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Archive pour le mot-clef ‘Philoxène de Mabboug’

Être son disciple

dimanche 4 septembre 2022

Écoute la voix de Dieu qui te pousse à sortir de toi pour suivre le Christ (…), et tu seras un disciple parfait : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » Après cela, qu’as-tu à dire ? Que peux-tu répondre ? Toutes tes hésitations et tes questions tombent devant cette seule parole. (…) Et le Christ dit dans un autre endroit : « Celui qui se détache de sa vie en ce monde la garde pour la vie éternelle. (…) Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera » (Jn 12,25s).

Il a dit encore à ses disciples : « Levez-vous, partons d’ici ! » (Jn 14,31) Par cette parole, il a montré que ni sa place ni celle de ses disciples n’est ici. Où irions-nous donc, Seigneur ? « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Si Jésus nous crie : « Levez-vous, partons d’ici ! », qui sera donc assez sot pour consentir à rester avec les cadavres dans leurs tombeaux et à habiter parmi les morts ? Chaque fois donc que le monde veut te retenir, rappelle-toi la parole du Christ : « Levez-vous, partons d’ici ! » (…) Chaque fois que tu veux t’asseoir, t’installer, te complaire à rester là où tu es, rappelle-toi cette voix pressante et dis-toi : « Lève-toi, allons-nous-en d’ici. »

Car de toute façon, il faudra t’en aller. Mais va-t’en comme Jésus s’en va : va-t’en parce qu’il te l’a dit, non parce que les lois de la nature t’emportent malgré toi. Que tu le veuilles ou non, tu es sur le chemin de ceux qui partent. Pars donc à cause de la parole de ton Maître, et non par la nécessité de la contrainte. « Lève-toi, partons d’ici ! » Cette voix éveille les assoupis : c’est la trompette qui chasse le sommeil de la paresse par sa sonnerie. C’est une force et non une parole : soudain elle revêt celui qui la sent d’une force nouvelle et le pousse d’une chose à une autre en un clin d’œil. (…) « Levez-vous, partons d’ici » : voici que lui aussi s’en va avec toi ; pourquoi t’attardes-tu ? (…) Dieu t’appelle à t’en aller en sa compagnie.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523)

 

 

« Il ne protestera pas, il ne criera pas. »

samedi 16 juillet 2022

Notre Seigneur n’a pas été comparé à un lion quand il a été conduit à la mort… Comme un agneau, une brebis, il gardait le silence quand il a été conduit à sa Passion et à la mort : « Il se taisait comme une brebis devant le tondeur. Il n’a pas ouvert la bouche » dans son humiliation (Is 53,7)…

Debout devant le juge et interrogé, lui, le Maître et docteur de toute sagesse, ne répond pas…, afin d’accomplir cette parole : « Il a été conduit à l’abattoir comme un agneau » (Is 53,7). Ils le guident, le conduisent d’un lieu à un autre, le mènent d’un endroit à un autre, le traînant d’un juge à un autre comme s’il était muet. Devant Anne, il se tait (Jn 18,13) ; jusqu’à ce que celui-ci l’ait adjuré, il ne parle pas. Interrogé par Pilate, il garde le silence ; et jusqu’à ce qu’il ait entendu sa question : « Es-tu le roi des Juifs ? » (Jn 18,33)… il ne répond pas. Ils l’ont conduit alors à Hérode qui l’a interrogé pour voir et entendre de sa bouche des choses extraordinaires et pour le tenter (Lc 23,8s) : là encore, il a gardé le silence, n’a pas parlé, n’a pas répondu à son interrogateur. On le regardait comme un fou qui ne sait rien, comme un insensé qui n’a pas de réponse. Ses ennemis ont pensé ce qu’ils ont voulu, mais lui n’a pas abandonné l’innocence de l’agneau.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523)

 

 

 

« Viens, et vois ! »

mardi 24 août 2021

Jésus a renouvelé aux saints apôtres l’appel adressé à Abraham. Et leur foi ressemblait à celle d’Abraham ; car, de même qu’Abraham a obéi aussitôt qu’il a été appelé (Gn 12), de même les apôtres sont partis à la suite de Jésus aussitôt qu’il les a appelés et qu’ils l’ont entendu. (…) Ce n’est pas un long enseignement qui les a faits disciples, mais le seul fait d’avoir entendu la parole de la foi. Parce que leur foi était vivante, aussitôt qu’elle a entendu la voix vivante, elle a obéi à la vie. Ils ont couru aussitôt à sa suite sans retard ; et on voit par cela qu’ils étaient disciples dans leur cœur avant même d’être appelés.

Voilà comment agit la foi qui a gardé la simplicité. Ce n’est pas à force d’arguments qu’elle reçoit l’enseignement ; mais, de même qu’un œil sain et pur reçoit le rayon de soleil qui lui est envoyé, sans raisonner ni travailler, et qu’il perçoit la lumière aussitôt qu’il est ouvert (…) de même ceux qui ont la foi naturelle reconnaissent la voix de Dieu aussitôt qu’ils l’entendent. La lumière de sa parole se lève en eux ; ils se lancent joyeusement au-devant d’elle et la reçoivent, comme l’a dit notre Seigneur dans l’Évangile : « Mes brebis entendent ma voix et elles me suivent » (Jn 10,27).

Philoxène de Mabboug (?-v. 523)

 

 

 

« Venez à moi, vous tous qui peinez. »

jeudi 15 juillet 2021

Venez à moi, et je vous soulagerai. (…) Vous avez goûté le chemin du monde : goûtez maintenant le mien, et s’il ne vous plaît pas, vous le fuirez. Vous avez porté les fardeaux pesants du monde, et vous avez senti combien ils sont lourds : laissez-vous persuader et prenez sur vous mon joug ; vous apprendrez par l’expérience combien il est doux et léger. Je ne ferai pas de vous ces riches qui ont besoin de beaucoup de choses, mais des riches véritables qui n’ont besoin de rien ; car le riche n’est pas celui qui possède beaucoup, mais celui à qui rien ne manque. Chez moi, si vous renoncez à tout, vous serez riches. (…) Mais si vous cherchez à rassasier votre cupidité, elle augmentera votre faim. La faim vient en mangeant : plus le riche s’enrichit, plus il est pauvre ; plus on amasse de l’argent, plus on veut amasser ; plus on acquiert, plus on veut acquérir. (…)

Venez donc à moi, vous tous qui êtes fatigués par la richesse, et reposez-vous dans la pauvreté ; venez, les maîtres de biens et de possessions, et prenez plaisir au renoncement. Venez, les amis du monde qui n’a qu’un temps, et découvrez le goût du monde éternel. Vous avez fait l’expérience de votre monde : venez faire l’expérience du mien. Vous avez fait l’épreuve de votre richesse : venez essayer ma pauvreté. Votre richesse est une richesse ; ma pauvreté est la richesse. Ce n’est pas une grande chose que la richesse soit appelée une richesse, mais ce qui est admirable et grand, c’est que la pauvreté est la richesse, et que l’humilité est la grandeur.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523)

 

 

« Il ne protestera pas, il ne criera pas. »

samedi 20 juillet 2019

Écoute le prophète annoncer notre Seigneur. Il le compare à l’agneau, à la brebis, les plus innocents des animaux : « Il a été conduit à l’abattoir comme un agneau, il se taisait comme une brebis devant le tondeur » (Is 53,7). (…) Notre Seigneur n’a pas été comparé à un lion quand il a été conduit à la mort. (…) Comme un agneau, une brebis, il gardait le silence quand il a été conduit à la Passion et à la mort : « Il se taisait comme une brebis devant le tondeur. Il n’a pas ouvert la bouche » dans son humiliation.

Confirmant la parole de la prophétie par sa conduite, il a gardé le silence quand ils l’ont emmené, il s’est tu quand ils l’ont jugé, il ne s’est pas plaint quand ils l’ont flagellé, il n’a pas discuté quand ils l’ont condamné, il ne s’est pas irrité quand ils l’ont ligoté. Il n’a pas murmuré quand ils lui ont frappé les joues, il n’a pas crié quand il a été dépouillé de ses vêtements, comme une brebis de sa toison. Il ne les a pas maudits quand ils lui ont donné le fiel et le vinaigre ; il ne s’est pas irrité contre eux quand ils l’ont cloué sur le bois.

Philoxène de Mabboug

 

 

« Élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12,32)

mardi 20 mars 2018

Sache et comprends bien, frère…, qu’il y a beaucoup de serpents dans le désert qui mordent la multitude de tes pensées, c’est à dire des injures, des médisances, des angoisses, des murmures, des disputes, des calomnies qui sont lancées contre toi… Mais si tu veux leur échapper, fais ce que faisaient les Israélites… : ils regardaient le serpent d’airain que Moïse avait dressé sur le sommet de la montagne, et tous ceux qui obéissaient et le regardaient était guéri. Toi aussi, lorsque tu te vois mordu par un de ces serpents, regarde notre Seigneur Jésus Christ suspendu à la croix… Comme le dit l’apôtre Paul : « Fixe les yeux sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de notre foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré l’humiliation de la croix » (He 12,2)…

Voici en peu de mots comment il te faut avoir les yeux fixée sur lui quand tu es mordu par les serpents : quand tu es déshonoré, fixe les yeux sur lui ; lui aussi a été déshonoré pour toi, il a été traité de démon et de Samaritain (Jn 8,48)…, on l’a bafoué et giflé, on lui a craché au visage, on lui a donné à boire du vinaigre et du fiel, on lui a frappé la tête avec un roseau. Si tu es mordu par une pensée de vanité, parce qu’on te confie des services importants, souviens-toi de la parole de notre Seigneur : « Quand vous aurez fait tout ce qu’on vous a commandé, dites : Nous sommes des serviteurs quelconques » (Lc 17,10). Si tu as envie de mépriser ton frère à cause de sa faiblesse, fixe les yeux sur celui qui montrait plus de sollicitude pour les pécheurs, les publicains et les prostituées, pour les convertir par sa rencontre, plutôt que pour justes qui n’avaient pas besoin de conversion (Lc 5,30-32). Et lorsque les penchants naturels et les démons t’accablent, fixe les yeux sur lui, étendu sur la croix, les mains et les pieds fixés par les clous…

Sans cesse médite sur ces choses en ton cœur, et le venin des serpents disparaîtra de ton cœur. Car par sa crucifixion, Jésus est plus proche de toi que le serpent d’airain ne l’était des Hébreux : il habite ton cœur, et dans les replis secrets de ton âme la lumière de son visage glorieux resplendit.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523), évêque en Syrie
Lettre sur la vie monastique (trad. Graffin, Orient chrétien VI 1961, p. 339 rev. ; cf En Calcat)

 

 

 

« Si vous êtes des enfants d’Abraham, vous devriez agir comme Abraham. »

mercredi 5 avril 2017

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Au premier appel, Abraham est sorti à la suite de Dieu. Il ne s’est pas fait juge de la parole qui s’adressait à lui. Son attachement pour sa famille et ses proches ne l’a pas retenu, ni l’amour de son pays et de ses amis, ni aucun autre lien humain. Mais dès qu’il a entendu la parole et qu’il a su qu’elle était de Dieu, il l’a écoutée avec simplicité, sa foi l’a tenue pour vraie. Méprisant tout le reste, il s’est mis en route avec l’innocence de la nature qui ne cherche pas à ruser ni à faire le mal. Il a couru vers la parole de Dieu comme un enfant court vers son père…

Dieu lui avait dit : « Sors de ton pays et de ta famille, et viens dans le pays que je te montrerai » (Gn 12,1). C’est pour faire triompher la foi d’Abraham et rendre éclatante sa simplicité que Dieu ne lui a pas révélé le pays où il l’appelait ; il semblait le conduire vers Canaan, et pourtant la promesse lui parlait d’un autre pays, celui de la vie qui est dans les cieux. Saint Paul l’atteste : « Il attendait la ville aux fondements solides, celle dont Dieu lui-même est l’architecte et le bâtisseur » (He 11,10)… Bien mieux, afin de nous montrer plus clairement que cette promesse ne concernait pas une patrie terrestre, Dieu, après avoir fait sortir Abraham de sa patrie, Ur des Chaldéens, ne l’a pas conduit aussitôt au pays de Canaan, il l’a fait demeurer d’abord à Harrane. Il ne lui a pas révélé non plus tout de suite le nom du pays où il le conduisait ; Abraham ainsi ne sortirait pas de Chaldée sur le seul attrait d’une récompense.

Considère donc cette sortie d’Abraham, ô disciple, et que la tienne ressemble à la sienne ! Ne tarde pas à répondre à la voix vivante du Christ qui t’appelle. Autrefois il ne s’adressait qu’à Abraham ; aujourd’hui, par son Évangile, il appelle tous ceux qui le veulent, il les invite à sortir à sa suite, car son appel concerne tous les hommes… Autrefois il a choisi le seul Abraham ; aujourd’hui il demande à tous d’imiter Abraham.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523), évêque en Syrie
Homélie n° 4, Sur la simplicité, 75-76 (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, t.1, Médiaspaul 1988, p. 48 ; cf SC 44)

 

 

 

 

 

 

Zachée découvre le seul bien véritable

dimanche 30 octobre 2016

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Notre Seigneur a appelé Zachée du sycomore sur lequel il était monté, et aussitôt Zachée s’est empressé de descendre et l’a reçu dans sa maison. C’était parce que, avant même d’être appelé, il espérait le voir et devenir son disciple. C’est une chose admirable qu’il ait cru en lui sans que Notre Seigneur lui ait parlé et sans l’avoir vu avec les yeux du corps, mais simplement sur la parole des autres. La foi qui était en lui avait été gardée dans sa vie et sa santé naturelles. Et cette foi a été manifestée quand il a cru en Notre Seigneur au moment même où il a appris son arrivée. La simplicité de sa foi est apparue lorsqu’il a promis de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rendre au quadruple ce qu’il avait pris d’une manière malhonnête.

En effet, si l’esprit de Zachée n’avait pas été rempli à ce moment-là de la simplicité qui convient à la foi, il n’aurait pas fait cette promesse à Jésus et il n’aurait pas dépensé et distribué en peu de temps ce qu’il avait amassé pendant tant d’années de travail. La simplicité a répandu de tous côtés ce que la ruse avait amassé, la pureté de l’âme a dispersé ce que la tromperie avait acquis et la foi a renoncé à ce que l’injustice avait obtenu et possédé et elle a proclamé que cela ne lui appartenait pas.

Car Dieu est le seul bien de la foi, et elle refuse de posséder d’autres biens avec lui. Tous les biens sont de peu d’importance pour elle, en dehors de ce seul bien durable qui est Dieu. Nous avons reçu en nous la foi pour trouver Dieu et ne posséder que lui, et pour voir que tout ce qui est en dehors de lui ne sert à rien.

Philoxène de Mabboug (?-v. 523), évêque en Syrie
Homélie 4, 79-80 (trad. SC 44, p. 97 rev. ; cf Delhougne, p. 456)

 

 

Fête de saint Barthélémy, apôtre

mercredi 24 août 2016

jesus-brebis-voix

Jésus a renouvelé aux saints apôtres l’appel adressé à Abraham. Et leur foi ressemblait à celle d’Abraham ; car, de même qu’Abraham a obéi aussitôt qu’il a été appelé (Gn 12), de même les apôtres sont partis à la suite de Jésus aussitôt qu’il les a appelés et qu’ils l’ont entendu… Ce n’est pas un long enseignement qui les a faits disciples, mais le seul fait d’avoir entendu la parole de la foi. Parce que leur foi était vivante, aussitôt qu’elle a entendu la voix vivante, elle a obéi à la vie. Ils ont couru aussitôt à sa suite sans retard ; et on voit par cela qu’ils étaient disciples dans leur cœur avant même d’être appelés.

Voilà comment agit la foi qui a gardé la simplicité. Ce n’est pas à force d’arguments qu’elle reçoit l’enseignement ; mais, de même qu’un œil sain et pur reçoit le rayon de soleil qui lui est envoyé, sans raisonner ni travailler, et qu’il perçoit la lumière aussitôt qu’il est ouvert… de même ceux qui ont la foi naturelle reconnaissent la voix de Dieu aussitôt qu’ils l’entendent. La lumière de sa parole se lève en eux ; ils se lancent joyeusement au-devant d’elle et la reçoivent, comme l’a dit notre Seigneur dans l’Évangile : « Mes brebis entendent ma voix et elles me suivent » (Jn 10,27).

Philoxène de Mabboug (?-v. 523), évêque en Syrie
Homélie n° 4, 76-79 (trad. SC 44, p. 95 rev.)