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Archive pour le mot-clef ‘création’

Laudato si

jeudi 9 juillet 2015

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(…) Cette fois, nous sommes plus que jamais au pied du mur?: il s’agit d’embrasser dans un même mouvement l’avenir de la planète et celui de la communauté des hommes. Leur maison Terre est en feu. Ils doivent s’emparer de son destin, pour que le leur continue.
(…) Tous les membres de la famille humaine sont désormais dans le même bateau. La dégradation visible et invisible de la planète menace jusqu’à sa survie. Il est temps de regarder les choses en face et d’organiser le sauvetage, au plan mondial.
(…) Contemplation, admiration, communauté… En listant les clés rafraîchissantes propres à nous sortir de l’impasse, le pape François nous aide à prendre de la hauteur, et nous donne des forces pour changer. Nul esprit de fatalité dans ces pages, mais une solide confiance dans la créativité de l’amour. L’humanité confrontée aux limites de sa maison commune est capable d’intérioriser les exigences d’une fraternité universelle. Dieu aidant. C’est là que se situe toute la différence entre cette encyclique et les alertes désespérées qui risquent de tétaniser plus que de mobiliser. C’est à partir de l’émerveillement pour la beauté de la création, en puisant ses forces dans la transcendance, et dans le Christ qui récapitule toute la Création, que sera trouvé le ressort du changement. Il est spirituel. Ce supplément d’âme est indispensable pour accueillir joyeusement la perspective d’une sobriété heureuse et partagée.

Tugdual Derville?, ?co-initiateur du Courant pour une Écologie Humaine
« Laudato Si, un douloureux éblouissement? » (extraits)
famillechretienne.fr 18/06/2015

* « Loué sois-tu », encyclique du pape François sur l’écologie. Bayard, Cerf, Mame, pour l’édition officielle de la Conférence des évêques de France.

 

« Alors tu verras clair. »

lundi 22 juin 2015

bienveillance

Certaines personnes convertissent en humeur mauvaise tout aliment qu’ils absorbent, même si cet aliment est sain. La faute n’en est pas à l’aliment, mais à leur tempérament qui altère les aliments. De même, si notre âme a une mauvaise disposition, tout lui fait du mal ; elle transforme même les choses utiles en choses nuisibles pour elle. Si on jette un peu d’herbes amères dans un pot de miel, ne vont-elles pas altérer le pot entier, en rendant tout le miel amer ? C’est ce que nous faisons : nous répandons un peu de notre amertume et détruisons le bien du prochain, en le regardant d’après notre mauvaise disposition.

D’autres gens ont un tempérament qui transforme tout en bonnes humeurs, même des aliments mauvais… Les porcs ont une très bonne constitution. Ils mangent des gousses, des noyaux de dattes et des ordures. Pourtant, ils transforment cette nourriture en viande succulente. Nous de même, si nous avons de bonnes habitudes et un bon état d’âme, nous pouvons tirer profit de tout, même de ce qui n’est pas profitable. Le livre des Proverbes dit fort bien : « Celui qui regarde avec douceur, obtiendra miséricorde » (12,13). Mais ailleurs : « A l’homme insensé toutes choses sont contraires » (14,7).

J’ai entendu dire d’un frère que si, allant voir un autre, il trouvait sa cellule négligée et en désordre, il se disait en lui-même : « Comme ce frère est heureux d’être complètement détaché des choses terrestres et de porter si bien tout son esprit en haut, qu’il n’a même plus le loisir de ranger sa cellule ! » S’il allait ensuite chez un autre frère, et trouvait sa cellule rangée, propre et bien en ordre, il se disait : « La cellule de ce frère est aussi nette que son âme. Tel l’état de son âme, tel l’état de sa cellule ! » Jamais il ne disait de quelqu’un : « Celui-ci est désordonné » ou : « Celui-là est frivole ». Grâce à son état excellent, il tirait profit de tout. Que Dieu dans sa bonté nous donne, à nous aussi, un bon état pour que nous puissions profiter de tout et ne jamais mal penser du prochain. Si notre malice nous inspire des jugements ou des soupçons, transformons vite cela en bonne pensée. Car ne pas voir le mal du prochain engendre, Dieu aidant, la bonté.

Dorothée de Gaza (v. 500-?), moine en Palestine
Lettre 1 (trad. cf SC 92, p. 495)

 

 

 

« Pourquoi avoir peur ? »

dimanche 21 juin 2015

tempete

Ses disciples s’approchent de lui, le réveillent et lui disent : « Seigneur, au secours, nous périssons ! »… Ô bienheureux, ô vrais disciples de Dieu, vous avez avec vous le Seigneur votre Sauveur et vous craignez un danger ? La Vie est avec vous et vous vous inquiétez pour votre mort ? Vous tirez de son sommeil le Créateur présent avec vous, comme s’il ne pouvait pas, même endormi, calmer les vagues, faire tomber la tempête ?

Que répondent à cela les disciples bien-aimés ? Nous sommes de tout petits enfants encore faibles. Nous ne sommes pas encore des hommes vigoureux… Nous n’avons pas encore vu la croix ; la Passion du Seigneur, sa résurrection, son ascension dans les cieux, la descente du Saint Esprit Paraclet ne nous ont pas encore rendus solides… Le Seigneur a raison de nous dire : « Pourquoi êtes-vous peureux, gens de peu de foi ? » Pourquoi êtes-vous sans force ? Pourquoi ce manque de confiance ? Pourquoi si peu de témérité quand vous avez la Confiance auprès de vous ? Même si la mort allait faire irruption, ne devrez-vous pas la supporter avec une grande constance ? En tout ce qui arrive, je vous donnerai la force nécessaire, en tout danger, en toute épreuve, y compris la sortie de l’âme de son corps… Si, dans les dangers, ma force est nécessaire pour tout supporter avec foi comme un homme, combien plus nécessaire est-elle en présence des tentations de la vie pour ne pas tomber !

Pourquoi vous troubler, gens de peu de foi ? Vous savez que je suis puissant sur terre ; pourquoi ne croyez-vous pas que je suis puissant aussi sur mer ? Si vous me reconnaissez comme vrai Dieu et Créateur de tout, pourquoi ne croyez-vous pas que j’ai pouvoir sur tout ce que j’ai créé ? « Alors il se dressa et commanda avec force aux vents et à la mer et il se fit un grand calme. »

Homélie grecque ancienne
Attribuée à tort à Origène (vers 185-253), prêtre et théologien (trad. Mt commenté, DDB 1985, p.64)

 

 

 

« Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? »

samedi 20 juin 2015

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Au nom du Dieu saint, je prends aujourd’hui la plume pour que mes paroles, s’estampant sur la feuille blanche, servent de louange perpétuelle au Dieu béni, auteur de ma vie, de mon âme, de mon cœur. Je voudrais que l’univers entier, avec les planètes, tous les astres et les innombrables systèmes stellaires, soient une immense étendue, polie et brillante, où je pourrais écrire le nom de Dieu. Je voudrais que ma voix soit plus puissante que mille tonnerres, et plus forte que le fracas de la mer, et plus terrible que le grondement des volcans, pour seulement dire : Dieu ! Je voudrais que mon cœur soit aussi grand que le ciel, pur comme celui des anges, simple comme celui de la colombe (Mt 10,16), pour y mettre Dieu ! Mais puisque toute cette grandeur dont tu rêves ne peut pas devenir réalité, contente-toi de peu et de toi-même qui n’es rien, Frère Raphaël, car le rien même doit te suffire…

Pourquoi se taire ? Pourquoi le cacher ? Pourquoi ne pas crier au monde entier et publier aux quatre vents les merveilles de Dieu ? Pourquoi ne pas dire aux gens et à tous ceux qui veulent l’entendre : voyez-vous ce que je suis ? Voyez-vous ce que j’ai été ? Voyez-vous ma misère se traînant dans la boue ? Car peu importe : émerveillez-vous ; malgré tout ça, je possède Dieu. Dieu est mon ami ! Dieu m’aime, moi, d’un tel amour que, si le monde entier le comprenait, toutes les créatures deviendraient folles et hurleraient de stupeur. Et encore, cela est peu. Dieu m’aime tellement que même les anges n’y comprennent rien ! (cf. 1P 1,12) La miséricorde de Dieu est grande ! M’aimer, moi, être mon ami, mon frère, mon père, mon maître. Être Dieu, et moi, être ce que je suis !

Ah, mon Jésus, je n’ai ni papier, ni plume. Que puis-je dire ! Comment ne pas devenir fou ?

Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938), moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, 04/03/1938, (trad. Cerf 2008, p. 372)

 

 

 

 

« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons. »

mardi 16 juin 2015

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Annonce la bonté de Dieu. Car alors que tu es indigne, il te dirige, et alors que tu lui dois tout, il ne te réclame rien. Et pour les petites choses que tu fais, il te donne en retour de grandes choses. N’appelle pas Dieu donc simplement juste. Car ce n’est pas par rapport à ce que tu fais toi qu’il révèle sa justice. Si David le nomme juste et droit (Ps 32,5), son Fils nous a révélé qu’il est bien plutôt bon et doux : « Il est bon pour les méchants et les impies » (Lc 6,35).

Comment peux-tu en rester à la simple justice de Dieu, quand tu lis le chapitre sur le salaire des ouvriers ? « Mon ami, je ne te fais aucun tort, je veux donner à ce dernier venu autant qu’à toi. Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce moi je suis bon ? » (Mt 20,13-15). Comment peut-on dire simplement que Dieu est juste quand on lit le chapitre du fils prodigue qui a dissipé la richesse de son père dans la débauche, comment à la seule componction qu’il a montrée, son père a couru vers lui, s’est jeté à son cou et lui a donné plein pouvoir sur toute sa richesse ? (Lc 15,11s) Ce n’est pas un autre qui nous a dit cela sur Dieu, pour que nous en doutions. C’est son Fils lui-même ; lui-même a donné de Dieu ce témoignage. Où donc est la justice de Dieu ? N’est-ce pas en ce qu’« alors que nous étions pécheurs, le Christ est mort pour nous » ? (Rm 5,8) Si Dieu se montre compatissant ici bas, croyons qu’il l’est depuis toute éternité.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n° 60 (trad. DDB 1981, p. 324 rev.)

 

 

 

L’enfantement de la nouvelle création (Rm 8,22)

vendredi 15 mai 2015

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Voici venu le règne de la vie et le pouvoir de la mort renversé. Une autre naissance est apparue ainsi qu’une autre vie, une autre manière d’être, une transformation de notre nature elle-même. Cette naissance-là n’est le fait « ni du désir de l’homme ni du désir de la chair, mais de Dieu » (Jn 1,13)…

« Voici le jour que le Seigneur a fait » (Ps 117,24). Jour bien différent de ceux du commencement, car en ce jour Dieu fait un ciel nouveau et une terre nouvelle, comme dit le prophète (Is 65,17). Quel ciel ? Le firmament de la foi au Christ. Quelle terre ? Le cœur bon, comme dit le Seigneur, cette terre qui s’imprègne de la pluie qui descend sur elle et qui produit une moisson abondante (Lc 8,15). Dans cette création, le soleil, c’est la vie pure ; les étoiles, ce sont les vertus ; l’air, c’est une conduite limpide ; la mer, c’est la riche profondeur de la sagesse et de la connaissance ; l’herbe et le feuillage, c’est la bonne doctrine et les enseignements de Dieu dont se nourrit le troupeau des pâturages, c’est-à-dire le peuple de Dieu ; les arbres portant du fruit, c’est la pratique des commandements. En ce jour est créé l’homme véritable, celui qui est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,27).

N’est-ce pas tout un monde qui est inauguré pour toi en « ce jour que le Seigneur a fait » ?… Le plus grand privilège de ce jour de grâce, c’est qu’il a détruit les souffrances de la mort et donné naissance au premier-né d’entre les morts (Col 1,18)…, lui qui dit : « Je vais vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17). Quelle belle et bonne nouvelle ! Celui qui pour nous est devenu comme nous, pour faire de nous ses frères, amène sa propre humanité vers le Père afin d’y entraîner avec lui tout le genre humain.

Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395), moine et évêque
Premier discours sur la Résurrection : PG 46, 603 (trad. Orval rev.)

 

 

 

Paraboles

mercredi 29 avril 2015

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De petits événements de la vie quotidienne qui adviennent sous ses yeux, que ses disciples remarquent, peuvent être pour Jésus prétexte à un enseignement: une pauvre femme qui glisse quelque menue monnaie dans le tronc des offrandes du Temple; les malades qui se pressent à la piscine de Bethesda à Jérusalem; les scribes qui se promènent en longues robes sur les places publiques. Le travail des champs qui demeure grand symbole de la vie et qui a tant inspiré les religions antiques lui inspire plusieurs paraboles.
Jésus se réfère aux petits oiseaux du ciel, aux lis des champs: deux symboles traditionnels, l’un représentant les âmes humaines libérées de leurs corps et pouvant s’élever dans le ciel, l’autre, le lis, évoquant la pureté, l’innocence, la virginité, et par là-même, symbole de grâce, d’élection divine, de réceptivité à l’invisible.

Le bon arbre qui porte de bons fruits est à la fois un tableau familier et une référence au grand thème de l’arbre de vie qui rappelle celui du jardin paradisiaque d’Adam et Ève. Le loup et l’agneau devaient solliciter vivement l’ imagination des gens pour qui ces animaux étaient une préoccupation journalière. De même l’image du berger qui est allé chercher sa brebis et la porte sur l’épaule, celle de l’aveugle qui en guide un autre, en ce pays, à cette époque où la cécité est si fréquente, celle des voleurs qui s’introduisent dans une maison.
Tout relève des faits les plus banals, ceux que souvent on oublie de regarder tant ils sont familiers: la poule qui rassemble ses poussins sous son aile, la ménagère qui a perdu une pièce de monnaie, le drap neuf qu’on ne coud pas à un vieil habit, le vin nouveau, un animal tombé dans le puits, la vente des passereaux, le vol des corbeaux, les nuages du couchant, les champs mûrs pour la moisson, la vie de chaque jour, saisie sur le vif, qui donne au texte sacré une vérité humaine émouvante.
Seules sont exclues les violences, les scènes de chasse, dont les poètes et les artistes, surtout en Orient, feront un sujet de choix, les immolations d’animaux, les bagarres qui devaient éclater parfois entre voisins de ferme ou de village.
Tout cela s’harmonise avec le milieu dans lequel il évolue, avec les intérêts de son auditoire. Il parle peu de la vie des grands que les gens qui l’écoutent ne connaissent pas.
Jean-Paul Roux, 1925-2009, historien de la culture islamique
directeur de recherche au CNRS
in Jésus, éd. Fayard

 

 

 

« Il est écrit dans votre Loi : ‘ J’ai dit : Vous êtes des dieux ‘ »

vendredi 27 mars 2015

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« Dieu dit : faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gn 1,26). Comme si le Créateur entrait en lui-même ; comme si, en créant, non seulement il appelait du néant à l’existence en disant : « Qu’il soit ! », mais, d’une façon particulière, il tirait l’homme du mystère de son propre être. Cela est compréhensible parce qu’il ne s’agit pas seulement de l’être, mais de l’image. L’image doit refléter ; elle doit reproduire, en un certain sens, la substance de son prototype… Il est évident que cette ressemblance ne doit pas être entendue comme un « portrait », mais comme le fait pour un être vivant d’avoir une vie semblable à celle de Dieu…

En définissant l’homme comme « image de Dieu », le livre de la Genèse met en évidence ce par quoi l’homme est homme, ce par quoi il est un être distinct de toutes les autres créatures du monde visible. La science, on le sait, a fait et continue de faire, dans différents domaines, de nombreuses tentatives pour montrer les liens de l’homme avec le monde naturel, pour montrer sa dépendance de ce monde, afin de l’insérer dans l’histoire de l’évolution des différentes espèces.

Tout en respectant ces recherches, nous ne pouvons pas nous limiter à elles. Si nous analysons l’homme au plus profond de son être, nous voyons qu’il se différencie du monde de la nature plus qu’il ne lui ressemble. C’est également dans ce sens que procèdent l’anthropologie et la philosophie lorsqu’elles cherchent à analyser et à comprendre l’intelligence, la liberté, la conscience et la spiritualité de l’homme. Le livre de la Genèse semble aller au-devant de toutes ces expériences de la science et, en disant de l’homme qu’il est « image de Dieu », il fait comprendre que la réponse au mystère de son humanité ne doit pas être cherchée dans sa ressemblance avec le monde de la nature. L’homme ressemble plus à Dieu qu’à la nature. C’est en ce sens que le psaume dit : « Vous êtes des dieux ! » (Ps 82,6), paroles que Jésus reprendra.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Audience générale 6/12/78 (trad. DC 1755, p.7)

 

 

 

« Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? »

lundi 16 février 2015

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Admirez les merveilles de Dieu ; sortez de votre sommeil. Vous admirez seulement les prodiges extraordinaires ? Mais sont-ils plus grands que ceux qui se produisent tous les jours sous vos yeux ? Les hommes s’étonnent que notre Seigneur Jésus Christ ait rassasié plusieurs milliers de personnes avec cinq pains (Mt 14,19s), et ils ne s’étonnent pas que quelques graines suffisent pour couvrir la terre de moissons abondantes ? Ils sont saisis d’admiration en voyant le Sauveur changer l’eau en vin (Jn 2,19) ; n’est-ce pas la même chose quand la pluie passe par les racines de la vigne ? L’auteur de ces prodiges est le même…

Le Seigneur a opéré des prodiges, et cependant un grand nombre l’ont méprisé… Ils se disaient : « Ces œuvres sont divines, mais lui, il n’est qu’un homme. » Tu vois donc deux choses : d’une part des œuvres divines, et de l’autre un homme. Si ces œuvres divines ne peuvent être faites que par Dieu, ne serait-ce pas parce que Dieu se cache en cet homme ? Oui, sois bien attentif à ce que tu vois, et crois ce que tu ne vois pas. Celui qui t’appelle à croire ne t’a pas abandonné à toi-même ; même s’il te demande de croire ce que tu ne peux pas voir, il ne t’a pas laissé sans rien à voir pour t’aider à croire ce que tu ne vois pas. Est-ce que la création elle-même est un faible signe, une faible manifestation du Créateur ? En plus, le voici qui vient dans le monde et qui fait des miracles. Tu ne pouvais pas voir Dieu, mais tu pouvais voir un homme : alors Dieu s’est fait homme, pour que ne fasse plus qu’un pour toi ce que tu vois et ce que tu crois.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 126, 4-5

 

 

 

 

« Il lui mit les doigts dans les oreilles et…lui toucha la langue. »

vendredi 13 février 2015

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La force divine que l’homme ne peut pas toucher est descendue, elle s’est enveloppée dans un corps palpable, afin que les pauvres la touchent, et qu’en touchant l’humanité du Christ, ils perçoivent sa divinité. A travers des doigts de chair, le sourd-muet a senti qu’on touchait ses oreilles et sa langue. A travers des doigts palpables, il a perçu la divinité intouchable quand le lien de sa langue a été rompu et quand les portes closes de ses oreilles ont été ouvertes. Car l’architecte et l’artisan du corps est venu jusqu’à lui, et d’une parole douce, il a créé sans douleur des ouvertures dans des oreilles sourdes ; alors aussi, cette bouche fermée, jusqu’alors incapable de donner le jour à la parole, a mis au monde la louange de celui qui faisait ainsi porter du fruit à sa stérilité.

De même, le Seigneur a formé de la boue avec sa salive et l’a étendue sur les yeux de l’aveugle-né (Jn 9,6) pour nous faire comprendre que quelque chose lui manquait, comme au sourd-muet. Une imperfection innée de notre pâte humaine a été supprimée grâce au levain qui vient de son corps parfait… Pour combler ce qui manquait à ces corps humains, il a donné quelque chose de lui-même, tout comme il se donne à manger [dans l’eucharistie]. C’est par ce moyen qu’il fait disparaître les défauts et ressuscite les morts, pour que nous puissions reconnaître que, grâce à son corps « où habite la plénitude de la divinité » (Col 2,9), les défauts de notre humanité sont comblés et que la vraie vie est donnée aux mortels par ce corps où habite la vraie vie.

Saint Ephrem (v. 306-373), diacre en Syrie, docteur de l’Église
Sermon « Sur notre Seigneur », 10-11