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Archive pour le mot-clef ‘St Pierre’

« Jésus s’approcha d’elle et la prit par la main. »

mercredi 14 janvier 2015

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Ceux qui ont écouté attentivement l’évangile de ce jour savent pour quelle raison le Seigneur du ciel est entré dans une humble maison de cette terre. Puisque par bonté il est venu secourir tous les hommes, ne soyez pas étonnés qu’il entre en tous lieux. « Étant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec de la fièvre » (Mt 8,14). Voilà quel motif a conduit le Christ chez Pierre : pas du tout le désir de se mettre à table, mais la faiblesse de cette malade ; non pas le besoin de prendre un repas, mais l’occasion d’opérer une guérison. Il est venu exercer sa puissance divine, et non prendre part à un banquet avec des hommes, car ce n’était pas du vin qu’on versait chez Pierre, mais des larmes…

Le Christ n’est donc pas entré dans cette maison pour prendre sa nourriture, mais pour restaurer la vie. Dieu est à la recherche des hommes, pas des biens humains. Il veut leur donner les biens célestes ; il ne désire pas trouver les choses terrestres. Le Christ est donc venu ici-bas pour nous prendre avec lui ; il n’est pas venu chercher les choses que nous possédons.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église
Sermon 18, 1-3 ; CCL 24,107-108 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 242 rev)

 

 

 

Fête de Saint Jean, apôtre et évangéliste

samedi 27 décembre 2014

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Pierre et Jean courent tous deux au tombeau. Le tombeau du Christ c’est l’Écriture sainte, dans laquelle les mystères les plus obscurs de sa divinité et de son humanité sont défendus, si j’ose dire, par une muraille de rocher. Mais Jean court plus vite que Pierre, car la puissance de la contemplation totalement purifiée pénètre les secrets des œuvres divines d’un regard plus perçant et plus vif que la puissance de l’action, qui a encore besoin d’être purifiée.

Pierre entre cependant le premier dans le tombeau ; Jean le suit. Tous deux courent, et tous deux entrent. Ici Pierre est l’image de la foi, et Jean représente l’intelligence… La foi doit donc entrer la première dans le tombeau, image de l’Écriture sainte, et l’intelligence entrer à sa suite…

Pierre, qui représente aussi la pratique des vertus, voit par la puissance de la foi et de l’action le Fils de Dieu enfermé d’une manière inexprimable et merveilleuse dans les limites de la chair. Jean, lui, qui représente la plus haute contemplation de la vérité, admire le Verbe de Dieu, parfait en lui-même et infini dans son origine, c’est-à-dire dans son Père. Pierre, conduit par la révélation divine, regarde en même temps les choses éternelles et les choses de ce monde, unies dans le Christ. Jean contemple et annonce l’éternité du Verbe pour le faire connaître aux âmes croyantes.

Je dis donc que Jean est un aigle spirituel au vol rapide, qui voit Dieu ; je l’appelle théologien. Il domine toute la création visible et invisible, il va au-delà de toutes les facultés de l’intellect, et il entre divinisé en Dieu qui lui donne en partage sa propre vie divine.

Jean Scot Érigène (?-v. 870), bénédictin irlandais
Homélie sur le prologue de l’évangile de Jean, §2 (trad. Jean expliqué, DDB 1985, p. 27 rev.)

 

 

 

« Désormais ce sont des hommes que tu prendras. »

jeudi 4 septembre 2014

 

Logo pt formatLorsque le Seigneur, assis dans la barque, dit à Pierre : « Avance en eau profonde, et lâchez vos filets pour la pêche », il lui conseille moins de jeter dans les profondeurs de l’eau les instruments de la pêche, que de répandre au fond des cœurs les paroles de la prédication. Cet abîme des cœurs, saint Paul l’a pénétré en y lançant la parole : « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! » (Rm 11,33)… Comme le filet amène dans ses replis vers le navire les poissons qu’il a pris, la foi conduit dans son sein, vers le repos, tous les hommes qu’elle a rassemblés.

Toujours pour faire comprendre que le Seigneur parlait de la pêche spirituelle, Pierre dit : « Maître, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais jeter mes filets »… Le Verbe, la Parole de Dieu, c’est le Seigneur notre Sauveur… Puisque Pierre lance son filet selon le Verbe, il répand partout son éloquence selon le Christ. Il déploie les filets tissés selon les prescriptions de son maître ; il lance au nom du Seigneur des paroles plus claires et plus efficaces qui permettent de sauver, non pas des créatures sans raison, mais des hommes.

« Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre. » Oui, Pierre avait bien peiné toute la nuit…; lorsque la lumière du Sauveur a brillé, les ténèbres se sont dissipées et sa foi lui a permis de distinguer, au plus profond des eaux, ce que ses yeux ne pouvaient pas voir. Pierre a effectivement souffert de la nuit, jusqu’à ce que le jour qui est le Christ vienne à son secours. C’est ce qui fait dire à l’apôtre Paul : « La nuit est avancée, le jour arrive » (Rm 13,12).

Saint Maxime de Turin (?-v. 420), évêque
Sermon 39, attrib. (trad. coll. Migne n°65, p. 175)

 

 

 

« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »

dimanche 24 août 2014

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Le ministère de Pierre demeure toujours dans l’Église…en la personne de ceux qui lui ont succédé ; il faut comprendre que la bénédiction du Seigneur prononcée d’abord sur lui descend aussi sur le moindre de ses serviteurs qui « gardent ce qui leur a été confié » (1Tm 6,20). Pierre les représente et les symbolise tous.

« Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux… » Promesse sacrée et glorieuse ! Serait-il possible qu’elle s’épuise tout entière en la personne de Pierre, quelque grand que soit ce noble apôtre ? Est-elle insérée dans « l’Évangile éternel » (Ap 14,6) pour témoigner simplement en faveur de quelqu’un qui a disparu depuis longtemps ?

D’ailleurs est-ce que généralement la Parole inspirée de Dieu exalte les personnes ? La richesse de cette bénédiction du Christ ne résiste-t-elle pas à toute interprétation minimaliste qu’on pourrait en donner ? Ne déborde-t-elle pas, quoi que nous fassions, jusqu’à ce que notre manque de foi soit vaincu par la bonté de celui qui s’est engagé ainsi ? Bref, n’est-ce pas un ensemble de préjugés qui empêche tant de gens d’accueillir cette promesse du Christ faite à Pierre selon la plénitude de la grâce qui l’a accompagnée ?… Si les promesses faites aux apôtres par le Christ ne s’accomplissent pas dans l’Église tout au long de sa durée, comment l’efficacité des sacrements s’étendrait-elle au-delà de l’âge de ses débuts ?

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « The Christian Ministry », PPS, vol. 2, n°25

 

 

 

« Passons sur l’autre rive. » (Lc 8,22)

dimanche 10 août 2014

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« Jésus a obligé les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renvoyait les foules. » Les foules ne pouvaient pas partir vers l’autre rive ; elles n’étaient pas des Hébreux au sens spirituel du mot, qui se traduit : « les gens de l’autre rive ». Cette œuvre était réservée aux disciples de Jésus : partir pour l’autre rive, dépasser le visible et le corporel, ces réalités temporaires, et arriver les premiers vers l’invisible et l’éternel… Et pourtant les disciples n’ont pas pu précéder Jésus sur l’autre rive…; il voulait peut-être leur apprendre par l’expérience que sans lui il n’était pas possible d’y arriver… Qu’est-ce que cette barque dans laquelle Jésus oblige les disciples à monter ? Ne serait-ce pas la lutte contre les tentations et les circonstances difficiles ?…

Ensuite il a gravi la montagne, à l’écart, pour prier. Pour qui prie-t-il ? Probablement pour les foules, pour que, renvoyées après avoir mangé les pains bénis, elles ne fassent rien de contraire à ce renvoi de Jésus. Pour les disciples aussi…, pour qu’il ne leur arrive rien de mal sur la mer à cause des vagues et du vent contraire. J’ai bien envie de dire que c’est grâce à la prière que Jésus adresse à son Père que les disciples n’ont subi aucun dommage, alors que la mer, les vagues et le vent s’acharnaient contre eux…

Et nous, si un jour nous sommes aux prises avec des tentations inévitables, souvenons-nous que Jésus nous a obligés à nous embarquer ; il n’est pas possible de parvenir à l’autre rive sans supporter l’épreuve des vagues et du vent contraire. Puis, quand nous nous verrons entourés par des difficultés nombreuses et pénibles, fatigués de naviguer au milieu d’elles avec la pauvreté de nos moyens, pensons que notre barque est alors au milieu de la mer, et que ces vagues cherchent à « nous faire naufrage dans notre foi » (1Tm 1,19)… Soyons sûrs alors que vers la fin de la nuit, quand « la nuit sera avancée et le jour tout proche » (Rm 13,12), le Fils de Dieu arrivera près de nous afin de nous rendre la mer bienveillante en marchant sur ses eaux.

Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
Commentaire sur l’évangile de Matthieu, livre 11, ch. 5-6 ; PG 13, 913 ; SC 162 (trad. SC p. 287s rev.)

 

 

 

« Seigneur, sauve-moi ! »

lundi 4 août 2014

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 14,22-36. 

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Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules.
Quand il les eut renvoyées, il se rendit dans la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul.
La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : « C’est un fantôme », et la peur leur fit pousser des cris.
Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! »
Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. »
Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant qu’il y avait du vent, il eut peur ; et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Ayant traversé le lac, ils abordèrent à Génésareth.
Les gens de cet endroit reconnurent Jésus ; ils firent avertir toute la région, et on lui amena tous les malades.
Ils le suppliaient de leur laisser seulement toucher la frange de son manteau, et tous ceux qui la touchèrent furent sauvés.

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Ma chère Meg, je ne peux pas manquer de confiance en Dieu ; pourtant je sens que la peur pourrait bien me submerger. Je me rappellerai que saint Pierre, à cause de son peu de foi, commençait à s’enfoncer sous un coup de vent, et je ferai comme lui : j’en appellerai au Christ et lui demanderai son secours. Ainsi j’espère qu’il me tendra la main, me saisira et ne me laissera pas sombrer dans la mer démontée.

Et s’il permet que je joue le rôle de Pierre dans sa conduite ultérieure, que je tombe tout à fait, en jurant et en abjurant (mais que notre Seigneur, dans la tendresse de sa miséricorde, m’en préserve, et qu’une telle chute me nuise plutôt que de me rapporter aucun avantage)…, s’il permet que je tombe, j’espère pourtant que dans sa bonté il jettera sur moi, comme sur Pierre, un regard plein de compassion (cf Lc 22,61) et qu’il me relèvera pour que je confesse de nouveau la vérité et que je libère ma conscience. J’espère aussi qu’il me fera supporter courageusement le châtiment et la honte d’un tel reniement.

Bref, ma chère Margot, je suis absolument certain que, sauf péché de ma part, Dieu ne m’abandonnera pas. En toute espérance et sécurité, je vais donc me confier totalement en lui… Donc, ma chère fille, garde un bon moral, ne te laisse troubler par rien de ce qui peut m’arriver en ce monde. Rien ne peut arriver sans que Dieu le veuille. Et, j’en ai la certitude, tout ce que cela peut être, si mauvais que cela nous paraisse, sera vraiment le meilleur.

Saint Thomas More (1478-1535), homme d’État anglais, martyr
Lettre écrite en prison, 1534 (trad. Rogers/bréviaire 22/06 rev.)

 

 

 

Sainte Brigitte, femme de prière pour l’Église de son temps

mercredi 23 juillet 2014

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Devenue veuve, Brigitte a commencé la deuxième période de sa vie. Elle a renoncé à contracter un autre mariage pour approfondir l’union avec le Seigneur à travers la prière, la pénitence et les œuvres de charité. Les veuves chrétiennes peuvent donc trouver elles aussi chez cette sainte un modèle à suivre. En effet, à la mort de son mari, Brigitte, après avoir distribué ses biens aux pauvres, tout en ne choisissant jamais la consécration religieuse, s’est installée au monastère cistercien d’Alvastra. C’est là qu’ont commencé les révélations divines qui l’ont accompagnée pendant tout le reste de sa vie…

En lisant ces révélations, nous sommes interpellés sur des thèmes importants. Par exemple, on retrouve fréquemment la description, avec des détails très réalistes, de la Passion du Christ, pour laquelle Brigitte a toujours eu une dévotion privilégiée, contemplant dans celle-ci l’amour infini de Dieu pour les hommes. Sur les lèvres du Seigneur qui lui parle, elle place avec audace ces paroles émouvantes : « Mes amis, j’aime si tendrement mes brebis, que, s’il était possible, j’aimerais mieux mourir autant de fois pour chacune d’elles de la mort que j’ai soufferte pour la rédemption de toutes, que d’en être privé » (1, 59). La maternité douloureuse de Marie, qui a fait d’elle la Médiatrice et la Mère de miséricorde, est aussi un thème qui revient souvent dans les révélations.

En recevant ces charismes, Brigitte était consciente d’être la destinataire d’un don de grande prédilection de la part du Seigneur : « Vous, ma fille, que j’ai choisie pour moi…, aimez-moi de tout votre cœur…, mais plus que tout ce qui est au monde » (1, 1). Du reste, Brigitte savait bien, et elle en était fermement convaincue, que chaque charisme est destiné à édifier l’Église. C’est précisément pour ce motif qu’un grand nombre de ses révélations étaient adressées, sous formes d’avertissements parfois sévères, aux croyants de son temps, y compris les autorités politiques et religieuses, pour qu’elles vivent de façon cohérente leur vie chrétienne. Mais elle faisait toujours cela avec une attitude de respect et en pleine fidélité au magistère de l’Église, en particulier au successeur de l’apôtre Pierre.

Benoît XVI, pape de 2005 à 2013
Audience générale du 27/10/2010 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 21,15-19.

vendredi 6 juin 2014

Après le repas au bord du lac, Jésus ressuscité dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m’aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »

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J’aperçois tous les bons pasteurs dans l’unique Pasteur (Jn 10,14). Les bons pasteurs, à vrai dire, ne sont pas plusieurs ; ils sont un dans un seul. S’ils étaient plusieurs, ils seraient divisés…; si le Seigneur a confié son troupeau à Pierre, c’était pour mettre l’unité en valeur en lui. Les apôtres étaient plusieurs, mais il est dit à seulement l’un d’entre eux : « Pais mes brebis »… Effectivement lorsque le Christ lui confiait ses brebis comme à un autre lui-même, il voulait qu’il ne fasse qu’un avec lui. Le Sauveur serait la Tête, Pierre représenterait le corps de l’Église (Col 1,18)… Que lui dit-il avant de lui confier ses brebis pour qu’il ne les reçoive pas comme un étranger ? « Pierre, m’aimes-tu ? » Et Pierre répond : « Je t’aime. » Une seconde fois : « M’aimes-tu ? », et une seconde fois : « Je t’aime. » Une troisième fois : « M’aimes-tu ? », et Pierre répond une troisième fois : « Je t’aime. » C’était fortifier l’amour, pour consolider l’unité.

C’est donc Jésus seul qui est le berger en ses pasteurs, et eux le sont en lui seul…  Ce n’était pas pour annoncer un temps malheureux que Dieu a dit par son prophète : « Je ferai paître mes brebis moi-même », comme s’il n’avait personne à qui les confier. Lorsque Pierre était encore vivant, lorsque les apôtres étaient encore dans cette chair et dans ce monde, cet unique Pasteur en qui sont réunis tous les pasteurs, ne disait-il pas : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas encore de cette bergerie ; il faut que je les y amène aussi, afin qu’il n’y ait qu’un troupeau et qu’un pasteur » ? (Jn 10,16) Tous les pasteurs doivent donc être dans l’unique Pasteur ; tous ils doivent faire entendre seulement sa voix aux brebis… Tous doivent tenir en lui le même langage, sans voix discordantes. « Je vous exhorte, frères, d’avoir tous le même langage et de ne pas tolérer de divisions parmi vous » (1Co 1,10). Cette voix, débarrassée de toute division, pure de toute hérésie, doit être entendue par les brebis, afin qu’elles suivent le Pasteur qui leur dit : « Mes brebis entendent ma voix et me suivent » (Jn 10,27).

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 46, Sur les pasteurs, §30 (trad. cf bréviaire 25e vendr.)

Livre des Actes des Apôtres 3,11-26.

jeudi 24 avril 2014

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L‘infirme que Pierre et Jean venaient de guérir ne les lâchait plus. Tout le peuple accourut vers eux à l’endroit appelé colonnade de Salomon. Les gens étaient stupéfaits ;
voyant cela, Pierre s’adressa au peuple : « Hommes d’Israël, pourquoi vous étonner ? Pourquoi fixer les yeux sur nous, comme si nous avions fait marcher cet homme par notre puissance ou notre sainteté personnelle ?
Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a donné sa gloire à son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré ; devant Pilate, qui était d’avis de le relâcher, vous l’aviez rejeté.
Lui, le saint et le juste, vous l’avez rejeté, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier.
Lui, le Chef des vivants, vous l’avez tué ; mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins.
Tout repose sur la foi au nom de Jésus : c’est ce nom qui a donné la force à cet homme, que vous voyez et que vous connaissez ; oui, la foi qui vient de Jésus a rendu à cet homme une parfaite santé en votre présence à tous.
D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs.
Mais Dieu qui, par la bouche de tous les prophètes, avait annoncé que son Messie souffrirait, accomplissait ainsi sa parole.
Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés.
Ainsi viendra, de la part du Seigneur, le temps du repos : il enverra Jésus, le Messie choisi d’avance pour vous,
et il faut que Jésus demeure au ciel jusqu’à l’époque où tout sera rétabli, comme Dieu l’avait annoncé autrefois par la voix de ses saints prophètes.
Moïse a déclaré : Le Seigneur votre Dieu fera se lever pour vous, au milieu de vos frères, un prophète comme moi : vous écouterez tout ce qu’il vous dira.
Si quelqu’un n’écoute pas les paroles de ce prophète, il sera éliminé du peuple.
Ensuite, tous les prophètes qui ont parlé depuis Samuel et ses successeurs ont annoncé eux aussi les jours où nous sommes.
C’est vous qui êtes les fils des prophètes, les héritiers de l’Alliance que Dieu a conclue avec vos pères, quand il disait à Abraham : En ta descendance seront bénies toutes les familles de la terre.
C’est pour vous d’abord que Dieu a fait se lever son Serviteur, et il l’a envoyé vous bénir, en détournant chacun de vous de ses actions mauvaises. »

 

 

 

« Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

dimanche 16 mars 2014

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Jésus Christ a beaucoup parlé à ses disciples de ses souffrances, de sa Passion et de sa mort, et il leur a prédit les maux qu’ils endureraient eux-mêmes et la mort violente qu’on leur ferait souffrir un jour (Mt 16,21-26). C’est pourquoi, après leur avoir dit des choses si dures et si difficiles, il essaie de les consoler en évoquant les récompenses qu’il donnera quand il viendra dans la gloire de son Père (v. 27)… Par avance, autant qu’ils en étaient capables en cette vie, il veut leur montrer cette grande majesté dans laquelle il devait venir et prévenir ainsi le trouble et la douleur que ses apôtres, et particulièrement saint Pierre, pouvaient ressentir devant sa mort…

« Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean. » Pourquoi ne prend-il que ces trois apôtres ? Sans doute parce qu’ils dépassaient les autres. Saint Pierre, à cause de sa ferveur, son amour ; saint Jean, parce qu’il était le disciple que Jésus aimait (Jn 13,23) ; et saint Jacques, parce qu’il avait dit avec son frère : « Nous pouvons boire ton calice » (Mt 20,22), et parce qu’il a tenu sa parole par la suite (Ac 12,2)…

Pourquoi Jésus fait-il apparaître Moïse et Elie ?… On l’accusait sans cesse de violer la Loi et de blasphémer, s’appropriant une gloire qui ne lui appartenait pas, la gloire du Père… Voulant montrer donc qu’il ne violait pas la Loi et qu’il ne s’attribuait pas une gloire qui ne lui appartenait pas, Jésus invoque l’autorité des deux témoins les plus irréprochables : Moïse, qui avait donné la Loi…, et Elie, qui avait brûlé d’un zèle ardent pour la gloire et le service de Dieu (1R 19,10)… Il voulait aussi enseigner qu’il était le maître de la vie et de la mort, en faisant venir un homme qui était mort et un autre qui avait été transporté vivant par un char de feu (2R 2,11). Et il voulait révéler à ses disciples la gloire de sa croix, consoler Pierre et ses compagnons, effrayés par sa Passion, relever leur courage. Car Moïse et Elie parlaient avec lui de la gloire qu’il devait recevoir à Jérusalem (Lc 9,31), c’est-à-dire qu’ils parlaient de sa Passion, de sa croix, que les prophètes ont toujours appelée sa gloire.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n° 56 ; PG 58, 549