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Archive pour le mot-clef ‘Théodore de Mopsueste’

« Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? » (1 Co 10,16)

dimanche 23 juin 2019

Quand la prière eucharistique est terminée, nous nous hâtons tous de prendre l’oblation. Ce que nous prenons de l’autel redoutable et sublime, est une nourriture sainte et immortelle. Il est vrai que les ministres qui se tiennent près de l’autel et président la liturgie, reçoivent la nourriture sur l’autel, tandis que les fidèles la reçoivent loin de lui. Mais cela n’implique pas qu’il y ait quelque différence en cette nourriture, en effet, le pain est unique, unique aussi est le corps du Christ notre Seigneur, en qui ce pain a été transformé. Cette transformation s’est accomplie par la venue du Saint-Esprit.

Nous prenons tous de ce pain, parce que nous sommes l’unique corps du Christ notre Seigneur et que du même corps et du même sang nous sommes nourris. Si par la nouvelle naissance et par l’Esprit Saint nous sommes tous devenus l’unique corps du Christ, par l’unique nourriture des mystères sacrés, dont la grâce de l’Esprit Saint nous nourris, nous entrons tous dans l’unique communion du Christ. (…) Ainsi par ce moyen nous entrons en union et en communion avec notre Tête. (…) Nous devenons solidaires du corps et du sang de notre Seigneur. (…)

Nous pouvons donc tous en prendre (de cette oblation). Mais celui-là reçoit davantage qui, autant qu’il est possible à l’homme, s’en rend digne par l’amour, la foi et la conduite. Il est, par ailleurs, évident que nul d’entre les hommes n’en est jamais digne. Comment un homme mortel, corruptible, pécheur, pourrait-il mériter de prendre et de recevoir le corps désormais immortel, incorruptible, présent au ciel à la droite de Dieu, et qui, en qualité de Seigneur et de roi, est honoré de tous les hommes ?

Théodore de Mopsueste

 

 

 

 

Chemin de croix, chemin de gloire

jeudi 11 février 2016

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« Voici venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié » (Jn 12,23)… Après avoir annoncé sa glorification étonnante, qui semblait incompatible avec sa Passion, Jésus ajoute : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (v. 24). « Que ma mort ne vous trouble donc pas. Le grain de blé est seul avant de tomber en terre, mais une fois tombé et mort, il germe pour une grande gloire et porte le double de fruits ; il déploie ses richesses devant tous et montre l’éclat de sa beauté. Pensez qu’il en est de même de moi. Maintenant je suis seul et sans gloire, méconnu dans la foule obscure des autres hommes. Mais lorsque j’aurai subi les souffrances de la croix, je ressusciterai avec grande gloire. Alors je porterai de nombreux fruits »…

Après ces prédictions à son propre sujet, Jésus exhorte ses disciples à l’imiter : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle » (v. 25). « Donc, non seulement ma Passion ne doit pas vous scandaliser…, mais vous devez être prêts vous aussi à subir les mêmes souffrances pour porter les mêmes fruits. » Il dit ensuite très simplement : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive. » « Si quelqu’un veut être mon serviteur, qu’il montre par ses actes qu’il veut marcher à ma suite. » « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera » (v. 26). « Celui qui prend part à mes souffrances aura également part à ma gloire ; il sera avec moi éternellement dans le monde à venir et il partagera ma joie dans le Royaume des cieux. Voilà comment mon Père honorera ceux qui m’auront servi avec fidélité. »

Théodore de Mopsueste (?-428), évêque et théologien
Commentaire de l’évangile de Jean ; CSCO 116, p. 171s (trad. Orval rev.)

 

 

 

Quatrième dimanche de Carême (Laetare)

dimanche 15 mars 2015

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« Que la croix ne vous effraie pas, dit le Seigneur Jésus, et ne vous fasse pas douter des paroles que je vous dis. » Le serpent élevé par Moïse dans le désert était efficace par la puissance de celui qui ordonnait de l’élever… C’est ainsi que le Seigneur se charge du sort des hommes et souffre les douleurs de la croix, mais grâce à la puissance qui l’habite, il a rendu ceux qui croient en lui dignes de la vie éternelle. Au temps de Moïse, le serpent d’airain, sans posséder la vie, grâce à la puissance d’un autre, délivrait de la mort ceux qui allaient périr sous la morsure venimeuse, pourvu qu’ils tournent leurs regards vers lui. Jésus, de la même manière, malgré son apparence mortelle et ses souffrances, donne pourtant la vie à ceux qui croient en lui, grâce à la puissance qui l’habite.

Jésus continue : « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique, afin que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais qu’ils aient la vie éternelle. » « C’est là encore, dit-il, un signe de l’amour de Dieu… » Comment a-t-il pu dire : « Dieu a donné son Fils unique » ? Il est évident que la divinité ne peut pas souffrir. Cependant, grâce à leur union, l’humanité et la divinité de Jésus ne forment qu’un. C’est pourquoi, bien que seul l’homme souffre, tout ce qui touche son humanité est attribué aussi à sa divinité…

Saint Paul, pour montrer cette grandeur de la Passion, dit : « S’ils l’avaient connu, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire » (1Co 2,8). Il veut révéler, en donnant ce titre-là à Jésus, la grandeur de la Passion ; de la même manière, notre Seigneur, pour montrer la richesse de son amour par les souffrances qu’il a supportées, déclare très justement : « Dieu a donné son Fils unique. »

Théodore de Mopsueste (?-428), évêque et théologien
Commentaire de Jean ; CSCO 115,116 (trad. Jean expliqué, DDB 1985, p. 64)