Il parcourut tout cela d’un regard plein de foi… Il se tourna vers le Maître des cieux et se remettant à lui, il dit : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu iras dans ton Royaume » (Lc 23,42). N’éludons pas avec désinvolture l’exemple du larron, et n’ayons pas honte de le prendre pour maître, lui que notre Seigneur n’a pas rougi d’introduire le premier dans le paradis…

Il ne lui a pas dit, comme à Pierre : « Viens, suis-moi, et je ferai de toi un pêcheur d’hommes » (Mt 4,19). Il ne lui a pas dit non plus comme aux Douze : « Vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Mt 19,28). Il ne l’a gratifié d’aucun titre ; il ne lui a montré aucun miracle. Le larron ne l’a pas vu ressusciter un mort, ni chasser des démons ; il n’a pas vu la mer lui obéir. Le Christ ne lui a rien dit du Royaume, ni de la géhenne. Et pourtant il lui a rendu témoignage devant tous, et il a reçu en héritage le Royaume.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie pour le Vendredi saint « La Croix et le larron » (trad. Année en fêtes, Migne 2000, p. 277)