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Archive pour le mot-clef ‘évangile’

Croire en Jésus aujourd’hui

dimanche 5 juillet 2015

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Beaucoup ne cessent de dire : « Si nous avions vécu au temps des apôtres, et si nous avions été jugés dignes de voir le Christ comme eux, nous serions aussi devenus des saints comme eux ». Ils ignorent qu’il est le même, lui qui parle, maintenant comme alors, dans tout l’univers… La situation actuelle n’est sûrement pas la même que celle d’alors, mais c’est la situation d’aujourd’hui, de maintenant, qui est beaucoup plus heureuse. Elle nous conduit plus facilement à une foi et une conviction plus profondes que le fait de l’avoir vu et entendu alors physiquement.

Alors, en effet, c’était un homme qui apparaissait à ceux qui étaient sans intelligence, un homme de condition humble ; mais maintenant c’est un Dieu qui nous est prêché, un Dieu véritable. Alors, il fréquentait physiquement les publicains et les pécheurs et mangeait avec eux (Mt 9,11) ; mais maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père (Mc 16,19), n’ayant jamais été séparé de lui en aucune manière… Alors, même les gens de rien le méprisaient en disant : « N’est-il pas le fils de Marie et de Joseph le charpentier ? » (Mc 6,3; Jn 6,42) Mais maintenant les rois et les princes l’adorent comme le Fils du vrai Dieu, et vrai Dieu lui-même… Alors, il était tenu pour un homme périssable et mortel parmi tous les autres. Lui qui est Dieu sans forme et invisible a reçu, sans altération ni changement, une forme dans un corps humain ; il s’est montré totalement homme, sans offrir au regard rien de plus que les autres hommes. Il a mangé, bu, dormi, transpiré et s’est fatigué ; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché.

C’était une grande chose de reconnaître et de croire qu’un homme pareil était Dieu, celui qui a fait le ciel, la terre et tout ce qu’ils contiennent… Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n’aurait pas plus accepté alors de croire en lui.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec
Catéchèses, n°29 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 264 rev. ; cf SC 113, p. 165s )

 

 

 

St Thomas, apôtre (Ier s.)

vendredi 3 juillet 2015

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Thomas était probablement originaire d’une pauvre famille de Galilée. Il était dépourvu de connaissances humaines, mais d’un esprit réfléchi et d’une volonté ferme jusqu’à l’obstination ; d’autre part, il avait du cœur et du dévouement. Ces deux caractères de sa personnalité paraissent en deux paroles que l’Évangile cite de lui.
Peu avant sa Passion, Jésus veut retourner en Judée ; les Apôtres lui rappellent les menaces de ses ennemis. Thomas seul s’écrie : « Eh bien ! Allons et mourons avec lui ! » Voilà le dévouement du cœur de l’Apôtre.
Après sa résurrection, le Sauveur était apparu à plusieurs de ses disciples, en l’absence de Thomas. Quand, à son retour, on lui raconta cette apparition, il fut si étonné d’une telle merveille, qu’il en douta et dit vivement : « Je ne le croirai pas avant d’avoir mis mes doigts dans ses plaies. » Voilà le second caractère de Thomas, esprit trop raisonneur. Mais son premier mouvement d’hésitation, en chose si grave, ne fut pas un crime et le bon Sauveur répondit à son défi. Que fit alors Thomas ? Nous le savons ; un cri du cœur s’échappa de ses lèvres : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Dieu permit l’hésitation de cet Apôtre pour donner aux esprits difficiles une preuve de plus en faveur de la résurrection de Jésus-Christ.

Saint Augustin attribue à saint Thomas, parmi les douze articles du Symbole, celui qui concerna la Résurrection. Quand les Apôtres se partagèrent le monde, les pays des Parthes et des Perses et les Indes furent le vaste lot de son apostolat. La tradition prétend qu’il rencontra les mages, les premiers adorateurs de Jésus parmi les Gentils, qu’il les instruisit, leur donna le Baptême et les associa à son ministère. Partout, sur son passage, l’Apôtre établissait des chrétientés, ordonnait des prêtres, consacrait des évêques.

Quand au XIVe siècle, les Européens s’emparèrent des Indes orientales, ils trouvèrent dans les traditions des peuples de ce vaste pays des souvenirs chrétiens, et en particulier celui de saint Thomas. Un miracle de l’Apôtre, traînant avec un faible lien une poutre énorme que les éléphants n’avaient pu remuer, fut l’occasion d’innombrables conversions. Cependant les prêtres des faux dieux, jaloux de tant de succès, jurèrent la mort de l’Apôtre ; il aurait été percé d’une lance devant une Croix où il priait.

Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Thomas
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950 (« Rév. x gpm »).

 

 

 

 

« Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » (Mc 2,7)

jeudi 2 juillet 2015

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« Et voilà qu’on lui apportait un paralysé. » Saint Matthieu dit simplement que ce paralytique a été apporté à Jésus. D’autres évangélistes racontent qu’il a été descendu par une ouverture dans le toit, et présenté au Sauveur sans formuler aucune demande, le laissant juger lui-même de la guérison…

L’Évangile dit « voyant la foi de ceux qui portaient le paralytique », c’est-à-dire de ceux qui l’avaient amené à Jésus. Considérez comment parfois le Christ ne fait aucun cas de la foi du malade : peut-être qu’il n’en est pas capable, étant inconscient ou possédé par un esprit mauvais. Ici cependant ce paralytique avait une grande confiance en Jésus ; autrement est-ce qu’il aurait permis qu’on le descende devant lui ? Le Christ répond à cette confiance par un prodige extraordinaire. Avec le pouvoir de Dieu lui-même, il pardonne les péchés de cet homme. Il montre ainsi qu’il est l’égal du Père, vérité qu’il avait déjà montré quand il a dit au lépreux : « Je le veux, sois guéri » (Mt 8,3)…et quand, par un seul mot, il avait calmé la mer déchaînée (Mt 8,26), ou quand, en tant que Dieu, il avait chassé les démons, qui reconnaissent en lui leur souverain et leur juge (Mt 8,32). Or ici, il montre à ses adversaires, à leur grand étonnement, qu’il est l’égal du Père.

Et le Sauveur montre ici, encore une fois, combien il repousse tout ce qui est spectaculaire ou source de vaine gloire. La foule le presse de tous côtés, mais il ne s’empresse pas d’opérer un miracle visible en guérissant la paralysie extérieure de cet homme… Il commence par un miracle invisible, guérissant l’âme de cet homme. Cette guérison-là est infiniment plus avantageuse pour lui –- et, en apparence, moins glorieuse pour le Christ.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n° 29, 1

 

Neuvaine au Précieux Sang – Cinquième jour

samedi 27 juin 2015

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Lecture du 5ème jour Matthieu 26, 26-29 :

« Or, tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : « Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés.
Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai avec vous de nouveau, dans le Royaume de mon Père. »

Sainte Cène

Commentaire : Texte central de la Bible et de la messe ce texte nous présente l’institution de la Sainte Cène, où Jésus inaugure l’Eucharistie. Après avoir rendu grâce, il présente son Sang qui est le « Sang de l’Alliance répandu pour la rémission des péchés du monde. »

« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons. »

mardi 16 juin 2015

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Annonce la bonté de Dieu. Car alors que tu es indigne, il te dirige, et alors que tu lui dois tout, il ne te réclame rien. Et pour les petites choses que tu fais, il te donne en retour de grandes choses. N’appelle pas Dieu donc simplement juste. Car ce n’est pas par rapport à ce que tu fais toi qu’il révèle sa justice. Si David le nomme juste et droit (Ps 32,5), son Fils nous a révélé qu’il est bien plutôt bon et doux : « Il est bon pour les méchants et les impies » (Lc 6,35).

Comment peux-tu en rester à la simple justice de Dieu, quand tu lis le chapitre sur le salaire des ouvriers ? « Mon ami, je ne te fais aucun tort, je veux donner à ce dernier venu autant qu’à toi. Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce moi je suis bon ? » (Mt 20,13-15). Comment peut-on dire simplement que Dieu est juste quand on lit le chapitre du fils prodigue qui a dissipé la richesse de son père dans la débauche, comment à la seule componction qu’il a montrée, son père a couru vers lui, s’est jeté à son cou et lui a donné plein pouvoir sur toute sa richesse ? (Lc 15,11s) Ce n’est pas un autre qui nous a dit cela sur Dieu, pour que nous en doutions. C’est son Fils lui-même ; lui-même a donné de Dieu ce témoignage. Où donc est la justice de Dieu ? N’est-ce pas en ce qu’« alors que nous étions pécheurs, le Christ est mort pour nous » ? (Rm 5,8) Si Dieu se montre compatissant ici bas, croyons qu’il l’est depuis toute éternité.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n° 60 (trad. DDB 1981, p. 324 rev.)

 

 

 

« La loi parfaite, celle de la liberté » (Jc 1,25)

lundi 15 juin 2015

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« A qui prend ta tunique, dit le Christ, donne aussi ton manteau ; à qui prend ton bien, ne réclame pas ; et ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » (Mt 5,40 ;Lc 6,30-31). De la sorte, nous ne nous attristerons pas comme des gens qu’on aurait dépossédés contre leur gré, mais au contraire nous nous réjouirons comme des gens qui auraient donné de bon cœur, puisque nous ferons un don gratuit au prochain plus que nous ne céderons à la contrainte. « Et, dit-il, si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en avec lui deux mille ». De la sorte nous ne le suivons pas comme un esclave, mais nous le précédons comme un homme libre. En toutes choses donc le Christ t’invite à te rendre utile à ton prochain, ne considérant pas sa méchanceté, mais mettant le comble à ta bonté. Il nous invite ainsi à nous rendre semblable à notre Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45).

Tout cela n’est pas le fait de quelqu’un qui abolit la Loi, mais de quelqu’un qui l’accomplit et qui l’étend pour nous (Mt 5,17). Le service de la liberté est un plus grand service ; notre libérateur nous propose une soumission et une dévotion plus profondes à son égard. Car il ne nous a pas libérés des contraintes de la Loi ancienne pour que nous nous détachions de lui…mais pour que, ayant reçu plus abondamment sa grâce, nous l’aimions davantage et que, l’ayant aimé davantage, nous recevions de lui une gloire d’autant plus grande quand nous serons pour toujours en présence de son Père.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208), évêque, théologien et martyr
Contre les hérésies, IV, 13, 3 (trad. cf SC 100, p. 531)

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,17-19.

mercredi 10 juin 2015

E-5n ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »

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Voulez-vous savoir comment, loin de détruire la Loi et les prophètes, Jésus Christ vient plutôt les confirmer et les compléter ? Quant aux prophètes, d’abord c’est en confirmant par ses œuvres ce qu’ils avaient annoncé. De là cette expression qui revient constamment chez St Matthieu : « Afin que cette parole du prophète soit accomplie »…

Pour la Loi, il l’a accomplie de trois manières. Premièrement, en n’omettant aucune des prescriptions légales. Il déclare à Jean Baptiste : « C’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » (Mt 3,15) ; aux juifs, il disait : « Quel est celui d’entre vous qui me convaincra de péché ? » (Jn 8 46)…

Il l’accomplit en second lieu, parce qu’il a voulu s’y soumettre pour notre salut. Ô prodige ! En s’y soumettant, il nous a communiqué la grâce de l’accomplir à notre tour. St Paul nous l’enseigne en ces termes : « La fin de la Loi, c’est le Christ pour la justice de tous ceux qui croient » (Rm 10,4). Il dit aussi que le Sauveur a condamné le péché dans la chair « pour que la justification de la Loi se réalise en nous qui ne marchons pas selon la chair » (Rm 8,4). Il dit aussi : « Est-ce que nous détruisons la Loi par la foi ? A Dieu ne plaise ! Nous confirmons plutôt la Loi » (Rm 3,31). En effet, la Loi tendait à rendre l’homme juste, mais elle n’en avait pas la force ; le Christ est venu alors, lui la fin de la Loi, et il nous a montré le chemin qui conduit à la justice, c’est à dire la foi. Ainsi, il a rempli les intentions de la Loi. La lettre de la Loi ne pouvait pas justifier le pécheur ; la foi en Jésus Christ le justifiera. Voilà pourquoi il peut dire : « Je ne suis pas venu détruire la Loi ».

En y regardant de plus près, on aperçoit un troisième mode d’accomplissement. Quel est ce mode ? Il consiste dans les préceptes même que le Christ devait donner ; loin de renverser ceux de Moïse, ils en sont la juste conséquence et le complément naturel.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l’Église
Homélies sur S. Matthieu, n° 16

 

 

« Vous êtes la lumière du monde »

mardi 9 juin 2015

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Saint Jean a eu raison d’affirmer dans sa lettre : « Dieu est lumière », et que « celui qui demeure en Dieu » est « dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière » (1Jn 1,5.7; 3,24). Puisque nous avons la joie d’être libérés des ténèbres de l’erreur, nous devons toujours « marcher dans la lumière », comme de vrais « enfants de la lumière » (Ep 5,8)… C’est pourquoi l’apôtre Paul écrit : « Vous brillez comme des sources de lumière dans le monde, vous qui êtes porteurs de la parole de vie » (Ph 2,15-16). Si nous n’agissons pas ainsi, on verra que, pour notre malheur comme pour celui des autres, nous couvrons et nous cachons par notre manque de foi comme par un voile les bienfaits de cette lumière si nécessaire…

C’est pourquoi cette lampe resplendissante, qui a été allumée pour servir à notre salut, doit toujours briller en nous. Nous avons en effet la lampe du commandement du ciel et de la grâce spirituelle dont David disait : « Ta parole est une lampe pour mes pas, une lumière sur ma route » (Ps 118,105)… Cette lampe de la Loi et de la foi, nous ne devons donc pas la cacher, mais la dresser dans l’Église comme sur le lampadaire, pour le salut d’un grand nombre, afin de jouir nous-mêmes de la lumière de la vérité, et d’en éclairer tous les croyants.

Saint Chromace d’Aquilée (?-407), évêque
Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°5, 1.3-4 : CCL 9, 405 (trad. cf bréviaire 11/06 et Orval)

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 21,15-19.

vendredi 22 mai 2015

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade. Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes- tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »


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Le Seigneur demande à Pierre s’il l’aime, ce qu’il savait très bien ; et il le lui demande non pas une fois, mais deux et même trois fois. Et chaque fois Pierre répond qu’il l’aime, et chaque fois Jésus lui confie le soin de faire paître ses brebis. À son triple reniement répond une triple affirmation d’amour. Il faut que sa langue serve son amour, comme elle a servi sa peur ; il faut que le témoignage de sa parole soit aussi explicite en présence de la vie qu’elle l’a été devant le menace de la mort. Il faut qu’il donne une preuve de son amour en s’occupant du troupeau du Seigneur, comme il a donné une preuve de sa timidité en reniant le Pasteur.

Ceux qui s’occupent des brebis du Christ avec l’intention d’en faire leurs brebis plutôt que celles du Christ se montrent coupables de s’aimer eux-mêmes au lieu d’aimer le Christ. Ils sont conduits par le désir de la gloire, de la domination ou du profit, et non le désir aimant d’obéir, de secourir et de plaire à Dieu. Cette parole trois fois répétée par le Christ condamne ceux que l’apôtre Paul gémit de voir chercher leurs intérêts plutôt que ceux de Jésus Christ (Ph 2,21). Que signifient, en effet, ces paroles : « M’aimes-tu ? Pais mes brebis » ? C’est comme s’il disait : « Si tu m’aimes, ne t’occupe pas de ta propre pâture, mais de celle de mes brebis ; regarde-les non comme les tiennes, mais comme les miennes. En elles, cherche ma gloire, et non la tienne ; mon pouvoir, et non le tien ; mes intérêts, et non les tiens »… Ne nous préoccupons donc pas de nous-mêmes : aimons le Seigneur et, en conduisant ses brebis vers leur pâturage, recherchons l’intérêt du Seigneur sans nous inquiéter du nôtre.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n°123

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 17,11b-19.

mercredi 20 mai 2015

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.

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Frères, qui donc serait assez criminel et assez forcené dans sa passion de discorde, pour s’imaginer qu’on puisse mettre en cause et pour oser lui-même déchirer l’unité de Dieu, le vêtement du Seigneur, l’Église du Christ ? (cf Jn 19,24) Dans son Évangile, Dieu ne fait-il pas entendre cet avertissement : « Il y aura un seul troupeau et un seul berger » ? (Jn 10,16) Quelqu’un pense-t-il après cela que dans un même lieu il puisse y avoir normalement plusieurs bergers et plusieurs troupeaux ? Voyez comment l’apôtre Paul nous recommande pareillement cette unité : « Mes frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ à être tous vraiment d’accord ; qu’il n’y ait pas de division entre vous ; soyez bien unis dans le même esprit et dans les mêmes sentiments » (1Co 1,10). « Supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Ep 4,2-3).

Toi donc, crois-tu pouvoir rester debout et en vie si tu abandonnes l’Église pour établir ta demeure ailleurs et éloigner d’elle ton foyer ?… A propos de la Pâque n’est-il pas dit dans l’Exode que l’agneau, immolé en préfiguration du Christ, doit être mangé dans une seule et même maison ? (Ex 12,46) La chair du Christ, la chose sainte du Seigneur, on ne peut la jeter dehors ; pour les croyants, il n’y a pas d’autre demeure que l’Église une. Cette maison, cette demeure d’une famille unie, est désignée par l’Esprit Saint quand il dit dans un psaume : « Dieu fait habiter dans une même maison des cœurs unanimes » (cf 86,7). C’est dans la maison de Dieu, dans l’Église du Christ, qu’habitent ces cœurs unanimes ; c’est là qu’ils peuvent demeurer dans la paix et dans la simplicité.

Saint Cyprien (v. 200-258), évêque de Carthage et martyr
L’Unité de l’Église, § 8 (trad. cf coll. Pères dans la foi, n°9, p. 32)