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Archive pour le mot-clef ‘St Charles de Foucauld’

Aimer les membres malades du Christ

vendredi 5 juillet 2024

« Apprenez ce que veut dire : Je veux la miséricorde et non le sacrifice… Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mt 9, 13) Être miséricordieux, incliner son cœur vers toutes les misères, celles du corps, et plus encore celles de l’âme, car les maladies de l’âme sont infiniment plus graves que tous les maux du corps, menaçant la vie et le bonheur d’un membre du Christ non pour quelques années, mais pour l’éternité… Ne pas s’attacher à soigner les brebis grasses, propres et dociles, abandonnant les galeuses à leur malheureux sort, mais aimer tous les hommes pour Dieu leur Père et leur Sauveur et donner ses soins surtout aux malades, aux pécheurs, puisqu’ils en ont bien plus besoin.

Jésus nous donne son corps entier à aimer ; tous ses membres méritent de notre part un égal amour, comme étant tous siens : les uns sont sains, les autres malades : si tous doivent être aimés également, les membres malades réclament tous nos soins, mille fois plus que les autres : avant de oindre les autres de parfums, soignons ceux qui sont blessés, meurtris, malades, c’est-à-dire tous ceux qui ont des besoins dans leur corps ou dans leur âme, surtout ces derniers, et surtout, surtout les pécheurs… Nous pouvons faire du bien à tous les hommes sans exception, par nos prières, nos pénitences, notre propre sanctification.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Pourquoi avoir peur ? »

mardi 2 juillet 2024

« Mes enfants, quoi qu’il vous arrive, souvenez-vous que je suis toujours avec vous. Souvenez-vous que, visible ou invisible, paraissant agir ou paraissant dormir et vous oublier, je veille toujours, je suis partout, et je suis tout-puissant. N’ayez jamais nulle crainte, nulle inquiétude : je suis là, je veille, je vous aime (…), je suis tout-puissant. Que vous faut-il de plus ? (…) Souvenez-vous de ces tempêtes que j’ai apaisées d’un mot, leur faisant succéder un grand calme. Souvenez-vous de la façon dont j’ai soutenu Pierre marchant sur les eaux (Mt 14,28s). Je suis toujours aussi près de chaque homme que je l’étais alors de vous. (…) Ayez confiance, foi, courage ; soyez sans inquiétude pour votre corps et votre âme (Mt 6,25), puisque je suis là, tout-puissant et vous aimant.

Mais (…) que votre confiance ne naisse pas de l’insouciance, de l’ignorance des dangers, ni de la confiance en vous ou en d’autres créatures. (…) Les dangers que vous courez sont imminents : les démons, ennemis forts et rusés, votre nature, le monde, vous font constamment une guerre acharnée. (…) En cette vie, la tempête est presque continuelle, et votre barque est toujours près de sombrer. Mais moi je suis là, et avec moi elle est insubmersible. Défiez-vous de tout, et surtout de vous, mais ayez en moi une confiance totale qui bannisse toute inquiétude. »

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Ascension du Seigneur, solennité

jeudi 9 mai 2024

« Élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! (…) Qui donc est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire » (Ps 23, 7.10). Ces versets s’appliquent merveilleusement à l’Ascension de Notre-Seigneur reçu au ciel par les chœurs des anges…

Que vous êtes bon, mon Dieu de nous consoler des tristesses de la terre par la vue de votre bonheur… Comme premier devoir vous nous commandez de vous aimer… Et si nous remplissons ce devoir, il en résulte immédiatement et nécessairement que nous sommes dès ce monde, pendant toute notre vie, merveilleusement, infiniment heureux. Nous partageons déjà en quelque sorte le bonheur des élus, puisque comme eux nous jouissons de ce qui fait leur bonheur, comme eux nous sommes heureux parce que nous vous savons heureux… À la vérité nous ne le voyons pas clairement pour eux, mais nous le savons indubitablement (…).

Quand nous sommes tristes, affligés des péchés des autres ou des nôtres, des souffrances physiques ou morales du prochain ou des nôtres, quand nous sentons venir le découragement, élevons nos cœurs, pensons que quoi qu’il nous arrive en ce monde et dans l’autre, quoi qu’il arrive au monde entier, notre bien-aimé est Jésus et que Jésus est bienheureux : il est monté aux cieux, assis à la droite de son Père et heureux pour l’éternité… Quand on aime, si le bien-aimé est heureux, rien ne manque… notre tout est heureux, c’est tout ce qu’il nous faut (…).

Si nous l’aimons, regardons-le et remercions-le sans fin comme les anges et comme l’Église à la vue de sa gloire : « Nous te rendons grâce pour ton immense gloire » (…). Daignez, mon Dieu, par votre grande miséricorde, faire de la vue de votre bonheur notre soutien ici-bas et notre félicité éternelle ! Amen.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Les semences d’une joie éternelle

jeudi 29 février 2024

« Encore un peu de temps et le pécheur cessera d’être : tu chercheras sa place, et tu ne la trouveras plus. Mais les bons recevront en héritage la terre des vivants ; et ils se délecteront éternellement dans la paix… » (Ps 36, 10-11 LXX). (…)

Tout ce psaume est le développement admirable de cette pensée : il y des tristesses sur la terre pour les justes, mais ces tristesses sont la semence d’une éternelle joie : qu’ils espèrent et se consolent et remercient Dieu, et qu’ils se gardent de porter envie aux joyeux du monde qu’attendent à la porte sitôt atteinte de l’éternité de si effroyables tourments ! Pauvre Lazare, n’envie pas le riche qui se réjouit et mange splendidement : c’est toi qui es l’heureux ! (…) N’envions pas les mondains, avec leurs joies et leurs prospérités… ce ne sont pas eux les heureux : les heureux sont ceux qui ont Dieu pour Seigneur, qui ne vivent pas pour les jouissances, les sciences, les richesses, les honneurs, l’amour, les affections humaines, pour rien de ce qui est sur la terre, mais qui vivent pour Dieu seul, qui n’ont de regards que pour lui, en qui il règne parfaitement, comme un souverain Seigneur gouvernant tout dans un royaume parfaitement soumis.

Remercions Dieu de notre bonheur, nous qu’il a aimés d’un amour éternel, et qu’il a à cause de cela attirés à lui dans sa miséricorde. Aimons nos tristesses mêmes, qui sont la marque de notre séparation du monde, et offrons-les à Dieu, en lui demandant de faire de nous tout ce qu’il voudra.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

 

« Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Il n’y consentit pas. »

lundi 29 janvier 2024

La vraie, la seule perfection, ce n’est pas de mener tel ou tel genre de vie, c’est de faire la volonté de Dieu ; c’est de mener le genre de vie que Dieu veut, où il veut, et de le mener comme il l’aurait mené lui-même. Lorsqu’il nous laisse le choix à nous-mêmes, alors oui, cherchons à le suivre pas à pas le plus exactement possible, à partager sa vie telle qu’elle a été, comme l’ont fait ses apôtres pendant sa vie et après sa mort : l’amour nous pousse à cette imitation. Si Dieu nous laisse ce choix, cette liberté, c’est précisément parce qu’il veut que nous tendions nos voiles au vent du pur amour et que, poussés par lui, nous « courions à sa suite à l’odeur de ses parfums » (Ct 1,4 LXX) dans une exacte imitation, comme saint Pierre et saint Paul…

Et si un jour Dieu veut nous tirer, ou pour un temps ou pour toujours, de cette voie si belle et si parfaite, ne nous troublons ni ne nous étonnons pas. Ses desseins sont impénétrables : il peut faire pour nous, au milieu ou à la fin de la carrière, ce qu’il a fait pour le Gérasénien aux débuts. Obéissons, faisons sa volonté…, allons où il voudra, menons le genre de vie que sa volonté nous désignera. Mais partout rapprochons-nous de lui de toutes nos forces et soyons dans tous les états, dans toutes les conditions, comme lui-même y aurait été, s’y serait conduit, si la volonté de son Père l’y avait mis comme elle nous y met.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu ! »

mardi 23 janvier 2024

« Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains » (Lc 23,46) C’est là la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-Aimé… Puisse-t-elle être la nôtre… Et qu’elle soit non seulement celle de notre dernier instant, mais celle de tous nos instants :

« Mon Père, je me remets entre Vos mains ; mon Père, je m’abandonne à Vous, je me confie à Vous ; mon Père, faites de moi tout ce qu’il Vous plaira ; quoi que Vous fassiez de moi, je vous remercie ; merci de tout, je suis prêt à tout ; j’accepte tout ; je Vous remercie de tout ; pourvu que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que Votre volonté se fasse en toutes Vos créatures, en tous Vos enfants, en tous ceux que Votre Cœur aime, je ne désire rien d’autre, mon Dieu : je remets mon âme entre Vos mains ; je vous la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je Vous aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre en Vos mains sans mesure ; je me remets entre Vos mains avec un infinie confiance, car Vous êtes mon Père… »

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

La beauté incomparable d’une vie cachée en Dieu

samedi 30 décembre 2023

[Notre-Seigneur :] « Après Ma présentation et après Ma fuite en Égypte, Je me retire à Nazareth… ; là, Je passe les années de Mon enfance, de Ma jeunesse, jusqu’à trente ans… » C’est encore pour vous, pour votre amour que J’y suis… Quelle est cette vie ?

« C’est pour votre instruction que Je la mène : pendant ces trente ans, Je ne cesse de vous instruire, non par des paroles, mais par Mon silence et Mes exemples. Qu’est-ce que Je vous apprends ? Je vous apprends d’abord qu’on peut faire du bien aux hommes, beaucoup de bien, un bien infini, un bien divin, sans paroles, sans sermon, sans bruit, dans le silence et en donnant le bon exemple… Quel exemple ?… Celui de la pitié, des devoirs envers Dieu amoureusement remplis, de la bonté envers tous les hommes, de la tendresse envers ceux qui nous entourent, des devoirs domestiques saintement accomplis ; de la pauvreté, du travail, de l’abjection, du recueillement, de la retraite, de l’obscurité d’une vie cachée en Dieu, d’une vie de prières, de pénitence, de retraite, toute perdue et abîmée en Dieu. Je vous apprends à vivre du travail de vos mains pour n’être à charge à personne et avoir de quoi donner aux pauvres, et Je donne à ce genre de vie une beauté incomparable…, celle de Mon imitation…

Tous ceux qui veulent être parfaits doivent vivre pauvrement, dans l’imitation la plus fidèle de ma pauvreté de Nazareth… Combien Je prêche à Nazareth l’humilité, en passant trente ans dans ces obscurs travaux ; l’obscurité en restant trente ans si inconnu, Moi, la lumière du monde ; l’obéissance, Moi qui ai été soumis pendant trente ans à Mes parents, saints sans doute, mais hommes, et Je suis Dieu !… »

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

Un ange apparut à Joseph durant son sommeil.

lundi 18 décembre 2023

« Un ange apparut à Joseph durant son sommeil. » (Mt 2,19) Espérons, espérons… Vous ne nous laisserez pas dans l’obscurité quand nous aurons besoin de lumière… Nous pourrons être dans l’obscurité, nous pourrons y être longtemps et parfois douloureusement, mais c’est qu’alors l’obscurité sera utile à nos âmes et que, dans cette obscurité, Vous veillerez sur nous et nous conduirez par la main, sans que nous le sentions, et lorsqu’il faudra à nos âmes la lumière, Vous la donnerez toujours…

Vous pouviez, mon Dieu, conduire saint Joseph par bien d’autres moyens que des apparitions : il semble que c’est pour rendre, dès les premières pages de l’Évangile, évidente à nos yeux cette vérité de l’espérance qu’il faut avoir en votre grâce (que Vous nous donnez pour nous conduire à la gloire), que Vous nous montrez ainsi, dès l’ouverture du Nouveau Testament, ces anges, ces étoiles se levant à votre appel, pour guider les hommes… C’est comme un éclair qui illumine un moment la nuit de la terre et y fait voir, à nos yeux étonnés, votre manière de conduire les âmes. C’est un rideau qui se soulève un instant et nous laisse voir quelque chose de votre éternelle et infiniment bienfaisante Providence.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

 

« Elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre. »

lundi 27 novembre 2023

Que vous êtes divinement bon, mon Dieu ! Si vous aviez appelé d’abord les riches, les pauvres n’auraient pas osé s’approcher de vous ; ils se seraient crus obligés de rester à l’écart à cause de leur pauvreté ; ils vous auraient regardé de loin, laissant les riches vous entourer. Mais vous avez appelé à vous tout le monde, tout le monde : les pauvres, puisque vous leur montrez par là, jusqu’à la fin des siècles, qu’ils sont les premiers appelés, les favoris, les privilégiés ; les riches, car d’une part, ils ne sont pas timides, de l’autre il dépend d’eux de devenir aussi pauvres que les bergers. En une minute, s’ils veulent, s’ils ont le désir d’être semblables à vous, s’ils craignent que leurs richesses les écartent de vous, ils peuvent devenir parfaitement pauvres.

Que vous êtes bon ! Comme vous avez pris le bon moyen pour appeler d’un seul coup autour de vous tous vos enfants, sans aucune exception ! Et quel baume vous avez mis jusqu’à la fin des siècles au cœur des pauvres, des petits, des dédaignés du monde, en leur montrant dès votre naissance qu’ils sont vos privilégiés, vos favoris, les premiers appelés — les toujours appelés autour de vous qui avez voulu être un des leurs et être dès votre berceau et toute votre vie entouré par eux.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

« Dites : “Nous sommes de simples serviteurs.” » (Lc 17,10)

mardi 14 novembre 2023

Tu es serviteur inutile : tu dois faire de toutes tes forces, avec tout le soin et l’ardeur possibles non seulement tout ce qu’Il commande, mais tout ce qu’Il te conseille si légèrement que ce soit, tout ce qu’Il incline, si peu que ce soit à te voir faire : par amour, par obéissance, par imitation : c’est ainsi qu’Il obéissait à la moindre indication de son Père, c’est là l’obéissance que tu Lui dois, c’est ainsi qu’on obéit quand on aime : une telle obéissance est inséparable de l’amour.

Mais autant il est certain que tu dois obéir ainsi et travailler, de toutes tes forces, tous les instants de ta vie à l’œuvre, aux œuvres que Dieu te donne à faire : autant il est certain que tu es un serviteur inutile : que ce que tu fais, Dieu pourrait le faire par d’autres, ou sans aucun autre, en tout cas sans toi : tu es un serviteur inutile. Jésus n’a vécu que trente trois ans, s’est tu trente ans et ta vie, ta santé, tes paroles seraient utiles à Dieu ?

Tu es un serviteur inutile : travaille de toutes tes forces : c’est un devoir d’imitation, d’obéissance, d’amour : c’est ainsi qu’on travaille quand on aime : ce travail est inséparable de l’amour, mais ton travail, Dieu n’en a pas besoin, tu es un serviteur inutile !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)