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Archive pour le mot-clef ‘Ste Hildegarde de Bingen’

L’Esprit conduira nos pas

mercredi 8 mai 2024

La puissance divine contient l’intégralité de la sainteté. Elle conforte de tous côtés l’esprit intérieur de l’homme qui s’unit à Dieu. C’est elle qui fait goûter les dons mystiques de l’Esprit Saint à celui qui est sur le point de sombrer dans la torpeur. L’homme s’arrache alors à cette torpeur, se réveille et tend de toutes ses forces vers la justice. Souvent cette opération est un combat pénible pour l’esprit car le corps, même contraint à l’obéissance par la volonté divine, est à peine capable de mener le bien. Trop souvent, il cède aux désirs de la chair, cette chair qui est sa demeure : ainsi l’exhalaison des dons de Dieu se heurte à la résistance de la volonté humaine.

Dieu qui m’a créé, qui est Seigneur et qui a tout pouvoir sur moi, est ma force. Sans lui, je suis incapable de quelque bien que ce soit, car c’est lui qui me communique l’esprit de vie, source de ma propre vie, du mouvement qui m’anime, et c’est lui qui m’oriente sur les chemins que je prends : lorsque je l’invoque en vérité, tel un cerf qui désire l’eau vive, lui, Dieu et Seigneur, conduit mes pas avec hâte dans ses commandements. Il me conduira vers les sommets que ses préceptes m’enseignent, il soumettra mes désirs terrestres par sa force victorieuse et, dans la béatitude céleste, je chanterai sans fin ses louanges.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

 

« C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. » (Jn 6, 63)

samedi 20 avril 2024

L’âme, du commencement à la fin de toute action, doit vénérer avec un zèle égal les sept dons de l’Esprit Saint. Au commencement de son action, elle accueille la sagesse, qu’elle possède au terme de la crainte et conserve au milieu du courage –force du cœur–, elle se garde dans les choses célestes par l’intelligence et le conseil et s’entoure dans les choses terrestres de science et de piété : celles-ci doivent être accueillies avec grand respect, car elles sont son soutien. Que l’âme veille donc d’abord à s’ouvrir à la Sagesse pour se refermer, au terme de son action, avec la timidité et la pudeur ; que, dans l’intervalle, elle s’arme de fermeté grâce à la parure de l’intelligence et du conseil, qu’elle se fortifie également par la science et la pitié.

Le mouvement de l’âme raisonnable et l’action du corps, selon ses cinq sens, suivent un seul et même chemin, parce que l’âme ne meut pas le corps plus qu’il ne peut accomplir, et que le corps n’œuvre que selon ce que l’âme met en mouvement. Les différents sens, eux, ne se séparent pas l’un de l’autre, ils se soutiennent entre eux avec une grande fermeté et éclairent l’homme tout entier, afin de le conduire soit vers le haut, soit vers le bas, suivant les choix de son âme.

La science de l’âme provoque les larmes de repentir alors que les péchés la refroidissent. Car la constance dans la droiture lui apporte, en sus des bonnes œuvres, la chaleur des désirs supérieurs. Les autres vertus viennent en aide à la fermeté pour communiquer à chaque croyant l’humeur de la sainteté –la grâce sanctifiante– : l’âme se trouve pénétrée de la rosée et de la chaleur de l’Esprit Saint, elle maîtrise la chair et elle l’entraîne à servir Dieu avec elle… Alors tous les organes intérieurs apportent leur énergie à l’âme humaine afin de la servir. Ainsi quand l’âme délaisse les péchés pour accomplir la justice, elle s’élève tout en suivant la raison.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Ô Dieu, toi qui défends ceux qui croient en toi, délivre-moi !

lundi 22 janvier 2024

Ô Dieu, toi qui défends ceux qui croient en toi,
Tiens-moi en sécurité sous la protection de ta toute-puissance
Pour qu’à l’abri de tes ailes, je te prie et je t’adore dans l’action de grâce.
Jamais je ne lèverai les yeux vers une divinité qui me trahit et m’ignore.
Délivre-moi donc de toute rébellion des esprits mauvais
Qui me tourmentent dans la convoitise de la chair.
Procure-moi la victoire définitive,
Afin que mon âme exulte en mon corps et que j’obtienne la vie éternelle.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Quand l’âme se transfigurera en éternité…

samedi 25 novembre 2023

L’homme qui suit la voie de la folie et méprise la sagesse créatrice se condamne lui-même : n’ayant plus aucune limite dans le mal, il ignore la vie future. Il ne veut pas même savoir s’il existe une autre vie, et il refuse de scruter attentivement les causes de sa propre nature changeante. Cet homme peut encore comprendre son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa maturité, mais il est incapable de comprendre ce qu’il devient dans sa décrépitude et le sens de cette transformation de son être. La raison lui montre qu’il a un commencement, mais il est incapable de savoir, de comprendre comment il est possible que l’âme soit immortelle et qu’elle n’ait pas de fin… (…)

Tant qu’il est dans son corps, les pensées de l’homme se multiplient, comme se multiplient sans qu’on puisse les dénombrer les échos de la louange angélique. La pensée anime déjà la jeunesse, on la formule ensuite par la voix de sa raison et on agit en la suivant. Mais son action ne tient pas sa vie d’elle-même : elle a un commencement. L’éternité seule tire d’elle-même la vie et jamais ne faiblit : avant que le temps n’existe, elle était déjà éternelle vie. Quand l’âme se transfigurera en éternité, elle changera de nom : elle n’agira plus dans l’homme par la mode de la pensée, mais aura pour séjour les louanges des anges qui sont esprit. Si elle s’appellera alors esprit, c’est qu’elle ne peinera plus avec le corps, avec la chair. L’homme portera le nom de vie, car il est déjà vie en ce monde tant qu’il vit par le souffle de l’esprit, mais il se transfigurera en immortalité par la mort charnelle, il sera pleinement dans la vie. Après le jugement dernier, c’est par son corps et son âme qu’il sera éternellement vie.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

« Quand quelqu’un t’invite, ne va pas t’installer à la première place… » (Lc 14,8)

samedi 4 novembre 2023

Dieu, selon son projet originel, a établi tous les biens en plénitude et arrangé l’édifice des vertus, de telle sorte qu’on n’y trouve aucune lacune. Il combat jusqu’au bout ses ennemis dont le cœur n’est qu’orgueil, qui essayent de monter avant d’avoir une échelle, qui s’asseyent avant qu’on place un siège et dont l’œuvre est une opinion : quand elle est mise en défaut, elle disparaît.

C’est de lui que procèdent tous les êtres vivants, mais lui n’a pas de commencement, lui seul est permanent. Il vit en lui-même, il peut par lui-même, il sait de lui-même. Celui qui seul vit, peut et sait, est Dieu : en ces trois pouvoirs, toutes les œuvres de Dieu sont distinctes et accomplies, et c’est en lui que ses œuvres ont pouvoir d’agir. (…)

Quand l’homme, dans ses projets, se donne sa propre loi, c’est comme s’il était son propre Dieu. Alors, Seigneur, tu te montres à lui par tes justes jugements pour qu’il sache qu’il ne peut rien contre toi. Mais quand un homme en arrive à mépriser tes enseignements au point d’adorer des images à ta place, alors, par une juste décision, tu combats ton ennemi…

Dieu est la vie qui n’est obscurcie par aucun commencement et qui n’a pas de fin. Il est notre Dieu qui, étant la Vie, donne la vie éternelle aux siens. (…) Qui peut faire cela, sinon Dieu ? Tout ce que Dieu a rangé selon son propre ordre, il l’a parachevé et ce n’est pas vain comme les pensées des hommes. Car les hommes font dans leurs pensées beaucoup d’entreprises qu’ils ne peuvent mener à bien.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Avancer sans hésitation, dans la joie de l’Esprit Saint !

mercredi 4 octobre 2023

Il faut que l’homme accomplisse les œuvres de justice dans la joie de l’Esprit Saint, sans marquer son hésitation dans un murmure pervers.

Il n’a donc pas à dire qu’il lui manque soit la première racine placée d’abord dans l’homme par un don de Dieu – le discernement de ce qui est bon –, soit la grâce de l’Esprit Saint qui touche cette même racine par ses conseils – le feu de la grâce qui motive la volonté. S’il agit avec une détermination joyeuse, il ne doit pas être dans l’angoisse à cause de ce qu’il a fait autrefois, poussé par un élan répréhensible comme s’il avait eu quelque chose de plus faible en sa racine intérieure. Et, s’il chute, une fois tombé dans la nécessité, il ne murmurera pas en disant en lui-même : « Hélas, hélas, qu’ai-je fait pour avoir été incapable de voir d’avance mes œuvres en Dieu ? »

Qu’il s’avance plutôt résolument sans porter le poids de son infidélité passée, de façon à ne pas se défier de Dieu dans ses actions, mais à être mis en sécurité, sans plainte larmoyante sur sa mauvaise action passée.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

L’amour du Ciel doit passer avant tout autre souci

lundi 21 août 2023

L’amour céleste… consiste pour l’homme à connaître et à reconnaître Dieu en l’aimant plus que tout. Cet amour proclame : « Douce vie et douce étreinte de la vie éternelle, bienheureuse félicité dans laquelle résident les récompenses éternelles, toi qui es toujours faite de véritables délices, si bien que jamais, en fait, je ne puis être remplie ni rassasiée de la joie intérieure qui est en mon Dieu. » L’amour du Ciel doit passer avant tout autre souci. Et chaque œuvre bonne est formée de deux parties : l’amour de Dieu et l’amour de l’homme.

La discipline suit l’amour du Ciel. Elle est comme un enfant, puisqu’elle ne veut pas être puissante en accomplissant sa propre volonté, mais qu’elle veut rester fidèlement dans la crainte, la retenue et le respect. Par la foi en l’amour, l’homme se lie lui-même dans la loi de la discipline. (…) La vertu de miséricorde se lève pour aller vers les pauvres. Car la miséricorde de sa grâce se trouve dans le cœur du Père éternel. J’ai placé mon Fils dans la poitrine de la miséricorde, lorsque je l’ai envoyé dans le sein de la Vierge Marie. L’homme, justifié par les vertus, devient capable de regarder la misère de son prochain et de l’aider comme lui-même dans les vrais besoins. La miséricorde murmure : « Je tends toujours les mains vers les étrangers, les malheureux, les pauvres, les infirmes et ceux qui gémissent. » Après la miséricorde surgit la victoire par laquelle l’homme est vainqueur de lui-même et des vices d’autrui. (…) Enfin, la patience et le gémissement de l’âme possèdent une douceur qui empêche l’homme d’être écrasé par les épreuves.

Libre de tout souci du siècle, il se tourne vers ce qui est éternel en Dieu dans la vie future.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Combattre pour rester dans le vrai Dieu

lundi 17 juillet 2023

[Sainte Hildegarde présente une vision où vice et vertu se répondent :]

– La lâcheté : « Je ne prendrai aucun risque, de peur d’être exilée et privée de protecteur. Si je m’exposais aux offenses des autres, je perdrais mes moyens d’existence et serais privée de mes amis. J’honore les nobles et les riches, je ne m’occupe pas des saints et des pauvres, puisqu’ils ne peuvent rien me donner. Je veux être en paix avec tous pour ne pas risquer de périr. Si je me battais, on riposterait ; si je faisais du mal, on m’en ferait encore plus. Je me tiendrai donc tranquille : qu’on me fasse bien ou mal, je me tairai. Il vaut mieux parfois pour moi mentir et tromper que dire la vérité ; il vaut mieux gagner que perdre et éviter les forts que les combattre. À quoi bon entreprendre ce que je pourrai ne pas achever ? (…) »

– Victoire [ou courage chrétien] : « En divaguant, abrutie par la peur, tu es partie en exil et tu as trompé l’homme… Tu n’as aucune honnêteté. Moi, je tiens le glaive des vertus de Dieu avec lequel je pourfends les injustices… Je ne veux pas d’une vie croupissant dans la poussière et les vanités de ce monde, mais je désire venir à la source jaillissante… Je combats le vieux serpent et ses dépouilles avec le mystère de la Divinité Écriture pour rester dans le vrai Dieu… »

La lâcheté suit la dureté comme une vilaine tache. L’homme lâche ne veut pas s’opposer aux vices, mais les attire par sa paresse. Les imbéciles, dans leur insignifiance, se croient honnêtes alors qu’ils aiment l’oisiveté, ne pensent à faire aucun bien, mais se tournent vers la médisance, s’attachent lâchement aux insinuations et aux calomnies et les développent au point que cela occupe complètement leur cœur. Ils échangent la confiance qu’ils devraient avoir en l’aide de Dieu et des hommes contre leur plaisir.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Comment travailles-tu le champ de ton cœur ?

dimanche 16 juillet 2023

À celui qui, de bon cœur, accepte volontiers la semence de mes paroles, j’accorde en surabondance les dons de l’Esprit Saint, comme à un bon champ. Mais celui qui parfois la reçoit, parfois la refuse, est comme un champ qui tantôt reverdit et tantôt se dessèche.

Montre-moi comment tu travailles le champ de ton cœur et comment tu le cultives ! Si ton travail intérieur me plaît, je te donnerai une excellente récolte. C’est selon ton travail que sera ta récolte et ta récompense. Est-ce que je donne du fruit à la terre sans travail ? De même, je ne t’en donnerai pas, ô homme, sans la sueur que je te demande. Car tu as reçu de moi ce qui te permet de travailler ton âme.

Certains pensent qu’ils peuvent être tout ce qu’ils veulent, refusant d’examiner ce qu’ils sont et ce qu’ils peuvent faire, sans consulter Celui qui les a formés et qui est leur Dieu… ils veulent traiter Dieu comme un domestique qui accomplisse entièrement leur volonté. Dès lors, je ne veux pas accorder mes dons ni ensemencer un champ vide en un homme qui essaie de s’unir à moi avec cet orgueil, en faisant comme si, dans l’aliénation de son ignorance, il ne me connaissait pas…

Ô homme, pourquoi n’as-tu pas regardé le champ de ton âme pour y enlever les herbes inutiles, les épines et les ronces, en m’invoquant et en t’examinant toi-même, avant de venir à moi comme si tu étais ivre, fou et en t’ignorant toi-même, puisque tu ne peux achever aucune œuvre de lumière sans mon secours ? (…) Sans moi, tu ne peux rien faire…

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

 

 

 

Une charité ardente comme les rayons du soleil

mardi 13 juin 2023

Ô mes très chers fils dont l’odeur m’est plus douce que tous les aromates, écoutez mon avertissement pendant que vous avez le temps de choisir entre le bien et le mal, et adorez votre Dieu avec une sincère dévotion. Ô vous, je le répète, mes fils très doux qui vous élevez comme l’aurore, vous dont la charité doit être ardente comme les rayons du soleil, courez et hâtez-vous, mes très chers, sur la voie de la vérité qui est lumière du monde, Jésus-Christ, Fils de Dieu…

Toutes les vertus sont parfaitement à l’œuvre dans le Fils de Dieu incarné, qui a laissé les traces du chemin du salut, si bien que, petit ou grand parmi les fidèles, l’homme puisse trouver en lui la marche adaptée sur laquelle poser son pied pour faire l’ascension des vertus, de façon à parvenir aux meilleurs emplacements, où l’on agit grâce aux vertus.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)