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Archive pour le mot-clef ‘St Jean Chrysostome’

« Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

mardi 10 juillet 2018

Tous les travaux de l’agriculteur aboutissent naturellement à la moisson. Comment donc le Christ a-t-il appelé moisson une œuvre qui en était encore à ses débuts ? L’idolâtrie régnait sur toute la terre… Partout la fornication, l’adultère, la débauche, la cupidité, le vol, les guerres… La terre était emplie de tant de maux ! Aucune semence n’y avait encore été jetée. Les épines, les chardons et les mauvaises herbes qui recouvraient le sol n’avaient pas encore été arrachés. Aucune charrue n’avait encore été tirée, aucun sillon tracé.

Comment donc Jésus peut-il dire que la moisson est abondante ? … Les apôtres sont probablement bouleversés et déconcertés : « Comment pourrons-nous même ouvrir la bouche, nous tenir debout, devant tant d’hommes ? Nous, les Onze, comment corrigerons-nous tous les habitants de la terre ? Saurons-nous, si ignorants, aborder des savants ; nous si dépouillés, des hommes armés ; nous, des subordonnés, des autorités ? Nous ne connaissons qu’une langue, arriverons-nous à discuter avec les peuples barbares qui parlent des langues étrangères ? Qui nous supportera sans même comprendre notre langue ? »

Jésus ne veut pas que de pareils raisonnements les plongent dans le désarroi. Aussi appelle-t-il l’Évangile une moisson. C’est comme s’il leur disait : « Tout est préparé, toutes les dispositions ont été prises. Je vous envoie récolter le grain mûr ; vous pourrez semer et moissonner le même jour. » Quand l’agriculteur sort de chez lui pour aller faire la moisson, il déborde de joie et resplendit de bonheur. Il n’envisage ni les peines ni les difficultés qu’il pourra rencontrer… Prêtez-moi votre langue, dit le Christ, et vous verrez le grain mûr entrer dans les greniers du roi. Aussi les envoie-t-il ensuite en leur disant : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie sur la moisson abondante, 10, 2-3; PG 63, 519-521 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 107)

 

 

« Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs. »

vendredi 6 juillet 2018

Pourquoi Jésus n’a-t-il pas appelé Matthieu en même temps que Pierre, Jean et les autres ? De même qu’il est venu sur terre quand il a senti que les hommes étaient disposés à lui obéir, de même il a appelé Matthieu quand il a su qu’il le suivrait. C’est pour la même raison qu’il s’est attaché Paul seulement après la Résurrection (Ac 9). Car, sondant les cœurs, pénétrant au plus intime de l’âme de chacun, il savait bien à quel moment chacun était disposé à le suivre. Si Matthieu n’a pas été appelé au commencement, c’est qu’il avait encore le cœur trop dur ; mais après les nombreux miracles, quand la renommée de Jésus avait grandi, il était plus disposé à écouter le Maître, et Jésus le savait.

Il convient aussi d’admirer la vertu de cet apôtre, qui ne dissimule pas sa vie passée… Son métier était honteux, sans conscience ; les profits qu’il en tirait n’avaient aucune excuse. Malgré tout cela, Jésus l’a appelé. Il ne rougit pas d’appeler un publicain, comme il n’a pas rougi de parler à une prostituée et lui a même permis de baiser ses pieds et de les arroser de larmes (Lc 7,36s). Car s’il est venu, ce n’est pas seulement pour soigner les corps, mais encore pour guérir les âmes. C’est ce qu’il venait de faire pour le paralytique ; après avoir clairement montré qu’il a la puissance de pardonner les péchés, il vient vers Matthieu, afin que les gens ne soient plus étonnés de le voir choisir un publicain comme disciple.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur saint Matthieu, 30, 1-2 (trad. Véricel, Les Pères commentent, p.104)

 

 

 

« Va d’abord te réconcilier avec ton frère. »

jeudi 14 juin 2018

L’Église n’existe pas pour que nous restions divisés en y venant, mais bien pour que nos divisions y soient éteintes ; c’est le sens de l’assemblée. Si c’est pour l’eucharistie que nous venons, ne posons donc aucun acte qui contredise l’eucharistie, ne faisons pas de peine à notre frère. Vous venez rendre grâce pour les bienfaits reçus : ne vous séparez pas de votre prochain.

C’est à tous sans distinction que le Christ offre son corps en disant : « Prenez et mangez en tous ». Pourquoi n’admettez-vous pas tous à votre propre table ? … Vous faites mémoire du Christ, et vous dédaignez le pauvre ? … Vous prenez part à ce repas divin ; vous devez être le plus compatissant des hommes. Vous avez bu le sang du Seigneur et vous ne reconnaissez pas votre frère ? Même si vous l’avez méconnu jusque-là, vous devez le reconnaître à cette table. Il nous faut tous être dans l’Église comme dans une commune maison : nous ne formons qu’un seul corps. Nous n’avons qu’un même baptême, une même table, une même source, et aussi un seul Père. (cf Ep 4,5 ;1Co 10,17)

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur la 1ère lettre aux Corinthiens, n° 27 (trad. AELF)

 

 

Le sel de l’humilité

jeudi 24 mai 2018

Si vous voulez être grand, n’en tirez pas orgueil comme le pharisien de la parabole (Lc 18,9s), et alors vous serez vraiment grand. Croyez que vous êtes sans mérite, et alors vous en aurez. Le publicain, lui, s’est reconnu pécheur et ainsi il est devenu juste ; combien plus le juste qui se reconnaît pécheur verra-t-il sa justice et ses mérites s’agrandir ! Car l’humilité fait du pécheur un juste, puisqu’il reconnaît la vérité de sa vie ; et dans l’âme des justes l’humilité véritable agit encore plus puissamment.

Ne perdez donc pas par la vaine gloire le fruit que vous aurez gagné par vos travaux, le salaire de vos peines, la récompense des labeurs de votre vie. Dieu connaît mieux que vous-même le bien que vous faites. Un simple verre d’eau fraîche sera récompensé. Dieu agrée la plus petite aumône, ou si vous ne pouvez rien donner, même un soupir de compassion. Il accueille tout, se souviendra de tout pour vous le rendre au centuple.

Cessons donc de compter nos mérites et de les étaler au grand jour. Si nous chantons nos mérites, nous ne serons pas loués par Dieu. Gémissons plutôt sur notre misère, et Dieu nous élèvera aux yeux des autres. Il ne veut pas que le fruit de nos labeurs se perde. Dans son amour ardent il veut couronner nos plus petites actions ; il cherche toutes les occasions pour nous délivrer de la géhenne.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur Saint Matthieu, n° 3

 

 

Le vrai pain venu du ciel

vendredi 20 avril 2018

Les juifs disent : « Nos pères ont mangé la manne dans le désert ». Le Sauveur aurait pu leur répondre : « Je viens de faire un plus grand miracle que celui de Moïse : moi, je n’ai eu besoin ni de bâton, ni de prière (cf Ex 9,23; 17,9s) ; j’ai tout fait par moi-même, par ma propre autorité. Vous rappelez le prodige de la manne ; moi, ne vous ai-je pas donné du pain en abondance ? » Mais ce n’était pas le temps alors de parler de cette manière. Jésus ne pensait qu’à une chose : les attirer à lui pour qu’ils lui demandent une nourriture spirituelle… : « Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; c’est mon Père qui donne le vrai pain du ciel »…

Ce pain que le Père donne, Jésus Christ l’appelle le pain véritable. Non que le miracle de la manne ait été faux ; mais la manne était une préfiguration d’un pain supérieur et plus merveilleux… : « Le pain de Dieu, c’est le pain qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde » — au monde entier et non seulement aux juifs. Ce pain n’est pas seulement une nourriture mais une vie, une vie différente de celle-ci, une vie complètement autre : ce pain donne la vraie vie… Jésus est lui-même ce pain parce qu’il est le Verbe, la Parole de Dieu, de même qu’ici, en nos églises, il devient le pain du ciel par la descente du Saint Esprit.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Jean, n°45

 

 

 

 

 

Le vrai pain venu du ciel

mardi 17 avril 2018

Les juifs disent : « Nos pères ont mangé la manne dans le désert ». Le Sauveur aurait pu leur répondre : « Je viens de faire un plus grand miracle que celui de Moïse : moi, je n’ai eu besoin ni de bâton, ni de prière (cf Ex 9,23; 17,9s) ; j’ai tout fait par moi-même, par ma propre autorité. Vous rappelez le prodige de la manne ; moi, ne vous ai-je pas donné du pain en abondance ? » Mais ce n’était pas le temps alors de parler de cette manière. Jésus ne pensait qu’à une chose : les attirer à lui pour qu’ils lui demandent une nourriture spirituelle… : « Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; c’est mon Père qui donne le vrai pain du ciel »…

Ce pain que le Père donne, Jésus Christ l’appelle le pain véritable. Non que le miracle de la manne ait été faux ; mais la manne était une préfiguration d’un pain supérieur et plus merveilleux… : « Le pain de Dieu, c’est le pain qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde » — au monde entier et non seulement aux juifs. Ce pain n’est pas seulement une nourriture mais une vie, une vie différente de celle-ci, une vie complètement autre : ce pain donne la vraie vie… Jésus est lui-même ce pain parce qu’il est le Verbe, la Parole de Dieu, de même qu’ici, en nos églises, il devient le pain du ciel par la descente du Saint Esprit.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Jean, n°45

 

 

Le Prince de ce monde est jeté dehors.

lundi 22 janvier 2018

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Les miracles du Christ étaient ordonnés à manifester sa divinité ; or celle-ci devait rester cachée aux démons, sinon le mystère de la Passion en aurait été empêché : « S’ils avaient connu le Seigneur de gloire, ils ne l’auraient pas crucifié » (1Co 2,8). Il semble donc que le Christ ne devait pas faire de miracle sur les démons… Pourtant, le prophète Zacharie avait prédit ces prodiges, en s’écriant : « J’ôterai du pays l’esprit impur » (Za 13,2). En effet, les miracles du Christ étaient des preuves en faveur de la foi qu’il enseignait. Or, par la puissance de sa divinité ne devait-il pas abolir dans les hommes qui allaient croire en lui le pouvoir des démons, selon le mot de saint Jean : « Maintenant, le Prince de ce monde est jeté dehors » ? (Jn 12,31)

Il convenait donc qu’entre autres miracles le Christ délivre des démons les hommes qui en étaient possédés… Par ailleurs, écrit saint Augustin, « le Christ s’est fait connaître aux démons pour autant qu’il l’a voulu ; et il l’a voulu pour autant qu’il l’a fallu…, par certains effets matériels de sa puissance ». À voir ses miracles, le démon en est venu à croire par conjecture que le Christ était Fils de Dieu : « Les démons savaient qu’il était le Christ », dit saint Luc (4,41). S’ils confessaient qu’il était le Fils de Dieu, « c’était par voie de conjecture plutôt que par voie de certitude », remarque saint Bède. Quant aux miracles que le Christ a accomplis en expulsant les démons, il ne les a pas faits pour leur utilité, mais pour celle des hommes, afin qu’ils rendent gloire à Dieu. C’est pourquoi il empêchait les démons de parler de ce qui touche à sa louange. Saint Jean Chrysostome observe : « Il ne convenait pas que les démons s’arrogent la gloire du rôle des apôtres, ni qu’une langue de mensonge prêche le mystère du Christ ».

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), théologien dominicain, docteur de l’Église
Somme théologique (trad. rev. Tournay)

 

 

 

« Voyant leur foi… »

vendredi 12 janvier 2018

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Ce paralytique avait foi en Jésus Christ. Ce qui le prouve c’est la manière dont on l’a présenté au Christ. On l’a descendu par le toit de la maison… Vous savez que les malades sont dans un abaissement si grand et de si mauvaise humeur, que souvent les bons offices qu’on leur rend les chagrinent sur leur lit… Mais ce paralytique est content d’être tiré de sa chambre et livré en spectacle au public, en traversant sur son grabat les places et les rues…

Ce paralytique ne souffre pas d’amour-propre. La foule entoure la maison où est le Sauveur, tous les passages sont fermés, l’entrée encombrée. Peu importe ! On l’introduira par le toit, il en est content : l’amour est tellement habile, la charité tellement ingénieuse ! « Celui qui cherche trouve ; à celui qui frappe, on ouvre la porte. » (Mt 7,8) Ce malade ne dira pas à ses amis qui le portent : « Qu’allez-vous faire ? Pourquoi tant de trouble ? Pourquoi cet empressement ? Attendons que la maison soit libre et que tout le monde soit parti. Alors nous pourrons nous présenter à Jésus laissé presque seul… » Non, le paralytique ne pense rien de semblable ; c’est une gloire pour lui que d’avoir un grand nombre de témoins de sa guérison.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies détachées, Sur le paralytique

 

 

En union de prière, à la demande de Marie Mère des hommes, tous les vendredis soir, de 21h30 à 22h00.

En union de prière, à la demande de Marie Mère des hommes, tous les vendredis soir, de 21h30 à 22h00.

 

 

« Jésus posa son regard sur lui et dit : ‘Tu t’appelleras Képha’ (ce qui veut dire : Pierre) »

jeudi 4 janvier 2018

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« Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras désormais Céphas, c’est-à-dire Pierre »… Voilà le nom que le Christ donne à Simon. Quant à Jacques et son frère, il les appellera « Fils du tonnerre » (Mc 3,17). Pourquoi ces changements de nom ? Pour montrer que lui, Jésus, est le même que celui qui avait établi l’ancienne alliance, qui avait déjà changé le nom d’Abram en Abraham, celui de Saraï en Sara, et celui de Jacob en Israël (Gn 17,5s ;32,29). Il avait aussi donné leur nom à plusieurs personnes au moment de leur naissance : Isaac, Samson, les enfants d’Isaïe et d’Osée…

Aujourd’hui, nous avons un nom bien supérieur à tous les autres ; c’est le nom de « chrétien » ; le nom qui fait de nous enfants de Dieu, amis de Dieu, un même corps avec lui. Y a-t-il un autre nom qui pourrait plus nous rendre ardents dans les vertus, nous remplir de zèle, nous pousser à faire le bien ? Gardons-nous bien de faire quoi que ce soit d’indigne de ce nom si grand et si beau, lié au nom de Jésus Christ lui-même. Ceux qui portent le nom d’un grand chef militaire ou d’un personnage illustre se considèrent honorés et font tout pour en rester dignes. Combien plus, nous qui tirons notre nom non d’un général ou d’un prince de cette terre, ni même d’un ange, mais du roi des anges, combien plus devons-nous être prêts à tout perdre, même notre vie, pour l’honneur de ce saint nom ?

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Jean, n°19

 

 

 

« Elle a pris sur son indigence. »

lundi 27 novembre 2017

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Voici cinq chemins de la conversion : d’abord la condamnation de nos péchés, puis le pardon accordé aux offenses du prochain ; le troisième consiste dans la prière ; le quatrième dans l’aumône ; le cinquième dans l’humilité. Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère.

Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l’humilité, prier assidûment et condamner tes péchés ; ta pauvreté ne s’y oppose nullement. Alors que sur ce chemin de la conversion il s’agit de donner ses richesses, même la pauvreté ne nous empêche pas d’accomplir le commandement. Nous le voyons chez la veuve qui donnait ses deux piécettes.

Voilà donc comment soigner nos blessures ; appliquons ces remèdes. Revenus à la vraie santé, nous nous approcherons hardiment de la table sainte et avec beaucoup de gloire nous irons à la rencontre du roi de gloire, le Christ. Obtenons les biens éternels par la grâce, la miséricorde et la bonté de Jésus Christ notre Seigneur.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Sermon sur le diable tentateur (trad. bréviaire)