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Archive pour le mot-clef ‘St Augustin’

Saisir le Christ

vendredi 3 avril 2020

« Si la Loi appelle ceux à qui la parole de Dieu s’adresse des dieux, (…) pourquoi dites-vous à celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes ! parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? » De fait, si Dieu a parlé aux hommes pour qu’ils soient appelés des dieux, comment la Parole de Dieu, le Verbe qui est en Dieu, ne serait-il pas Dieu ? Si les hommes, parce que Dieu leur parle, sont rendus participants de sa nature et deviennent des dieux, comment cette Parole, par où leur vient ce don, ne serait-elle pas Dieu ? (…) Toi, tu t’approches de la Lumière, et tu la reçois, et tu comptes parmi les enfants de Dieu ; si tu t’en éloignes, tu deviens obscur, et tu comptes parmi les fils des ténèbres (cf 1Th 5,5). (…)

« Croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez et vous croirez que le Père est en moi et moi dans le Père. » Le Fils de Dieu ne dit pas « le Père est en moi et moi dans le Père » dans le sens où les hommes peuvent le dire. En effet, si nos pensées sont bonnes, nous sommes en Dieu ; si notre vie est sainte, Dieu est en nous. Lorsque nous participons à sa grâce et que nous sommes éclairés par sa lumière, nous sommes en lui et lui en nous. Mais (…) reconnais ce qui est propre au Seigneur et ce qui est un don fait à son serviteur. Ce qui est propre au Seigneur c’est l’égalité avec le Père ; le don accordé au serviteur, c’est de participer au Sauveur.

« Ils cherchaient donc à le saisir. » Si seulement ils l’avaient saisi, mais par la foi et l’intelligence, et non pour le tourmenter et le faire mourir ! En ce moment où je vous parle (…), tous, vous et moi, nous voulons saisir le Christ. Saisir, qu’est-ce à dire ? Vous avez saisi quand vous avez compris. Mais les ennemis du Christ cherchaient autre chose. Vous avez saisi pour posséder, eux voulaient le saisir pour s’en débarrasser. Et parce qu’ils voulaient le saisir ainsi, que fait Jésus ? « Il échappa de leurs mains. » Ils n’ont pas pu le saisir, parce qu’ils n’avaient pas les mains de la foi. (…) Nous saisissons vraiment le Christ si notre esprit saisit le Verbe.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Jésus s’écria d’une voix forte : Lazare, viens dehors ! » (Jn 11,43)

dimanche 29 mars 2020

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Parmi tous les miracles faits par notre Seigneur Jésus Christ, la résurrection de Lazare est particulièrement impressionnante. Mais si nous considérons celui qui l’a accomplie, notre joie doit dépasser notre étonnement. Celui qui a ressuscité cet homme a aussi créé l’homme, car il est le Fils unique du Père et par lui, vous le savez, tout a été fait (Jn 1,3). Si donc tout a été fait par lui, quoi d’étonnant qu’un homme soit ressuscité par lui alors que, chaque jour, il en fait naître un si grand nombre…

Tu as entendu que le Seigneur Jésus a ressuscité un mort ; cela te suffit pour apprendre que, s’il l’avait voulu, il aurait ressuscité tous les morts. Et c’est précisément ce qu’il s’est réservé pour la fin du monde. Car si vous avez entendu que Jésus a fait sortir du tombeau un mort de quatre jours par un grand miracle, « l’heure viendra, comme il le dit lui-même, où les morts entendront sa voix et ceux qui l’auront entendue vivront ». Il a ressuscité un homme déjà atteint de la pourriture du tombeau, mais ce corps avait gardé sa forme humaine ; au dernier jour d’un mot il rendra la vie à nos cendres pour reprendre leur première forme. Il fallait qu’en son temps le Christ accomplisse quelques actions nous donnant signe de sa puissance pour que nous croyions et que nous nous préparions à cette résurrection qui sera pour la vie et non pour la condamnation. Car « l’heure vient où tous ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de sa voix ; ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal, pour la condamnation »…

Mais considérons les œuvres encore plus admirables du Christ : tout homme qui a la foi est un ressuscité ; et si nous sommes attentifs nous comprendrons qu’il y a des morts plus affreuses que celle de Lazare : tout homme qui pèche meurt. La mort corporelle, tout homme la craint ; mais il en est peu qui craignent la mort de l’âme. Ah, si nous pouvions réveiller les hommes de leur apathie et nous réveiller avec eux pour aimer la vie éternelle avec autant d’ardeur qu’ils aiment cette vie fugitive !

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n°49, 1-3 ; CCL 36, 419-421 (trad. Orval rev.)

 

 

 

 

 

 

 

Battus par le vent et les vagues

samedi 1 février 2020

Je vais, avec la grâce du Seigneur, vous entretenir de l’évangile de ce jour. Je veux aussi, avec l’aide de Dieu, vous encourager à ne pas laisser la foi dormir dans vos cœurs au milieu des tempêtes et des houles de ce monde. Le Seigneur Jésus Christ exerçait sans aucun doute son pouvoir sur le sommeil non moins que sur la mort, et quand il naviguait sur le lac, le Tout-Puissant n’a pas pu succomber au sommeil sans le vouloir. Si vous pensez qu’il n’avait pas cette maîtrise, c’est que le Christ dort en vous. Si, au contraire, le Christ est éveillé en vous, votre foi aussi est éveillée. L’apôtre Paul dit : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi » (Ep 3,17).

Donc le sommeil du Christ est le signe d’un mystère. Les occupants de la barque représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la croix. En outre, la barque est la figure de l’Église. Oui, vraiment, tous les fidèles sont des temples où Dieu habite, et le cœur de chacun d’eux est une barque naviguant sur la mer ; elle ne peut sombrer si l’esprit entretient de bonnes pensées. On t’a fait injure : c’est le vent qui te fouette. Tu t’es mis en colère : c’est le flot qui monte. Ainsi, quand le vent souffle et que monte le flot, la barque est en péril. Ton cœur est en péril, ton cœur est secoué par les flots. L’outrage a suscité en toi le désir de la vengeance. Et voici : tu t’es vengé, cédant ainsi sous la faute d’autrui, et tu as fait naufrage. Pourquoi ? Parce que le Christ s’est endormi en toi, c’est-à-dire que tu as oublié le Christ. Réveille-donc le Christ, souviens-toi du Christ, que le Christ s’éveille en toi ; pense à lui.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

« Ils restèrent auprès de lui ce jour-là. »

samedi 4 janvier 2020

« Jean était là et deux de ses disciples avec lui. » Jean était un tel « ami de l’Époux » qu’il ne cherchait pas sa propre gloire ; il rendait simplement témoignage à la vérité (Jn 3,29.26). Songe-t-il à retenir ses disciples et à les empêcher de suivre le Seigneur ? Pas du tout, il leur montre lui-même celui qu’ils doivent suivre… Il leur déclare : « Pourquoi vous attacher à moi ? Je ne suis pas l’Agneau de Dieu. Voici l’Agneau de Dieu… Voici celui qui enlève le péché du monde. »

À ces paroles, les deux disciples qui étaient avec Jean ont suivi Jésus. « Et Jésus, se retournant, a vu qu’ils le suivaient, et il leur dit : ‘ Que cherchez-vous ‘ ? Ils lui ont répondu : ‘ Maître, où demeures-tu ? ‘ » Ils ne le suivaient pas encore de manière définitive ; nous savons qu’ils se sont attachés à lui quand il les a appelés à quitter leur barque…, quand il leur a dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4,19). C’est à partir de ce moment-là qu’ils se sont attachés à lui pour ne plus le quitter. Pour l’instant, ils voulaient voir où Jésus demeurait, et mettre en pratique cette parole de l’Écriture : «   Si tu vois un homme de sens, va vers lui dès le matin ; que tes pas usent le seuil de sa porte. Apprends de lui les préceptes du Seigneur » (Si 6,36s). Jésus leur a montré donc où il demeurait ; ils sont venus et sont restés avec lui. Quel heureux jour ils ont passé ! Quelle nuit bienheureuse ! Qui nous dira ce qu’ils ont entendu de la bouche du Seigneur ? Mais nous aussi, construisons une demeure dans notre cœur, élevons une maison où le Christ puisse venir nous instruire et s’entretenir avec nous.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Nous ne savons pas. »

lundi 16 décembre 2019

Vraiment, mes frères, ce que Dieu promettait paraissait incroyable aux hommes : qu’à partir de cet état mortel où ils sont corruptibles, méprisables, faibles, poussière et cendre, ils deviendraient égaux aux anges de Dieu ! C’est pourquoi Dieu ne s’est pas contenté de faire avec les hommes le contrat de l’Écriture, pour qu’ils croient, mais il a établi un médiateur garant de sa foi : non pas un prince, un ange ou un archange, mais son Fils unique. Ainsi devait-il montrer et donner par son Fils lui-même le chemin par lequel il nous conduirait à cette fin qu’il nous a promise. Mais pour Dieu c’était trop peu de chose que son Fils nous montre le chemin : il a fait de lui le chemin (Jn 14,6) par lequel tu irais sous sa direction, le chemin que tu suivrais…

Que nous étions loin de lui ! Lui si haut et nous si bas ! Nous étions malades, sans espoir de guérison. Un médecin a été envoyé, mais le malade ne l’a pas reconnu, « car s’ils l’avaient connu, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire » (1Co 2,8). Mais la mort du médecin a été le remède du malade ; le médecin était venu le visiter et il est mort pour le guérir. Il a fait comprendre à ceux qui ont cru en lui qu’il était Dieu et homme : Dieu qui nous a créés, homme qui nous a recréés. Une chose se voyait en lui, une autre était cachée ; et ce qui était caché l’emportait de beaucoup sur ce qui se voyait… Le malade a été guéri par ce qui était visible, pour devenir capable de voir pleinement plus tard. Cette vision ultime, Dieu la différait en la cachant, il ne la refusait pas.

Saint Augustin

 

 

 

 

« Tous les prophètes, ainsi que la Loi, ont parlé jusqu’à Jean. »

samedi 14 décembre 2019

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Jusqu’à Jean Baptiste la Loi et les prophètes comportaient des préfigurations qui avaient pour but d’annoncer l’avenir. Mais les sacrements de la nouvelle Loi, ceux de notre temps, attestent la venue de ce que les anciens proclamaient à venir. Et Jean a été, de tous les précurseurs du Christ, le messager qui l’annonce de plus près.

Car tous les justes et tous les prophètes des siècles antérieurs avaient désiré voir l’accomplissement de ce qu’ils discernaient déjà dans cet avenir dont l’Esprit Saint leur soulevait le voile. Le Seigneur Jésus le dit en personne : « Bien des justes et bien des prophètes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu » (Mt 13,17). C’est pourquoi il a été dit de Jean Baptiste qu’il était « plus que prophète » et qu’« aucun des enfants des femmes ne l’a surpassé » (Mt 11,9-11).

En effet, les justes des premiers temps avaient eu seulement la faveur d’annoncer le Christ ; Jean Baptiste, lui, a eu la grâce de l’annoncer encore absent et de le voir enfin présent. Il a vu à découvert celui que les autres ont désiré voir. C’est pourquoi le signe de son baptême appartient encore à l’annonce du Christ qui vient, mais à l’extrême limite de l’attente. Jusqu’à lui, il y avait eu des prédictions du premier avènement du Seigneur ; maintenant, après Jean, cet avènement du Christ, on ne le prédit plus, on le proclame.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Traité anti-donatiste « Contre les lettres de Petilianus » livre 2, §87 (trad. Bibliothèque augustinienne,  DDB 1986, vol. 30, p. 341)

 

 

Bâtir une maison

jeudi 5 décembre 2019

[Le psalmiste dit :] « Le Seigneur est grand et très digne de louange » (95,4). Qui est ce Seigneur si ce n’est Jésus Christ, grand et digne de louange ? Vous savez, bien sûr, qu’il est apparu comme homme ; vous savez qu’il a été conçu dans le sein d’une femme, qu’il est né de ce sein, qu’il a été allaité, porté dans les bras, circoncis, qu’une offrande a été faite pour lui (Lc 2,24), et qu’il a grandi. Vous savez aussi qu’il a été giflé, couvert de crachats, couronné d’épines, et crucifié, et qu’il est mort, percé par la lance. Vous savez qu’il a souffert tout cela : oui, « il est grand et digne de louange ». Gardez-vous de mépriser sa petitesse ; comprenez sa grandeur. Il s’est fait petit parce que vous étiez petits : comprenez combien il est grand, et vous serez grands avec lui. C’est ainsi qu’on bâtit une maison, ainsi qu’on élève de grands murs dans une demeure. Les pierres que l’on apporte pour construire cet édifice s’accroissent : accroissez vous-mêmes, comprenez combien le Christ est grand, combien celui qui paraît petit est grand, très grand. (…)

Que peut dire la pauvre langue humaine pour louer celui qui est grand ? En disant « très » grand, elle s’efforce d’exprimer ce qu’elle sent et croit (…), mais c’est comme si elle disait : « Ce que je ne peux pas exprimer, essaie de le saisir par la pensée ; et pourtant sache que ce que tu auras saisi n’est que peu de chose ». Ce qui dépasse toute pensée, comment une langue quelconque pourrait-elle le traduire ? « Grand est le Seigneur et très digne de louange ! » Qu’il soit donc loué, qu’il soit prêché, que sa gloire soit annoncée, et que sa demeure soit élevée.

Saint Augustin

 

 

 

 

« Si toi, Jérusalem, tu avais reconnu ce qui peut te donner la paix ! »

jeudi 21 novembre 2019

« Quelle joie quand on m’a dit : ‘Nous irons à la maison du Seigneur.’ Maintenant nos pas s’arrêtent dans les parvis de Jérusalem » (Ps 121,1-2). De quelle Jérusalem ? Il y a sur terre une ville de ce nom, mais elle est l’ombre de l’autre Jérusalem. Quel si grand bonheur y a-t-il à se tenir dans le Jérusalem d’ici-bas qui n’a pas pu se tenir d’elle-même et qui est tombée en ruines ? (…) Ce n’est pas de la Jérusalem d’ici-bas que parle celui qui a tant d’amour, tant d’ardeur, tant de désir à parvenir à la Jérusalem « notre mère », que l’apôtre Paul dit être « éternelle dans les cieux » (Ga 4,26; 2Co 5,1). (…)

« Jérusalem, que ta paix soit dans ta force » (Ps 121,7). C’est à dire que ta paix soit dans ton amour, car l’amour est ta force. Écoutez le Cantique des Cantiques : « L’amour est fort comme la mort » (8,6). (…) En effet, l’amour détruit ce que nous avons été, pour nous permettre, par une sorte de mort, de devenir ce que nous n’étions pas. (…) C’est cette mort qui était à l’œuvre en celui qui disait : « Le monde est crucifié pour moi, et je suis crucifié pour le monde » (Ga 6,14). C’est de cette mort que parle ce même apôtre quand il dit : « Vous êtes morts et votre vie est désormais caché avec le Christ en Dieu » (Col 3,3). Oui, « l’amour est fort comme la mort ». Si l’amour est fort, il est puissant, il est de grande force, il est la force même. (…) Que ta paix soit donc dans ta force, Jérusalem ; que ta paix soit dans ton amour.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

« Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison. »

dimanche 3 novembre 2019

À l’approche des fêtes de Pâques nous disons sans hésiter : « C’est demain la Passion du Seigneur » et cependant il y a bien des années que le Seigneur a subi sa Passion, qui a eu lieu une fois pour toutes (He 9,26). Ce dimanche aussi, nous avons raison de dire : « C’est aujourd’hui que le Seigneur est ressuscité » ; or il y a bien des années écoulées depuis que le Christ est ressuscité. Pourquoi donc personne ne vient-il nous reprocher cet « aujourd’hui » comme un mensonge ?

N’est-ce pas parce que nous disons « aujourd’hui » car ce jour représente le retour, dans le cycle du temps, du jour où a eu lieu l’événement que nous commémorons ? Nous avons raison de dire « aujourd’hui » : en effet, aujourd’hui s’accomplit par la célébration du mystère l’événement qui a eu lieu il y a déjà longtemps. Le Christ a été immolé en lui-même une fois pour toutes et pourtant, aujourd’hui il est immolé dans le mystère que nous célébrons, non seulement à chaque fête pascale, mais tous les jours, pour tous les peuples. Ce n’est donc pas mentir que d’affirmer : « Aujourd’hui, le Christ est immolé ». Car, si les sacrements que nous accomplissons n’avaient pas une véritable ressemblance avec la réalité dont ils sont le signe, ils ne seraient pas du tout des sacrements. Mais c’est justement cette ressemblance qui permet de les désigner du nom même de la réalité dont ils sont le signe. Ainsi le sacrement du corps du Christ que nous célébrons est en quelque manière le corps du Christ ; le mystère du sang du Christ que nous accomplissons, c’est le sang du Christ. Le mystère sacramentel de la foi, c’est la réalité que l’on croit.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

« Dieu regarde le cœur. » (1S 16,7)

dimanche 29 septembre 2019

Est-ce que ce pauvre a été reçu par les anges à cause du seul mérite de sa pauvreté ? Et le riche a-t-il été livré aux tourments par la seule faute de sa richesse ? Non : comprenons-le bien, c’est l’humilité qui a été honorée dans le pauvre, et l’orgueil condamné dans le riche.

Voici, en bref, la preuve que ce ne sont pas les richesses mais l’orgueil qui a valu au riche son châtiment. Le pauvre a donc été porté dans le sein d’Abraham ; mais l’Écriture dit d’Abraham qu’il avait beaucoup d’or et d’argent et qu’il était riche sur terre (Gn 13,2). Si tout riche est envoyé dans les tourments, comment Abraham a-t-il pu devancer le pauvre pour le recevoir dans son sein ? C’est qu’Abraham, au milieu de ses richesses, était pauvre, humble, respectueux et obéissant à tous les ordres de Dieu. Il tenait ses richesses pour si peu de choses que, lorsque Dieu le lui a demandé, il a accepté d’offrir en sacrifice son fils à qui il destinait ces richesses (Gn 22,4).

Apprenez donc à être pauvres et dans le besoin, soit que vous possédiez quelque chose en ce monde, soit que vous ne possédiez rien. Car on trouve des mendiants remplis d’orgueil et des riches qui confessent leurs péchés. « Dieu résiste aux orgueilleux », qu’ils soient couverts de soie ou de haillons, « mais il donne sa grâce aux humbles » (Jc 4,6), qu’ils possèdent ou non les biens de ce monde. Dieu regarde l’intérieur ; c’est là qu’il pèse, là qu’il examine.

Saint Augustin (354-430)