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Archive pour le mot-clef ‘demeure’

« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. »

vendredi 26 avril 2024

La souveraine Bonté se manifeste de diverses manières, et le Christ béni a dit : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père » (Jn 14,2). Qui pourrait dire la diversité des moyens, des visites, des dons et des grâces de Dieu, non seulement dans les créatures, mais dans une seule âme ?

Car comme les vertus sont différentes, quoiqu’elles soient toutes marquées du signe de la charité, la conduite et les œuvres des serviteurs de Dieu sont aussi très différente ; non pas que celui qui a parfaitement la vertu de charité n’ait pas aussi toutes les autres, mais chacun en a une particulière qui domine toutes les autres. De là les différences de vie. Celui qui a surtout la charité met tout son bonheur à l’exercer à l’égard du prochain ; celui qui a l’humilité recherche avec passion la solitude. L’un aime la justice, l’autre la liberté que donne une foi vive, qui semble ne rien craindre. D’autres aiment la pénitence, et se livrent tout entiers à la mortification de leurs corps ; d’autres s’appliquent à tuer leur volonté propre par une véritable et parfaite obéissance. Ainsi les moyens sont différents, quoique tous courent dans la voie de la charité.

Les saints qui jouissent de la vie éternelle l’ont tous suivie, mais de diverses manières ; car l’un ne ressemble pas à l’autre. Il y a la même différence parmi les anges, qui ne sont pas tous égaux. Aussi une des joies de l’âme dans la vie éternelle, c’est de voir la grandeur de Dieu dans la variété des récompenses qu’il donne à ses saints.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

 

 

 

« Pour celui qui frappe, la porte s’ouvre. »

jeudi 6 octobre 2022

Le Christ dit aux docteurs de la Loi : « Malheureux êtes-vous parce que vous avez enlevé la clef de la connaissance »(Lc 11,52). Qu’est-ce que la clef de la connaissance sinon la grâce du Saint-Esprit donnée par la foi, qui par l’illumination produit la pleine connaissance, et qui ouvre notre esprit fermé et voilé ? (..). Et je dirai encore : la porte, c’est le Fils : « Je suis la porte, » dit-il. La clef de la porte, l’Esprit Saint : « Recevez l’Esprit Saint, dit-il ; ceux à qui vous remettez les péchés, ils leur sont remis, ceux à qui vous les retenez, ils sont retenus ». La maison, c’est le Père : « Car dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ». Fais donc soigneusement attention au sens spirituel de ces paroles. (…) Si la porte ne s’ouvre pas, personne n’entre dans la maison du Père, comme dit le Christ : « Personne ne vient au Père, sinon par moi ».

Or, que l’Esprit Saint le premier ouvre notre esprit et nous enseigne ce qui concerne le Père et le Fils, c’est encore lui qui l’a dit : « Quand viendra l’Esprit de vérité qui procède du Père, il témoignera à mon sujet, et il vous guidera dans la vérité tout entière ». Tu vois comment, par l’Esprit ou plutôt dans l’Esprit, le Père et le Fils se donnent à connaître inséparablement. (…)

En effet, si on appelle clef le Saint-Esprit, c’est que par lui et en lui d’abord nous avons l’esprit éclairé et, purifiés, nous sommes illuminés de la lumière de la connaissance et baptisés d’en-haut, régénérés et rendus enfants de Dieu, comme dit Paul : « L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables », et encore : « Dieu a donné son Esprit en nos cœurs, qui crie : ‘Abba, Père’ ». C’est donc lui qui nous montre la porte, porte qui est lumière, et la porte nous apprend que celui qui habite dans la maison est lui aussi lumière inaccessible.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

(Références bibliques : Lc 11,52; Jn 10,7.9; 20,22-23; 14,2; 10,3; 14,6; 15,26; 6,13; Rm 8,26; Ga 4,6)

 

 

« Chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23)

lundi 11 mai 2020

Saint Bernard dit dans ses écrits : « J’estime que l’âme élue est non seulement céleste par son origine, mais que ce n’est pas sans raison qu’on peut l’appeler un ciel, par analogie, car notre vie se voit dans les cieux (Ph 3,20). Aussi La Sagesse dit : « L’âme du juste est la demeure de la sagesse » (cf. Pr 14,33 LXX), et encore : « Le ciel est mon trône. » (Is 66,1) Or, celui qui sait que Dieu est esprit n’hésitera pas à lui assigner une demeure spirituelle. J’en vois la confirmation certaine dans cette promesse de Celui qui est Vérité : « Mon Père et moi, nous viendrons à lui, c’est-à-dire au juste, et nous fixerons en lui notre demeure. » (Jn 14,23) Et je pense que le Prophète n’entendait pas autre chose lorsqu’il disait : « Tu habites dans le Saint, gloire d’Israël. » (Ps 21,4 LXX) Et l’Apôtre dit clairement que « le Christ habite par la foi dans nos cœurs » (Ep 3,17).

Mais c’est de loin que mon désir se tourne vers ces âmes saintes dont il est dit : « J’habiterai en eux et j’y marcherai » (2Co 6,16) Oh ! que cette âme est grande ! Oh ! quel privilège est accordé à ses mérites de posséder en soi la présence divine et d’être trouvée digne de l’accueillir et capable de la contenir, même d’être élargie aux dimensions où puisse se mouvoir son action majestueuse. Cette croissance en a fait le temple saint du Seigneur (Ep 2,21), une croissance, dis-je, dans la mesure de la charité qui est la dimension de l’âme.

Donc, l’âme sainte est un ciel, qui a pour soleil l’intelligence, pour lune la foi, pour étoiles les vertus, ou encore assurément pour soleil la justice ou le zèle d’une fervente charité, et pour lune la chasteté. Il n’est point étonnant que le Seigneur Jésus choisisse d’habiter ce ciel pour lequel il ne s’est pas contenté, comme pour la création des cieux matériels, de dire simplement qu’il soit, mais il a lutté pour le conquérir, il est mort pour le racheter. Aussi, l’œuvre achevée, et satisfait dans son désir, il a dit : « Ici est mon repos à tout jamais, ici j’aurai ma demeure. » (cf. Ps 131,14)

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

moniale bénédictine

 

 

 

« Nous irons demeurer auprès de lui. »

lundi 20 mai 2019

« Mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure. » Songez-y, frères très aimés, quelle fête que de recevoir Dieu dans la demeure de notre cœur ! Si un ami riche et puissant voulait entrer chez vous, la maison entière serait évidemment nettoyée, pour que rien ne puisse choquer son regard lorsqu’il entrerait. Que celui qui prépare pour Dieu la demeure de son âme nettoie les saletés de ses mauvaises actions.

Remarquez bien ce que dit la Vérité : « Nous viendrons et nous ferons chez lui notre demeure ». Car il peut passer dans le cœur de certains sans y faire sa demeure. Quand ils ont du remords, ils voient bien le regard de Dieu ; mais quand vient la tentation, ils oublient l’objet de leur repentir précédent et retombent dans leurs péchés, comme s’ils ne les avaient jamais pleurés. Au contraire, dans le cœur de celui qui aime véritablement Dieu, qui observe ses commandements, le Seigneur vient et établit sa demeure, car l’amour de Dieu le remplit tellement qu’il ne s’écarte pas de cet amour au moment de la tentation. C’est donc celui dont l’âme n’accepte pas d’être dominée par un plaisir mauvais qui aime véritablement Dieu… D’où cette précision : « Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles ». Examinez-vous soigneusement vous-mêmes, frères très aimés ; demandez-vous si vous aimez vraiment Dieu. Mais ne vous fiez pas à la réponse de votre cœur sans la comparer à vos actes.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et nous ferons une demeure chez lui. »

lundi 30 avril 2018

Le Christ demeure dans son Église : dans ses sacrements, dans sa liturgie, dans sa prédication, dans toute son activité. D’une manière spéciale, le Christ demeure présent parmi nous dans le don quotidien de la sainte eucharistie. C’est pourquoi la messe est le centre et la racine de la vie chrétienne. Dans toute messe il y a toujours le Christ total, Tête et Corps (Ep 1,22-23). « Par lui, avec lui et en lui. » Car le Christ est le Chemin, le Médiateur : en lui nous trouvons tout ; hors de lui notre vie est vide…

Le Christ vit dans le chrétien. La foi nous dit que l’homme en état de grâce est divinisé. Nous sommes des hommes et des femmes, non des anges, des êtres en chair et en os, avec un cœur et des passions, des tristesses et des joies, mais la divinisation s’accomplit dans l’homme tout entier, comme une anticipation de la résurrection glorieuse. « Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. De même en effet que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ » (1Co 15,20-22.

La vie du Christ est notre vie, selon ce qu’il a promis à ses apôtres, le jour de la dernière Cène : « Si quelqu’un m’aime il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure ». Le chrétien doit, par conséquent, vivre selon la vie du Christ, en faisant siens les sentiments du Christ, de manière à pouvoir s’écrier avec saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20.

Saint Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975), prêtre, fondateur
Homélie du 26/03/1967 in Es Cristo que pasa  (trad. Quand le Christ passe, Le Laurier 1989, p. 192)