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Archive pour le mot-clef ‘présent’

Hic et nunc

vendredi 17 août 2018
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Le bonheur est à la fois aujourd’hui et demain, dans l’instant et dans l’espérance. Il est un don gratuit et une recherche inquiète.
On oublie trop la grâce de l’instant. On oublie de cueillir la beauté du jour à force de courir devant soi. (…) Les progressistes mourront plus vite que ceux qui recueillent avec sagesse la profondeur des siècles. (…)
Il faut savoir goûter le temps donné, entrer dans le bel aujourd’hui de Dieu. Si tout plaisir est suspect, tout amour castrateur, toute beauté tentatrice, alors à quoi bon vivre sur la terre charnelle?  « La lampe de ton corps, c’est l’oeil. » Pour qui a le regard trouble, tout est trouble. Mais « si ton oeil est pur, tout ton corps sera dans la lumière «  (Mt 6). Rien que pour aujourd’hui. Il y a une joie à vivre sans toujours se demander « si ceci, si cela ». Jette tes soucis dans le Seigneur! À chaque jour suffit sa peine. À chaque jour suffit sa grâce.
Certains scrutent à s’en blesser les yeuxl’effondrement du monde, le ricanement du Malin, «  l apierre obscure et sombre » du Livre de Job. (…) Les oiseaux de tristesse s’attrapent à la main, les anges de la joie ne se laissent pas saisir. Ils ne sourient qu’à ceux qui devancent la fin de la nuit pour méditer sur la Promesse.
Il faudrait obtenir cette clarté du regard qui fait monter le monde en louange, cette espérance malgré tout qui nous fait chanter quand même. « Je crie de joie à l’ombre de tes ailes » Mt 6
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P. Luc de Bellescize
Extraits de «  Je crie de joie à l’ombre de tes ailes » Ps.62

La perfection en toute chose

vendredi 15 juin 2018
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La maturité spirituelle ne veut pas dire devenir parfait au sens où nous comprenons habituellement ce mot, mais plutôt devenir entier, entièrement soi-même et entièrement là, ici et maintenant. Tendre vers la « perfection » au cœur même de l’imperfection, nous pourrions dire de la « distraction ». !
Il y a une intensité de présence qui est juste ; elle est ce qu’elle doit être pour que la vie « résonne » en nous dans ce qu’elle a de plus parfait ici et maintenant. La perfection ne commence à poindre que lorsque nous sommes sans inquiétude à propos de notre manque de perfection. Sans la compréhension d’une possible perfection au cœur de la vie ordinaire, la spiritualité peut nous décourager.
La vraie pratique est la patience dans l’exercice du « oui » à l’instant présent : ne plus vouloir que quelque chose de spécial ou d’inusité arrive. Dès que je me surprends à m’efforcer et à avoir des attentes, je sais que je me suis écarté de la « grande perfection ». Tout est fondamentalement incertain et changeant…« Tout passe. » comme dit sainte Thérèse d’Avila.
Invitons donc notre cœur à s’asseoir dans un endroit calme et laissons-le expérimenter le plus tranquillement possible les inévitables allées et venues des émotions et des événements, des luttes et des succès du monde. Au milieu de tout cela, demeurer dans la paix du cœur profond, c’est répondre à notre vocation : devenir artisan de paix.
Cela implique de s’éveiller aux émotions, ce qui signifie les ressentir, ni plus ni moins. Le reste va suivre…Il s’agit de cultiver une présence calme et non pas de changer « héroïquement » notre « climat » intérieur : Je suis le témoin silencieux qui observe le contenu de ma vie à l’instant. Ce contenu n’est pas mon identité, il est en moi, mais il n’est pas moi. De ce que nous observons de nous-même émerge une dimension non conditionnée que dans le christianisme on appelle l’Esprit (pneuma). N’essayons pas de devenir parfait mais laissons la perfection se faire en nous…
Re-nourrir le lien avec la Source guérit notre nature. Elle ne change pas fondamentalement cette nature mais la transfigure, la rend « parfaite ». Nous n’avons pas à devenir quelqu’un d’autre.
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Père Francis, prêtre orthodoxe
Extraits de la Lettre de Béthanie no 152
centrebethanie.org
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